La bataille de Kabo et les forces en présence - le Président Patassé joue son va-tout
BANGUI, 12 août (AFP) - 19h09 - Le président centrafricain, Ange-Félix Patassé, a adressé lundi un message de félicitations et d'amitié à son homologue tchadien Idriss Deby, à l'occasion de la fête nationale du Tchad célébrée le 11 août, a rapporté la radio nationale à Bangui.
"La célébration du 11 août, date de l'accession de votre pays à la souveraineté internationale, m'offre l'occasion d'adresser à votre Excellence, ainsi qu'au peuple frère tchadien tout entier, mes félicitations les plus chaleureuses, et mes voeux sincères de bonheur, de santé et de prospérité", a déclaré dans son message le président Patassé.
"Puissent les excellentes relations de fraternité et de coopération existant entre nos deux pays continuer à se développer et à se renforcer davantage à la satisfaction de nos deux peuples", conclut le chef de l'Etat centrafricain.
Ce message du président Patassé, qui a la particularité d'être adressé uniquement au nom du président de la République et non, comme d'ordinaire, "au nom du peuple et du gouvernement centrafricains, ainsi qu'au mien propre", intervient alors que les relations entre le Tchad et la RCA sont à nouveau tendues en raison des problèmes de sécurité sur leur frontière commune.
Les deux pays se sont accusés mutuellement d'être responsables d'un accrochage meurtrier survenu le 6 août dernier, suivi dimanche d'une attaque sur la ville centrafricaine de Kabo, revendiquée par l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, réfugié au Tchad depuis décembre
Bangui a envoyé des renforts la semaine dernière dans la région de Kabo (source militaire)
BANGUI, 12 août (AFP) - 19h04 - Des renforts centrafricains ont été dépêchés dans la région de Kabo après l'affrontement mardi dernier à la frontière tchado-centrafricaine, a affirmé lundi à l'AFP à Bangui une source militaire ayant requis l'anonymat.
"Des renforts ont été dépêchés dans la région 48H00 après l'accrochage meurtrier du 6 août dans le but de sécuriser les populations de cette province", située au sud de la frontière avec le Tchad et à environ 500 km au nord de Bangui, a assuré cette source.
Ces renforts sont "constitués d'éléments des FACA (Forces armées centrafricaines) et de l'USP (Unité de sécurité présidentielle)", a-t-on précisé.
Les informations selon lesquelles Kabo serait aux mains d'éléments favorables à l'ancien chef d'état-major des FACA, le général François Bozizé, sont "à prendre avec beaucoup de réserve", a-t-on estimé de même source.
A Libreville, une source autorisée centrafricaine ayant requis l'anonymat a affirmé lundi que ce sont les forces de l'ex-rebelle tchadien Abdoulaye Miskine, qui a rang de colonel au sein des forces armées centrafricaines (FACA), qui "contrôlent" la localité de Kabo.
De son côté, le Premier ministre centrafricain, Martin Ziguélé, a assuré lundi, à la radio nationale, que la RCA n'avait "ni la volonté, ni les moyens d'agresser quelque pays que ce soit. Ni le Tchad, ni aucun autre pays".
"Nous avons d'autres priorités", a affirmé le chef du gouvernement centrafricain qui a regagné dimanche Bangui après une semaine en France où il s'est rendu, a-t-il expliqué, "pour chercher des financements pour développer notre pays".
"Nous avons des problèmes réels avec les coupeurs de route et d'autres bandits de grands chemins et nous nous organisons pour assurer la sécurité à l'intérieur de notre pays", a ajouté M. Ziguélé.
Bangui et N'Djamena se sont mutuellement accusés d'être à l'origine d'un accrochage frontalière mardi, qui aurait fait, selon une source militaire tchadienne, 22 morts, dont deux militaires tchadiens.
Les forces de Miskine contrôlent Kabo (source autorisée centrafricaine)
LIBREVILLE, 12 août (AFP) - 18h32 - Les forces de l'ex-rebelle tchadien Abdoulaye Miskine, qui a rang de colonel au sein des forces armées centrafricaines (FACA), "contrôlent" la localité de Kabo, a affirmé lundi à l'AFP depuis Libreville une source autorisée centrafricaine ayant requis l'anonymat.
"Personne n'a pris Kabo (environ 60 km au sud de la frontière avec le Tchad). Les forces d'Abdoulaye Miskine la contrôlent", a assuré cette source, affirmant que la ville avait "essuyé des tirs de la part des forces tchadiennes" dans la nuit de samedi à dimanche.
L'ex-chef d'état-major des FACA, le général François Bozizé, a affirmé lundi à l'AFP à N'Djamena que ses hommes, des "patriotes de l'intérieur" avaient pris la localité dans la nuit de samedi à dimanche.
"Il est manifeste qu'il y a une volonté de règlement des différends entre Etats par la force des armes de la part des autorités tchadiennes (...) Une chose est sûre: les troupes tchadiennes ont pénétré en territoire centrafricain jusqu'aux portes de Kabo d'où elles ont tiré" sur la ville, a-t-on ajouté de même source.
Le gouvernement tchadien a démenti catégoriquement lundi "toute participation de l'armée tchadienne" dans l'attaque menée contre la ville de Kabo.
"Une mission d'observation de la COMESSA" (Communauté des Etats sahélo-sahariens) s'est rendue samedi à Kabo, accompagnée d'éléments du Bureau des Nations unies pour la Centrafrique (BONUCA), pour enquêter sur l'accrochage frontalier de mardi dernier, a-t-on expliqué de source autorisée centrafricaine.
Cette mission "a essuyé beaucoup de tirs de la part des forces tchadiennes" et "a finalement rebroussé chemin", regagnant Bangui.
Bangui et N'Djamena se sont mutuellement accusés d'être à l'origine d'un accrochage frontalière mardi, qui aurait fait, selon une source militaire tchadienne, 22 morts, dont deux militaires tchadiens.
Attaque de Kabo: N'Djamena dément toute implication de l'armée tchadienne
N'DJAMENA, 12 août (AFP) - 17h34 - Le gouvernement tchadien a démenti lundi "toute participation de l'armée tchadienne" dans l'attaque menée la veille contre la ville de Kabo, en Centrafrique, par des éléments fidèles à l'ancien chef d'état-major centrafricain, le général françois Bozizé.
"L'armée tchadienne n'a pris part, ni de près, ni de loin, aux côtés des éléments de Bozizé dans leur opération contre la localité de Kabo (60 km au sud de la frontière avec le Tchad)", a déclaré à l'AFP le ministre tchadien de la Communication Moctar WaWa Dahab, porte-parole du gouvernement.
Ce dernier, qui s'est dit "surpris" par cette opération, a assuré que l'"attaque n'est pas partie du territoire tchadien comme on le pense".
Il a par ailleurs demandé à Bangui et aux rebelles centrafricains "de privilégier le dialogue pour résoudre leur différend".
Le général Bozizé a confirmé lundi à l'AFP que "des patriotes de l'intérieur" avaient pris le contrôle de Kabo.
L'ex-chef d'état-major centrafricain, soupçonné d'avoir fomenté un coup d'Etat à Bangui, est réfugié au Tchad depuis décembre 2001 avec environ 200 militaires qui avaient été désarmés en passant la frontière.