Un millier de
sans-papiers défilent à Paris
par Jean-Marie Godard
PARIS (AP), 21 août 2004 -- Environ un millier de sans-papiers et de militants qui les soutiennent ont manifesté samedi après-midi à Paris pour exiger la régularisation de tous les sans-papiers, l'arrêt des expulsions et dénoncer la politique «répressive» du gouvernement.
Partis de la place de la République à 15h, les manifestants qui répondaient à l'appel de la Coordination nationale des sans-papiers, des Verts, de la Ligue communiste révolutionnaire, de Lutte ouvrière, de l'association Act-Up ou encore de la CNT (syndicat anarchiste) ont défilé jusqu'aux abords de l'église Saint-Bernard dans le XVIIIe arrondissement.
«Non à l'Europe forteresse!», «Le cas par cas, on n'en veut pas!», «Sans papiers, sans droits, écrasés par la loi!», scandait-on dans le cortège, en tête duquel défilaient plusieurs personnalités dont Mgr Jacques Gaillot, Alain Krivine (LCR), Arlette Laguiller (LO) et Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts.
«Régularisation de tous les sans-papiers. Construisons une autre Europe», «Sans-papiers expulsés = familles déchirées» pouvait-on lire sur plusieurs banderoles et pancartes.
«Notre combat ne s'arrêtera qu'avec la régularisation massive de tous les sans-papiers présents en France. Il faut bien que le gouvernement se mette dans la tête qu'il a en face de lui des gens qui n'ont rien à perdre. Donc, ça passe ou ça casse», a déclaré à l'Associated Press Romain Binazon, porte-parole de la Coordination nationale des sans papiers, en annonçant par ailleurs la reprise des actions coup de poing à partir d'octobre.
Cette manifestation avait lieu huit ans après l'occupation de l'église Saint-Bernard, durant l'été 1996, par quelque 400 sans-papiers qui réclamaient leur régularisation.
Ils avaient été évacués le 23 août 1996 par les gendarmes mobiles, mais leur mouvement a fait sortir de l'ombre plusieurs milliers d'étrangers en mal de régularisation installés clandestinement depuis plusieurs années en France.
Le gouvernement Jospin avait tenté de trouver une solution en mettant en place en 1997 une circulaire de régularisation au cas par cas, qui a conduit à délivrer des titres de séjour d'un an renouvelable à 80.000 personnes sur 143.000 demandes déposées.
Régulièrement depuis, des groupes de sans-papiers se lancent dans des occupations, parfois accompagnées de grèves de la faim, pour réclamer leur régularisation. Et les sans-papiers manifestent chaque année fin août pour «commémorer» l'occupation et l'évacuation de l'église Saint-Bernard et rappeler que leur sort n'est pas réglé. AP
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