C.S.I. : Communiqué de presse , Genève, 15 mars 2000
Le samedi 10 mars et le dimanche 11 mars 2000 - selon Victor Akok Anei, Commissaire civil pour le district d'Aweil-Est - les troupes des Forces de Défense Populaires du Soudan (PDF) ont pris en esclavage environ 188 Africains noirs, femmes et enfants, au cours de raids portant sur trois villages du nord du Bahr El Ghazal, Malith, Rup Deir, et Majok Kuom, dans le sud du Soudan.
Les personnes prises en esclavage à Malith et à Rup Deir ont été conduites, avec les vaches et les chèvres volées, à la garnison gouvernementale de Grinty, au nord du Kiir (le fleuve Bahr El Arab), alors que celles qui ont été capturées à Majok Kuom et à Sokobat ont été dirigées vers la ville de garnison gouvernementale de Mabior, sur la ligne de chemin de fer Khartoum-Wau. Une fille qui s'est échappée de la caravane d'esclaves de la PDF a rapporté aux autorités locales que sept autres filles prises en esclavage avaient été tuées par la PDF durant leur marche forcée vers le nord.
La dernière offensive de la PDF a débuté le 8 mars quand deux de ses unités, chacune d'environ 1.300 assaillants à cheval et à pied, ont quitté leur garnison d'Atiat, située au nord, en dehors de la ville de Meiram. Une des unités a attaqué Malith le 10 mars à 8 heures et a engagé le combat avec l'Armée de Libération du Peuple Soudanais (SPLA). Après une heure et demie de combat, la SPLA a battu en retraite, donnant la possibilité à la PDF de piller et d'incendier la totalité du village. Environ 70 personnes ont été prises comme esclaves à Malith. La PDF s'est alors déplacée vers le sud et a attaqué Rup Deir où elle fut repoussée par la SPLA. 50 personnes sont estimées avoir été capturées à Rup Deir. La seconde unité de la PDF a suivi la ligne de chemin de fer Khartoum-Wau vers le sud et a attaqué Majok Kuom le samedi 11 mars au matin. 68 femmes et enfants ont été déclarés pris en esclavage par la PDF à Majok Kuom.
Deux jours après l'attaque, des représentants de CSI, John Eibner et Gunnar Wielback, Jane Roy et Glen Pearson, accompagnés de journalistes indépendants, ont découvert avec horreur les restes calcinés de Malith.
Depuis le milieu des années 80, le Gouvernement du Soudan a soutenu les razzias d'esclave au sein de la population civile noire africaine du nord du Bahr El Ghazal. Le régime actuel du Front National Islamique (NIF) a intensifié cette pratique comme faisant partie de sa djihad déclarée (guerre sainte islamique) après qu'il ait ravi le pouvoir à un gouvernement élu, en 1989. La guerre du Soudan constitue un véritable génocide avec deux millions d'Africains noirs tués et plus de quatre millions de personnes déplacées.
Les raids des 10 et 11 mars, dans les districts d'Aweil Est et Ouest, constituent cette année les événements les plus récents d'une série de graves violations du cessez le feu actuel décrété par l'ONU dans la partie nord du Bahr El Ghazal. Les raids ont eu lieu trois semaines après que le Gouvernement canadien se soit rangé à la politique de l'Union Européenne en annonçant une démarche " d'engagement constructif ", incluant des règlements financiers " directs ou indirects " au régime du NIF à Khartoum.
Le Rapporteur Spécial de Nations Unies, le Dr Leonardo Franco, se trouvait au Soudan à la fin du mois de février 2000 pour poursuivre son enquête concernant l'esclavage et les autres violations des Droits de l'homme. Il en rendra compte auprès de la Commission des Droits de l'Homme. L'année dernière, le Dr Franco a informé la Commission que: " La guerre et les stratégies pernicieuses utilisées ont ravivé et exacerbé les problèmes d'esclavage au Soudan ". CSI estime qu'il y a encore plus de 100.000 femmes et enfants noirs africains vivant en esclavage ou qui sont soumis à des pratiques proches de l'esclavage, dans les camps de concentration contrôlés par le Gouvernement.
En réaction à la prise d'esclaves de 300 femmes et enfants par la PDF le 21 février, le Président international de CSI, le Rev. Hans Stückelberger, a, le 24 février, lancé un urgent appel au Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, au Haut Commissaire aux Droits de l'Homme, Mary Robinson, ainsi qu'au Président des Etats-Unis, William Clinton et au Premier Ministre canadien, Jean Chrétien, afin - de condamner le régime du Front National Islamique (NIF) à Khartoum en raison de sa politique de mise en esclavage de femmes et d'enfants noirs africains, - de demander au Conseil de Sécurité des nations Unies de prendre des sanctions pour obtenir du Gouvernement soudanais
1) - le retour de tous les esclaves dans leurs familles au Sud-Soudan,
2) - le rétablissement d'un gouvernement démocratique laïque,
3) - le respect des droits humains et
4 -) la mise en oeuvre du droit à l'autodétermination pour le peuple du Sud-Soudan et les autres populations marginalisées, selon la Déclaration de Principes de l'IGAD
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