L'investissement direct étranger, réponse à la mondialisation : BAD
Pour relever le défi de la mondialisation et en éviter les pièges, les pays en développement de la région Asie-Pacifique doivent s'ouvrir plus largement aux investissements directs étrangers (IDE), y compris dans le secteur financier, affirme la Banque Asiatique de Développement (BAD).
Cet appel, inscrit noir sur blanc dans l'étude "Le défi de la globalisation pour l'Asie" annexé aux Perspectives du développement asiatique 2001 publiées cette semaine par la banque, contredit les comportements nationalistes des gouvernements (Malaisie, et plus récemment Thaïlande) ou des opinions publiques et des salariés (Corée du Sud, Thaïlande, Indonésie) à l'égard de ce qui est parfois qualifié de "recolonisation" en Asie Orientale.
Pour la BAD, le défi présenté à l'Asie est simple: "alors que les pays membres en développement continuent à réduire le fossé les séparant des leaders technologiques, ils devront s'élever d'un modèle de croissance fondé sur l'accumulation à un modèle reposant sur l'innovation. Ils devront adapter leurs institutions, en cohérence avec les opportunités et les contraintes de la globalisation".
Or, selon la BAD, l'IDE n'est pas seulement le meilleur moyen d'approcher "la frontière technologique", il offre aussi la meilleure protection contre la volatilité, risque majeur associé à la mondialisation comme la crise financière de 1997-98 en fit la brutale démonstration.
Par rapport aux importations d'équipements et à l'achat de licences, méthodes privilégiées dans le passé pour accéder à la technologie avancée, "l'IDE a l'avantage d'être un canal de transferts d'expertise technique et de gestion, qui vient avec l'usine et les équipements étrangers en même temps que le marketing et la distribution", estime la BAD.
De toute façon, ajoute la BAD, les pays en développement n'auront guère le choix face aux multinationales qui détiennent les technologies avancées et privilégient l'investissement direct.
"Alors que de plus en plus de marchés s'ouvrent aux IDE, il devient plus difficile pour chaque gouvernement de revendiquer la licence comme une alternative", remarque le rapport.
D'autre part, contrairement aux crédits bancaires à court terme et aux investissements de portefeuille, l'IDE a démontré une remarquable stabilité.
La BAD rappelle que pendant les 18 mois précédant le début de la crise asiatique en juillet 1997, les flux de capitaux vers les pays les plus touchés (Indonésie, Corée, Philippines et Thaïlande) avaient atteint 86,8 milliards de dollars. Au cours des 18 mois suivants, les sorties ont représenté 77,9 mds de dollars.
Par contre, le flux des investissements directs vers l'Asie (y compris la Chine qui en absorbe une bonne moitié) a suivi une progression régulière, passant de 71,1 mds en 1996 à 86,9 en 1999.
La BAD explique que l'IDE contribue à réduire la pauvreté mais a aussi des effets traumatisants pour les secteurs de l'économie nationale confrontés brutalement à la concurrence étrangère et que les gouvernements doivent aider à s'adapter.
"Assurément, il y a des résistances dans certains pays, en raison de l'absence d'un système de protection social ou de la rigidité du marché du travail", reconnaît Shin Myong Sho, le vice-président de la BAD qui présentait le rapport à Tokyo. Selon lui, "l'IDE est la forme préférable d'apport de capitaux mais les pays doivent être préparés sur le plan social à traiter ses effets secondaires".
Evoquant les erreurs commises dans le passé en Corée ou visant implicitement la politique du gouvernement Mahathir en Malaisie, la BAD avertit que l'ouverture ne pourra pas restée bloquée à la porte du système financier.
"Avec l'avancement de la globalisation, les restrictions sur les transactions en capital deviendront de plus en plus difficiles à gérer sans perturber les autres formes d'activité économique", estime la banque.
Il serait préférable pour les pays en développement de procéder "rapidement mais avec prudence" à la réforme de leur système financier, là aussi en ouvrant la porte aux IDE pour introduire l'expertise technologique et managériale des institutions financières étrangères.
"Cela suggère la libéralisation de l'accès de l'investissement étranger dés la première étape de l'ouverture du secteur financier", estime la BAD, qui ajoute: "Cette recommandation parait évidente sauf pour les nombreux gouvernements qui ont omis de la suivre".
( AFP,TOKYO, dimanche 22 avril 2001)