AFP, Libreville, 30 juillet 2002, 20h35 - Le gouvernement centrafricain doit rapidement trouver 9,1 mds de FCFA (13,9 M d'euros) pour que son dossier soit examiné lors de la session du conseil d'administration du Fonds Monétaire International (FMI), le 18 septembre prochain, a-t-il annoncé mardi.
Ce besoin de financement est dû, selon un mémorandum transmis à l'AFP à Libreville, à de nouvelles conditions posées par deux des créanciers multilatéraux de la République centrafricaine (RCA), la Banque africaine de Développement (BAD) et la Banque mondiale (BM).
Les arriérés de la RCA envers la BAD s'élèvent à 14,9 mds FCFAd'euros). Selon le document centrafricain, il avait été convenu, à la mi-juin, que Bangui verse "20% de ces arriérés au cours de la première année du programme" FMI.
Or, poursuit le texte, "un mois plus tard", en marge du sommet de Durban, le président de la BAD a exigé le règlement de la totalité de ces arriérés "avant le passage de notre dossier devant" le FMI.
De son côté, la BM, après avoir, en décembre 2000, "fait des promesses d'appui substantiel à la RCA dès qu'elle aura conclu avec le FMI, ne prévoit d'appuyer la RCA que pour 5 mds FCA (7,62 M d'euros) en première année du nouveau programme, alors que le service de la dette de la RCA envers cette institution en cette première années est de 7,8 mds FCFA (11,8 M d'euros)", explique le mémorandum.
Devant la "volte-face" de la BAD et la "démarche surprenante" de la BM, le gouvernement est dans l'obligation de trouver 16,1 mds FCFA (24,5 M d'euros) "avant le passage du dossier" devant le FMI.
Sur cette somme, les autorités centrafricaines ont déjà pu mobiliser "en moins de deux jours", depuis l'officialisation de ces conditions le 25 juillet, 7,5 mds FCFA (11,3 M d'euros) dont 5,9 mds (près de 9 M d'euros) grâce à l'Union européenne et 1,5 mds (2,3 M d'euros) du Japon.
"Mais il leur reste à trouver 9,1 mds pour boucler ce gap", souligne le mémorandum qui dénonce au passage le "mépris" de la BM et de la BAD envers la
Le texte s'étonne du traitement différent accordé par ces institutions, et pour des sommes autrement plus importantes, à plusieurs autres pays africains, citant notamment la République démocratique du Congo (RDC), la Côte d'Ivoire ou Madagascar.
"N'y a-t-il pas deux poids deux mesures, surtout lorsque l'on sait que la RCA n'a jamais bénéficié d'une aide post-conflit (...) On est en droit de se demander si ces institutions souhaitent réellement aider la RCASouhaite-t-on réellement la stabilité dans ce pays", s'interroge le texte.
Le mémorandum conclut par un appel: "Où sont les vrais amis de la RCA? Où sont les Institutions censées lutter contre la pauvreté dans un pays où le niveau de vie s'est divisé en deux en moins de vingt ans et où le taux de séroprévalence est supérieur à 13%?"
En octobre 2001, la RCA avait conclu avec le FMI un programme de référence de six mois. Ses résultats à la fin mars ayant été jugés satisfaisants ont permis le paraphe d'un projet de lettre d'intention et d'un Document-cadre de Politique économique (DCPE), à la mi-juin.
Négocié avec le FMI au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC), cet accord, qui intervient alors que le gouvernement s'est lancé dans une vaste opération anti-corruption, est très attendu car il implique la mise à disposition de liquidités qui constitueraient une bouffée d'oxygène pour des finances centrafricaines exsangues.