Débarquement de Provence 1944 : la France se réconcilie avec l'Afrique


Déjeuner Chirac-Bouteflika au lendemain des célébrations du débarquement de Provence

PARIS (AFP), lundi 16 août 2004, 10h53 - Le président Jacques Chirac a invité à déjeuner son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika, lundi au Fort de Brégançon, au lendemain des célébrations du 60e anniversaire du débarquement de Provence, a annoncé lundi matin l'Elysée.

 Il s'agit d'"une rencontre informelle" qui "s'inscrit dans le renforcement des relations entre la France et l'Algérie", après les visites effectuées en Algérie par trois ministres français en juillet, Michel Barnier (Affaires étrangères), Michèle Alliot-Marie (Défense) et Nicolas Sarkozy (Economie), a ajouté l'Elysée.

Pour sa part, Jacques Chirac, qui avait effectué une triomphale visite d'Etat en Algérie en mars 2003, s'était rendu à Alger en avril, une semaine seulement après la réélection d'Abdelaziz Bouteflika. Il avait alors souhaité la conclusion entre la France et l'Algérie d'un "traité d'amitié", à l'égal du Traité de l'Elysée fondateur de l'entente privilégiée entre la France et l'Allemagne.

Le 21 juillet, Jacques Chirac a présidé à l'Elysée une réunion avec une quinzaine de ministres pour évoquer le renforcement de la coopération entre la France et l'Algérie, avec la perspective de conclure le traité d'amitié en 2005. Les négociations devraient s'ouvrir en octobre.

 Au cours du déjeuner Chirac-Bouteflika à Brégançon, il n'y aura pas d'ordre du jour précis mais tous les sujets seront abordés, a précisé l'Elysée, alors que la question des harkis est extrêmement sensible entre Paris et Alger.

Dimanche, à bord du porte-avions Charles de Gaulle, Jacques Chirac, en présence de seize chefs d'Etat et de gouvernement africains, a rendu hommage à Toulon au "sacrifice immense" des "forces de la liberté" qui ont participé il y a 60 ans au débarquement de Provence.

Le chef de Etat et ses hôtes ont assisté à un défilé aérien puis à une revue navale, clou des cérémonies marquant le 60e anniversaire de la libération de la Provence. Il a également annoncé sa décision "de conférer à la ville d'Alger, en tant que capitale de la France combattante, la croix de la Légion d'honneur".

Auparavant, le président de la République avait remis des décorations à vingt-et-un vétérans, essentiellement africains. Quelque 300 anciens combattants maghrébins et africains se trouvaient à bord du porte-avions, mais ceux-ci ont surtout manifesté le souhait de voir revaloriser leur maigre pension.

 Le président sénégalais Abdoulaye Wade, s'exprimant sur cette question sur France 3, a souhaité que les vétérans africains ayant participé à la libération de la France en 1944, touchent les mêmes pensions que les Français et que l'Assemblée nationale française étudie la question.

 A travers deux jours de cérémonies, la France a voulu rendre un hommage particulier à l'Armée d'Afrique qui participa à la libération de la Provence, aux côtés des forces américaines et britanniques. Après le débarquement en Normandie le 6 juin, 450.000 hommes avaient débarqué dans la nuit du 14 au 15 août 1944 pour poursuivre la libération de la France.

 En l'honneur de Jacques Chirac et de ses hôtes, un défilé aérien de 12 Mirage 2000, 1 C135, 4 Rafale Marine, 8 Super étendard et un Hawkeye a précédé la revue navale, le degré le plus élevé des honneurs qui puissent être rendus aux chefs d'Etat par la Marine.

 Vingt-sept bâtiments de combat, dix-neuf français et huit étrangers, dont trois algériens, deux britanniques et un américain, ont participé à cette revue navale après avoir longé la côte depuis Cannes. Une démonstration de la Patrouille de France a clôturé les commémorations, avant des feux d'artifice.

 Quelque 200.000 personnes ont assisté des côtes toulonnaises à cette cérémonie, selon la préfecture du Var


Débarquement de Provence: un début de "reconnaissance", selon Abdoulaye Wade

PARIS (AP), dimanche 15 août 2004, 18h30  - Le président sénégalais Abdoulaye Wade a estimé dimanche que la célébration du 60e anniversaire du Débarquement de Provence était le début "d'une reconnaissance du service rendu par l'Afrique à la France".

"Je crois que c'est le début d'une réhabilitation, d'une reconnaissance du service rendu par l'Afrique à la France", a-t-il déclaré sur France-3 à l'occasion de la cérémonie internationale organisée sur le porte-avions Charles-de-Gaulle.

"Je crois que si la France assume véritablement son histoire, elle doit mentionner qu'à la Libération, il y avait des soldats venus d'Afrique", a-t-il ajouté.

"Qu'est-ce-que ça peut faire de l'enseigner aux enfants?", s'est interrogé Abdoulaye Wade. "Les enfants doivent savoir que la liberté dont ils jouissent aujourd'hui, nous avons contribué à cela".

Sur les pensions de guerre des soldats africains, le président sénégalais a souligné que "la cristallisation qui est intervenue est une injustice qui est dénoncée par tout le monde".

Affirmant qu'il ne croyait pas que les soldats africains auraient un jour "les mêmes pensions que les Français", il a estimé "qu'il faudrait que l'Assemblée nationale de France se saisisse de cette question, qui ne sera jamais réglée par un gouvernement", a-t-il conclu. AP

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