Remise symbolique d'armes par les milices et amorce du désarmement en Côte d'Ivoire
ABIDJAN, le 26 mai 2005,
Nations Unies (IRIN) - Le précaire processus de paix
ivoirien a franchi une nouvelle étape mercredi dernier lorsque
quatre milices armées pro-gouvernementales ont chacune remis
symboliquement une kalachnikov en prélude à la démobilisation.
Les milices armées, basées dans louest du pays, ont
restitué leur arme au Colonel Philippe Mangou, chef
détat-major des forces armées ivoiriennes, au cours
dune cérémonie à Guiglo, une petite ville à 500 km au
nord-ouest de la capitale Abidjan.
Les forces rebelles qui occupent le nord du pays ont insisté
pour que les milices appuyant le président Laurent Gbagbo, qui
contrôle le sud du pays, soient désarmées avant
quelles-mêmes ne commencent à restituer leurs armes à la
mission de maintien de la paix des Nations unies le 27 juin.
Le désarmement pourrait ouvrir la voie à la réconciliation
nationale et aux élections présidentielles prévues le 30
octobre.
Les autorités locales, les chefs de larmée et plusieurs
miliciens non-armés ont pris part à la cérémonie de Guiglo,
une ville entourée de plantations de cacao qui a été le
théâtre de violents afrontements.
Mais la cérémonie a commencé avec plusieurs heures de retard
en raison dun désaccord sur lopportunité de
remettre une vraie arme dans la mesure où certaines milices ont
toujours nié détenir des armes, a confié à IRIN un
fonctionnaire des Nations unies à Guiglo.
«Les chefs de milice ont dabord échangé une poignée de
main avec Mangou, puis sont revenus plus tard et ont remis une
vieille Kalashnikov», a expliqué le fonctionnaire qui a requis
lanonymat.
« Nous les invitons à se joindre au processus de paix et nous
leur demandons de tout faire pour que la paix revienne dans la
région », a déclaré le Colonel Jules Yao Yao, porte-parole
officiel des forces de sécurité gouvernementales. « Ces
groupes dautodéfense doivent remettre leurs armes»,
a-t-il ajouté.
Selon les termes de laccord de paix conclu dans la capitale
sud-africaine Prétoria le 6 avril dernier, les milices et
groupes paramilitaires doivent restituer leurs armes avant les
forces rebelles.
Le nombre total de miliciens pro-gouvernementaux demeure inconnu,
mais ils seraient plusieurs milliers, selon certains analystes.
Maho Glofiei, chef de la plus importante milice connue et active
à Guiglo, le Front de libération du grand-ouest (FLGO), affirme
commander près de 7 000 hommes.
Ce dernier désire que les miliciens du FLGO soient intégrés au
programme de désarmement national, selon le fonctionnaire de
lONU.
Un représentant de la commission gouvernementale chargée de
superviser le processus de désarmement sest engagé à
accéder à cette requête.
Les anciens combattants de la guerre civile qui a débuté en
septembre 2002 auront droit à une indemnité de réintégration
de 500 000 francs CFA (960 US$).
Certains combattants rebelles, au nombre desquels des centaines
danciennes recrues de la police et de larmée
ivoirienne, seront réintégrés aux forces de sécurité
gouvernementales.
«Nous avons décidé de rejoindre le processus de paix et de
respecter une discipline militaire parce que nous avons combattu
aux côtés des forces de sécurité », a déclaré Glofiei au
journal gouvernemental Fraternité Matin mercredi. «Nous serons
mécontents si le programme de désarmement nous exclut».
Les autres milices qui ont pris part à la cérémonie de
mercredi à Guiglo sont lAlliance patriotique de
lethnie Wê, lUnion des patriotes pour la résistance
du grand-ouest et le Mouvement ivoirien de libération de
louest de la Côte dIvoire (MILOCI).
Le MILOCI a revendiqué une attaque survenue le 28 février dans
la ville frontalière de Logoualé en zone contrôlée par les
rebelles, non loin de Guiglo. Cette attaque, la première rupture
sérieuse de la trêve en plusieurs mois, a fait 15 morts.
«Nous voulons la paix et la réunification du pays», a
déclaré à IRIN un porte-parole du MILOCI du nom de Commandant
Goh. «Nous soutenons totalement le désarmement à condition que
les rebelles sy conforment», a-t-il ajouté.
Le porte-parole des rebelles, Amadou Koné, demeure prudent dans
ses commentaires sur la cérémonie, mais y voit un signe positif
du démantèlement prochain des milices.
«Cest une bonne chose que les milices soient bientôt
démantelées», a-t-il déclaré à IRIN. «Mais nous ne savons
pas encore jusquà quel point le démantèlement sera
efficace. Il faudra attendre pour savoir».
Dautres questions abordées dans les accords de Prétoria
devront être résolues avant que les rebelles procèdent au
désarmement, a-t-il indiqué.
«Nous avons donné notre accord à un désarmement rapide, mais
nous devons procéder méthodiquement», a dit Koné. «Nous
voulons que le parlement modifie la législation, que soient
réhabilités les sites de désarmement et que la sécurité soit
accrue. Si tout ceci est fait avant le 27 juin, alors oui, nous
désarmerons».
Au même moment, dans le fief rebelle de Bouaké, la police
civile de lOnu a formé, deux jours durant, 24 anciens
combattants qui formeront à leur tour 600 anciens rebelles qui
seront intégrés aux forces gouvernementales.
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