Haïti: prochain lancement d'un mandat d'arrêt international contre Aristide
PORT-AU-PRINCE (AFP), vendredi 12 novembre 2004, 23h51 - Le Premier ministre haïtien Gérard Latortue a annoncé vendredi le prochain lancement d'un "mandat d'arrêt international" contre l'ex-président haïtien Jean Bertrand Aristide, qui est soupçonné de détournements de fonds et d'être impliqué dans des crimes politiques.
"Des instructions formelles ont été passées au ministre de la Justice pour que ce mandat soit lancé le plus rapidement possible", a précisé M. Latortue, lors d'une cérémonie d'installation d'une commission d'enquête administrative sur d'éventuels détournements de fonds du régime déchu de 2001 à 2004. Cette commission est présidée par l'ex-sénateur Paul Denis (Organisation du peuple en lutte, ex-opposition).
Les autorités haïtiennes et les adversaires politiques de Jean Bertrand Aristide, exilé aujourd'hui en Afrique du Sud, soupçonnent l'ancien chef d'Etat "d'importants détournements de fonds" et d'être "l'auteur intellectuel" d'un certain nombre de meurtres à caractère politique.
Jean Bertrand Aristide a toujours démenti être impliqué dans des détournements de fonds ou des crimes politiques. Son avocat américain, Ira Kurzban, basé à Miami (Floride) avait aussi démenti en début d'année toute implication de son client dans des affaires de trafic de drogue en Haïti.
"Il faut que des sanctions soient prises contre ceux qui ont abusé de la confiance que l'Etat avait placé en eux. Souvent dans le pays, des gens volent et la seule sanction prise contre eux, c'est qu'on les révoque et ils vont jouir de leur fortune mal acquise", a souligné Gérard Latortue.
"Pour le gouvernement intérimaire, voler l'argent de l'Etat, abuser des biens sociaux de l'Etat, doit comporter des risques et après personne n'osera répéter les mêmes erreurs du passé", a ajouté le Premier ministre.
Interrogé par la presse haïtienne, l'ambassadeur de France en Haïti, Thierry Burkard, a indiqué qu'il "était toujours bon que la lumière soit faite" sur de telles pratiques.
Sous la pression d'une insurrection armée et des Etats-Unis, de la France et du Canada, Jean Bertrand Aristide avait démissionné de la présidence et fui son pays le 29 février. Plus de huit mois après, ses partisans en Haïti continuent de réclamer son retour et multiplient, notamment depuis fin septembre, les actes de violence, notamment à Port-au-Prince.
Mercredi, le ministre français délégué à la Coopération, Xavier Darcos, avait affirmé que Jean Bertrand Aristide devait "rendre des comptes sur ce qu'il a fait" lors de sa présidence. La France "a un avis plus nuancé et peut-être plus prudent" que le Brésil qui s'est prononcé en faveur de contacts avec Aristide pour calmer les tensions en Haïti, avait indiqué le ministre, lors d'un voyage à Brasilia.
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