Les événements du Darfour-Soudan (rappel prise de position de l'AFASPA)

Repris par la plupart des journaux et télévisions en France, les dirigeants des USA et du Royaume Uni ont qualifié de « génocide » les événements dramatiques qui ensanglantent depuis mois l’Ouest du Soudan (Darfour) et essayé ainsi de justifier une intervention militaire occidentale dans ce pays.

L’AFASPA se doit de rappeler quelques réalités cachées par la grande presse » sur ce grand pays d’Afrique qu’est le Soudan :

- de 1983 à 1999 : la guerre civile entre le nord musulman dirigé par les intégristes et les militaires, et le sud peuplé de Noirs chrétiens et animistes a fait plus d’un million de morts.

- Le pouvoir de Kartoum ayant enfin rompu avec les intégristes musulmans d’Al Tourabi (1999), les négociations avec le sud ont pu aboutir à un arrêt des combats et permettre d’envisager la constitution d’un gouvernement d’union nationale.

- Ce processus de paix a permis aussi au gouvernement soudanais de débuter l’exploitation de son pétrole, grâce à trois compagnies non occidentales (l’une est malaisienne, l’autre indienne et la plus importante chinoise), à la grande fureur de Washington et de Londres.

- Le soulèvement armé au Darfour (Ouest du Soudan) utilise la vieille opposition entre nomades « arabes » et sédentaires noirs. Mais il a surtout été organisé en 2003 par deux groupes de rebelles bien armés (par qui ?) dont l’un est dirigé par des proches de Tourabi, adeptes de la Charia.

- La guerre a entraîné au Darfour près de 50.000 morts et obligé des centaines de milliers de paysans à fuir leurs villages et les exactions des milices « arabes », les Janjawids : le gouvernement soudanais les a certainement soutenus dans leurs excès. On ne peut lui reprocher de combattre une sécession régionaliste et dédouaner les rebelles de leurs responsabilités dans le conflit.

- Bush et Powell parlent d’autant plus fort de génocide qu’ils veulent ainsi faire oublier leur échec en Irak où ils défendent aussi les intérêts des pétroliers US.

Il ne peut y avoir au Soudan que des solutions politiques négociées entre Soudanais, sous l’égide de l’Union Africaine, sans ingérence des grandes puissances occidentales : Pas de nouvel Irak en Afrique

AFASPA

Bagnolet le 12 novembre 2004

 

Réaction :

Que faut il comprendre de cette démarche qui dénie à la grande presse de rapporter le génocide perpétré au Soudan tout en essayant et de façon maladroite de restituer des fragments d’informations glanées dans la même presse ?

Que faut il comprendre de cette attitude dont le leitmotiv semble tenir de la seule fustigation des Etats-Unis d’Amériques et de ses alliés quelque soit le sujet et quoiqu’il advienne ?

Le sort fait par les pouvoirs arabo-islamiques qui se sont succédés à Khartoum au Soudan, à une partie de la population (la population Noire du sud et de l’ouest) depuis l’indépendance de ce pays en 1956, méritait une autre analyse et une position plus réfléchie de la part d’une structure qui, si j’ai compris le sigle, est une association d’amitié et de solidarité avec les peuples Africains.

La population du Soudan est composée de 48 % d’Arabes musulmans et de 52% de Noirs animistes et chrétiens. Chacun sait que le Soudan utile (terres agricoles et pastorales, richesses minières et pétrolières) se situe d’avantage au sud que dans le nord.

L’incapacité voire le refus des gouvernements successifs du Soudan depuis près de 50 ans, de définir et de conduire une politique de progrès économique et social dans l’intérêt et pour le compte de tous les Soudanais quelque soient leurs origines couleurs et religions, en a poussé plus d’un dans l’opposition, la révolte et en désespoir de cause, à la rébellion armée.

Des ONG et les rares organisations internationales encore présents sur le terrain dénoncent depuis longtemps les répressions sauvages et aveugles qui ont tourné au génocide des Noirs. Elles évaluent à deux millions le nombre des victimes des 3 dernières décennies.

Les Centrafricains des régions de l’Est et du Nord sont confrontés à ce drame depuis 4 décennies et les Tchadiens depuis au moins une.

L’AFASPA se disqualifierait en niant le génocide qui se poursuit en ce moment au Soudan.

L’amalgame que certains tentent de faire avec la situation qui prévaut en Irak est tout simplement inadmissible.

Enfin qui songerait honnêtement au début de ce XXI ème siècle que ce qui a valu pour les Européens et dernièrement pour l’Afrique du sud ne vaut pas pour le Soudan ?

Montreuil, le 17 décembre 2004

JB PELEKET

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