La faillite du géant américain des télecommunications, WorldCom
WorldCom, la
plus retentissante des faillites
NEW YORK (AP), lundi 22 juillet 2002, 23h54 - A peine 12 heures après
avoir placé WorldCom sous la protection du célèbre "Chapitre 11", pour la
faillite la plus retentissante de l'histoire des Etats-Unis, le PDG du géant américain
des télécommunications était pourtant optimiste lundi: il espère que d'ici un an,
WorldCom aura redressé la barre, après avoir réduit sa dette et s'être débarrassé de
quelques avoirs périphériques.
Un mois après avoir révélé le gonflement de ses bénéfices de près de quatre milliards de dollars à travers des comptes falsifiés, WorldCom bat ainsi le record établi par Enron lors d'un autre scandale retentissant: avec 107 milliards de dollars d'actifs déclarés, la banqueroute de WorldCom est ainsi près de deux fois plus importante que celle du groupe de courtage en énergie. Et quatre fois plus que celle de Global Crossing en janvier.
"Nous avons tout fait pour l'éviter mais au bout du compte le conseil d'administration a estimé que c'était le meilleur moyen d'aider le plus grand nombre de gens", a déclaré John Sidgmore au cours d'une conférence de presse. C'est l'effarante dette de 30 milliards de dollars qui a poussé WorldCom à prendre cette décision, a précisé M. Sidgmore. Tout en prédisant le retour sur le devant de la scène d'une entreprise "dégraissée" et plus compétitive d'ici au "premier trimestre de l'année prochaine" et en rappelant les rétablissements réussis d'entreprises comme Continental Airlines ou Texaco qui avaient aussi opté pour le Chapitre 11.
Grâce à cette protection, WorldCom garde en effet tous ses actifs et pourra continuer à fonctionner normalement, payer ses fournisseurs et employés et fournir ses services aux 20 millions d'abonnés de MCI, opérateur de télécommunications longue distance, et aux utilisateurs de ses accès Internet. D'ailleurs, les analystes et officiels du secteur des télécommunications s'accordent à dire que les clients ne devraient pas souffrir de cette faillite.
WorldCom a décroché deux milliards de dollars des banques pour financer ses "affaires courantes" et espère pouvoir négocier une réduction de sa dette à hauteur des trois-quarts.
Pour s'en sortir, WorldCom va essayer de vendre certains de ces actifs non stratégiques, notamment en Amérique latine ou dans le secteur de la téléphonie sans fil. Pas question de se débarrasser des navires amiraux du groupe, MCI et UUNET, ce dernier gérant le plus grand volume de trafic Internet des Etats-Unis. Ni d'aller au-delà des 17.000 licenciements annoncés en juin, soit 20% du personnel.
En outre, a ajouté son PDG, WorldCom collabore avec les enquêteurs pour "les aider à trouver les pourris, punir les pourris, et laisser l'entreprise tranquille".
Avant même la révélation sur les manipulations comptables, WorldCom était en pleine tourmente financière. Car WorldCom, c'est l'histoire d'une ascension fulgurante, en pleine euphorie des "dot-com", suivie d'une chute tout aussi fracassante, celle de tout le secteur des nouvelles technologies liées à l'Internet: en juin 1999, l'action cotait 64,50 dollars et WorldCom, start-up devenue valeur phare, faisait de l'ombre au géant historique des télécoms, ATT. Aujourd'hui, après une boulimie d'acquisitions et des bénéfices gonflés artificiellement, l'action ne vaut quasiment plus rien.
En Mars, la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, lançait une enquête sur les méthodes comptables du groupe: elle aboutissait à la chute de Bernard Ebbers, le charismatique fondateur de WorldCom, dans le collimateur pour des prêts préférentiels, et déclenchait la colère des actionnaires.
En avril, John Sidgmore reprenait les rênes, pour lancer la restructuration. En juin, tombait le couperet final, avec l'annonce de malversations comptables s'élevant à 3,85 milliards de dollars, destinées à occulter les pertes en gonflant artificiellement les bénéfices. Suivait l'éviction du directeur financier, Scott Sullivan, qui aurait été le maître d'oeuvre du montage frauduleux.
A Manhattan, lundi soir, le juge fédéral Arthur Gonzalez chargé de contrôler le dépôt de bilan de WorldCom, a approuvé la requête du Département de la Justice, qui demandait une enquête indépendante sur les erreurs de gestion, les irrégularités et les fraudes du groupe. WorldCom a accepté, selon les documents du tribunal. L'enquêteur aura la possibilité de demander communication des papiers de la compagnie détaillant les transactions.
Le ministre John Ashcroft espère que cela "augmentera la confiance de l'opinion publique dans la gestion de ce cas et que cela aidera à préserver la valeur ainsi qu'à protéger créanciers et actionnaires, y compris les petits créanciers et ceux dont les fonds de pension sont investis dans WorldCom".
Le ministère de la Justice a également ouvert une enquête criminelle sur la chute du géant des télécommunications. Ses résultats ne seront publiés que si le gouvernement retient des charges contre l'entreprise.
Désormais, la restructuration du géant déchu se fera sous la protection du chapitre 11, et sous l'oeil de Wall Street, particulièrement affolée face aux faillites en cascade et scandales en tous genres. AP
WorldCom en faillite au moins jusque début 2003
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