RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE: Détérioration de la situation des droits de l'homme
IRIN, NAIROBI, 7 mars 2002 - La situation des droits de l'homme en République centrafricaine, déjà " précaire " a continué de se détériorer en 2001, notamment après la tentative de coup d'Etat en mai dernier, a annoncé le Département d'Etat américain dans ses rapports par pays sur la situation des droits de l'homme publiés lundi.
Pendant et après la tentative de putsch du 28 mai 2001, les forces de l'ordre ont perpétré impunément des exécutions extrajudiciaires, affirme le texte, particulièrement au sein du groupe ethnique Yakoma dont est issu le meneur du coup d'Etat, le général André Kolingba.
Le rapport énumère une série d'autres cas qui illustrent le manque de respect des droits de l'homme : la torture et le massacre d'un colonel Yakoma accusé d'avoir quitté son poste pendant le coup d'Etat ; la torture et la mise à mort d'un sergent qui regagnait son unité militaire après une permission de deux jours pendant le coup d'Etat ; un chef de l'opposition Yakoma accusé de participation au putsch qui a été arrêté le 31 mai et dont le corps a été retrouvé le lendemain devant la résidence du président Ange-Félix Patassé ; l'assassinat le 31 mai du fils de cet homme, âgé de neuf ans, et de deux membres de la famille ; le meurtre d'un magistrat de la cour constitutionnelle, de trois gendarmes, d'un professeur d'université, de son fils, de son cousin, et d'un caporal, tous membres de la tribu Yakoma.
" La police et les forces de l'ordre jouissent de l'immunité de poursuites pour les exécutions extrajudiciaires, " selon le rapport. " En fin d'année, aucune action n'avait encore été intentée contre les officiers des forces de l'ordre responsables de ces crimes et il serait quasiment inutile d'en attendre. Le gouvernement a bien reconnu que des exécutions extrajudiciaires ont eu lieu après la tentative de putsch mais, affirme-t-il, elles ont été perpétrées par des 'membres incontrôlables' des forces de l'ordre. "
La Brigade de police chargée de la Répression du banditisme a continué d'être active en 2001, informe le texte, et aurait eu recours à la torture. Le personnel médical a confirmé que la brigade du banditisme déposait souvent dans un hôpital les corps des personnes qu'ils avaient exécutées pour qu'ils puissent être récupérés par les familles. " La brigade bénéficie du soutien du gouvernement et de la population pour perpétrer des exécutions extrajudiciaires qui sont perçues comme un moyen efficace pour réduire la criminalité et améliorer les conditions de la sécurité publique, " lisait-on.
En septembre, la brigade a emmené Aristide Ndakala-Mandapy à la station de télévision officielle pour enregistrer sa confession concernant plusieurs vols qu'il avait commis. Le 19 septembre, la station a diffusé cet enregistrement et le 22 septembre, la brigade l'a abattu et déposé sa dépouille à l'hôpital. " Les autorités justifient les actes de cette unité de police en invoquant le manque de centres pénitenciers [dans la capitale] Bangui, " selon le rapport.
Le rapport cite aussi un incident concernant Abdoulaye Aboukary Tembeley,journaliste et président du Mouvement pour la défense des droits de l'homme, arrêté et torturé après avoir organisé un sondage sur la question de savoir si le président Patassé devait démissionner ou rester au pouvoir en février 2001. Les résultats de ce sondage n'étaient pas favorables au président.
Faute de fonds suffisants, le seul tribunal pénal en activité ne s'est réuni qu'une seule fois pour une période de deux mois au cours de l'année, entraînant une accumulation des affaires judiciaires à traiter, indique le rapport. Les tribunaux de justice et le tribunal pour mineurs ont à peine fonctionné pendant l'année. Il est peu probable que la situation change face à l'inefficacité de l'administration, la pénurie de magistrats, les arriérés de salaires de plus en plus lourds, et le manque de ressources matérielles.
Les conditions de détention sont également " très dures ". Les cellules du commissariat sont surpeuplées, et les articles de première nécessité, soit la nourriture, les vêtements et les médicaments sont en quantité insuffisante, bien souvent confisqués par les responsables de la prison pour leur propre compte.
Le gouvernement doit au moins 16 mois d'arriérés de salaires aux fonctionnaires et 14 mois à l'armée, d'après le texte.
N A T I O N S U N I E S, Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) - Réseau d'Information Régionaux Intégré (IRIN)
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