LE DIALOGUE NATIONAL OU LE SACRE DE LA NOTION D’ENTITE CHAOTIQUE INGOUVERNABLE.

 

Par Gervais Douba

Enseignant en sciences de gestion

( IUT-IUP) Université de Rouen.

 

 Introduction.

Au lendemain des évènements du 15 mars 2003, nous avions interpellé le duo Bozizé-Goumba sur le sens qu’ils donnaient au concept de transition. Nous, nous sommes attendus à des réfutations voire à des contre arguments, malheureusement, à l’exception de trois approbations écrites publiées par sangonet et des coups de fil  de soutien,-  Dieu seul sait le concert d’insultes et les foudres de colère que nous avions enclenchés. La suite des évènements ont confirmé ce que nous affirmions ; les relations se sont muées de duo en duel. Bien que le lectorat d’Idées + et les internautes de Sangonet soient allergiques à toute démarche construite à partir d’une théorie, nous nous permettons de poursuivre notre chemin d’iconoclaste en analysant à la lumière de la théorie, la séparation de corps intervenue après le dialogue national.

 

- Sport de remise en forme de la Françafrique des années quatre-vingts, le dialogue national ou la conférence nationale ou les états généraux de tel ou tel secteur de la vie économique et social de l’Etat ont la particularité. Leur présidence est confiée aux élites religieuses comme si le verni religieux conférait légitimité démocratique.

 

«  Est- il possible à une société comme la nôtre- 18 à 20.000 fonctionnaires civils et militaires dont seuls les 20 à 30 % vivent décemment de la manne et d’autres de sinécure, 60 dialectes, 60 villes dont 16 préfectures, une durée de vie moyenne de 47 en 1995 et ramenée à 40 ans en raison du ravage du sida- peut tenir sans projet social volontaire mais uniquement par le seul jeu des mécanismes de maintien au pouvoir de la tyrannie sous toutes ses formes ?  Par ce jeu, est-il possible de faire vivre ensemble les 3.500.000 individus aux intérêts contradictoires  . »  ? 

 En d’autres termes quels sont les ressorts économiques, sociaux et les mécanismes politiques adéquats du moment qu’il faut faire émerger, affirmer et faire confirmer simultanément par les centrafricains eux-mêmes et leurs partenaires du reste du monde ; à commencer par ceux de la CEMAC  pour rendre ces intérêts contradictoires, enfin complémentaires ?

 

A l’heure où la question de quête d’une formule à trouver, pour favoriser la participation de la diaspora centrafricaine à l’étranger à la vie politique nationale  se pose ; à l’heure où se multiplient des manœuvres politiciennes pour noyer dans l’euphorie les quelques rares résolutions dignes de ce nom du DN, à heure où l’exploitation systématique de l’insécurité et par voie de conséquence, parasiter les intérêts vitaux des centrafricains est manifeste, l’objet de cette contribution au débat vise à défendre la thèse «  quel nouveau dynamisme impulser en Centrafrique pour ancrer ce pays dans le peloton des entités africaines gouvernables parce que disposant des référentiels et des repères de société ouverte au sens où l’entendent Karl Popper et Karl Polanyi »

 

Loin d’impulser une polémique stérile ou une opposition non féconde aux nouveaux patrons du Palais de la Renaissance, ce papier entend autre proposer que le débat sur les mécanismes à faire émerger dans cette chère patrie ne s’arrête pas au DN ; au contraire , que le DN n’en soit que l’amorce et que nous continuons d’exercer notre droit de vigilance par la conjonction de trois force : veille informative, interpellation pertinente et proposition  crédible des solutions d’alternative ; bref démontrer, preuve à l’appui- les insuffisances et les limites de l’autorité issue du 15 mars 03.

 

I : LE PONCE PILATISME ; DE LA FASCINATION AU REJET.

 

« On ne chasse pas la mouche qui s’est posée sur le front d’un proche avec une hache »

Proverbe Chinois.

 

Il faut saluer l’arrivée sur la scène politique des acteurs confessant la foi chrétienne. Ceci n’est pas une nouveauté dans l’histoire de la création.

 

Depuis l’ancien testament jusqu’au nouveau testament, le créateur a appelé – consacré - quelques uns de ses tyrans ( au sens noble du mot) à l’accomplissement de ses desseins. Homme comme femme ont eu l’onction divine pour faire avancer sa justice et son royaume. D’aucuns n’admettent l’influence très positive de la Réforme protestante dans le processus du siècle des Lumières, de la révolution française et de l’ancrage de la pensée libérale en Angleterre. Les travaux de Max Weber sur l’Ethique protestante et le capitalisme sont autant de références dont nous nous inspirons. Tout près de nous, c’est par un pasteur que le mouvement de défense des droits civiques a atteint son apogée aux Etats-Unis ; nous faisons allusions au Pasteur Martin- Luther King. ( J’ai fait un rêve  et Lettre ouverte aux chrétiens d’Amérique).

Après s’être servie des premiers prêtres et pasteurs africains pour adoucir les mœurs et installer les partis uniques en Afrique dans les années soixante et soixante dix, la finance internationale a opéré un repli tactique en entrant dans les casernes. Elle a construit avec les militaires et la nomenclatura traditionnelle de la société civile et l’intelligentsia d’arrière-garde  avides et cupides, non pas un Etat providence ou gendarme mais un Etat patrimonial et clientéliste. La cruauté de ces régimes dont le pouvoir ne peut être qu’au bout du canon ou de la phraséologie  révolutionnaire a atteint son comble. La dénonciation des abus sous l’inspiration des ONG et autres mouvements de défense  et de promotion des droits de l’homme, a contraint la finance internationale à admettre que la notion de confiance et de crédibilité sont les socles d’une gouvernance même dans les tributs non scolarisées comme les pygmées chez nous. Alors bon gré malgré, le néolibéralisme et ses relais locaux ; le réseau françafricain concoctent une nouvelle recette ; le cocktail « militaire+ nomenclatura civile+ pasteur et autre  révérend »

Aux premiers, le monopole du pouvoir de dégoupiller la grenade , Aux seconds, le rôle de voiture-balaie des théories politiquement et économiquement surannées et de conditionnement du mixage pour être en adéquation avec les enveloppes budgétaires des légitimités supranationales. Aux derniers, de jouer le rôle de vitrine et de verni de vérité. Personne n’est dupe de la symphonie de ces virtuoses de la duperie ! Rappelons quelques exemples acrobaties de haulte voltige pour nous rafraîchir la mémoire.

 

Du Bénin au Congo du temps du Professeur Youssouba en passant  par le Tchad et Tahiti du père Aristide, Madagascar et Centrafrique du temps de Patassé jusqu’au dernier Dialogue national,  le syndrome de théologien politique s’est emparé de nos révérends Cette situation- si elle favorise de nouvelle vocations- est symptômatique d’un malaise. Lequel serait la confusion entre la formation en théologie et la posture de pasteur. Dans la bible, lorsque les politiques consultaient les prophètes «  messagers de Dieu » ces messagers ne passaient ni pour des mages ni pour des vernis des déviations politiques. Ils ne se livraient pas à des jeu de compromis et posaient les problèmes en terme d’enjeu ; la construction de l’avenir du pays et du peuple et non de construction de l’avenir des dirigeants politiques et de la société politique du moment.

D’autre part, sur  le plan analytique, il n’ y a rien qui garantisse qu’un théologien est plus intègre et plus crédible qu’un médecin ou qu’un sociologue ou un juriste. Le théologien peut ne pas être un pasteur au sens biblique du mot. Il est universitaire comme les autres par sa formation aux maniement de l’épistémologie et de l’éthique. Il a été formé pour avoir une certaine manière de lire les écritures saintes par rapport à la vie séculaire ; c’est-à-dire qu’il a une approche et une méthode de l’exégèse,.de l’herméneutique, de la théologie dite dogmatique, -dont l’apologétique et la missiologie c’est-à-dire la théologie dans sa dimension pratique et ses aspects éthiques. Le théologien pasteur est différent du théologien tout court ! Permettez- moi un raccourci : le génie civil est comparable au génie militaire en terme de travaux publics . l’un travail dans un contexte en général de paix alors que l’autre galère en temps de guerre pour que la logistique de conquête soit opérationnelle et facilite les avancées. Il arrive que l’un soit artisan des poncifs ou lieux communs voire des rustines alors que l’autre en tant que guerrier doit constamment remanier ses repères. Cette métaphore peut s’appliquer à la différence entre un théologien et un théologien-pasteur. Le deuxième a fait une authentique et profonde rencontre avec Jésus-Christ. Il est un prophète ( tyran de Dieu, artisan de Dieu avec  Dieu  d’abord ) et est au service de celui dont il a reçu l’onction. A ce titre il ne peut être condescendant ni complaisant à l’égard du politique . Le politique ne peut se servir de lui tant qu’il n’a pas l’assurance que le projet qu’on lui soumet est loin  de faire avancer la justice et l’équité. ( Oh homme ce que l’éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice et que tu aimes la miséricorde ) et encore ; « Jésus-Christ lui-même faisait remarquer dans sa prière sacerdotale que «  ils sont dans le monde mais ils ne sont pas du monde »  Nous en appelons à la vigilance des Centrafricains que la détention d’un diplôme de théologie- qu’elle soit protestante ou catholique ou musulmane- n’est pas le permis de l’intégrité ou d’être un pasteur. La théologie ne confère pas la foi en Jésus-Christ et le baptême du Saint-esprit. .

Nous pensons que si l’on fait une exégèse de la mission des tyrans de Dieu, l’action qu’ils avaient à mener, a conduit à des transformations fondamentales et non à des saupoudrages ou ne s’est réduite à du rafistolage et pourquoi pas de la rustine  Ils avaient la parfaite maîtrise des enjeux et n’étaient pas des marionnettes entre les mains de coalition d’intérêts militaro- financiers . Ils n’étaient pas complaisants et ne se sont pas laissés instrumentaliser  . Ils étaient des vecteurs des valeurs universelles  de protection et de préservation ( sel de la terre et lumière du monde disent les saintes écritures. Ils étaient les proclamateurs et les promoteurs des béatitudes et non des chambres à échos de la B.A ou des acclamateurs de pardon à l’esbroufe des tzares et autres aristocrates en fin de règne ou en phase de conquête de pouvoir voire le canal par lequel se fait la ruée vers les porte feuilles ministériels.( Pour les saintes écritures- nous défendons une certaine herméneutique en disant ceci- ces personnes ont pour Dieu, leur ventre et ne reculent devant rien pour se confondre à la masse. Là où on les attend pour la défense de l’évangile et le respect des droits de l’homme, le recul de l’obscurantisme, ils sont absent ; et là où la recherche de la gloire humaine existe, ils sont présents et très visibles au premier rang) 

Question terre à terre mais d’intérêt majeur ; combien a coûté le dialogue national ?, Le Président  et les présidences des commissions ont-ils été rémunérés et si oui, de combien ? pour un Etat dont le budget est exsangue ? [ Nous confessons auprès des internautes de Sangonet que nous n’insinuons pas ici de populisme . Nous nous sommes inspirés des questions que se sont posés les tyrans passés et actuels de Dieu. Dans la Bible, on peut retrouver ces questions-non en des termes identiques mais dans une même logique. Néhémie, Esther, Daniel et même dans le livre de la Genèse en ce qui concerne Joseph)

Est-ce commettre un crime de lèse majesté si l’on comparait ce cirque voire ce cénacle à une parodie  de Ponce Pilate ?

 

I.1) Le rejet du Ponce Pilatisme :

 

Le religieux n’est ni la voie ni la voix de quête de démocratie et l’inverse est vrai. Pourquoi ? parce que le religieux oppose la raison à la révélation et prétend reconnaître à quelques uns le droit d’être les dépositaires de la révélation et par voie de conséquence participe à la défense et promotion de la vision messianique voire rédemptrice de quelques clercs.

 Dieu nous a fait la grâce de nous sauver et, nous confessons Jésus-Christ . En tant que chrétien, nous ne voudrons pas qu’il nous soit prêté des intentions d’anticléricalisme primaire ni d’un quelconque obscurantisme. C’est-à-dire, si nous étions à ce niveau de responsabilité, nous préférerons craindre Dieu, chercher à titre individuel à faire passer dans notre attitude et posture d’homme politique le témoignage de la présence de Jésus-Christ en nous que de mélanger les pinceaux du genre décréter une journée nationale de prière ou poser la Bible de façon ostensible et ostentatoire- sinon à des fins de propagande-sur notre bureau de travail  De telle parade  transforme  la parole de Dieu en amulette plutôt qu’en parole qui transforme. Elle n’est plus sur un support visible ( un parchemin ou un chapelet). Christ et le Saint-esprit l’ont désormais inscrite avec l’encre particulière qu’est le sang de Christ, dans notre esprit et dans notre cœur. Elle n’est pas opposée à la raison humaine et n’est pas contre la raison humaine mais éclaire la raison humaine.

Pour en venir à Pilate, il se trouve que Ponce Pilate est l’auteur du plus grand déni de justice que les institutions humaines aient connu. C’est ce qui donne un grand intérêt à l’étude de son attitude ( état d’esprit) et de son comportement ( posture)

Harold Rowdon ( dans un commentaire de la Bible déchiffrée aux éditions Ligue pour la lecture de la Bible), racontait qu’en 1961, on a découvert à Césarée, une dalle de pierre portant le nom de Ponce Pilate, un des rares témoignages de l’existence de cet homme infortuné. Ce témoignage s’ajoute à celui de Tacite, historien Romain, qui mentionne l’exécution de Jésus – distance – par Pilate, puis à ceux  de deux chroniqueurs juifs ; Josèphe et Philon, relatant plusieurs incidents, et à ceux des saintes écritures. Mais, qui est Pilate et quelle est sa trajectoire ?

Pilate appartenait à la bourgeoisie romaine. Il avait un passé de militaire et d’administrateur, lorsqu’il fut nommé en l’an 26 Procureur de la Judée ( Gouverneur).On peut comparer l’étendue de ses pouvoirs et attributions à ceux – à la fois d’un Préfet de Région et d’un Préfet de Police ( en France) Cette charge lui conférant un grand pouvoir sur des questions militaires et financières, y compris le salaire du grand prêtre et le gestion du temple.

Philon, présente Pilate comme un homme dur, rancunier et brutal et , dans un des ouvrages de Josèphe, on le voyait s’opposer aux juifs, pratiquement dès sa prise de fonction. Il permit aux troupes d’installer leur emblème à Jérusalem c’est-à-dire entre autre les effigies de l’empereur. La population s’offusqua de ce qu’elle considérait comme l’introduction d’idoles dans la ville sainte. Pilate céda devant cet orage et fit retirer les emblèmes. Une autre fois, -toujours selon Philon- la population s’insurgea contre les boucliers d’or sacrés qui ornaient sa résidence de Jérusalem… Il refusa cette fois ci de céder. Les juifs firent appel à l’empereur Tibère, qui ordonna le transfert des boucliers à Césarée, où se tenait l’Etat-major.

Un autre incident est raconté par Josèphe. Des émeutes ont éclaté lorsque Pilate voulut puiser dans le trésor du Temple, de quoi financer la construction d’un aquaduc amenant à Jérusalem, l’eau d’une source à environ 40 kilomètres. Pilate donna aux troupes l’ordre de tirer et il eût de nombreux morts.

Quant au procès de Jésus, il est relaté par les évangiles. En substance, Pilate affirme l’innocence de Jésus. Quand Pilate vit que son affirmation n’aboutissait à rien, qu’au contraire , l’agitation de la foule augmentait, il fit apporter de l’eau et, devant la foule, se leva les mains en disant « Je ne suis pas responsable de la mort de cet homme, cela vous regarde»

Pilate commis une autre erreur fatale en faisant arrêter les Samaritains, qui s’étaient réunis au Mont Garizim, sur la foi d’une rumeur prétendant que les vases sacrés du Temple s’y trouvaient enterrés. Plusieurs responsables du groupe furent exécutés. La population Samaritaine s’insurgea et Vitels, gouverneur de Syrie, supérieur hiérarchique de Pilate, envoya celui-ci répondre devant l’empereur, de son intervention maladroite.

Cet être est enté dans la légende par sa représentation de la réalité. Il n’accepte pas qu’une action sérieuse puisse être faite par quelqu’un d’autre. Il a le complexe de l’imposteur car il manque d’ancrage, de compétence et n’est pas convaincu de sa légitimité ( Celui dont il tient le pouvoir)

Il ne s’agit nullement pour nous ni de nous livrer à une exégèse ni à une herméneutique du récit mais de vous inviter à passer du descriptif à l’analyse, de l’opinion à la construction de votre réflexion . Attention à la voie ponce pilatiste et prenons garde non seulement au verni mais également à la vitrine. Se contenter de faire le culte de l’un ou l’autre empêche d’avoir la culture de quête de vérité.

 

I.2 : LA CONFISCATION DE LA TRANSITION

 

La velléité  d’indépendance d’esprit manifestée au cours du dialogue national –au sujet de l’interdiction qui pourrait être faite à  Bozizé de se présenter aux futures élections présidentielles a soulevé une vague d’indignations.  Se prévalant d’une motion de procédure, la suggestion a été bottée en touche- avec désinvolture et condescendance par la Présidence. Analytiquement parlant, cette notion pose le vrai problème. Le DN est-il là pour préparer l’avenir de la Centrafrique ou pour préparer celui des autorités issues des évènements du 15 mars 03 ?- On dit que c’est un dialogue. Ou il a été pensé ( on se serait alors  attendu à traiter des questions ingénues des néophytes - pourvu qu’elles ne déstabilisent pas l’ordre public des débats) ou les questions qui sont retenues sont celles qui répondent au calibrage du pouvoir en place. Ce serait alors un suffrage censitaire. Les participants étaient en réalité des figurants d’un film et ils sont symboliquement déjà bâillonnés, les mœurs aux dents et on les tient en laisse bien qu’ils soient dans la liesse  On en tire la conclusion que c’est du déjà vu, c’est un lieu commun auquel notre peuple a pris plaisir à s’en accommoder. On n’est pas en présence d’un dialogue national  mais plutôt d’un référendum de légitimation du pouvoir de Bozizé et donc, cela rappelle le cirque de congrès extraordinaire du MESAN des années 1976 qui a vu naître l’empire Centrafricain. Les mêmes ingrédients sont réunis. Tous les représentants ont brillé en crédulité ou ont souffert d’illusion d’optique de liberté de parole et nos dirigeants politiques –comme d’habitude- sont restés incurables dans leur parjure.

L’ hypothèse de voir Bozizé ne pas se présenter aux suffrages- même si elle est formulée par un néophyte de la politique- n’est pas sans précédent. Il y a des exemples en Afrique notamment au Ghana et au Mali  D’ailleurs, la question est le catalyseur du vrai visage du projet politique du gouvernement. La nomination des ministres résidants n’est pas une nouveauté en Centrafrique ; donc nous ne voyons pas en quoi cela est une innovation à moins que les Centre à fricains soient atteints d’une amnésie collective.

S’agissant de la mise à l’écart de Goumba. Il est Vice-Président de la République mais n’apparaît pas dans la liste des membres du gouvernement sauf à émarger gracieusement dans le budget de l’Etat. Pays pauvre mais avec deux voire trois gouvernements. Il y a celui qu’on voit et les doublons qu’on ne voit pas mais qui vit de sinécure, de conflit de compétences, d’ordre protocolaire par rapport à certaines éminences grises. A part les effets d’annonce, nous persistons et signons ;Le coup d’Etat du 15 mars est une euthanasie politique faite par vengeance et rancune pour des raisons plus de narcissisme griffé que pour un projet politique d’alternative. Nous ne nous faisons pas que d’amis mais les investisseurs étrangers s’en sont déjà mis à l’évidence ; eux qui nous tiennent sous perfusion.

 

 

 

II : LA TRANSITION SUR UNE VOIE A CUE DE SAC ET LA LENTE MAIS INEVITABLE MARCHANDISATION DU DEVENIR DE CENTRAFRIQUE  ( CENTRE-A-FRIC ).

 

«  Si tu veux une année de prospérité, cultive du riz. Si tu veux dix années de prospérité, cultive des arbres. Si tu veux cent ans de prospérité, éduque ou forme les hommes »

Proverbe Chinois ; Guanzi ( environ 645 ans avant Jésus Christ)

 

Contrairement à ce qui se dit dans le microcosme Banguissois, le changement du gouvernement ne s’est pas fait à la sauvette. Le prétexte avancé par nos éminence grises est que le CNT- qui devrait être une chambre d’enregistrement- a osé demander au gouvernement Goumba de revoir sa copie.

 

C’est une injure faite à l’esprit d’analyse. Goumba le paratonnerre, Goumba, l’homme intégre le signal de l’unité nationale se fait virer à la première occasion et qui plus est, après le dialogue national. C’est une pièce que les compagnons de théâtre n’accepteront pas de jouer. Le décor et le scénario sont d’une naïveté déconcertante. Quelle était la feuille de route du gouvernement Goumba ? Qu’a-t-il fait de politiquement significatif à part recevoir les multiples délégations venues ovationner l’enterrement de première classe de la gesticulation populaire- pardon le dialogue national- et sacrer Bozizé comme ça s’est fait du temps du défunt S.M.Bokassa 1er- à l’issue du congrès extraordinaire du MESAN de 1976 ;

Que faut-il retenir de significatif de ce dialogue national à l’heure où la pauvreté économique et le sida maintiennent en état de survie, la Centrafrique hormis les séquences sans pudeur de la tragédie de pardon à l’esbroufe de Kolingba et Bozizé .  Nous n’avons pas la mémoire d’exhumation des torts faits à la République Centrafricaine mais, efforçons nous d’exiger que naisse et se développe une culture du compte rendu et de la sanction politique et judiciaire. Si nous avons l’art de la mime de ce qui se passe ailleurs , reproduisons- ne serait-ce que servilement- ce qui s’est passé en Afrique du Sud  lors des audiences de la  « Commission Vérité et Réconciliation. » et  arrêter de pérenniser des pratiques qui consistent à proliférer la félonie et à prendre nos compatriotes pour des « nains de jardins », des crétins ou  des «  épouvantails dans un champ de maïs » pour faire peur aux animaux prédateurs.  Pour la classe politique Centre à fricaine , la nation est assimilée à un verre d’alcool. Plein, elle le vide et quand il est vide, elle se plaint par des gesticulations, des rustines, des manœuvres de connivence  pour se maintenir de façon arrogante au pouvoir..

Comment interpréter le changement de gouvernement et analyser la composition du deuxième gouvernement de Bozizé !

 

II -1 :Economie nationale étant non viable ,les icône sur le banc de touche et les torpilles en jeu.

 

 Considérer qu’une économie nationale est non viable  pour les institutions supranationales comme le FMI et la Banque mondiale et leurs filiales régionales telles que la BEAC,la BAD, signifie que cette dite économie présente les principales caractéristiques suivantes : Elle est et demeure une économie de rente ; en l’occurrence la nôtre repose sur des produits d’exportation tels le bois, le café, le coton, Qu’elle ne capte aucune externalité c’est-à-dire manquant de structures, d‘esprit d’innovation et de capitaux locaux disponibles et re-déployables , elle a échoué dans son insertion dans les échanges internationaux et n’ a pas réussit non plus  son intégration tant régionale que sur le plan du continent africain. Lorsque la question se pose, certains milieux  qui s’auto octroient des labels se braquent et continuent de brandir le vieux discours de l’enclavement. On retrouve  sur ce terrain aussi  la posture du complexe de l’imposteur. L’économie Centrafricaine n’existe pas en termes de structures et d’infrastructures. Le DN aurait dû en faire une préoccupation car, les pontes de l’analyse économique ne sont pas sans ignorer que fonction de répartition est le meilleur instrument de lutte contre la pauvreté .Or, devant cette situation  endémique, les Centrafricains  n’arrêtent pas de se nourrir d’illusion du genre nous avons du diamant, du coton, du fer , du bois etc. Des informations en notre possession font état que le coton- dont nous sommes le seizième producteur mondial- et notre armée, sont  désormais sous le contrôle de CotonTchad, Quant au  Café-dont notre pays est le douzième producteur mondial-est sous contrôle du Cameroun etc.

L’armée est fortement-mais dans un sens négatif- politisée. Tous les officiers rêvent de devenir un jour ou l’autre des Bozize ou des Kolingba en puissance. Quand aux défunts partis politiques, ce sont tous des émanations d’anciens syndicats étudiants facilement corruptibles ; il suffit de leur offrir toutes les facilités et les conforts pour leur faire oublier les années galères de la  bourse non versée.

L’ancienne classe politique ou les icônes de l’indépendance. Ce sont des vases fragiles. Il ne faut surtout pas les briser. On les affecte à des postes où ils continuent à recevoir les honneurs et une bonne rémunération pour service rendu à la nation ; bref ils restent consultables et en contre partie, ils sont tenus au silence.

Avec de tels scénarii, le FMI et la Banque mondiale récupèrent tranquillement et sans coup férir la transition. La composition du gouvernement en dit long. Goumba- l’ombrageux et le sulfureux est envoyé dans l’île dorée de la Vice Présidence pour peut-être préparer sa candidature à la présidence.

Puis, on ressort les torpilles de la Banque mondiale comme J.P. Lepouzer –ancien premier ministre à la trajectoire peu patriotique. Quant à M. Gaombalet, certains mettent en avant l’absence d’envergure politique et d’expérience ministérielle. N’oublions pas l’ex-premier ministre Martin Ziguélé et nombre des membres du gouvernement actuel qui ont fait la ruée vers des porte-feuilles ministériels.. Ils sont sans envergure politique. Pour revenir au nouveau premier ministre, deux raisons militent pour sa nomination. La première, l’image d’ancien briscard, légionnaire de Goumba faisait de l’ombre à Bozizé. A deux ans des rendez-vous démocratiques, le duel est devenu de plus en plus ouvert( ce n’est que de la spéculation !). La seconde raison nous paraît  moins relever de la spéculation. Pour mieux servir les orientations du FMI ( PAS) et être servile au militaire Bozizé grâce auquel, Gaombalet devient premier ministre ( son interview est teinté d’obséquiosité à couper le souffle) . Sans déconner, par lui et prétextant son expertise en matière financière et bancaire, les prescriptions des légitimités supra nationales et la mondialisation néolibérale feront de la transition ce qu’elles veulent sur le plan économique et social. Sur le plan militaire, le spectre de l’insécurité continuera d’être brandi par Bozizé pour reculer ad vitam aeternam les rendez-vous démocratiques. La Centrafrique passe ainsi pour être le Centre à fric de tous les fançafriques et le laboratoire d’expérimentation des plans d’ajustement structurel décrié ailleurs.

 

En tissant tout autour de notre pays et avec la complicité avouée ou non de nos dirigeants, un réseau de la françafrique et ses pompes à fric, nous vivons d’expédients, de dons de Chine, d’aides humanitaires etc, et on nous tient, dans des situations avilissantes et dégradantes ! Quand nous étions en Chine ( Shangaî, Pékin,  Nankin, Canton et Hong-Kong, nous avons vu des taudis proches des chaumières de chez nous. Si les dons sont des gestes de générosité sans contre partie, pourquoi la Chine ne prend-elle pas soin de ses citoyens en matière de logement !

Il règne chez nous, une conception tronquée de l’économie, des ressorts économiques du lien social, de la solidarité. La question d’amener nos concitoyens à cerner ces réalités est la suivante :  Quel tribut les Centrafricains doivent-ils payer pour s’attribuer les attributs d’une transition structurelle et insfrastructurelle réussie.

Nous ne sommes pas Marxiste et ne le deviendrons jamais- sinon demanderons à être soigné mais nous adhérons à cette analyse Marxiste selon laquelle la superstructure doit déterminer la structure et l’infrastructure. Si notre superstructure actuelle est constituée des torpilles du FMI et de la Banque mondiale , nous en avons pour longtemps. Dès que ces torpilles auront fini leur boulot, Elles réintègrent leur base ! Elles jouissent de la complète impunité et n’obéissent qu’aux injonctions de leur employeur principal. Au nom de quoi voulez-vous qu’elles inventent pour nous une société ? Elles sont missionnées pour inventorier les trous de notre société pour les colmater ponctuellement et conserver le tissu social dans son état de vétusté même la plus avancée ! S’il vous plaît, ne demandons pas au couturier qui rafistole  de nous coudre notre costume de cérémonie.

Nous, nous permettons de faire remarquer qu’un courant de pensée dit « libéral Marxisme » né aux Etats-Unis (Californie) s’appuie sur les ONG humanitaire pour asseoir le nouveau néolibéralisme. Ce courant subtil s’est introduit dans le mouvement altermondialiste contre l’anti mondialiste. Il prend l’analyse Marxiste à rebrousse poils c’est-à-dire considère que l’échec du Marxisme est imputable à sa négation de l’individu et de la propriété privée des moyens de production. Si l’on passe au marbre les outils d’analyse et qu’on corrige la trajectoire, le Marxisme a de sérieuses raisons de se réaliser. Dès lors, ce nouveau marxisme a besoin comme allié d’une forme de capitalisme ( finance solidaire) et d’une nouvelle forme de collaboration entre la société civile, l’Etat et l’Entreprise. Ce Marxisme nouveau se veut souple, flexible à l’image du libéralisme qui a connu des évolutions, et des métamorphoses. En Europe-notamment en France, l’influence de ce courant divise le monde universitaire sur la question du développement durable à partir d’une critique de la croissance dont les outils traditionnels de mesure sont le  PIB et le PNB ( force d’une économie nationale à produire de la valeur ajoutée et force d’une économie nationale par opposition aux économies concurrentes du reste du monde) puis le dernier outils d’Amartya  Sen ( l’IDH). D’où jaillissement des questions de savoir si le croissance, facteur du développement est un processus ?, quel est son contenu ?  Peut-elle être une référence pour les pays en développement et comment ? etc . Des colloques sur « défaire le développement et refaire la croissance sont organisés ».De ces colloques, on en recommande de retenir que le développement durable est u « oxymore » c’est-à-dire une figure consistant à accoler un terme et son contraire..

Nous qui sommes au prise avec le triangle de la misère ( Ignorance-Faim-Santé) et son corollaire l’extrème pauvreté, devrons nous atteler à revisiter ces concepts sans complaisance et surtout sans transplantation servile dans notre contexte au lieu de vérifier la faisabilité avant implantation. Le problème que de nombreux dirigeants d’Afrique semblent ignorer c’est que les légitimités supranationales  sont des repaires des idéologies économiques et financières- tout au moins les grandes directions sont entre les mains de ces Lucifers….-

 

Adhérant de la tendance altermondialiste- plutôt qu’antimondialiste et votant pour une orientation vers le co développement générateur de développement durable- la croissance se définit comme l’augmentation du produit national. Elle comporte une double composante matérielle( les biens produits) et immatérielles ( les services fournis). La question du modèle de développement s’est posée lorsqu’il s’est avéré que la croissance  matérielle débouchait sur le déchirement du tissu social et la dégradation des milieux naturels.([1]) Il faut travailler pour un développement résultant d’une croissance qui respecte les valeurs humaines fondamentales et génératrice des mécanismes reproducteurs de la biosphère. En d’autres termes, une croissance mesurable par l’IDH et ayant comme épine dorsale le respect des libertés dont la liberté d’initiative économique.

Nous tenons à avertir nos compatriotes que le courant Marxiste libéral a inféodé certains pays dans le cadre de la NEPAD et de l’OMD 2015 ( Objectifs du Millénaire pour le Développement)  Ce ne sont pas nos incantations sur le développement durable ou sur les ONG ou la NEPAD au sommet de l’Etat qui feront que l’OMD ait des retombées chez nous. Le dernier rapport de la Banque mondial est plus que claire ; c’est l’entrepreneuriat privé qui est la voie royale de sortie du sous développement. Cela est valable chez nous comme partout ailleurs en Afrique. Suscitons une certaine volonté politique qui ferait émerger des relais, prépare un terrain nourricier pour permettre à la greffe de prendre. Si nous nous contentons de faire de la félonie et de l’obscurantisme les mécanismes régulateurs - de la société civile au sommet de l’Etat- nous en aurons pour longtemps. Ensemble déplorons le fait qu’à l’exception de l’armée et du monde des artistes ( les musiciens), nous manquons cruellement de héros ; ceux qui, dans l’exercice au quotidien de leur métier sont prêts à affronter les dilemmes ( devoirs et obligations) de l’éthique de leur profession. Arrêtons de multiplier des cénacles de façon aristocratique et snobe, aux allures folkloriques, pour nous tourner résolument vers des questions de fond ; d’identification des facteurs de blocage, les facteurs sclérosants et paralysants  de nos communautés villageoises pour esquisser un projet de société. Il est urgent- pour la survie de la Centrafrique que nous mettions en évidence les leviers sur lesquels il faut agir pour que les choses redémarrent…

 

II-2 Un DN plutôt pour inventer que pour se contenter d’inventorier .

 

Reconsidérer le processus d’ancrage à des référentiels Républicains et démocratiques revient à adopter le postulat suivant : les récents conflits dont la nation Centrafricaine a payé un lourd tribut révèlent bien plus qu’un malaise politique. Ils sont les symptômes d’un manque de confiance profond  face aux hommes politiques et face à une société de plus en plus sans projet, sans repères et sans référentiels. Cela  se traduit par un repli sur des comportement opportuniste et calculateur aux accents insurrectionnels. Il suffit de descendre dans la rue pour avoir son bacc ou être reçu à son DEUG ou à sa Licence.. Notre système socio politique a génité un climat généralisé du soupçon, de la méfiance, de la connivence et du complot :

Cette confiance entamée est le résultat du constat de manque de crédibilité professionnelle, d’absence de référentiels et de repères rationnels valables  de  OBO à Bocaranga et de Ndélé-Birao à Nola. Le DN ne nous a pas aidé à inventer ( mettre au point l’esquisse d’un projet de société) mais s’est contenté d’inventorier à la va vite, les insuffisances de notre société. En tout cas, ça rappelle l’état des routes à Bangui dans les années soixante-dix. Les avenues Boganda et Koudoukou étaient bien bitumées par le génie militaire. Celle de l’avenue BENZ VI grâce à l’ingéniérie d’Israél. Ces avenues sont tombées six ans après en état de vétusté. Des crevasses partout et sont devenues plus dangereuses qu’elles ne l’étaient ( comme dans nos hôpitaux où cohabitent les 3 M : le malade-le mourant et le mort)

Savez-vous pourquoi la vétusté s’est accélérée ? C’est à cause du colmatage. Au lieu de faire le travail de plombier, notre génie militaire a fait un travail de serrurier. Vous avez perdu votre clé, le serrurier vient vous aider à ouvrir la porte mais uniquement la serrure. Il vous répare, vous dépanne mais ne soigne pas le mal. Le DN a daté son diagnostic  des mutineries aux coups d’Etat…

Pourquoi cette césure arbitraire de notre histoire ? Pourquoi on a arbitrairement considéré que la situation que nous vivons est le résultat de manque de chance et non le résultat des choix et erreurs accumulés depuis les indépendances ?

Pourquoi le DN n’a pas fait le choix du repositionnement de la République Centrafricaine dans la Région, en Afrique et dans le monde en termes de structures et des infrastructures à faire naître ou à entretenir et de lutte contre la pauvreté ? Qu’est-ce qui fait dire au DN que seule le dysfonctionnement des institutions est responsable et en même temps ne propose pas une nouvelle dynamique ? Les institutions sont un ensemble de mécanique. Cette mécanique – qui a été très longtemps un lieu de menace pour les Centrafricains- ne peut fonctionner qu’avec une nouvelle énergie ? Un nouveau tracé ! Des nouvelles orientations ! Ces orientations- à supposer qu’elles existent- en fonction de quels enjeux, quels objectifs et quelle perspective sont elles fixées. ? Les rapporteurs des commissions  et les présidences respectives ne nous ont pas fait connaître selon quelle méthode ces commissions ont travaillé ?  Y a t-il eu audition ? de qui ? Pourquoi ? . S’il y a audition, quel est le degré d’expertise de l’audité et a-t-il dit  comment se sortir de la situation ? Et quels sont les coûts humains et financiers qu’il va falloir payer ? Qui dit nouvelle orientation dit rupture. Quelles sont les ruptures qu’il faut faire avec sa tribu, son clan, son village pour appartenir à l’identité Centrafricaine ?

 

A la lumière de ces interrogations, nous considérons que le DN n’a fait qu’ouvrir le chantier et qu’il y a de la place pour des propositions

 

Conclusion :

 

Faire de la Centrafrique un nouveau chantier. Favoriser l’émergence des initiatives locales qui changent la donne au profit des acteurs et non des ministres – fut-ils résidents ou des préfets pour passer du statut d’entité ingouvernable au sens FMI et Banque mondiale au statut d’entité gouvernable puisque attractive et volontariste dans la lutte pour la réduction de la pauvreté, contre l’illétrisme et l’inégalité femme et homme

 

1) Les guerres fratricides et l’insécurité est une question d’éducation civique et non de propagande politique

Avec tous les respects que nous avons pour l’expérience éclatante de  Bozizé et Mbay depuis le 15 mars 03 , ils n’ont ni la compétence ni la solution miracle. La question qu’on était en droit de voir le DN se poser ou soulever, c’est celle de savoir comment avons nous fait pour en arriver là ? Quels sont les ressorts économiques et sociaux qui manquaient à nos liens et qui ont conduit à l’état où nous nous trouvons. Le mal a fait tache d’huile dans les relations entre Centrafricains à  l’étranger. La diaspora à l’étranger n’a pas la mémoire courte. Les douloureux  souvenirs des déchirements et d’analyses approximatives au sein de l’UNECA hantent nos rapports. Nous n’avons pas la culture du respect des règles démocratiques : on s’arroge des droits sans accepter de rendre des comptes, quand on est mis en minorité, on cri au complot et à la trahison puis on provoque des scissions et du schisme.

Le jour où nous nous poserons la question de l’intérêt que cultiver notre différence dans la complémentarité ; qu’être responsable n’est pas synonyme de pouvoir messianique ou rédempteur  et que ce qu’on attend de nous, c’est plus de la crédibilité, de la cohérence et de la compétence, nous entamerons la première marche du « vivre ensemble et du travailler ensemble » La référence aux modèles  diaspora Malienne ou des français de l’étranger mise en avant par le journal IDEE + pour justifier l’appel  à  la cohésion nous paraît short. Les Maliens ont fait leur transition dans la douleur et se sont construits des référentiels républicains très respectables. Il faut avoir une rigoureuse lecture scientifique des pratiques de toutes les composantes de la société civile dont les ONG  dans leur rapport avec le politique pour se faire une idée de la solidité des fondations. Par exemple, constituez une association et fixez des cotisations aux Centrafricains. Le jour de l’assemblée constitutive, il y aura des déluges de propositions. A l’heure des réalisations, vous serez seul dans un désert d’actions. Quant à la référence au modèle français de l’étranger, elle n’est pas pertinente. Nous, nous permettons de suggérer -très amicalement- aux courageux chroniqueurs de la Rédaction d’IDEES + de faire la quête d’autres idées .Réunir des individualités aux intérêts  si contradictoires  ne se fait pas sur la seule base du patriotisme ; de surcroît de l’appartenance à un groupe fut-il solidement homogène  ne serait-ce que parce que l’information qui devrait les lier est assymétrique et dissymétrique  entre eux. C’est une des raisons de l’échec du DN…

 

2) Le chantage au co développement est pertinent mais a des limites ; lesquelles ?.

 

De nombreux observateurs africains en particulier et du Tiers monde en général et les plus sérieux  qui existent considèrent que dans le cadre du NEPAD, il faut jouer la carte du chantage au co-développement –comme arme de lutte contre l’immigration internationale pour que les pays de l’OCDE et l’UE puissent participer au développement de l’Afrique.

Cette idée est respectable en soi ; elle n’a que le mérite d’exister. Ne nous trompons pas, la feuille de route de la réussite de la NEPAD  rappelle à quelque chose prêt, celle de la défunte AIR AFRIQUE. Plan OMEGA ou pas, à la différence de l’Afrique du Sud de Thabo MBéki qui a les capitaux privés et la détermination politique- des partis politiques qui ont muté des Affaires politiques à la politique des Affaires, nous sommes  sceptiques. Il est clairement dit dans les derniers du PNUD et de la Banque mondiale que c’est le marché et l’entreprise qui ont la responsabilité de tracer la voie du développement. Même si la date de publication de ces deux rapports est différente, non seulement ils obéissent à une même logique mais se complètent. La date de publication  une question de technique de lecture. C’est pour donner l’illusion aux lecteurs moins avertis qu’il y a deux rapports. Le marché ayant reçu la feuille de route, va chercher là où il y a des relais locaux ; c’est-à-dire des marchés privés régionaux. L’Afrique du sud n’a pas participé à la gestion catastrophique d’Air Afrique mais, a déjà une niche à Bangui ; les 200 villas. L’Afrique du Sud a déjà la main mise sur l’île Maurice et le Chemin de fer malgache. Le Maroc a déjà les pieds dans le secteur bancaire en Centrafrique- en terme de capitaux . Il suffit à ces deux puissances de faire un tour de table avec le sulfureux Nigéria et les capitaux privés prennent en sandwich notre pauvre Centrafrique ! Comme nous n’avons ni la culture du travail bien fait, ni la culture de la crédibilité ni de la compétition ,qui plus est, la concurrence –sauf pour les fesses- nous fait peur, la NEPAD sera plus sévère avec nous dans dix ans –que ne l’est la colonisation et la néocolonisation. Notre économie est non viable…

Commençons par organiser notre marché intérieur de produits vivriers : pain de manioc, cacahuète, etc. Même ce marché est déjà organisé par les pays du Sud Est Asiatique ! Quand nous étions au Canada – Québec et Montréal, il y a deux ans, nous avions pensé que le marché de ces produits déjà détenu en France , Belgique et Italie ( même constat à Bruxelles, Bruges, Liège), ( Florence et Milan) par les Chinois et Thaîlandais, nous pensions qu’il a échappé à leur contrôle. Nous, nous sommes lamentablement trompés. Mais, nous nous rappelons que le manioc, la mangue, la banane ( légume ou dessert), la patate douce, poussent bien au Viet-nam qu’ en Chine lors de nos précédents déplacements et qu’il  existe une économie bien structurée qui  vit de ces produits. Nous entendons par là, les producteurs vivent réellement de leur travail. Des structures de production, de logistique ( conditionnement et emballage et autres corps de métiers organisés tout autour de ces produits ) permettent à ces producteurs d’en vivre. Il y a une culture de filière. Des productions universitaires sont publiées etc. Ces marchés  ont permis la construction des pôles structurants et commencent à intéresser le secteur bancaire ( des banques coopératives) facilitent l’insertion de ces marchés dans les échanges internationaux.

Arrêtons de penser que nous sommes les seuls au monde à manger du manioc, des beignets etc. M. Bozizé, M. Goumba, M. Gaombalet , M. Mbay et leurs QG respectifs où croulent les Maïdou , Ngoupandé et autres Bézérabria, favorisez les jumelages entre les  communes rurales et les régions Centrafricaines entre elles. Favorisez la co construction des compétences rurales et périurbaines en mettant en place de vraies outils, des schémas directeurs qu’on évaluera deux ou trois ans après et non qui mourront de leur belle mort faute d’utilisation ou de pertinence. C’est ce qu’on appelle la politique du développement rurale. Il ne s’agit pas de faire sortir de terre des îlots urbains en pleine campagne sans lien entre eux, sans que ces îlots soient insérer dans le tissu social et soient des leviers de développement rural  Qu’on trouve à Obo ou à Damara ou à Sibut, des avenues qui portent le nom des communes rurales et leurs spécificités . Que vos soi-disant ministres résidents parviennent à promouvoir- non une compétition de coton ; temps de Kolingba et Patassé- mais de production de mangbéré, de ngago, de koko, de goui, de babolo et que nos communes et régions ouvrent leur territoire aux ressortissants d’autres régions pour des métiers.  L’unité nationale n’a pas pour seule garantie l’affectation des fonctionnaires civiles et militaires d’une région à l’autre. Inventons des formules qui favorisent la fertilisation croisée de nos régions et communes rurales, qu’elles travaillent ensemble et qu’après, on fasse le bilan. Que certaines régions deviennent le laboratoire d’expérimentation d’un domaine précis pendant que d’autres le sont pour autres essais selon des critères équitables.

 

Sur le plan analytique, nous voulons dire par là qu’il est possible d’expérimenter les théories des avantages absolus et d’avantage comparatif pour les produits vivriers au niveau national. Comme la pêche est une activité génératrice des métiers ( filet, nasse, pirogue, hameçon comptoir de vente) le véké, le ngago, le mangbéré, et autres branches de l’artisanat peuvent drainer autour d’elles, d’autres métiers et surtout avoir des chambres de métiers.

 

Une bonne communication autour attirera – non pas des brigands Tchadiens ou autres Zaraguina – mais des exportateurs Thaïlandais ou autres. Pourquoi ne pas inverser cette logique selon laquelle les hommes vont toujours là où il y a de l’argent en faisant venir l’argent, là où il y a les hommes, la créativité, l’inventivité !  Ce que nous appelons « repositionner la Centrafrique » !

 

Mesdames et Messieurs ; Arrêtez de nous bassiner avec votre DN folklorique ; véritable piège à con ou vos ministres résidents . Ce dont le peuple attend de vous, ce n’est pas du replâtrage à longueur de journée ou des coups de fusil sur des ambulances mais des projets. Nos filles ont très souffert déjà avec les années blanches et vos corsaires et mercenaires  agissant sous la férule de Mbémba, et autres Déby en miniature . S’il-vous plaît arrêter de les insulter en leur envoyant encore des ministres-résidents qui résideront tellement que l’on redoute ce qu’il va en advenir  pour ces pauvres filles !

Les ministres –résidents que nous attendons  de la transition, ce sont des ministres qui nous inventent ou inventent avec notre participation, les clés de lecture de la mondialisation et non ceux qui se contentent de faire à notre place, une lecture à trous  et approximative de la mondialisation ou de la NEPAD.

 

Au vu de ces éléments, nous pensons que le DN n’a fait que poser la première pierre d’un débat.

- Si nous avons tort dans ce schéma général de lutte contre la pauvreté, nous sommes prêts à revoir notre copie. Nous avons volontairement refusé d’évoquer les questions de coûts, mais franchement, ce schéma coûtera moins cher que le DN- il paraît que ce n’est pas nous qui l’avons financé – En tout état de cause il coûtera certainement moins cher- en hypothèse optimiste- que dix ou vingt voyages à Obo-zémio, Birao-Ndélé, Berbérati-Nola  et Bocaranga-Paoua-Bémal ou encore Markounda . Il faut assurer leur sécurité, faire des rencontres-encore faut-il qu’ils pensent à le faire dans les communes reculées de la Sous-préfectures, il faut payer les agents qui veillent sur eux et quand c’est en avion, il y a l’entretien, le jus, les pilotes et les affaires urgentes qui seront gelées par les Préfets et Sous-Préfets, lors de leur mission à l’intérieur !

- En revanche, si un potentiel candidat peut s’en inspirer, c’est la Centrafrique qui en sort victorieuse de la démagogie.

 

Nous  souhaitons à tous les Centrafricains une excellente année de transition 2004 et les invite à demeurer plus que vigilants Mais ces vœux sont aussi une sorte d’appel à la résistance contre l’obscurantisme d’où qu’il vienne et , quelle que soit la forme qu’il prend.

Attention aux alliances contre nature entre religion et politique. D’autres tribus à travers le monde en ont payé le plus cher tribut. Il y a une déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, il y a un seul Dieu et trois personnes en lui, mais il y a pluralité de religions : les trois religions monothéistes, les agnostics, les françafriques , les rosecroix, les franmaçons, les mormons, les maïcaris, les témoins de jéhova, les diseuses de bonne aventure, ou zèké chez nous  les animistes. Enfin, un théologien peut ne pas être pasteur et les diplômés d’autres sciences exactes , sciences humaines, lettres ou sciences sociales peuvent être plus intègres, plus crédibles qu’on veut bien nous le faire croire !

(08 janvier 2004)

 

( [1]) René Passet ; Professeur émérite à Paris I ( co fondateur d’ATTAC et membre du conseil scientifique d’ATTAC)

 

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18    Regards et points de vue des partis politiques et mouvements Centrafricains