Remplacement de tous les francs CFA d'Afrique de l'Ouest

DAKAR (AFP), samedi 4 septembre 2004, 21h06  - La Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), qui regroupe huit pays de la région (Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) va retirer de la circulation d'ici le 31 décembre 2004 tous les billets "type 1992" a-t-elle annoncé dans un communiqué.

Selon le quotidien parisien "Le Monde" paru samedi, ce retrait qui concerne "tous les billets de banque de la zone franc d'Afrique de l'Ouest" constituera un "séisme" qui vise "à effacer les réserves d'+argent sale+ et les magots amassés lors d'une série de +casses du siècle+" en Côte d'Ivoire en 2001, 2002, 2003 à Abidjan, la capitale et à Bouaké (nord), au main des rebelles opposés au président Laurent Gbagbo.

Le quotidien, qui cite un banquier, indique que cette mesure concernera "l'ensemble des billets en circulation, avec un délai de moins de quatre mois pour procéder à leur échange" et que "près d'un milliard de coupures, expédiées par containers entiers à partir de la France, sont destinées à remplacer les 600 millions de billets retirés de la circulation".

"Le Monde" ajoute que "le noeud de l'opération, dont le coût devrait avoisiner 40 millions d'euros, est à chercher en Côte d'Ivoire, qui concentre 40% de la masse monétaire en circulation dans la zone franc d'Afrique de l'Ouest. La démonétisation aura pour effet d'y chasser un argent sale très politique", ajoute le journal.

Le quotidien, qui cite plusieurs hold-ups à Abidjan et Bouaké dans des agences de le BCEAO qui ont permis à leurs auteurs de se "constituer un trésor de guerre avec l'argent de la BCEAO", écrit que "suspecté d'avoir atterri dans le trésor de guerre des rebelles, le fruit des casses du siècle sera annihilé par la démonétisation". Il ajoute que "la démonétisation pourrait aussi se révéler délicate pour la présidence ivoirienne, soupçonnée depuis le début de la guerre de constituer de son côté des caisses noires à partir des bénéfices du secteur du cacao et du café, notamment pour acheter des armes en prévision d'une éventuelle reprise de la guerre".

La presse de Dakar a publié vendredi un encart de la BCEAO qui, face à des reproductions fac similé en quadrichromie de billets de 10.000, 5.000, 2.500, 1.000 et 500 F.CFA, se borne à annoncer, sans explication: "Retrait de circulation des anciens billets F.CFA de la BCEAO (type 1992)".

Sur la page opposée un texte indique : "La BCEAO informe le public que les anciens billets présentés ci-contre seront retirés de la circulation à compter du 1er janvier 2005. A compter de cette date, ces billets seront privés de cours légal et de pouvoir libératoire et ne seront plus échangés. Du 15 septembre 2004 au 31 décembre 2004, ces billets seront échangés à leur valeur faciale contre les nouveaux billets de la Banque Centrale, aux guichets des agences de le BCEAO, des banques, des bureaux de poste et des perceptions du Trésor installés dans les huit Etats membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine. Aucune commission ne sera perçue sur ces opérations d'échange".

Le "Monde" indique samedi que "la démonétisation, effectuée dans +des conditions sauvages+, selon un spécialiste, a été lancée en mars, avec le début de l'impression de la nouvelle gamme".

Effectivement, à Dakar, la capitale sénégalaise, depuis plusieurs mois, les billets CFA en circulation, notamment ceux distribués par les DAB (Distributeurs automatiques de billets), sont flambant neufs.

Les billets qui circulaient auparavant, notamment ceux de 500 et 1000 CFA étaient en majorité élimés après avoir beaucoup circulé.

Depuis peu, on voit également circuler dans la capitale sénégalaise des pièces, toutes neuves, de 500 FCA, invisibles auparavant.

Le siège de le BCEAO à Dakar était injoignable samedi.

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