APPEL AUX LOBAYENS

Cher(e) Compatriote,

 

1. Toi qui te reconnais originairement lobayen(ne),

 

2. Que tu sois Issongo ou Mbati, Ngbaka, Boffi, Mondjombo, citoyens ou békas ou pygmées (les vrais bantous), que tu sois originaire apparenté(e) ou d’adoption,

 

3. Que tu te sois émigré(e) ou que tu sois né(e) dans une autre région de ton pays la République Centrafricaine ou à l’étranger,

 

4. Ce message t’es particulièrement adressé.

 

5. N’ayons pas honte ni peur de nous affirmer lobayens à l’instar de nos compatriotes d’autres régions qui vantent en toute légitimité, haut et fort, leur identité régionale, et qui font montre d’un élan exemplaire de solidarité et de générosité entre eux, jusqu’à mettre parfois publiquement en valeur l’adage qui dit « la charité bien ordonnée commence par soi même ». Il n’y a d’ailleurs aucun mal à cela.

 

6. Et cela n’a rien de régionalisme ni de sectarisme, encore moins de quelconque clivage. Mais l’appropriation de ta région, l’affirmation aussi de ton identité culturelle et surtout la promotion de tes valeurs intrinsèques ce, conformément à notre nouvelle loi fondamentale votée en décembre 2004, qui stipule : « … Les collectivités territoriales s’administrent librement… » (Titre X – Article 102 – alinéa 3), c’est-à-dire en toute autonomie d’où le concept de la « régionalisation », qui fait ici appel à tout ressortissant de chaque région d’en prendre conscience et de s’impliquer résolument dans sa promotion et son développement ce, en parfaite harmonie avec toutes les autres régions, dans l’intérêt du développement global de notre pays.

 

7. A l’image de tes illustres pères Barthélemy Boganda, David Dacko et Jean-Bedel Bokassa, qui ont fait montre à leur époque, chacun à sa manière, d’un nationalisme et d’un patriotisme incontestés, tu as toujours été prompt à tendre la main, à ouvrir ton cœur, à t’humilier de par ton sens inné du pacifisme, parfois jusqu’au prix fort de ta foi et de ton être, pour préserver la fraternité et la concorde, et surtout l’unité chère au père fondateur.

 

8. Malheureusement, il est triste de relever depuis ces dernières décennies, que tu sembles dormir comme si tu avais commis je ne sais quel péché, et attendre qu’on vienne te réveiller pour t’absoudre avant de pouvoir enfin poser un acte digne de ce nom. Pendant ce temps, tes autres compatriotes d’autres régions avancent, travaillent pour la promotion de leurs régions respectives, sont fiers d’aller et venir dans leurs fiefs où ils ont construit et créé un minimum de conditions pour rassurer et contenir parents et jeunes aux fins de consolider leurs richesses socio-culturelles. Tu as toujours brillé par ton sens élevé du devoir pour les autres mais hélas par ta paresse quand il s’agit de te sacrifier pour ta région. Quel paradoxe ?

 

9. Aujourd’hui, face aux nouvelles donnes socio-politiques pour lesquelles tu t’es même sacrifié(e) avec passion et détermination pour faire asseoir, sans pratiquement rien exiger en retour, te voilà déjà confronté(e) presque à la logique d’abandon pour ne pas dire de l’oubli qui est légion dans ce pays, de par les intentions flatteuses et démagogiques de toutes celles et de tous ceux à qui tu n’as pas hésité de faire confiance sans aucune arrière pensée ni calcul, juste parce que tu aimes ton pays, parce que tu aimes ton prochain, ton compatriote sans distinguo. Et nul ne te le contestera dans ce pays.

 

10. Aujourd’hui, la Lobaye comme toutes les autres régions de la République Centrafricaine, ne pourra se faire, se (re)construire, se développer sans l’implication dévouée et chauvine d’abord des lobayens que nous sommes. Nous n’attendrons pas seulement les moments de deuil pour aller occasionnellement nous ressourcer dans notre région. N’en faisons pas seulement une région de dernière demeure : notre tombe. Nous devons apprendre à y vivre, à y retourner, à en être aussi fier(e).

 

11. Alors, combien sommes-nous à Bangui, qui n’est ni la Lobaye ni la RCA ? Combien nous connaissons-nous ? Combien nous retrouvons-nous régulièrement pour réfléchir réellement sur la situation de notre belle et riche région, grenier de la RCA ? Combien sommes-nous solidaires, pas seulement pour les obsèques des parents et amis mais dans nos oeuvres de vie quotidienne ? Combien nous retrouvons-nous pour organiser régulièrement voire périodiquement des caravanes de retraite et de réflexion dans la Lobaye sur des questions d’ordre social, économique et culturel ?

 

12. Tu es femme, homme, jeune, adulte, religieux ou pas, cultivateur, paysan, intellectuel, éducateur, professeur, journaliste, diplomate, agronome, politique, député(e), médecin, opérateur économique, artisan, ouvrier, banquier, artiste, opérateur culturel, fonctionnaire, retraité, profession libérale, civil ou militaire, aujourd’hui plus que jamais, ton implication est vivement attendue pour ta région car la cause est hautement et globalement commune.

 

 

13. Hier, ton implication a été sollicitée au sein d’une organisation hybride du nom de « CROL », devant regrouper les ressortissants de l’Ombella M’Poko et de la Lobaye. Autant j’avais loué l’initiative, autant je suis libre aujourd’hui de regretter et dénoncer l’esprit calculateur, politicien et exclusionniste qui a animé les promoteurs au sein duquel il y a malheureusement des lobayens en qui je ne me reconnais plus. Ce qui ne contribue qu’au discrédit et au dénigrement des lobayens comme étant des naïfs, des manipulables et la risée de la République. POURQUOI CE MANQUE DE DISCERNEMENT EN NOUS ?

 

14. Hier, nous avions voué un respect catholique, frisant même le culte de personnalité, à nos aînés qui, malheureusement, n’ont développé en eux aucune volonté de préparer et d’assurer la relève, d’encadrer et promouvoir la génération émergente. Ce qui contribue à la division, à la désolidarisation, à un conflit de génération qui ne dit pas son nom. POURQUOI CET AVEUGLEMENT EN NOUS ?

 

15. Nous ne savons que nous haïr, nous médire, nous vouloir du mal. Nous aimons trop parler sans jamais bâtir à l’image justement de notre Lobaye ‘’délabrée’’ et abandonnée pratiquement par nous, ses ressortissants. Qu’est-ce qu’on n’a pas été pour notre pays ? Que n’avons-nous pas donné pour notre pays ? Et quel profit avions nous tiré pour notre région ?

 

16. Aujourd’hui, les choses sont entrain de changer dans notre pays, j’ose le croire. Allons-nous continuer de donner pour donner sans en profiter légitimement et loyalement, et surtout en faire profiter aussi notre région ?

 

17. J’ai apprécié à sa juste valeur l’initiative, qui m’est rapportée, de certains compatriotes lobayens comme moi, qui se seraient réunis le dimanche passé (10 juillet 2005) à Fatima, pour réfléchir sur le devenir de notre région, exclusivement la Lobaye. Ce pour lequel je donne mon accord de principe et apporte tout mon soutien en attendant de savoir les tenants et les aboutissants. Ne dit-on pas que « mieux vaut tard que jamais » ?

 

18. Il semblerait que cette rencontre aurait été suspendue pour être reprise le dimanche prochain 17/07 à 9h30, au même endroit. J’en appelle à tous les lobayens qui se reconnaissent, de s’associer massivement à cette rencontre pour exprimer notre solidarité, notre foi en notre région, et une farouche volonté d’assumer notre identité culturelle et de penser au moins au devenir de notre région. Soyons responsables, pragmatiques, ponctuels et assidus donc à l’heure.

 

19. Comme tout développement devant toujours partir de la base (famille, région, …), à mon avis, il y aurait des engagements forts que nous devrions prendre, à savoir :

- la Lobaye devrait quitter le « CROL » pour penser d’abord à elle, une pétition pourrait être ouverte pour motiver cette démarche,

- les anciens et la nouvelle génération devraient s’entendre pour se passer les témoins sans conflit,

- enfin, la Lobaye devrait rechercher les voies et moyens de son développement, en ne comptant d’abord que sur les efforts de ses ressortissants engagés et dévoués, réunis au sein d’un grand « Mouvement pour l’Union, la Solidarité et la Construction de la Lobaye Emergente », en abrégé MUSCLE, une ONG de développement digne de ce nom dont les bases devraient être jetées au cours de cette rencontre.

 

20. Je suis bien d’accord pour prendre aussi part à la prochaine rencontre du dimanche 17/07, comme on me l’a demandé, mais pas pour entendre dire n’importe quoi, plutôt pour débattre très sérieusement des conditions idoines pour la promotion de la Lobaye, avec beaucoup d’autres lobayens femmes et hommes que j’exhorte vraiment d’être présents sinon ils seront coupables demain devant la postérité lobayenne à cause de leurs silence et indifférence, aujourd’hui, face à la déliquescence de la Lobaye.

 

21. Encore une fois, merci pour cette initiative combien louable, qui arrive d’ailleurs à point nommé. Même si un contretemps venait à empêcher sa tenue ce dimanche, cela ne devrait pas pour autant stopper notre ardeur à l’union et au dialogue pour la reconstruction de notre région : la Lobaye.

 

22. Puisse enfin la Lobaye se réaffirmer pour son renouveau dans le développement de la RCA.

 

Bangui, le 11 juillet 2005

 

Fier d’être lobayen pour le développement de centrafrique

 

Marcel Mokwapi

Communicateur / Diplomate

Tél : (236) 50.24.44

E-mail: m2_46@msn.com

(Thu, 14 Jul 2005 01:29:32 +0200; diffusion Internet, sangonet: 15 juillet 2005)