Procès du putsch raté: les avocats se retirent de la session criminelle

AFP, Bangui, 8 mars 2002 - 13h23 - Les avocats centrafricains ont décidé vendredi de se "retirer" de l'actuelle session ordinaire de la Cour criminelle de Bangui, après l'interdiction faite la veille à Me Zarambaud Assingambi de continuer à assurer la défense d'auteurs présumés du putsch manqué du 28 mai 2001.

Les avocats centrafricains "s'insurgent contre les menaces qui pèsent sur le libre exercice de la profession d'avocat et qui se caractérisent par l'éviction de Me Zarambaud Assingambi", selon un communiqué du conseil de l'Ordre des avocats centrafricains, lu à la reprise de l'audience, au Palais de Justice de Bangui, par le bâtonnier de l'Ordre, Me Martin Kongbeto.

La Cour criminelle de Bangui, qui juge actuellement les auteurs présumés de la tentative de putsch du 28 mai 2001 en Centrafrique a interdit jeudi, sur requête du procureur général, Joseph Bindoumi, à Me Zarambaud, avocat d'une dizaine d'accusés, de continuer à les défendre.

"Seul le conseil de l'Ordre peut interdire provisoirement à un avocat l'exercice de la profession", rappellent les avocats dans leur communiqué.

Les confères de Me Zarambaud "s'indignent des violations graves et répétées des droits de la défense" et "décident de +se déconstituer+ et de se retirer de la présente session criminelle (entamée le 25 janvier et prenant fin le 30 mars, ndlr), (...) refusant de servir de caution à une parodie de justice", a lu Me Kongbeto.

Le président de la Cour criminelle, Zacharie Ndouba, a réagi en déclarant que "la Cour ne peut que prendre acte de cette décision".

Le procureur général, dont les avocats dénoncent dans leur communiqué "le comportement outrancier à leur égard", a quant à lui violemment réagi.

"Des avocats, ici, dans la salle, étaient au courant que lors de cette session criminelle, il y aurait un coup d'Etat qui aurait pour but de tuer les membres de la Cour, de tuer le procureur général, et de libérer les personnes accusées", a-t-il affirmé.

"Ils constatent que les jours passent, et le coup d'Etat qu'ils attendaient impatiemment pour procéder à la libération des accusés et à l'assassinat des magistrats n'a pas lieu. Pour se donner plus de temps et attendre qu'un coup d'Etat vienne les ramener dans la salle, ils sont contraints de sortir", a-t-il lancé.

Le président de la Cour a ensuite ajourné l'audience a lundi.

Me Zarambaud, réputé proche du parti de l'ex-président André Kolingba, accusé par Bangui d'être l'instigateur du coup d'Etat manqué du 28 mai, avait été arrêté le 26 septembre 2001, à l'initiative de la Commission mixte d'enquête judiciaire, chargée de faire la lumière sur cette tentative de putsch.

L'avocat, remis en "liberté provisoire" le 11 décembre, s'était vu dans un premier temps reprocher, comme incitant "à la haine et à la violence", des articles dans lesquels il dénonçait le caractère inconstitutionnel et illégal de cette Commission présidée par le procureur Bindoumi, avant d'être accusé d'être le "cerveau du coup d'Etat".

Jeudi, le procureur Bindoumi avait rappelé que Me Zarambaud n'était qu'en "liberté provisoire" et avait estimé, à l'appui de sa requête, "inadmissible qu'il puisse se constituer pour défendre certains accusés dans la même affaire".


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