CONSULTATION
ACADEMIQUE D’HIVER
SERVICE DES
EGLISES EVANGELIQUES EN ALLEMAGNE POUR LE DEVELOPPEMENT
(E.E.D)
Paris, le 10
Décembre 2005
DIASPORA ET DEVELOPPEMENT
CAS
DE FIGURE DES ASSOCIATIONS AFRICAINES EN FRANCE
Présenté
par
M.
Clotaire SAULET–SURUNGBA
Militant
associatif
Professeur de Sciences Physiques au Lycée
Alfred KASTLER de Cergy (95)
Ancien Président de
l’Association de la Diaspora Africaine Chrétienne en France (A D A C)
Président de la
« Coordination Action Humanitaire pour le Centrafrique - Coordination
AHC »
Président -Fondateur
d’EDUCAVENIR
Membre du Conseil
d’Administration du Conseil Représentatif des Associations Noires de France
(C.R.A.N)
« Je
parvins toutefois à dire au roi : Que sa majesté le roi vive à
jamais ! Comment pourrais-je ne pas être triste, alors que la ville où mes
ancêtres sont enterrés est en ruine et que ses portes ont été
incendiées ? » Néhémie 2/3
« Si
l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain ;
Si l’Eternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain. » Psaume
127/1
INTRODUCTION
Tous les jours, des « tsunami artificiels » assaillent les
pays d’Afrique Noire francophone sur les plans économique, social, culturel,
écologique...Ces « tsunami artificiels » et quelquefois naturels, ont
des effets de plus en plus néfastes sur l’existence même des personnes humaines.
Selon les terminologies des institutions internationales, ces pays sont poliment
qualifiés de pays en voie de développement, de pays très endettés ou de pays
sous équipés…Ils doivent faire face à la mondialisation néo-libérale qui
s’impose de manière inexorable à tout le monde et aucun état ne peut échapper.
Cette mondialisation est une réalité
qu’il faut vivre...Il faut bien la vivre et non la subir en victime
résignée...Pauvreté, ravages du SIDA, du paludisme, désertification,
chômage des jeunes qui quelquefois, échouent sur les barbelés de fer à
Ceuta et Mélilla, tel pourrait être le cliché qu’offrent la plupart des
pays d’Afrique noire aujourd’hui...
« Diaspora et développement, cas de
figures des associations africaines en France » tel est le thème qu’il m’a été
demandé de traiter...Je me fais l’agréable devoir de m’acquitter de cette tâche,
à ma manière avec vous ce matin. Je n’ai nullement la prétention de livrer ici
le meilleur développement de cette thématique, mais je voudrais avec vous,
examiner les opportunités que pourraient exploiter
J’avoue d’emblée, pour ma part, que je
suis de ceux qui croient que le Christianisme ne peut s’accommoder de la misère,
de la pauvreté endémique et structurelle qui mine le continent africain. Et au
regard des dividendes des « indépendances » de 1960, je crois
fermement que la frange chrétienne et responsable de la Diaspora peut servir de
levain aux actions de développement pour peu qu’elle accepte de se lever comme
l’enseigne la vie de plusieurs
personnages bibliques.
En effet, le cas de figure de Néhémie qui
s’est levé pour la restauration politique, économique et sociale de Jérusalem,
l’exemple de Joseph qui, malgré ses démêlés avec ses frères, leur accorda le
pardon en Egypte tout en leur venant en aide, ou les exilés juifs qui ont reçu
l’autorisation de Cyrus, roi de Perse, pour aller reconstruire le temple de
Jérusalem et dont l’histoire nous est contée dans le livre d’Esdras, constituent
des appels forts qui ne sauraient laisser indifférents tous ceux et toutes
celles qui ont été mis au large, j’allais dire, qui ont été transférés dans les
verts pâturages de l’Occident, où malgré tout, si le lait et le miel ne
couleraient pas comme on pourrait le souhaiter, mais où la situation est
relativement meilleure, comparativement à celle des arriérés de salaires,
arriérés de bourse ou arriérés de pension, des classes à effectifs pléthoriques
sans matériel didactique, des hôpitaux sans alcool éthylique, sans
mercurochrome, sans coton hydrophile, sans matériel médical et où la couverture
médicale est la denrée d’une classe sociale donnée...
Dans cette quête de stratégie de
développement, il y a peut être lieu de ne plus continuer à discourir, à
chercher des boucs émissaires ou à se poser en victimes résignées. Voilà
pourquoi, je voudrais partager avec vous cette réflexion parue dans la presse
africaine :
« L’Afrique ne doit plus chercher
dans son passé colonial les réponses à ses problèmes, estime l’éditorialiste du
quotidien camerounais « Le Messager » du 28 avril 2005. Nous n’avons
plus à aller chercher les auteurs de nos souffrances au-delà des mers et à
l’ONU. Le diable est sur place, chez nous, et non ailleurs... Il faut donc tout
repenser et ne pas craindre de tout casser. Il faudra bien une
révolution.... »
Cet éditorial résume largement, quand bien
même certains points semblent discutables, la situation des pays d’Afrique
noire...J’affirme tout de suite que le passé éclaire le présent et permet de
bien aborder l’avenir...
Pour ma part, je voudrais emboucher, dans
une certaine mesure, la même trompette que l’éditorialiste du « Le
Messager » pour dire, à travers mon intervention, que l’Afrique a besoin de
profonds changements dans la société...L’Afrique a besoin d’une démarche qui
révolutionne la manière de concevoir les stratégies de son développement. Cette
« Révolution » qu’il faut aujourd’hui est la faculté à réagir aux
contraintes du monde caractérisée par la mondialisation de l’économie...Il ne
s’agit pas d’une « Révolution Nationale Démocratique et Populaire »,
ni d’une « Révolution Prolétarienne » qui ont été en vogue à un moment
donné de l’histoire et qui n’ont fait qu’aggraver des problèmes de
développement... La révolution à laquelle j’adhère est celle que Chateaubriand
définit en affirmant, je cite : Toute révolution qui n’est pas accomplie
dans les mœurs et dans les idées échoue...Car je suis de ceux qui
croient fermement que le sous-développement de l’Afrique Noire est et demeure
avant tout un sous-développement mental...
I- VUE SYNOPTIQUE DE L’AFRIQUE NOIRE DE
1960 A NOS JOURS
Au sortir des « indépendances de
1960», les anciennes colonies
françaises de l’Afrique Occidentale,
de l’Afrique Equatoriale et Madagascar se sont engagés, avec une certaine
« indépendance politique », dans la voie du développement et de la
formation des cadres. La bipolarisation du monde, avec les deux super puissances
américaine et soviétique a eu des effets sur ces cadres... Imbus de théories
capitalistes, libérales, marxistes-léninistes et social–impérialistes, ces
« nouveaux gouvernants » sont arrivés aux commandes dans les
différents pays, anglophones, francophones, lusophones d’Afrique. La Chine
Populaire avec le livre rouge de Mao Tsé Toung avait fait des émules parmi ces
cadres et au nom de la « théorie des trois mondes », nombre
d’intellectuels africains, futurs décideurs politiques dans les différents pays, se sont convertis au maoïsme...Le
Maréchal TITO de Yougoslavie et le président NASSER d’Egypte étaient les
chantres d’un « non-alignement »...
Le démantèlement du Mur de Berlin le 09
Novembre 1989 et l’éclatement de l’empire soviétique modifièrent la vision du
monde... Et comme le confirme Eric
Le Boucher dans un article
paru dans le « Monde -Dossiers et documents » N° 341 d’avril
2005 : «...Les crédits versés aveuglément au Sud par le Nord pendant
la guerre froide, de peur d’un basculement de ces pays dans le communisme, ont
fondu depuis la chute du mur de Berlin. »
Il y a quarante ans, les pays d’Asie avaient pratiquement le même niveau de
développement que la plupart des pays africains...Aujourd’hui, l’Asie compte la
plupart des pays émergents alors que les pays d’Afrique Noire Francophone, avec
ses bataillons de cadres formés qui n’avaient rien à envier à ceux des pays
développés, ont emprunté la voie du sous-développement au lieu de se
développer...Au point où, aujourd’hui, l’Afrique représente le continent qui
n’est que l’appendice du monde sur le plan des échanges
internationaux...
Les cadres africains, avec le
marxisme-léninisme, le social-impérialisme, le maoïsme et le capitalisme, le
libéralisme voire avec le non-alignement ont contribué à faire de l’Afrique un
continent où :
-95% des exportations sont constituées par
des produits de base,
-1,3% des échanges commerciaux en
2002,
-1,8% des investissements mondiaux en
2002,
-50% de la nourriture sont
importées,
-50% des réfugiés et personnes déplacées
suite à des conflits,
-2/3 des porteurs de SIDA dans le
monde,
-2/3 des pays les moins avancés dans le
monde,
-23 000 universitaires et 50 000 cadres
supérieurs vont vers les verts pâturages du monde développé chaque
année,
-40 000 médecins vivent en dehors du
continent et surtout, le poids de la dette qui a placé les pays africains dans
une forme « d’esclavage » des temps modernes.
Il est vrai que toute la responsabilité de
cet état de fait n’incombe pas entièrement aux seuls intellectuels africains qui
ont épousé des théories étrangères aux réalités de leurs pays sans pour autant
chercher à trouver des solutions endogènes.
« Beaucoup d’africains aujourd’hui
admettent leurs responsabilités et celles de leurs gouvernements, de leurs
partenaires extérieurs dans les échecs actuels dus, pour une bonne part, à la
mal gouvernance, à notre incapacité à admettre le développement comme un
processus culturel, à comprendre la culture comme développement ».
Cette déclaration du Président de la
Commission de l’Union Africaine, Alpha OUMAR KONARE définit assez éloquemment
les degrés de responsabilité des uns et des autres.
Aujourd’hui, avec le 11 Septembre 2001 et
la lutte contre le terrorisme international, la construction des grands
ensembles économiques avec l’ Union Européenne, l’assaut de la Chine Populaire
sur le marché international alors que l’Union Africaine n’arrive pas trouver ses
repères avec un NEPAD, (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique)
conçu en haut lieu sans la participation des populations africaines bat de
l’aile, le développement vertigineux des multinationales qui financièrement,
mettent à genoux certains états africains par des privatisations
« imposées », le développement devient de plus en plus un défi qu’il
faut relever...
Ce tableau inquiétant semble être confirmé
par « le dernier état du monde » du journaliste Serge MATI paru dans
le « Monde – Dossiers et Documents- N° 341- avril 2005 » qui, tout en
reconnaissant la croissance exceptionnelle de la Chine (8% en moyenne sur dix
ans), 4% aux Etats-Unis, 2% en Europe, n’a eu aucun mot pour évoquer dans le
corps de son article, la situation économique de l’Afrique. Et même sur le
graphique paru à la une- avec le sous-titre « l’Europe, entre une
Amérique prédominante et une Asie émergente »- la carte de l’Afrique est
pratiquement inexistante sinon que la pointe Sud du continent noir avec la ville
de Johannesburg ...
La misère des populations africaines fait
que la prise en compte des questions sociales doit être intégrée dans la ré
organisation du monde en ce début du XXI ème siècle.
La « Déclaration du Millénaire »
adoptée aux Nations Unies en 2000 par la plus grande réunion des Chefs d’Etats
et de Gouvernement des pays pauvres et riches, peut nous amener à voir l’avenir
sous un angle meilleur, si toutefois des actions concrètes de réduction de la
pauvreté sont entreprises. Les dirigeants du monde se sont engagés à faire de
leur mieux pour éradiquer la pauvreté, défendre la dignité humaine et
l’égalité et parvenir à la paix, à la démocratie et assurer la durabilité des
ressources environnementales. Ils ont promis également de s’allier
pour remplir des objectifs concrets de nature à faire avancer le développement
et à réduire la pauvreté au plus tard en 2015.
L’Afrique Noire francophone, à l’instar
des autres continents, s’est donc engagée pour atteindre les Objectifs du
Millénaire d’ici en l’an 2015. Ce qui suppose des efforts pour mener une lutte
frontale contre :
-l’insuffisance des
revenus,
-l’omniprésence de la
faim,
-les inégalités sociologiques entre hommes
et femmes,
-la dégradation de
l’environnement,
-le manque d’instruction, de service de
santé et d’eau potable.
Cette lutte prend en compte également des
actions à initier pour alléger la dette et augmenter l’aide, les échanges et les
transferts de technologies au bénéfice des pays pauvres.
Que faire pour que cette Déclaration ne
soit pas des vœux pieux, à l’instar des grandes déclarations du genre
« Santé pour tous d’ici à l’an 2000 » alors que le paludisme,
le SIDA et les maladies d’origine hydrique continuent, dans les pays du Sud, à
décimer les populations encore en ce samedi 10 décembre 2005 ?
En me fondant sur les valeurs qui
sous-tendent la Déclaration du Millénaire, à savoir, la liberté, l’égalité, la
solidarité, la tolérance, le respect de la nature et le partage des
responsabilités et à partir de mon vécu et de la situation d’un pays donné, la
République Centrafricaine, je me propose de suggérer ce qu’il conviendrait de
faire par la Diaspora, pour que l’Afrique Noire francophone, en cette période de
mondialisation, ne demeure pas sur les « gradins du match du
développement » ou sur le quai de la gare où le train de la mondialisation
embarque tous ceux qui voudraient bien, non seulement prendre le ticket, mais
accéder à bord du train avec ou sans place assise...
II- LA DIASPORA AFRICAINE, MOTEUR DU
DEVELOPPEMENT
Dans sa quête pour le développement,
l’Afrique noire francophone doit et peut compter sur sa Diaspora. Aujourd’hui,
plusieurs études ont montré et les faits démontrent amplement l’importance
sociale et économique des fils et filles du continent noir établis dans le
monde...
Lors des travaux des troisièmes Rencontres
Africaines sur l’Intelligence Economique et le Développement tenues du 27 au 29
Novembre 2003 à Paris, M. BINDE, Sous Directeur Général Adjoint à
l’UNESCO a montré comment les «mouvements mondialistes, la Société civile
internationale et africaine, peuvent devenir, eux-mêmes une stratégie au service
du développement africain. La Société civile est une société citoyenne se
construisant dans une relation dialectique à l’Etat et comprenant différents
acteurs tels que les individus, les associations, les ONG etc. Or, elle peut
être mise au service du développement de diverses
façons :
-
en donnant plus de poids à la diaspora
Africaine et en reliant ses composantes entre elles et les populations sur
place ;
-
en mettant en valeur la capacité d’auto
mobilisation de la société civile africaine et en finançant ses
initiatives ;
-
en travaillant pour la fondation d’une
nouvelle démocratie à travers la mise en réseau des acteurs du développement, de
la Société Civile, des institutions du
savoir ;
-
en profitant du rôle et de la relation que
le secteur privé entretient avec l’Etat ;
-
enfin, en portant plus d’attention au
secteur économique de
l’association. »
Ces cinq manières de mise en service au
service du développement constituent ce que j’appellerai les cinq règles d’or
qui doivent permettre aux associations et porteurs de projet de la Diaspora
Africaine de devenir des partenaires incontournables et sûrs pour le
développement de l’Afrique Noire...Et toute mon intervention s’articulera autour
de ces cinq points qui constituent les conditions à remplir et que j’appellerai le
« Pentagone Stratégique de la Diaspora Africaine » ou (PSDA) afin que la Diaspora
Africaine puisse être impliquée positivement dans le processus du
développement.
Le PSDA est déjà en œuvre au niveau de la
communauté malienne, au regard de l’implication des autorités maliennes et des
citoyens maliens de l’extérieur dans des actions de développement. Ces derniers
constituent la référence et leur dynamisme s’est traduit concrètement, non
seulement par les envois d’argent, les constructions des centres de santé,
d’écoles mais aussi et surtout par leur présence dans les institutions de leur
pays. Ainsi, les maliens de l’étranger sont représentés à Bamako au sein du
Conseil Economique et Social de la République du Mali. Et c’est ainsi qu’il faut comprendre que
lors des incendies mortels à Paris des 26 et 29 Août 2005 de l’immeuble du
boulevard Vincent Auriol dans le XIIIème arrondissement et de celui du quartier
du Marais, rue du Roi-Doré dans le IIIème arrondissement, seul le gouvernement
du Mali ait envoyé un membre du gouvernement, le ministre en charge des maliens
de l’extérieur, venir à Paris s’enquérir le plus officiellement du monde, des
causes de ces drames et pour « pleurer avec ceux qui
pleurent »...
Cinq ans après la « Déclaration du
Millénaire », le constat de la Banque Mondiale et du FMI, le 12 avril 2005
à travers une dépêche de l’AFP, est sans équivoque :
« L’Afrique reste exclue des
progrès en matière de réduction de la pauvreté, même si l’essor de la Chine et
de l’Inde permettra au bout du compte de diviser par deux le nombre de pauvres
dans le monde, un des objectifs de l’ONU dans le monde...Pour que le continent
noir parvienne à diminuer de 50% le nombre de ses pauvres, conformément au
premier des Objectifs du Millénaire adoptés par l’ONU en 2000, il lui faudrait
au moins dix années de formidable accélération de la croissance économique, soit
7% par an, deux fois le taux actuel...
Toutes les semaines, 200 000 enfants de
moins de 5 ans meurent de maladies, 10 000 femmes meurent en couches. Dans la
seule Afrique subsaharienne, 2 millions de personnes vont mourir du SIDA cette
année et environ 115 millions d’enfants des pays en développement ne sont pas
scolarisés...Pour y remédier, il faut que les pays riches doublent leur aide
directe dans les 5 ans à venir. Cela représente un effort d’à peine 0,2% du PIB
de la plupart des pays riches. Les pays pauvres doivent, eux, faire des efforts
notamment pour attirer les investissements privés afin d’accélérer leur
croissance économique... »
Ce constat est sans appel et nous
interpelle...Les Sociétés Civiles du Nord et du Sud sont interpellées car les
questions de développement sont tellement importantes qu’elles ne peuvent être
de la compétence exclusive des Etats et des partis politiques...Et le mouvement
associatif peut contribuer à cette œuvre...L’action humanitaire ou toute action
de protection de l’environnement, d’appui aux systèmes éducatifs et sanitaires
africains, de protection des minorités, de promotion de la culture africaine, de
lutte contre le SIDA, le paludisme ou les mutilations sexuelles sont autant
d’opportunités qui s’offrent à la Diaspora africaine en France, en Europe et
dans le monde développé...
En ce qui concerne la France, une enquête
réalisée par la SOFRES le 9 mai 2003 révèle que les français, tout en ayant une
image négative de l’Afrique, sont toutefois disposés à donner du temps dans des
associations au profit de l’Afrique...
Le mouvement associatif apparaît comme un
des moyens, voire le moyen qui doit permettre aux membres de la Diaspora
Africaine- en France où on compte plus de 900 000 associations- d’investir
dans leur pays d’origine sans se mettre dans une quelconque
illégalité...
Et je voudrais reprendre ici à mon compte
l’intervention du Professeur Gervais DOUBA du mardi 19 avril 2005 devant
les étudiants de l’Institut des Sciences Politiques à Paris sur le thème : «
L’association : chantier d’expertise citoyenne et d’innovation sociale.»
Car je suis convaincu que le renforcement des sociétés civiles africaines grâce
à l’appui multiforme des sociétés civiles du monde occidental à travers les
mouvements associatifs dans lesquels la Diaspora est active, peut devenir une
piste porteuse d’espoir pour que la Diaspora Africaine apporte « une valeur
ajoutée » particulière à l’action du développement par des acteurs non
étatiques.
Le professeur Gervais DOUBA
affirmait, en introduction à sa communication, je le cite :
« La fondation d’une association
–quelles que soient la forme et le régime juridique ou la taille (fondation, ONG
etc.) est l’aboutissement du processus d’une démarche entrepreneuriale :
Idée- transformation de l’idée en Projet – métamorphose du projet sociétal en
Création et ré – encadrement de la création, en passage à l’acte. Comme le
ménage ou la famille est la plus petite cellule des agents économiques voire des
institutions politiques et socio économiques, l’association est une des plus
petites cellules de la République et de la démocratie.
Organisation relevant du champ de
l’économie sociale et solidaire, l’association ne peut pas ne pas observer les
vagues de crises qui secouent les vieux modèles de développement et celles des
dispositifs traditionnels de socialisation (famille, école, voisinage) et qui ont des répercussions dans les
pays d’origine des adhérents ou qui compromettent voire handicapent la
satisfaction des besoins de proximité. L’association n’est pas le lieu où on
s’accommode de la routine...Devant une mondialisation inévitable, il faut
choisir de promouvoir la mondialisation par le bas en inventant de nouveaux
paradigmes devenus usés, surannés...»
Les opportunités qu’offre le tissu
associatif doivent êtres saisies. Comme l’affirme Gervais DOUBA :
« Les associations fondées par les
populations issues de l’immigration devraient avoir pour sens et pour portée
d’être le creuset du métissage culturel et des canaux voire les agents du CO
DEVELOPPEMENT de leur région d’origine et leur région de résidence. Nous
entendons par là que la problématique de recherche des outils de lutte contre la
pauvreté. Préférer penser la lutte contre la pauvreté à panser les séquelles de
la pauvreté. »
Ainsi, les communautés issues de
l’immigration, notamment africaines, peuvent participer aux actions de
développement par leur implication dans les mouvements associatifs qui
déboucheraient sur des actions structurées. L’entrepreunariat social et
solidaire, allié au commerce équitable pourraient être une voie à explorer pour
peu que l’on maîtrise les réseaux de financement, d’accompagnement de porteurs
de projets de développement qui conduiraient à la création d’entreprises du type
« sociétés coopératives ouvrières de production (SCOP) ou sociétés
coopératives d’intérêt collectif (SCIC).
Ces efforts de la Diaspora Africaine ne
porteraient pas de fruit si de manière concomitante, aucune politique cohérente
de développement et qui prendrait en compte la contribution de la Diaspora,
n’est initiée dans les pays africains. En effet, Gervais DOUBA a eu à juste titre
de relever que :
« La lutte contre la pauvreté ne se
fait pas à coup de rustine. La pauvreté est multifactorielle et celui qui veut
lutter contre la pauvreté à coup de rustine est incapable de la vaincre,
tellement l’appétit de la pauvreté est insatiable, c'est-à-dire il finira par
être happé par la violence du vent et deviendra aussi pauvre sinon plus pauvre
que les bénéficiaires de ses actions
ponctuelles. »
L’Association de la Diaspora Africaine
Chrétienne en France (ADAC), victime
depuis le 26 Octobre 2005 d’une forme de parricide et de l’échec d’une
instrumentalisation éhontée, au-delà de toute considération, peut sous une forme
ou une autre, faire participer la frange chrétienne de la Diaspora Africaine à
l’action missionnaire et faire de cette Diaspora un atout pour le développement
intégral de l’Afrique Noire Francophone.
La « Déclaration de
Cergy-Pontoise » du 20 Février 2005 qui a sanctionné le Premier Congrès
de la Diaspora Africaine Chrétienne en France, demeure un appel pressant pour les
« Joseph » et les « Néhémie » de la Diaspora africaine. Sa
mise en œuvre par des africains mobilisés collectivement ou individuellement,
aujourd’hui ou demain, à travers l’Association des Diasporas Afro -
Antillaises Chrétiennes (AD2AC), va participer à une action de
développement, tant au niveau des mentalités qu’à celui de la situation sociale,
économique, culturelle et politique, non seulement de l’Afrique noire mais
également des populations françaises issues de l’immigration
africaine.
L’avènement du Conseil Représentatif des
Associations Noires de France (C.R.A.N) depuis le Vendredi 25 Novembre
2005 est un signe d’espoir et participe à cette action
multiforme...
CONCLUSION
Je pense pour terminer que le Diaspora va
devenir une valeur ajoutée exceptionnelle pour le développement si, au niveau des états africains,
une politique volontariste de réintégration systématique est initiée pour
favoriser « le retour au pays »...
Je voudrais, enfin conclure ici en reprenant l’éditorial de
M. Mohamed YESSOUFOU SALIOU, Rédacteur en Chef du magazine « Afrique
Diagnostic » N° 555 du mois de mai 2005 :
Si quarante-cinq ans après les
indépendances, nous en sommes encore au tam-tam alors que les reste du monde est
à l’Internet, si les guerres, les conflits inter - ethniques, la misère et les
maladies en tout genre continuent de faire rage sur le continent, nous ne
pouvons que nous en prendre à nous-mêmes. Cessons donc de chercher partout des
boucs émissaires imaginaires. Regardons plutôt la vérité en face, et prenons
enfin nos responsabilités.
La cécité et l’incompétence notoire de la majorité
de nos dirigeants, la démission de nos cadres intellectuels en mal de
reconnaissance, la cupidité des travailleurs de la fonction publique, la
corruption galopante qui mine tout le continent, l’absence de repères pour les
jeunes qui foulent quotidiennement au pied nos us et coutumes, la paresse qui
nous caractérise et surtout notre goût prononcé pour l’argent facile et les
délices de la société de consommation , et enfin la démission totale des parents
face aux agissements inadmissibles, voire scandaleux des enfants difficiles,
sont en réalité les vraies raisons de notre sous-développement.
Continent
riche en ressources naturelles (forêts, terres arables, mines, fleuves et
océans...) et humaines, l’Afrique ne sortira pas de sa léthargie et de sa
paupérisation tant que les Africains ne prendront pas leurs responsabilités.
Tant qu’ils ne changeront pas leur fusil d’épaule face aux prédateurs de la
mondialisation et aux fossoyeurs de nos économies. C’est une question de vie ou
de mort. Nous n’avons pas le choix. »
Clotaire SAULET
–SURUNGBA
Points de vue -
sangonet