La Réforme de l’économie centrafricaine en question

Face aux difficultés socio-économiques que connaît la RCA aujourd’hui, il serait très important de conduire des politiques économiques incitatives pour sortir du goulot d’étranglement de l’économie centrafricaine. Depuis les évènements militaro- politico - économiques qui ont secoué le pays, la structure de l’économie ne cesse de se dégrader. Les entreprises sont détruites, les investissements étrangers se tarissent, le secteur privé quasi inexistant, et une mauvaise politique de crédit sont autant des signes avant coureurs de la morosité de l’économie centrafricaine.

La période post transition serait un tournant décisif du take-off centrafricain car le nouveau président élu aura des marges de manœuvre considérables pour sortir l’économie du gouffre mais il faut bien cibler les priorités en reformant l’administration en générale et en particulier le département de l’économie et des finances.

Toute une batterie de solutions sont envisageables dès lors qu’il y’a une bonne volonté des autorités politiques et du gouvernement.

Du point de vue économique, la bancarisation de l’économie nationale est une condition nécessaire pour le take-off. Je ne vais pas me polariser sur une théorie économique pure mais il est nécessaire de préciser que la thésaurisation constitue une fuite de liquidité dans le circuit économique. Compte tenu des conditions restrictives à l’ouverture des comptes bancaires, il serait important de mettre en place une loi pouvant faciliter et favoriser l’ouverture de compte bancaire ce qui permet à l’Etat de contrôler la liquidité dans l’économie via la Banque Centrale mais aussi aux banques commerciales de financer les investissements privés car ce sont les épargnes qui financent les investissements. Mais pour que cette loi ait un effet, il faut que les conditions soient réunies du côté de l’Etat (la sécurité) et des banques (création des agences dans le tout pays). Comment on peut imaginer que le Km5 qui est un grand centre d’activité économique où circulent des millions par jour il n’ a pas une agence d’une banque. En outre, les banques doivent améliorer leur la qualité des services. Comment peut-on imaginer qu’un client a de difficulté de retrait de son argent  à la caisse ?

L’une des difficultés dans le secteur bancaire est le rationnement de crédit bancaire aux petits commerçants et artisans car les banques jugent très risqué d’accorder des crédits à cette catégorie d’agent économique. Les banques privilégient l’octroi des crédits aux dignitaires des régimes. Or la plupart de temps, les dignitaires prennent le crédit et vont au Bahamas avec et du coup ce sont des crédits irrécouvrables et ces crédits non remboursés constituent un manque à gagner pour les banques. La meilleure orientation de la politique des crédits serait d’accorder des crédits pour créer une activité pouvant générer des revenus. Si les banques ne peuvent pas satisfaire toutes les demandes de crédits, l’Etat doit voler à son secours en créant par exemple un fonds d’investissement public pour aider et consolider les initiatives privées.

Pour assurer une gestion seine des finances publiques, il est incontestablement admis que l’informatisation de l’administration centrafricaine reste le seul moyen de minimiser les fraudes fiscalo-douanières. Je tiens à préciser que l’informatisation de l’administration ne veut pas dire doter notre administration par des ordinateurs pour remplacer les vieilles machines à taper mais plutôt de mettre un système de réseau qui permettra à une autorité des finances de savoir à tout moment les recettes de l’Etat. Supposant par exemple la douane de Bémal fait une recette de 50 millions de FCFA aujourd’hui, le DG de la douane ou le ministre des finances n’a pas besoin de contacter le directeur de douane de Bémal pour connaître les entrées de la journée ou de la semaine il lui suffit tout simplement de se connecter à son PC dans son bureau et de taper le code de la direction de Bémal pour savoir combien il y’a de recettes. Cette exemplification donne une idée de l’avantage de l’informatisation de l’administration des finances.

Pour me résumer, il y’a deux piliers fondamentaux pour la reforme de l’économie centrafricaine. D’un côté la bancarisation de l’économie avec des accents particuliers sur les politiques suivantes :

- Une politique visant à favoriser l’expansion des réseaux bancaires dans l’ensemble du pays

- Une politique de crédit visant à favoriser le développement des PME-PMI.

- Création d’un fonds public par l’Etat afin d’aider et de consolider les initiatives privées

Et de l’autre côté l’informatiser l’administration centrafricaine ce qui permet non seulement de minimiser les fraudes et corruptions mais aussi pour améliorer les services de l’administrations publiques.

Cette analyse n’est que partielle sans oublier la réduction du train de vie de l’administration, modernisation de l’agriculture…

Alexis MOYOUDOKANA (14 juin 2004)

Productions Centrafrique - potentialités économiques