Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge - L'aide d'urgence au Niger commence à porter ses fruits
[Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge - mercredi 31 aout 2005, 12h09]
Jacouba, 10 mois, est assis sur les genoux de sa mère Halima qui lui donne de grandes cuillerées d'un porridge à base d'Unimix, une farine additionnée de compléments vitaminés.
La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a distribué ce mélange reconstituant à 177 enfants de la commune d'Illela qui s'étend à une trentaine de kilomètres au sud de Tahoua, la capitale provinciale d'une des régions du Niger les plus durement éprouvées par la disette.
"Il va beaucoup mieux, à présent. Son état a radicalement changé grâce aux rations d'appoint", déclare Halima. "Depuis sa naissance, il avait toujours été malade à cause de la malnutrition." Bien que le ventre de Jacouba soit encore visiblement gonflé par les carences alimentaires dont il a pâti tout au long de sa brève existence, ses yeux sont maintenant brillants et sa respiration aisée. Halima est heureuse de préciser qu'il a recommencé à téter, son appétit étant revenu.
La sécheresse, combinée à une invasion de criquets, a anéanti les récoltes de l'année dernière au Niger, entraînant une explosion des prix des céréales et un effondrement simultané des cours du bétail. La famille de Halima, comme des dizaines de milliers d'autres, s'est ainsi retrouvée dans une situation d'extrême vulnérabilité.
"Notre situation était catastrophique. J'étais mortellement inquiète pour Jacouba", rapporte Halima. "Nous n'avions rien à manger et dépendions totalement de ce que pouvaient nous donner des proches moins touchés par la crise."
Les familles des enfants souffrant de malnutrition ont également reçu deux sacs de riz pour éviter des prélèvements sur les rations d'appoint destinées à leur progéniture.
Démarrées au début du mois d'août, les distributions de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge devraient toucher quelque 24 500 enfants et leurs familles dans les quatre régions les plus éprouvées - Tahoua, Maradi, Zinder et Agadez. La Fédération internationale a révisé son appel à la hausse et elle prévoit maintenant d'assister durant les six prochains mois environ 532 000 habitants du Niger, du Mali, du Burkina Faso et de la Mauritanie.
A ce jour, les équipes basées à Tahoua ont distribué des rations à près de 1700 enfants sur les quelque 8000 qui devraient en bénéficier dans la région. Ces efforts initiaux ont été payants, notamment pour Jacouba, mais il reste encore beaucoup à faire, des milliers d'autres enfants étant toujours dans une situation critique.
"Je n'ai jamais rien vu d'aussi dramatique", déclare le docteur Amadou Kambewasso, responsable de la santé publique pour le district. "Les gens n'ont pas d'argent pour acheter à manger, sans parler de médicaments. Leur dénuement est tel qu'ils ne viennent même plus se faire soigner."
Ne voulant pas spéculer sur ce qui aurait pu advenir sans l'intervention des organisations humanitaires, le docteur Kambewasso se contente d'affirmer que la crise aurait été beaucoup plus grave encore. Il ajoute qu'il s'écoulera encore un mois au moins avant que la situation commence à se redresser, si toutefois les récoltes sont bonnes. Pour l'heure, il se félicite que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge soient venus distribuer de la nourriture.
En plus des centres d'alimentation aménagés à l'intention des enfants souffrant de malnutrition, la Croix-Rouge internationale a mis sur pied des distributions générales de millet, de sorgho, de lentilles et d'huile provenant du Programme alimentaire mondial. Au total, plus de 220 000 habitants des régions de Tillaberi et Agadez devraient en bénéficier.
De tels chiffres peuvent sembler abstraits. Mais, à Illela, leur signification et celle des efforts en cours sont évidentes: Halima nourrit son enfant, un sac de riz posé au coin de la maison. "J'ai repris espoir dans l'avenir", confesse-t-elle avec un large sourire.
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