Tempête Jeanne sur Haïti : 711 morts recensés et  plus de 1000 disparus,  calamités à Gonaïves


Tempête Jeanne en Haïti: 711 morts, corps enterrés dans des fosses

AFP Internet , Mer 22. sep 2004  23:01 - La tempête tropicale Jeanne pourrait avoir fait plus de 1.700 morts en Haïti, dont 711 morts officiellement recensés et plus de 1.000 disparus, selon un bilan officiel jeudi toujours provisoire.

Les autorités haïtiennes ont décidé jeudi d'enterrer les corps dans des fosses communes, alors que l'aide internationale s'organise. "A cause de l'état des corps, nous avons décidé d'enterrer les morts dans des fosses communes", a déclaré le ministre haïtien de l'Intérieur, Hérard Abraham.

Les morgues de la ville des Gonaïves (nord-ouest) sont archi-pleines et les cadavres se décomposent rapidement en raison de la chaleur qui règne. De nombreux animaux ont péri aussi dans la tempête, et doivent être enterrés dès que possible.

Un responsable aux Gonaïves a déclaré à l'AFP au téléphone que les conditions étaient épouvantables dans la principale morgue, où de nombreux corps sont dans un état de décomposition avancée.

Six cents morts ont été dénombrés aux Gonaïves, frappée de plein fouet par la tempête le week-end dernier, et les 111 autres habitaient Port-de-Paix (nord) et d'autres localités de la région, selon la protection civile haïtienne. Plus d'un millier de personnes sont toujours portées disparues.

Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain et qui souffre d'une grave déforestation favorisant les inondations, avait déjà été victime en mai de pluies torrentielles ayant fait 1.220 morts.

Selon les autorités haïtiennes, plus de 250.000 personnes ont dû abandonner leurs foyers en raison des nouvelles inondations et rien qu'aux Gonaïves, 400 maisons ont été totalement détruites.

Les sauveteurs n'ont toujours pas pu atteindre certaines zones isolées par les inondations et des fleuves de boue.

"Il y a un risque d'épidémie à cause des cadavres. Il n'y pas d'électricité, les morgues ne fonctionnent pas, il y a de l'eau partout!", a déclaré le Premier ministre haïtien Gérard Latortue à la radio France Info, après avoir survolé la zone "qui est encore inaccessible". "Nous n'arrivons pas encore à pénétrer dans la ville pour pouvoir apporter les secours. Nous avons lancé un appel à l'aide internationale", a poursuivi le Premier ministre.

M. Latortue a déclaré le nord d’Haïti "zone sinistrée" et décrété trois jours de deuil national.

La Croix-Rouge a lancé mercredi un appel à la communauté internationale pour recueillir 2,7 millions d'euros.

"Il y a un besoin urgent de nourriture, d'eau potable ainsi que de couvertures et de bâches en plastique", a indiqué dans un communiqué la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui ambitionne d'aider quelque 40.000 habitants du nord du pays pendant six mois.

"L'impact des inondations et des glissements de terrain sera ressenti pendant très longtemps car ces régions sinistrées ont déjà subi des pluies torrentielles en mai dernier", a déclaré Hans Havik, responsable sur place de la Fédération internationale. "Il y a beaucoup de villages que nous ne pouvons pas atteindre, et je crains de mauvaises surprises dans les jours et les semaines qui viennent", a-t-il dit à l'AFP.

Des centaines de personnes ont également été blessées, la plupart en tombant des toits où elles s'étaient réfugiées.

Alors que des milliers de gens sont sans abri, et 170.000 personnes sans nourriture, eau ni électricité, la Croix-Rouge entend distribuer de la nourriture, des ustensiles de cuisine, des bidons, des tentes, des moustiquaires et des trousses de premier secours ainsi que des comprimés de purification d'eau.

"Compte-tenu de la contamination des sources d'eau et de l'inondation des latrines, il existe un risque d'épidémies", a souligné la Croix-Rouge.

Un besoin urgent en sérums anti-tétaniques a été relevé.

Selon des responsables humanitaires, le retour à la normale devrait prendre des mois dans les régions dévastées.

"C'est une situation tragique (...) frappant une population déjà très vulnérable", a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau des Nations unies pour la Coordination des affaires humanitaires.

Paris a annoncé mardi l'envoi d'une aide d'urgence par avion d'environ cinq tonnes de fret (tentes, bâches, matériel de purification de l'eau et médicaments) de la Martinique.

L'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) a proposé son aide et l'Agence américaine de développement (USAID) a débloqué 50.000 dollars.

Le Brésil, qui dirige les Casques bleus de la Mission des Nations unies en Haïti (Minustah), a envoyé mercredi une équipe de 18 spécialistes avec des appareils de traitement de l'eau et des médicaments suffisants pour traiter 10.000 cas. Le Venezuela a annoncé le déblocage d'un million de dollars et l'envoi d'un avion chargé de nourriture et d'eau.

En République Dominicaine, qui partage avec Haïti l'île d'Hispaniola, Jeanne a provoqué la mort de 27 personnes. Il y a eu aussi neuf morts aux Bahamas et deux à Porto Rico. AFP


600 morts et 1000 disparus en Haïti après la tempête Jeanne

PARIS (AFP), mercredi 22 septembre 2004, 10h04  - Le Premier ministre haïtien Gérard Latortue a affirmé mercredi matin sur la radio France Info que le bilan actuel des inondations était de 600 morts identifiés, 1.000 disparus, que l'on peut "considérer comme morts", 384 blessés et environ 160.000 sinistrés.

"On a déjà identifié 600 morts, il y a un risque d'épidémie à cause des cadavres. Il n'y pas d'électricité, les morgues ne fonctionnent pas, il y a de l'eau partout! C'est le plus grand drame auquel la ville est exposée aujourd'hui", a déclaré M. Latortue.

"J'ai les chiffres devant moi (sur les victimes aux Gonaïves): on a 600 morts, 1000 disparus, la plupart on peut les considérer comme morts, 384 blessés, il y a à peu près 160.000 personnes sinistrées, il y a 400 maisons détruites", a ajouté le Premier ministre haïtien.

"J'arrive de la ville des Gonaïves qui est encore inaccessible. Nous n'arrivons pas encore à pénétrer la ville pour pouvoir apporter les secours". "Nous avons lancé un appel à l'aide internationale. D'ailleurs, l'ambassade de France à Port au Prince a déjà réagi. Vous savez Haiti ne peut pas sortir d'un désastre de ce genre tout seul", a poursuivi le Premier ministre haïtien.

"Que Dieu nous protège! Si un tel malheur devait nous arriver à nouveau, je ne vois pas qu'est ce qui va se passer de la République d'Haiti"

La Croix-Rouge et la mission des Nations unies en Haïti (Minustah) ont révisé mardi soir à la hausse le bilan des inondations le week-end dernier, qui ont fait au moins 709 morts, dont 600 aux Gonaïves.

Selon des responsables humanitaires, le retour à la normale devrait prendre des mois dans les régions dévastées. "C'est une situation tragique (...) frappant une population déjà très vulnérable," a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des affaires humanitaires.

"Un élément très inquiétant est que la région affectée fournit l'essentiel de la production agricole" en Haïti, a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse à Genève.

Douze premiers camions du Programme alimentaire mondial (PAM) sont partis mardi pour apporter de l'eau, de la nourriture et des médicaments, mais les accès sont très difficiles par la route.

"Nous avons dû envoyer de la nourriture toute préparée parce que les gens n'ont plus rien pour cuisiner", a dit Guy Gauvreau, représentant du PAM en Haïti. M. Gauvreau s'est montré rassurant sur le sort de la deuxième plus grande île du pays, l'île de La Tortue, située au large de la ville de Port-de-Paix (nord-ouest). Les communications avec cette île de 180 km2 étaient coupées depuis ce week-end.

Le maire de cette île, Rony Petit-Frère, a toutefois déclaré aux médias haïtiens que la tempête avait fait "beaucoup de dégâts matériels, et des victimes" sans toutefois pouvoir chiffrer le nombre de morts.

Les 23 et 24 mai, Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, avait déjà été victime de pluies torrentielles ayant fait 1.220 morts. Elles avaient surpris en pleine nuit les habitants du sud-est du pays, où la déforestation anarchique favorise les inondations.

En République dominicaine, qui partage avec Haïti l'île d'Hispaniola, Jeanne a provoqué la mort de 27 personnes. Il y a eu aussi neuf morts aux Bahamas et deux à Porto Rico.

La France a annoncé l'envoi d'une aide d'urgence. Environ cinq tonnes de fret (tentes, bâches, matériel de purification de l'eau et médicaments) doivent être acheminées par avion, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères. La Croix-Rouge française a annoncé qu'elle allait affréter deux avions de 40 tonnes, qui devaient quitter la France d'ici 48 heures. De son côté, la Suisse a versé 200.000 dollars au PAM. Les Etats-Unis et l'Organisation panaméricaine de la Santé ont aussi débloqué une aide d'urgence.

Avant Jeanne, le cyclone Ivan a fait plus de 130 morts dans les Caraïbes et le sud-est des Etats-Unis, déjà frappés cette saison par les cyclones CHarley et Frances.

Aux Etats-Unis, le coût des destructions par Ivan, qui a notamment affecté le nord-ouest de la Floride, a été estimé à une somme allant jusqu'à 10 milliards de dollars par les experts d'assurances.

Des habitants des Gonaïves dans des rues inondées, le dimanche 19 septembre 2004


Tempête Jeanne: le bilan s'alourdit en Haïti, la communauté internationale se mobilise

PORT-AU-PRINCE (AFP), le 21 sept. 2004 - Le bilan catastrophique provoqué par la tempête tropicale Jeanne à Haïti continue de s'alourdir et dépasse mardi les 700 morts, suscitant la mobilisation de la communauté internationale.

La Croix-Rouge et la mission des Nations unies en Haïti (Minustah) ont révisé à la hausse le bilan des inondations le week-end dernier, qui ont fait au moins 709 morts, dont 600 aux Gonaïves (nord-ouest).

Les morgues sont pleines dans cette ville à 170 km au nord de la capitale Port-au-Prince. Les 109 autres morts ont été dénombrés dans la région nord et nord-ouest du pays, ont précisé ces mêmes sources.

Les autorités craignent que le bilan ne s'aggrave encore avec la découverte de nouveaux corps au fur et à mesure du retrait des eaux.

La France a annoncé l'envoi d'une aide d'urgence à partir de la Martinique. Environ cinq tonnes de fret (tentes, bâches, matériel de purification de l'eau et médicaments) doivent être acheminées par avion, a déclaré la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères, Cécile Pozzo di Borgo.

La Croix-Rouge française a annoncé qu'elle allait affréter deux avions de 40 tonnes, qui devaient quitter la France d'ici 48 heures. De son côté, la Suisse a versé 200.000 dollars au Programme alimentaire mondial (Pam).

De premiers camions acheminant de l'aide humanitaire devaient partir mardi pour les Gonaïves, a indiqué de son côté à Radio France Internationale Guy Gauvreau, représentant en Haïti du PAM.

Lundi, la Minustah avait envoyé des hélicoptères vers les Gonaïves pour acheminer de la nourriture et des médicaments aux populations sinistrées.

M. Gauvreau s'est montré rassurant sur le sort de la deuxième plus grande île du pays, l'île de La Tortue, située au large de la ville de Port-de-Paix (nord-ouest). Les communications avec cette île de 180 km2 étaient coupées depuis ce week-end.

Après de premières informations alarmistes, des hélicoptères ont pu survoler l'île et rien d'anormal n'a été constaté, a déclaré Guy Gauvreau à RFI.

Selon le maire de cette île, Rony Petit-Frère, "il y a beaucoup de dégâts matériels, des corps de victimes et d'animaux". Certains cadavres viennent de Port-de-Paix et se sont échoués sur l'île.

Dans le nord-ouest d'Haïti, les dégâts matériels sont considérables. Plusieurs villes sont inondées, un grand nombre de personnes sont sinistrées et de nombreuses habitations ont été détruites.

"Il n’y pas une seule maison dans la ville des Gonaïves qui ne soit inondée", avait déclaré le Premier ministre haïtien Gérard Latortue après avoir survolé lundi la zone en hélicoptère.

M. Latortue, originaire des Gonaïves, a déclaré le nord d’Haïti "zone sinistrée" et décrété trois jours de deuil national.

Les 23 et 24 mai, Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, avait été victime de pluies torrentielles qui avaient fait 1.220 morts. Les pluies avaient surpris en pleine nuit les habitants du sud-est du pays, où la déforestation anarchique favorise les inondations.

Après avoir traversé une partie des Caraïbes et fait neuf morts aux Bahamas, deux à Porto Rico et sept en République Dominicaine, Jeanne, quatrième grande dépression tropicale de l'été dans la région - après Charley, Frances et Ivan - s'est éloignée dimanche en direction de l'Atlantique et devrait rester au-dessus de la mer dans les prochains jours.

Avant Jeanne, les Caraïbes avaient déjà été frappées pendant 12 jours par les assauts meurtriers du cyclone Ivan, qui a fait au total 108 morts et des dégâts considérables, notamment à la Grenade, en Jamaïque et dans le sud des Etats-Unis.

Une autre dépression tropicale, baptisée Karl, la cinquième de cette importance de la saison, tournoie actuellement au-dessus de l'Océan Atlantique. Localisé à quelque 1.700 kilomètres à l'est des Petites Antilles, Karl devrait en principe se diriger vers le nord-est, épargnant les terres.
AFP


Haïti en chiffres (AFP)

- SITUATION GEOGRAPHIQUE: Haïti (27.750 km2) est situé dans la mer des Caraïbes, dans la partie occidentale de l'île d'Hispaniola ("l'Espagnole"), partagée avec la République dominicaine. Le pays est à moins de 80 km de la pointe sud-est de Cuba et à quelque 1.000 km de Miami (Floride, Etats-Unis).

- POPULATION: 8,3 millions d'habitants (95% de Noirs, descendants d'esclaves africains). Taux d'alphabétisation: 45%. Espérance de vie: environ 50 ans. Le sida affecte 12% de la population.

- CAPITALE: Port-au-Prince (2,3 millions d'habitants). Autres villes importantes: Cap-Haïtien (nord), Gonaïves (nord-ouest), Cayes (sud), Jacmel (sud-est).

- LANGUES: Français et créole sont les langues officielles, mais le français n'est compris que d'une partie de la population.

- RELIGION: Catholicisme (majoritaire), protestantisme, vaudou (paysannerie et classes populaires).

- HISTORIQUE: Sous domination espagnole jusqu'en 1697, puis française, Haïti devient la première république noire indépendante en 1804.

Entre 1915 et 1934: occupation militaire américaine, combattue par une guérilla paysanne. De 1957 à 1986: dictature des Duvalier. Après plusieurs coups d'Etat, un processus démocratique s'engage.

En décembre 1990, le prêtre Jean Bertrand Aristide est élu lors de la première élection libre au suffrage universel. En septembre 1991, il est renversé par un coup d'Etat militaire sanglant et s'exile. Il regagne Haïti en 1994 après une intervention militaire américaine. Réélu en novembre 2000, il redevient président en février 2001 après un scrutin boycotté par l'opposition.

Confronté à une insurrection armée et sous la pression de la communauté internationale, M. Aristide quitte Haïti le 29 février 2004. Il vit en exil en Afrique du Sud.

- SYSTEME POLITIQUE: Régime semi-présidentiel avec un Premier ministre, issu de la majorité parlementaire et une assemblée qui ne peut être dissoute par le chef de l'Etat. Depuis le 13 janvier 2004, Haïti est sans Parlement.

Après le départ de M. Aristide, un gouvernement d'union nationale a été investi le 17 mars. Des élections générales sont prévues en 2005 en vue de l'entrée en fonction d'un nouveau président le 7 février 2006.

- ECONOMIE: Environ 67% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Quasi-absence d'investissements étrangers.

- RESSOURCES: Agriculture (canne à sucre, bananes, café, mangues). Pêche. Elevage. Industrie d'assemblage (électronique et textiles).

- CROISSANCE: Négative.

- CHOMAGE: 70% (sans tenir compte du commerce informel, très important notamment à Port-au-Prince).

- PNB: 440 dollars par habitant (Banque mondiale 2002).

- DETTE EXTERIEURE: 1.250 millions de dollars (BM, 2001).

- FORCES ARMEES: L'armée haïtienne a été dissoute en 1995.

Une force de paix de l'Onu est déployés dans Haïti pour une période initiale de six mois ayant débuté le 1er juin.

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