Les incendies des camps de déplacés dans le nord de l'Ouganda font des milliers de sans abris

Nations Unies (IRIN), 24 Jan 2005 - Trois personnes sont mortes et 30 000 autres sont sans abris à la suite de la vague d’incendies qui a ravagé plusieurs camps de personnes déplacées dans le nord de l’Ouganda, ont révélé lundi des travailleurs humanitaires.

"Trois personnes, dont deux enfants, sont décédées dans l’incendie," a déclaré à IRIN Eliane Duthoit, responsable du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Ouganda.

L’incendie qui a fait le plus de dégâts à frappé le camp d’Acet, à 44 km à l’est de la capitale régionale, Gulu. Quelque 4 050 cases en torchis ont été brûlées et tous les biens et réserves de nourriture qui y étaient stockés ont été détruits.

"Six zones sur sept ont été complètement détruites dans le camp d’Acet. Nous demandons aux gens et aux autorités de mettre en place un dispositif pare-feu parce que cela ne peut plus continuer," a ajouté Duthoit.

Les premières informations fournies par les responsables locaux font état de neuf morts dont huit enfants, après l’incident qui a ravagé le camp samedi, mais les travailleurs humanitaires n’ont confirmé que trois morts.

Un autre incendie a détruit 1 548 cases vendredi à Lira. Selon les travailleurs humanitaires, d’autres incendies ont été signalés dans les camps de Keyo et de Cope à Gulu, où 200 et 50 cases ont été détruites respectivement. Gulu est situé à 380 km au nord de la capitale ougandaise Kampala.

Andrew Timpson, le responsable d’OCHA a Gulu, a déclaré à IRIN : "La destruction a été très importante. Les gens ont tout perdu, y compris leurs réserves alimentaires et leurs biens personnels. Les enfants d’Acet dorment désormais dans l’école."

Timpson a toutefois indiqué que plusieurs agences s’étaient rendues dans la région pour porter assistance aux personnes déplacées.

Le Comité international de la croix rouge (CICR) et la Croix rouge ougandaise ont commencé lundi à distribuer de l’aide aux 1 548 familles. "Nous distribuons des bâches, des ustensiles de cuisine et des jerrycans dans le camp d’Agweng à Lira, et espérons faire de même dans d’autres camps affectés," a indiqué à IRIN le porte-parole du CICR à Kampala, Juan Carlos Carrera.

La ministre d’état ougandais chargée de la protection contre les catastrophes naturelles, Aporu Amongin, a confié à IRIN qu’une délégation gouvernementale s’était rendue dans la région pour évaluer la situation. Elle a précisé qu’il existait des plans pour prévenir la reprise des incendies dans les camps.

"Les camps poussent de manière anarchique comme des champignons et n’ont pas été planifiés," a indiqué la ministre. "Pendant la reconstruction des cases, nous allons installer un dispositif pare-feu afin que le problème ne se reproduise plus. Nous veillerons aussi à ce que les foyers ne soient pas trop proches des cases."

Commentant l’origine de l’incendie qui a éclaté à Ngai dans le district voisin d’Apac et où 283 cases ont brûlé, la ministre a indiqué que c’est un enfant qui s’apprêtait à préparer un repas qui a déclenché par inadvertance l’incendie qui à détruit le camp. "Etant donné que le temps était sec et qu’il y avait beaucoup de vent, le tison qu’il tenait dans la main a été emporté par le vent et a embrasé les cases qui se trouvaient à proximité du foyer," a indiqué Amongin.

Les camps abritent des milliers de personnes déplacées par les 18 années de guerre qui oppose le gouvernement ougandais et les rebelles de l’Armée de résistance du seigneur (LRA). Plus de 1,6 millions de personnes ont ainsi été contraintes de quitter leur domicile par ce long conflit.

La LRA combat le gouvernement ougandais depuis 1988. Tristement célèbres pour leur brutalité, les rebelles du LRA ont souvent attaqué des villages et des camps de déplacés pour kidnapper des enfants soit pour les incorporer de forces dans leurs rangs soit pour en faire des esclaves sexuels.

Tous les efforts déployés pour tenter de mettre fin à la rébellion de manière pacifique n’ont eu que très peu de succès jusqu’à présent.

Lundi, l’armée ougandaise a déclaré avoir capturé un chef important de la rébellion, le brigadier Michael Acellam-Odong. Odong a été arrêté en même temps que les deux femmes et les enfants du chef de la LRA, Joseph Kony.

"Ils étaient cachés ; nous les avons surpris, avons tué un rebelle et récupéré des fusils et une radio VHF," a déclaré à IRIN le porte-parole des forces ougandaises, le major Shaban Bantariza.

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