LA CONSPIRATION DU SILENCE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE FACE AU GOUVERNEMENT CENTRAFRICAIN COUPABLE DE VIOLATIONS FLAGRANTES, DELIBEREES ET REPETEES DES DROITS HUMAINS

Le 12 juin 2002, six mois après sa mission d’enquête diligentée à Bangui et dans les pays avoisinants en janvier 2002, suite aux événements sanguinaires du 28 mai 2001, Amnesty International (AI) publie son rapport d’enquête à Paris.

À la suite d’autres communiqués et rapports d’organisations internationales de défense des Droits de l’Homme ou d’institutions gouvernementales soucieuses de l’évolution et du respect des Droits Humains dans le monde parus cette année 2002 – Francophonie, F.I.D.H., R.S.F., Departement d’Etat (U.S.A.) - celui d’Amnesty International ne s’est pas seulement arrêté aux témoignages recueillis sur place ni aux recommandations d’usage.

Ce rapport, qui met en lumière la conspiration du silence, de l'inaction et de l'action contraire aux principes internationaux fondamentaux de défense des Droits Humains, commise par la communauté internationale représentée par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et le Bureau d'Observation des Nations Unies en Centrafrique (BONUCA.), confirme la lourde suspicion de l’opinion publique centrafricaine envers les organismes du système des Nations unies en complicité avec les autorités politiques et administratives centrafricaines.

Bénéficiant de la passivité ou de la complicité de fonctionnaires onusiens en République centrafricaine, plus soucieux de leur promotion professionnelle au sein des Nations unies que de l’éthique ou de la responsabilité qu’imposent l’exercice de fonctions publiques internationales, surtout en matière de défense des Droits de l’Homme, les autorités politiques centrafricaines n’en finissent pas de mettre le pays en coupe réglée en violant de manière flagrante et répétée les droits fondamentaux du citoyen et du peuple centrafricain dont elles ont constitutionnellement et souverainement la charge d’en assurer la défense.

Aussi curieusement que cela puisse paraître, ce qui n’aurait pu exister ailleurs sur cette planète est normalement couvert par des fonctionnaires onusiens en charge du H.C.R. et du Bonuca qui se rendent complices d’actes odieux perpétrés par les autorités politiques et administratives centrafricaines contre le citoyen et le peuple centrafricain. Si les témoignages des réfugiés et autres rescapés de l’ethnocide qui ont suivi les événements du 28 mai 2001 le confirment si bien, les déclarations du président Patassé, du procureur Bindoumi et d’autres personnalités du régime de Bangui le confirment tout aussi : il y a eu discrimination ethnique et les coupables demeurent impunis.

En effet à la suite de la tentative manquée du coup d’Etat du 28 mai 2002, les Centrafricains ont assisté à différents niveaux de crimes et impunités dans notre pays :

Ce rapport conforte la place du régime dictatorial de Patassé sous les projecteurs des organismes de défense des Droits Humains.

Depuis les événements de 1979 où des jeunes Centrafricains furent massacrés par le régime de Bokassa, la République centrafricaine était quelque peu inconnue des défenseurs des Droits Humains. À ce titre, elle a bénéficié pendant longtemps de la clémence de ces organismes. Malgré l’imposition d’une constitution taillée sur mesure pour le Président Patassé adoptée par référendum en 1995, qui prévoit dans son préambule l’attachement de la République centrafricaine à la charte des droits universels de l'homme, les atteintes ainsi que les violations des Droits Humains sont allées crescendo depuis l'avènement de Patassé.

La dégradation des Droits Humains dans notre pays s'est renforcée de plus en plus après les mutineries de 1996 et les premiers massacres de l'ère Patassiste de 1997 où le slogan: "A KOLI A KPE…. A WALI A GBA…" a été le mot d'ordre d'élimination physique des populations originaires du Sud, en pointe de mire les Yakoma. Ayant fait cette première expérience de massacre avec le soutien de la communauté internationale, la Mission de Suivi des Accords de Bangui (MISAB) et les troupes Françaises dénommées Éléments Françaises d’Assistance Opératoire – E.F.A.O. - , sans que les organismes de défense de Droits Humains ne l'ait dénoncé, Patassé et son clan ont voulu rééditer cet exploit à la suite des événements de mai 2001.

Les témoignages recueillis par A.I. qui vont dans le sens de la "minimisation ou encore la justification des violations des Droits Humains par les forces loyalistes" sont éloquents et soutiennent la culpabilité de fait du régime dictatorial centrafricain dans les massacres survenus à la suite de cette tentative de coup d'état.

En effet, la déclaration du Président de l'Assemblée Nationale, répondant à un journaliste de l'AFP traitant "les Yakoma de minorité exogène assimilée, imbue de pouvoir…..", du Président Patassé aux délégués d'A.I. récusant "toute responsabilité de ses soldats dans les violations des Droits Humains" mais affirmant que "les exactions commises par les forces de sécurités n'étaient pas répréhensibles, car elles étaient la conséquence d'actions entreprises en état de légitime défense" et du gouvernement qui a reconnu "que des exécutions extrajudiciaires ont été commises, mais considère qu'elles ont été commises par des membres des forces de sécurité qui vengeaient leurs collègues et parents assassinés pendant la tentative de coup d'état ou par des forces incontrôlées" sont purement scandaleuses et démontrent l'absence de l’autorité de l’Etat sur ses forces de sécurité.

Elles mettent en lumière l'état d'insécurité dans lequel vivent les Centrafricains qui ne bénéficient d'aucune protection des forces légales de sécurité et de défense nationales.

L'analyse de la situation socio-politique et sécuritaire du pays laisse entrevoir la démission totale et la complicité du pouvoir dans les brutalités, arrestations arbitraires et exécutions extrajudiciaires journalières de la population ; du tristement célèbre commissaire Mazangué aux "éléments des forces spéciales d’Abdoulaye Miskine " en passant par les razzias des rebelles de Jean-Pierre Bemba, la culpabilité des autorités centrafricaines n’est plus à démonter.

Aussi c’est la loi du "Plus fort" qui s'applique à la place de la loi.

Les milices et forces de sécurité dépendant directement du clan présidentiel peuvent user de leurs armes contre toute personne coupable à leurs yeux "d'atteinte à la sécurité intérieure du pays ". Évidemment, protégés avec acharnement par le clan présidentiel les membres de ces forces se croient tout permis et utilisent leurs armes dans le grand et petit banditismes en terrorisant les populations urbaines et rurales telles que nous le vivons actuellement dans le Nord du pays par les " éléments des forces spéciales d’Abdoulaye Miskine ".

Les déclarations aux délégués d'A.I. du Procureur Bindoumi, Président de la commission dite mixte d'enquête judiciaire pour faire la lumière sur la tentative de coup d'état du 28 mai 2001, témoignent du caractère partial et revanchard de cette commission dont le caractère anticonstitutionnel a été démontré par tout le monde. Elle a outrepassé ses limites en procédant à des arrestations arbitraires, en commettant des actes de tortures, en se rendant complices d’assassinats et de non assistance à des personnes en danger ou en interdisant aux citoyens centrafricains d’aller et venir à l'intérieur ainsi que de sortir du pays. Ainsi:

Ces quelques exemples montrent le véritable visage de la justice en Centrafrique où le Procureur général près la Cour d’Appel de Bangui, représentant des autorités judiciaires centrafricaines prône l'anarchie, le non respect de la loi et la vengeance en véhiculant la haine ethnique. Ce qui ne pourra pas résoudre la crise larvée dans laquelle végète depuis au moins 6 ans le pays.

La discrimination ethnique est manifeste à tous les niveaux de la hiérarchie administrative et judiciaire du pays. La discrimination décrite par A.I. découle principalement de cette haine sur laquelle se greffe la volonté de conservation du pouvoir par tous les moyens, y compris antidémocratique et par le non respect des Droits Humains.

De part son silence et l’implication complice de certains fonctionnaires onusiens dans ces violations répétés et flagrantes des Droits Humains, le président Patassé et son régime ont cru que la communauté internationale leur octroyait un quitus favorable pour fouler aux pieds les principes universels des Droits Humains.

Elle n’a pas pu faire respecter par le régime de Bangui sa "responsabilité de protéger " son peuple en tant qu’État souverain.

Au vu du dernier rapport proposé par les experts des Nations unies sur le "droit d’ingérence ", si nous tenons compte de l’attachement à la souveraineté nationale centrafricaine exprimée abusivement par les autorités politiques centrafricaines, "c’est à l’Etat (centrafricain) lui-même qui incombe, au premier chef, la responsabilité de protéger son peuple " et non de faire appel à des forces rebelles et incontrôlées pour les lancer contre son peuple ; les autorités centrafricaine ont reconnu par la voix du président Patassé l’intervention des forces rebelles de Jean-Pierre Bemba à sa demande. Sur les ondes internationales (Africa 1, RFI, BBC, VOA,…), le président ne soutenait-il pas que l’on ne doit pas refuser l’aide du voisin pour combattre l’incendie quand la maison brûle ?

Les razzias, viols, assassinats et pillages commis par les troupes du rebelle Bemba ne crédibilisent-ils pas la culpabilité de l’Etat centrafricain dans ces odieux crimes ?

Et face à l’ampleur des crimes constatée et décriée par ces mêmes médias, la responsabilité internationale de protéger n’a pas pris le pas sur le principe de non-intervention. Bien au contraire, des fonctionnaires du HCR et du Bonuca ont couvert ou accompagné les violations flagrantes, graves et répétées des Droits de l’Homme lors des événements sanguinaires de Bangui.

La conspiration du silence, de l'inaction et de l'action coupable est à mettre à l'actif des organismes onusiens, HCR et BONUCA, qui ont contribué de manière active à certaines arrestations arbitraires ainsi qu'à des exécutions extrajudiciaires de certains compatriotes et des étrangers réfugiés en Centrafrique.

En effet, il est tout de même curieux de noter l'empressement de ces organismes qui, en principe, ont pour but de protéger les civils, mais qui s'allient au gouvernement pour obliger les réfugiés centrafricains à rentrer au pays alors qu'ils savaient délibérément que les conditions de sécurité n'étaient pas garanties pour leur protection.

Le rapport d'Amnesty a clairement montré le manque de discernement des agents onusiens en Centrafrique et au RDC. Il met aussi en lumière des contradictions évidentes entre les actes de ces agents et leurs déclarations.

La question que nous sommes en devoir de poser à la communauté internationale, à l’ONU et ses organismes affiliés, est de savoir: qui a fait pression sur les agents onusiens en poste en Centrafrique pour qu'ils puissent coopérer avec le gouvernement en vue d'inciter et d'obliger les réfugiés à rentrer au pays sans garanties de sécurité et de dignité ? S’il y a eu bavure, quelle décision compte prendre l'ONU pour remédier à ce genre de situation? Quel moyen utilise l'ONU aujourd'hui pour intervenir auprès du gouvernement pour libérer les réfugiés victimes de la conspiration de ses agents?

Il est à remarquer que ce n'est pas la première fois que les agents onusiens agissent en violation des textes internationaux. Déjà au Rwanda en 1994, les agents onusiens n'avaient pas voulu reconnaître le caractère génocidaire des massacres des Tutsi et Hutus modérés.

Les Nations Unies n'ont jamais condamné publiquement les violations flagrantes et répétées des Droits Humains du régime Patassé. Bien au contraire, sur recommandation de son représentant spécial à Bangui, le Secrétaire général de l’Onu se démène afin de trouver de la part des bailleurs internationaux un soutien financier aux sanguinaires de Bangui.

Enfin, face à l’ampleur de la tâche qu’incombe la manifestation de la vérité, KODRO ne peut que féliciter A.I. et tous les organismes de défense des Droits Humains qui se sont impliqués dans la recherche de la vérité au sujet des massacres ethniques en Centrafrique.

Nous n'oublions pas non plus nos compatriotes au pays qui ont pris des risques d'aller témoigner pour que la lumière soit faite sur les responsabilités des uns et des autres.

Ces rapports, AI, FIDH, LCDH, Département d'Etat Américain et les dépêches de RSF sont des outils importants qui doivent aider les patriotes Centrafricains à mener avec plus de détermination et d'engagement le combat contre les violations et les non-respect de Droits Humains instituées en République centrafricaine.

Ayant contribué directement ou indirectement à leur rédaction (FIDH, A.I., Departement d’Etat, Ministère canadien des Affaires Étrangères) KODRO se les approprie pour un travail de lobbying dirigé contre les autorités centrafricaines.

Dès sa création, en 1998, KODRO a choisi de combattre et de militer sur le terrain des Droits Humains.

Voix de la Société civile centrafricaine à l’extérieure, KODRO développe un partenariat soutenu en direction d’organismes gouvernementaux (États Unis et Canada) et non gouvernementaux de défense des Droits Humains.

Les étapes qui viennent d’être franchies, par la sensibilisation des ONG à la cause des Droits Humains en Centrafrique, ne peuvent que nous encourager à poursuivre et à développer notre engagement militant et patriotique pour qu'enfin la Centrafrique renoue avec le respect de l’intégrité morale et physique de la personne humaine, tout en veillant plus généralement au respect des Droits Humains en Terre centrafricaine.

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Actualité Centrafrique - Dossier 10