Haïti pleure ses mort, Haïti s'enlise dans des querelles fratricides
Nouveau bilan après les innondations provoquées par la tempête Jeanne en Haïti -
estimation à la date du 29 septembre 2004 communiquée pa la Protection Civile (Port-au-prince) :
1554 morts et 904 disparus
Après Jeanne
la tension monte à Haïti: trois morts lors d'une manifestation
pro-Aristide
par Arianna
Cubillos, AP
PORT-AU-PRINCE, Haïti (AP), 01 octobre 2004 - Des coups
de feu ont fait trois morts jeudi à Port-au-Prince parmi les
forces de police alors que les partisans du président évincé
Jean-Bertrand Aristide défilaient aux abords du palais
présidentiel.
Les manifestants ont tiré et tué trois policiers et en auraient enlevé un quatrième, a affirmé le ministre de la Justice Bernard Gousse. Aucun décès n'a été enregistré parmi les manifestants.
Ces violences font suite à l'attaque par les rebelles anti-aristide de soldats de l'ONU à l'entrée de la ville des Gonaïves.
Elles haussent encore la tension qui règne en Haïti depuis que le passage de la tempête tropicale Jeanne a ravagé le territoire. Les équipes de secours ont retrouvé plus de 1.550 corps dans la région du Nord-ouest, la plupart dans la ville des Gonaïves. Neuf cents autres personnes sont toujours portées disparues.
«Il y a une forte probabilité pour que tous les disparus soient morts», a affirmé jeudi Toussaint Kongo-Doudou, porte-parole des Nations unies.
Par ailleurs, plusieurs personnes ont été blessées lors des coups de feu de Port-au-Prince jeudi, a indiqué Kongo-Doudou. Selon les troupes onusiennes, l'échange de tirs a débuté entre les partisans d'Aristide et les forces de sécurité des magasins alentours alors que la manifestation donnait lieu à des pillages. La radio locale a rapporté que plusieurs manifestants avaient été arrêtés.
Des milliers d'habitants des bidonvilles ont envahi les rues du centre-ville brandissant des photos de Jean-Bertrand Aristide et scandant: «Que vous le vouliez ou non, Aristide reviendra!». Alors qu'ils approchaient du palais présidentiel des coups de feu ont retenti pendant près de 20 minutes.
La tempête tropicale Jeanne, aidée par la déforestation qui laisse les montagnes et les rivières incapables d'absorber l'eau, a provoqué d'énormes glissements de boue et de roches touchant la ville des Gonaïves il y a deux semaines. Les conséquences de la tempête ont mobilisé 750 casques bleus des 3.000 présents en Haïti.
Près de 200.000 habitants des Gonaïves sont sans-abris, dormant dans la rue ou sur des toits de fortune. Un orage a à nouveau touché la ville jeudi ramenant des nappes de boue dans les rues qui commençaient à sécher.
Les Nations unies ont lancé un appel à une aide d'urgence américaine de 30 millions de dollars pour Haïti.
Le Programme alimentaire mondial a également affirmé qu'un cargo Antonov 124 avait décollé jeudi avec à son bord 100 tonnes de biscuits. La distribution de nourriture a été ralentie ces derniers jours, des foules affamées ayant attaqué un camion de ravitaillement.
Les troupes uruguayennes ont dû tirer plusieurs coups de feu en l'air pour maintenir 200 personnes à distance alors qu'un camion d'eau était assailli par la population. AP
Haïti: violences à Port-au-Prince: trois policiers abattus
PORT-AU-PRINCE (AFP), 1er octobre 2004 - Port-au-Prince a connu jeudi une journée de violences, avec trois policiers tués, lors d'affrontements entre des manifestants réclamant le retour en Haïti du président déchu Jean Bertrand Aristide et les forces de l'ordre.
Un policier a été tué et deux autres blessés à l'issue d'échanges de tirs entre une patrouille de police et des manifestants, a-t-on indiqué de source policière.
Ces deux policiers, blessés, ont été emportés par des manifestants, a affirmé le commissaire Renaud Etienne, responsable du commissariat de Port-au-Prince. En fin de soirée, la police a annoncé la mort de ces deux policiers. Un autre policier, grièvement blessé, est soigné dans un hôpital, selon la même source.
Selon le commissaire Etienne, plusieurs patrouilles de la police ont été attaquées par des manifestants armés et des commissariats ont essuyé des tirs et des jets de pierres. Plusieurs personnes ont été interpellées, a également indiqué M. Etienne.
Des partisans de l?ancien président Jean Bertrand Aristide avaient annoncé vouloir organiser une manifestation jeudi dans la capitale à l?occasion du 13e anniversaire du coup d?Etat militaire qui l'avait renversé en 1991.
Des barricades de pneus enflammés ont été érigées sur plusieurs artères de la capitale où des tirs sporadiques ont été entendus, créant un vent de panique parmi la population. Des étals de marchandises ont été incendiés et des petits commerçants qui occupent les trottoirs de la capitale ont été blessés par balles, ont rapporté des témoins.
D?importantes mesures de sécurité ont été prises pour protéger les alentours du Palais national, siège de la présidence haïtienne. Des soldats de la Mission de stabilisation de l?Onu (Minustah) ont été déployés autour du bâtiment, appuyés par des membres de la police haïtienne.
L'Onu compte quelque 3.000 militaires et policiers en Haïti depuis le début de l'été.
Sous la pression d'une insurrection armée et de la communauté internationale, Jean Bertrand Aristide a quitté le pouvoir le 29 février dernier et vit aujourd'hui en exil en Afrique du Sud. Il garde cependant nombre de partisans comme avait pu le constater le 30 août le secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier.
A l'occasion d'une visite d'un hôpital à Cité Soleil, un quartier déshérité de Port-au-Prince, le ministre avait été pris dans une fusillade qui avait duré près de deux heures. Il avait pu quitter l'établissement sous escorte militaire, grâce à la Minustah qui avait mobilisé deux hélicoptères et deux véhicules blindés.
Le processus démocratique mis en place après le départ de Jean Bertrand Aristide reste très fragile. Les institutions demeurent faibles et la question du désarmement de bandes armées, qu'elles soient à la solde de l'ancien dirigeant haïtien ou composées d'anciens militaires ayant participé à l'insurrection du début d'année ayant conduit à son départ, reste entière.
Depuis la mi-septembre, le pays le plus pauvre du continent américain subit en outre une catastrophe naturelle avec des inondations provoquées par la tempête tropicale Jeanne. Ces inondations ont fait 1.554 morts et 904 disparus, dont 1.474 décès aux Gonaïves (nord-ouest) et dans ses environs, selon un bilan toujours provisoire de la Protection civile haïtienne.
Aux Gonaïves, la situation reste très précaire. L'aide humanitaire internationale arrive difficilement et les 250.000 habitants manquent toujours d'eau potable. Plusieurs dizaines de jeunes ont pillé mercredi un dépôt alimentaire de la ville où est stocké l'ensemble de l'aide internationale, a constaté un journaliste de l'AFP.
De retour d'Haïti, Luck Mervil dépeint une situation pire que celle rapportée
MONTREAL (PC), 30 septembre 2004 - De retour d'un voyage en Haïti, le chanteur Luck Mervil s'est dit impressionné par la fierté du peuple haïtien et sa volonté de se prendre en mains.
Il affirme cependant que le bilan des morts sera certainement beaucoup plus lourd que les quelques 2000 rapportés jusqu'ici, notant que l'on découvre environ 700 cadavres par jour et que l'eau recouvre des centaines de kilomètres sans que l'on sache combien de victimes s'y trouvent.
Le chanteur dit avoir constaté une colère chez les sinistrés qui ne comprennent pas pourquoi les autorités ne les ont pas avertis du risque d'inondation pourtant évident et n'ont pas organisé d'évacuations avant qu'il ne soit trop tard.
Cependant, il refuse de lancer la pierre aux autorités pour le manque de sécurité entourant la distribution d'aide, qui a donné lieu à des scènes de pillage, faisant valoir que les policiers et autres personnes en autorité sont eux-mêmes sinistrés.
Luck Mervil a raconté avec émotion comment il a vu des gens marcher pieds nus dans la boue, au risque de se retrouver avec des plaies ouvertes dans cette eau stagnante contaminée et jonchée de cadavres. Sa voix s'est étranglée lorsqu'il a expliqué comment des enfants l'avaient suivi pendant de longues minutes avant de passer outre leur fierté et trouver le courage de lui dire qu'ils avaient faim.
Porte-parole du Centre canadien d'étude et de coopération internationale, le CECI, Luck Mervil a remercié les Québécois de leur générosité envers le peuple haïtien, soulignant qu'elle dépassait tout ce qui a été constaté ailleurs. Il a noté au passage que les Haïtiens eux-mêmes étaient bien au fait du courant de sympathie inégalé du Québec.
Il a invité la population à maintenir cet appui, faisant valoir que les besoins à long terme sont énormes.
© La Presse Canadienne 2004
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