Les résultats du premier tour des élections législatives en République
Centrafricaine ont porté un démenti clair à l'égard de tous ceux qui, sous influence
ou non, ou en toute bonne foi, compte tenu de l'image que les médias véhiculent de
l'Afrique et des Africains, s'attendaient sinon à des bagarres du moins à des
soulèvements ethniques préludes à la guerre civile.
Le président centrafricain Félix Patassé leur facilitait la tâche en effet, depuis des
semaines en assénant des contre vérités.
M. Patassé pensait enfoncer le clou en forçant la main de la MINURCA et de ses pairs en déclarant sans gêne, lors du sommet des chefs d'états à Paris, que son parti, le MLPC, a remporté 49 sièges dès le 1er tour des législatives centrafricaines alors même que le dépouillement des urnes était loin d'être terminé.
Pressé de questions par des journalistes sourcilleux, le président centrafricain déclara sans ambages que si le MLPC ne remportait pas la majorité absolue à ces législatives, il ne se représenterait pas aux prochaines élections présidentielles de septembre 1999. Une Centrafricaine présente fit remarquer aussitôt qu'il ne fallait pas se fier à cet homme sans parole et sans scrupule.
La commission électorale mixte indépendante (CEMI) vient de rendre public les résultats du 1er tour en attendant le verdict du conseil constitutionnel au sujet des contestations et recours.
Le MLPC a remporté 26 sièges et non 49, malgré des fraudes massives et des énormes moyens consacrés à cette campagne : distributions de cadeaux, de sommes d'argent, promesses d'emplois administratifs et militaires, de constructions d'écoles et de centres de santé, bref toutes choses promises en 1993 par le candidat Patassé restées lettres mortes depuis.
Au total 46 sièges sur 109 ont été pourvus dès le 1er tour. Le nombre de sièges en ballottage favorable à l'opposition est nettement plus important. L'opposition a donc démocratiquement les moyens de remporter les deuxièmes législatives pluripartistes de la RCA. Il lui revient d'affiner sa stratégie et de se présenter en ordre groupé, uni devant la population pour compter faire échec au rouleau compresseur de Patassé et de ses alliés étrangers.
La stratégie de l'union permit à Barthélémy Boganda d'écrire, avec le peuple centrafricain, les plus belles pages de l'histoire de la RCA. Le venin de la haine et du tribalisme que M. Patassé et ses proches ont cherché à tout prix, à inoculer au cur de l'Afrique et qui, au début de son mandat, a eu les faveurs des laissés pour compte ne fait plus recette après les milliers de morts perpétrés par sa milice, les codos et des troupes étrangères appelées à la rescousse de son pouvoir.
Le parti de l'unité national dirigé par Jean-Paul Ngoupandé, ancien 1er ministre du gouvernement d'union nationale, a pris résolument parti de la stratégie unitaire de l'opposition.
C'est ainsi que le PUN, dans le cadre de la concertation au sein de l'Union des Forces Acquises au Progrès, a rendu public sa position qui se résume en 2 points :
Le PUN a apporté son soutien total à la demande ferme de l'UFAP relative à l'abrogation sans délai des ordonnances et autres mesures édictées par M. Patassé ainsi qu'au nettoyage des listes électorales.
Le PUN pense que l'échec du MLPC à ces élections législatives ouvre la voie à une transition démocratique sans heurt et est de nature à détendre l'atmosphère, à créer les conditions de la réconciliation nationale, à faciliter le dialogue social et la reprise dans tous les secteurs d'activité en République Centrafricaine.
(5/12/1998)
Jean-Bosco