Morosité pour la fête de l'indépendance en Centrafrique
BANGUI, 13 août (AFP) - 19h17 - La République
centrafricaine a célébré mardi dans la morosité le 42ème anniversaire de son
accession à l'indépendance, terni par un marasme économique sans précédent et les
bruits de bottes de ces derniers jours à sa frontière avec le Tchad.
Malgré la poursuite de la grève à la mairie de Bangui, la trêve sociale est toujours
en vigueur en dépit de colossaux arriérés de salaires, qui entraînent une
précarisation sans précédent de la population dont les deux tiers, selon une étude des
Nations unies, vivent dans la pauvreté absolue.
Conscient de cette situation, le gouvernement relevait dans un récent mémorandum que,
"le niveau de vie a été divisé en deux en moins de vingt ans".
En fait, la Centrafrique semble retenir son souffle dans l'attente de l'examen de son
dossier par le Fonds monétaire international (FMI), le 18 septembre prochain, et l'espoir
d'un accord ouvrant la voie à une bouffée d'oxygène financière.
Mais cet examen est notamment conditionné au versement par Bangui de plus de 16 milliards
de FCFA d'arriérés envers la Banque africaine de Développement (BAD), sur lesquels 9,1
milliards restent encore à trouver.
Dans un éditorial consacré à l'événement, la Radio nationale déplorait la situation
économique du pays due "à la destruction du tissu économique" par les
Centrafricains lors des événements de 1979 (chute de l'ex-empereur Jean Bedel Bokassa),
les mutineries successives de 1996-1997, le putsch manqué de mai 2OO1. "Les
Centrafricains sont responsables de la descente aux enfers de leur pays", a affirmé
la radio.
Le contexte est encore assombri par les bruits de bottes de ces derniers jours à la
frontière tchado-centrafricaine, chacun des deux pays s'accusant d'être à l'origine
d'incidents meurtriers qui ont fait au moins 22 morts le 6 août.
Des tirs nourris, sur lesquels circulent également des versions contradictoires et qui
donnent lieu à de nouvelles accusations réciproques, ont également été entendus dans
la nuit de samedi à dimanche autour de la localité centrafricaine de Kabo, à une
soixantaine de km au sud de la frontière tchadienne. Des renforts ont été dépêchés
dans la région, ont indiqué des sources militaires centrafricaines.
Des incidents se sont également déroulés ces dernières semaines dans les régions
frontalières du Soudan, difficilement contrôlées par Bangui, et où des tensions
inter-ethniques ont fait plusieurs dizaines de morts parmi les populations civiles.
La fête de l'indépendance est marquée depuis lundi soir par des offices religieux dans
les paroisses, temples et mosquées de Bangui en présence du Premier ministre Martin
Ziguélé et des membres du gouvernement. Des dépôts de gerbes de fleurs aux monuments
aux morts sont également prévus mardi.
Pour marquer positivement l'événement, la première pierre du mini-complexe sportif de
Toungoufara, à 14 km à l'ouest de Bangui, a été posée par le Premier ministre en
présence des corps constitués.
Des réjouissances populaires, animées par des orchestres et groupes de danses
traditionnelles, sont également prévues dans les différents quartiers de la capitale
centrafricaine.
Seul espoir dans cet environnement pesant: l'opération "mains propres",
destinée à assainir les finances publiques, lancée depuis quelques mois par le
gouvernement de M. Ziguélé, et dont chacun se demande si elle sera menée à son terme,
marquant ainsi l'acte fondateur d'un redressement du pays.
Actualité Centrafrique - Dossier 10