Question de la bonne et mauvaise tradition: pêcher par ignorance (Le mal centrafricain N° 8)
Savoir vivre avec son temps en Afrique et particulièrement en République Centrafricaine est une évidence - vérité de La Palisse. Mais tout est voué d'avance à l'échec si l'on prétend aboutir à des productions et réalisations fiables, dignes de ce nom quand on ignore les réalités profondes qui ont forgé depuis des lustres la société avec toute sa stratéfication qu'on croit connaître et servir. Il suffira, dit-on, de faire appel à des munzu-vuko parvenus ou très brillants à l'école, puis prendre des mesures, les faire adopter, accompagner d'ordonnances, de décrets-lois, d'une bonne dose de campagnes de promotion et le tour est joué. Que des illusions et de gâchis ! Les termes cultures, traditions deviennent suspects, parce qu'ils sont considérés par les auteurs comme des freins au système de développement appliqué : on aboutit finalement à une confusion de l'esprit sans répères, sans base, et à un espace géographique sans histoire (a-historique). Il ne subsiste plus que la complaisance, le discours, les faux-semblants, pendant que les populations en prise avec les réalités peinent, se meurent, dépérissent sous le regard complice de la jeunesse et des gouvernants qui se disputent le reste des dépouilles. Finalement, l'implosion finit par rattraper tout le monde. - Victor Bisséngué
PROBLEMA: question de tradition, de chefferie et de choix politiques (Innocent Yamodo)
La question de tradition [JPM, wc]
Innoncent,
comme l' a souligné Valentin, le problème que connaît actuellement l' afrique toute
entière en général et notre pays la Centrafrique en particulier NE DOIT pas faire objet
d' accusation ni de la tradition ni des chefferies. Les responsables de ces
problèmes sont bel et bien les Intello et les militaires.
C' est vrai que Toi comme Moi nous remettons la tradition en question.. Mais nos approches
sont carrément divergentes. Moi, je remets en cause, l'interpretation du concept
social de la tradition telle que l' intellectuel en fait preuve son amalgamme. Ceux des
lettrés qui ont dirigé et qui dirigent notre pays ne comprennent pas forcément la
tradition même s' ils y font recours pour justifier certaines mesures repressives et
certaines incapacités.
Tu n' a aucune raison ni preuve tangibles remettant en cause le système traditionnel de
chefferie. A ma connaissance, il n' y a pas encore eu le cas ou un Chef de Village ou Chef
de Canton aurait dirigé notre pays en le conduisant dans le CHAOS économique ou social.
Je suis même convaincu que nous serions plus développés aujourd' hui si le pays avait
été dirigé dès l'indépendance par le système de Chefferie. Ce que nous
appelons ici Chefferie, est connu ailleurs come royauté traditionnelle et MUSSEVENI
l'a utilisé pour faire repartir l' Ouganda, un petit pays sorti assi d' une dictature
mais un petit pays qui domaine aujourd' hui la politique de notre Grand Voisin. (Leçon 1)
Ta démarche fait partie de la fuite en avant de notre génération d' Intello qui tend
aujourd'hui vers moins l'infini pour avoir pensé que le fait d' avoir des
diplômes nous prédestine à faire de la politique. C' est cette erreur qui est le point
de départ de notre déclin (Leçon 2)
Au lieu de nous attarder sur le débat autour de la chefferie traditionnelle, il sera
judicieux de repartir sur un sujet de base tel que la culture et l'éducation. Pour cela,
je tarderais à te donner la réponse ou la preuve de mon constat fait lors de mon dernier
voyage au pays. Mais puisque tu insiste, mon oncle a déménagé d' un village ou son
père n' était pas CHEF pour s' installer à MABO (entre Damara et Sibut) .
IL y a deux ans, Cela fait maintenant deux ans qu' il a été choisi chef par les gens du
village par suite de vote, à la mort du prédécésseur. On vote les chefs et les Maires
dans certains villages et communes mais Bangui n' encourage pas le vote des Maires.
Voyez-vous, il n' y a pas eu d'élection municipale depuis l' avènement de la démocratie
Ellitaire des Mundju Vuko.
Vois-tu mon frère, aujourd' hui des enfants font des enfants en Centrafrique
(échec social 1 de la RCA), la couche la plus atteinte par le Sida est celle des
fonctionnaires et agents de l' état (échec social 2). Les deux aspects constituent la
Leçon 3.
Pour terminer, la classe Politique, Militaire et Intellectuelle se soigne et fait
soigner sa famille à l' étranger donc ne se soucie en aucun cas des infrastructures
médicales. BOKASSA a fait construire le Centre d la Mere et de l' Enafnt pour laisser
accoucher sa femme dans SON PAYS (Leçon 4). La classe Politique, Militaire et
Intellectuelle a détruit l' avenir du pays. tous les dirigeant envoeint leur enfants dans
les meilleures écoles des pays étrangers sans se soucier du niveau dans les
écoles du pays. Encore Papa BOK: ses enfants fréquentaient dans leur pasy au Lycée
Boganda et au Lycée Bokassa (Leçon 4)
Certains des enfants envoyer par PAPA à l' étranger échouent dans les études par suite
du dépaysement ou ne se retrouvent pas après plusieur années de combat. Ces enfants ne
rentrent donc plus au pays. La minorité qui rentre n' est pas à la hauteur des
attentes.
Puisque nous tous sommes d' une façon ou d' une autre subtillement forçés à l'exil,
QUI DOIT CONSTRUIRE l' avenir du pays? Qui doit cotiser pour les retraite?
La classe Politique, Militaire et Intellectuelle a ruiné le pays en argent par des
détournement. A ma connaissance, aucun chef tribal n' a été condamné pour
détournement de denier public.
La classe Politique, Militaire et Intellectuelle est celle qui est responsable. Pas les
Cheffereie et la Tradition. A mon humbre avis, le débat tel que posé est faux car il
nous éloigne de nos vrais problèmes.
Jean-Pierre MARA
WAKODE ti leguesinga http://www.centrafrique.com
Date : Fri, 12 Jul 2002 22:25:40 +0200
La question de tradition [HG k-icec]
"IMAGES ET CLICHES ETHNIQUES EN CENTRAFRIQUE.... GOBOU... BOPETO... MBE... WAKOUA... NGBAKA..."
Ita Monzoubou, Vogbia, A Ita ti Kodro, Wakodros,
Une étude sérieuse mérite d'être faite par nos
chers étudiants et chercheurs enn sciences sociales de l'Université de
Bangui... pour les mentalités centrafricaines...
J'avais pourtant pris mes précautions de mettre entre "griffes" mes paroles
vite envolées mais pourtant réfléchies que j'assume pleinement... la
"tradition" chez nous s'entend par les idées toutes faites véhiculées par la
Culture centrafricaine (= synthèse des cultures centrafricaines)... les ethnies, tribus
et clans ont tous une image qui leur colle à la peau... des images qui évoluent au gré
de l'évolution de la mémoire collective centrafricaine... en relation avec des
faits sociaux ou scandales datés...
Ainsi les Ngbaka seraient des "mangeurs d'homme et de chien"... les
Yakoma des "Yougoslaves et des chieurs dans l'eau", tout comme les Sango et
affiliés... les Mandja des "voleurs ou des ... que je ne dirais pas pour ne pas
amplifier votre colère"... Les Banda "travailleurs mais bordéliques surtout
les femmes banda... pata-ngango"... les Langba, Togbo, et affiliés ne seraient que
des "Mbè" ou des "Wakoua" selon que l'on se situe du point de vue du
Yakos ou du Banziri...
Dans une autre catégorie du même registre, les gardes républicains seraient plutôt
Sarah, Mandja et assimilés tandis que les gendarmes seraient plutôt Yakos, Gbaya,
Banda...
Chez les Mbati, l'idiot du village est forcément Ngbaka... "mo bouba tongana
Ngbaka..."... et le Babinga n'est rien d'autre que l'esclave... le
"Wakoua"...
Quand, je séjournais à Boeing à deux pas de Nguitangola... nos
amis Gbanou étaient nos têtes de turc... "Mo yé photo tongana
Gbanou"... "Mo you mbonga tongana Gbanou..."... "mo ké
bouba tongana sakpa ti gozo ti a Gbanou"...
Nos surs Gbaya, à la beauté d'ébène et coquette à la fois, étaient
souvent raillées du fait de leur accent quant elles parlaient Sango... "Mbi goué na
Senkilo ti ka Mbambolo ti mbi..."...
Ita Monzoubou, Ita Vogbia...
Je pourrais poursuivre sur ses clichés qui ne font pas forcément de nous des tribalistes... le registre n'a rien à voir avec la haine ethnique...
Ne dit-on pas "saoul comme un
Polonais...", "dragueur comme un Centrafricain" (en Afrique
centrale parce qu'en Europe c'est plutôt l'Italien...)... et les Français ne se
donnent-ils pas à cur joie sur les Belges... Et nous-mêmes le "Monnon"
n'est-il pas qu'un pauvre gars, voleur, espiègle... la femme Monnon n'est-elle pas un
objet de plaisir... dans notre vision du Congolais de chez Kabila... alors que nos frères
de l'autre rive sont bien avancés dans de nombreux domaines par rapport à nous...
Et, en France, le Normand pense quoi du Breton et vice-versa...???
Ita Monzoubou,
Je connais personnellement les parents de SOROS... et
leur affiliation ethnique... en disant Mandja... c'est pour aller vite... pour les
Centrafricains qui ne sont pas de la région et qui ne sont pas forcément au courant des
clans, tribus et ethnie... en englobent tout dans le plus grand... MANDJA... parce que
nous parlons vite... !!!
Sais-tu pourquoi, "Tonton AGBA" n'a pas été réélu dans ce coin ???
Parce qu'un génial centrafricain a démontré qu'il n'est pas du coin... en question et
qu'il serait d'ailleurs... alors que sa jeunesse est là... dans ce coin en question... ce
coin de Mandja...
Voici une exception qui infirme les affirmations de Yamodo Innocent sur les Centrafricains
qui vont se faire élire dans leurs village...
A ciao... en espérant avoir été clair et sans haine ethnique...
Date :Fri, 12 Jul 2002 16:03:10 +0200
De : KODRO <kodro@ifrance.com>
La question de tradition [vwK, le point]
Ita Wa Kodro,
Très heureux d'apprendre que le système de chefferie traditionnelle a subi une cure de
rajeunissement et que malheureusement cela échappe encore à notre confrère et
compatriote Innocent. Si ce faux débat ne mène à rien, il aura au moins eu le
mérite de remettre les pendules à l'heure pour beaucoup sur ce point précis.
L'information que le compatriote Wakode livre devrait nous conforter davantage dans
l'intime conviction que le système de chefferie traditionnelle n'a rien à avoir dans le
clientélisme politique qui a cours au pays et ses effets dévastateurs sur la vie
économique, politique et social de notre pays.
Cher Innocent, une revue même sommaire de l'évolution politique dans le monde au cours
du 20è siècle permettrait de convaincre tout observateur le moindrement sérieux de
l'absence de causalité entre système de chefferie traditionnelle et la détérioration
du tissu social, économique et politique. Il suffit de constater que la monté et le
règne des régimes dictatoriaux et fascistes de cette période ont des dénominateurs
communs.
D'abord, un mouvement politique dirigé par un leader charismatique, orateur hors pair et
capable de soulever les foules autour de thèmes et sujets simplistes qui les touchent
directement se crée. Ces sujets font généralement appels aux émotions les plus
viles, terre à terre et peu édifiantes. Il arrive souvent qu'à l'origine c'est
pour de bonnes causes. Ces sujets peuvent porter sur des choses aussi variées que la race
(la tribu, le clan, la région), la religion, la menace économique des uns par rapport
aux autres, les inégalités dans le partage du patrimoine collectif etc.
La préoccupation première du leader est de gagner l'adhésion au mouvement peu importe
les motivations. Le leader, s'appuie sur les différences, puis sur sa popularité
et le populisme grandissant du mouvement politique pour asseoir une structure politique
toujours très proche de la population. La structure de recrutement de nouveaux
membres tranquillement va se donner de nouvelles fonctions, à savoir celles du monitoring
(surveillance), de marquage très serré des adhérents pour limiter les défections et
aussi contrôler le comportement des uns et des autres. Graduellement, cette
structure devient une super structure de contrôle des membres, d'attribution de
récompenses aux membres les plus méritants et exemplaires dans l'application des dogmes
du mouvement. La clandestinité est souvent un catalyseur : forcé à la
clandestinité, le mouvement se doit de contrôler davantage ses propres membres.
Qui dit récompenses dit aussi punitions pour les membres les moins dociles, ceux qui
commencent à percer le mystère, la supercherie. La dynamique repose bientôt sur
le principe fondamental du " qui n'est pas avec nous est contre nous ".
À ce stade, le besoin de contrôle se transforme rapidement en nécessité de répression
qui se généralise. Le mouvement politique auparavant proche du peuple s'en
détache progressivement pour appliquer son programme politique dogmatique et totalement
aux antipodes du bien-être de la population. La bête est née, incontrôlable et
incontrôlée. Ses résultats seront à tous égards diaboliques et
inimaginables. Dans ce scénario, la structure administrative ou politique au
départ n'a rien à voir dans ce processus. Sa seule responsabilité peut être son
inflexibilité qui alimente la progression du mouvement en question. Il a suffit
d'avoir un leader charismatique soutenu par des aides de camps besogneux, imaginatifs,
carriéristes, toujours en quête d'occasions de gagner des galons pour mieux écraser le
monde sur leur passage pour avoir un résultat explosif.
Ce modèle théorique cadre avec l'expérience de nombreux pays. Des exemples
fourmillent en Amérique Latine où certains partis politiques ont réussi le tour de
force de se maintenir au pouvoir près de trois quarts de siècle sans partage grâce à
un système de clientélisme bien rodé et soutenu par le banditisme d'État.
La montée du Nazisme et du fascisme fournit un autre exemple où un mouvement politique
en apparence pour le peuple a su exploiter les émotions primaires pour se hisser au
sommet et se retourner contre le peuple pour atteindre ses propres fins.
Le Maoisme et le régime des Kmer Rouges offrent également des exemples de mouvements
politiques dont le succès peut être associé à l'existence de leaders charismatiques à
tendance psychopathe.
Innocent, pour avoir connu le système de chefferie de l'intérieur, je puis t'assurer
qu'il se fonde sur le profond respect des membres de la communauté et sur les valeurs
fondamentales aujourd'hui prônées dans le cadre des droits de l'homme. Le chef de
village n'a pas droit de vie ou de mort sur ses commettants. Il ne pouvait
sanctionner que dans les limites du raisonnable, c.-à-d. en imposant des peines à la
portée du condamné. Il administre la justice dans le respect de la bonne marche de
la communauté et non pour exercer un pouvoir absolu sur ses concitoyens. Dans
l'administration de la justice, il est généralement entouré par d'autres sages y
compris les " Makoundji ", " cabita " et autres diginitaires souvent
choisis avec soin par souci de conserver l'équilibre social. Chaque membre de la
communauté avait droit de parole lors des assemblées pour décider de la conduite des
affaires. Pour les avoir observer souvent personne ne contraignait un honnête
citoyen à se taire quand il avait des choses à dire.
Les disparités sociales entre chefs de village et le reste de la population sont minimes,
car le chef, malgré un peu d'aide qu'il reçoit continue à vaquer à ses occupations :
ses champs, ses parties de chasse et de pêche selon la région pour assumer ses
responsabilités familiales et citoyennes.
Je sympathise avec ton ardent désire de modernité ou modernisme. Toi qui vis en
Amérique, tu connais le proverbe anglais qui dit : " Don't fix it if it is not
broken " (Répare s'il le faut). Si le système de chefferie n'est pas
responsable de tous nos maux, pourquoi mobiliser les rares ressources dans un contexte
comme celui que nous connaissons pour le démanteler? Ne serait-il pas sage de
s'attaquer à des choses plus pressantes, des mesures de redressement énergiques
ailleurs?
Il y a peut-être lieu de reformuler ta problématique. Certes, des mouvements
politiques sans substance se servent du créneau ethnique pour se faire rapidement du
capital politique. Est-ce que cela fonctionne? Oui, j'en conviens.
Est-ce le fait d'un système de chefferie, ma réponse est non. Des intellectuels
sont à la base de ce système de clientélisme. C'est une sorte de drogue du
pauvre. Voilà ma modeste contribution au débat.
Chao!
Bara a séwa kwé.
Valentin W. Konza
Ottawa
Sujet : RE: [kodro] Re : Question (bonne version)
Date : 12/07/2002 01:37:42 Paris, Madrid (heure d'été)
La question de tradition [inno 100-mH]
Salut Henri,
Merci d'avoir sacrifie ton precieux temps pour m'aider dans mes interrogations. Malgre ta
modestie, j'en ai appris un peu sur une partie de l'histoire precoloniale de la
Centrafrique. Ceci dit, je t'avoue etre reste sur ma fin quant a ma question sur le
systeme des chefferies en Centrafrique.Voici pourquoi;
Tu dis "il me semble que cette interrogation, légitime soit-elle, en posant les
bases d'un débat l'occulte d'autant... en la polarisant sur l'ethno-politique (ou
l'instrumentalisation du fait ethnique dans le politique)..."
Tu es serieux? Ce n'est pas a toi que je vais apprendre que, lors des elections, la
quasitotatlite de la classe politique de ton pays (vivant a Bangui pour la plupart voire a
l'etranger) vont systematiquement quemander les voix dans leur fiefs ethniques. S'ils
arrivent a recuperer ces voix, c'est que les electeurs le leur donne bien que n'ayant
absolument aucune idees de leur programme. Le choix est donc quasi systematiquement
ethnique. Evidemment, les partis au pouvoir, avec toute la logistique materielle et
financiere del'etat arrivent toujours a dejouer un peu (vraiment tres peu) cet etat de
chose en promettant, en achetant et voire en intimidant les chefs (justement!). Par
consequent, je ne polarise absolument rien; je constate....
"La véritable problématique ne serait-elle pas celle (aussi inépuisable soit-elle)
du passage de la tradition à la modernité en ce qu'elle s'impose à l'espace politique
centrafricain)???...
Qu'on le veuille ou non, la modernite, on y est deja. On en a tout les outils, meme s'ils
fonctionnent tres mal (je te passe les details). Ce n'est pas un choix a faire d'y passer
ou pas mais une adaptation de societe a faire pour en tirer partie. Cequi implique la
modification (ou la suppression)de certaines regles qui n'ont plus lieu d'etre et la
creations d'autres plus adaptees. Ceci dit, je te poserai une sacree colle en te demandant
ceque tu comprends par "tradition" car tu te doutes bien qu'en Centrafrique, il
faudra ajouter beaucoup de "s" a ce mot.
"Comment et à quelles conditions peut-on organiser une transition politique en
République centrafricaine (et partant dans les pays limitrophes de la
sous-région)????"
La, tes eclairages sont plus que bienvenus....
"Tout en la biaisant, l'administration coloniale a copié une partie du fait
politique traditionnel: le chef de village... première institution au niveau local...
dans l'encadrement des autochtones colonisés... mais cela n'a jamais été aussi
simple que l'on voudrait nous le faire croire... Nos villages, villes ou
royaumes ancestraux (sultanats par exemple) n'ont jamais été mono-ethnique... si
certains villages "à dimension clanique" l'ont été d'autres par contre,
d'importance moyenne, regroupaient en leurs sein deux ou trois clans voire tribus... le
choix du chef ne répondait pas forcément par l'imposition d'un chef ethnique... Chez les
Azandé... le Roi n'était pas forcément ethniquement Zandé ou Nzankara... Le brassage
ethnique en Terre centrafricaine n'est pas aussi un fait récent... dû à la
colonisation... Les jeunes Sarah qui ont eu la chance d'être bercés par les chants et
autres contes des grand-parents se rappellent sans doute les récits mettant en scène des
"chevaliers venus de loin", chevauchant leur monture décoré, qui débarquaient
soit pacifiquement ou violemment et emmenant avec eux des natifs... (pas forcément en
esclavage ni pour les vendre ailleurs...) ...
Dans les sultanats centrafricains et camerounais, il y ont leur
descendance... et vice-versa... Des Banda se sont retrouvés en pays Gbaya et Sarah... Des
Gbaya se sont retrouvés de même en pays Azandé ou Banda... ou Gbandi... Les frontières
artificielles issues de la colonisation... Berlin... sont là pour prouver que nous sommes
tous métisses... Au Soudan, au Rwanda, en Ouganda, en RD-Congo, au Congo-Brazzaville, au
Cameroun, au Tchad... et dans les contrées aussi lointaines que le pays Peul... nous y
avons des lointains cousins... et même en remontant... la vallée du Nil... si nous
revisitons Cheikh Anta Diop..."
Bon, la tu m'apprends que la Centrafrique precoloniale avait des villages (ca, je le
savait), des villes (Ha bon! la, franchement, il faudra qu'on s'entende sur la definition
que tu donnes a ce mot) ou royaumes ancestraux (sultanats par exemple). Il y en a eu
combien? Mais au dela de ces rappels sociohistoriques, ma question etait; est il normal
que dans une republique, il y ait une categorie de citoyens acquerant une autorite du fait
de leur naissance et non de leur competences averees? Et surtout, vue que la tres grande
majorite de la population vie sous cette forme d'autorite, comment attendre de cette meme
polpulation de faire un choix objectif pour une autorite superieure ayant finalement la
realite du pouvoir? Si la reponse a la premiere question est oui, il faudra enlever le mot
"republique" accoler a Centrafrique. A ce moment la, la seconde question n'aura
plus lieu d'etre.
"Alors... j'insiste la question serait plutôt celle de savoir comment pourrions-nous
réfléchir sur une transition politique qui nous permettrait d'accéder à la
"modernité universellement partagé", pour ne pas dire .... valeurs imposées
par nos très lointains cousins occidentaux... Lucie n'est-elle pas l'ancêtre
des Hommes?"
Les "cousins occidentaux" ne sont pas une reference absolue. On est pas oblige
de faire systematiquement les choses en se referant a eux (comme pour UA). Mon propos est
qu'il faut faire un choix de societe et surtout L'ASSUMER mais arretons de vouloir
toujours avoir le c... entre deux chaises. Pour finir, ton "modernite universellement
partage" ressemble furieusement a un modele de langue de bois.
Non?
"Vaste question qui mérite débat... n'est-ce pas... pas ???"
Completement d'accord avec toi mais quand. A la saint glin-glin?
Henri GROTHE, Provisoirement Guide pour ses enfants...
Tu diras a tes momes; "Sacres veinards va!"
Porte toi bien.
Inno100
10 juillet 02
La question de tradition [w-informe]
je vous informe que le suystème aurait changé depuis quelques années. Les chefs de villages ne sont plus systematiquement choisis à cause de leur lignée (fils du pemier chef )comme dans le passé.J' étais surpris d' en faire ce constat lors de mon dernier passage au pays (pas Bangui mais en province).
From: WAKODE [mailto:wacode@centrafrique.com]
Subject: Re: [kodro] Re : Question (bonne version)
Sent: Thursday, July 11, 2002 3:44 PM
La question de tradition [hg-lumieres]
A Ita ti Kodro, Wakodros,
N'étant humainement pas classé parmi les "lumières des
lumières", c'est-à-dire que ne me sentant pas du tout dans la peau d'un guide
éclairé devant l'Eternel, il me semble que cette interrogation, légitime soit-elle, en
posant les bases d'un débat l'occulte d'autant... en la polarisant sur l'ethno-politique
(ou l'instrumentalisation du fait ethnique dans le politique)...
La véritable problématique ne serait-elle pas celle (aussi inépuisable
soit-elle) du passage de la tradition à la modernité ( en ce qu'elle s'impose à
l'espace politique centrafricain ) ???...
Comment et à quelles conditions peut-on organiser une transition
politique en République centrafricaine (et partant dans les pays limitrophes de la
sous-région ) ????
Tout en la biaisant, l'administration coloniale a copié unepartie du fait
politique traditionnel: le chef de village... première institution au niveau
local... dans l'encadrement des autochtones colonisés... mais cela n'a jamais été
aussi simple que l'on voudrait nous le faire croire...
Nos villages, villes ou royaumes ancestraux (sultanats par exemple) n'ont
jamais été mono-ethnique... si certains villages "à dimension clanique" l'ont
été d'autres par contre, d'importance moyenne, regroupaient en leurs sein deux ou trois
clans voire tribus... le choix du chef ne répondait pas forcément par l'imposition d'un
chef ethnique...
Chez les Azandé... le Roi n'était pas forcément ethniquement Zandé ou
Nzankara...
Le brassage ethnique en Terre centrafricaine n'est pas aussi un fait
récent... dû à la colonisation... Les jeunes Sarah qui ont eu la chance d'être bercés
par les chants et autres contes des grand-parents se rappellent sans doute les récits
mettant en scène des "chevaliers venus de loin", chevauchant leur monture
décoré, qui débarquaient soit pacifiquement ou violemment et emmenant avec eux
des natifs... (pas forcément en esclavage ni pour les vendre ailleurs...) ...
Dans les sultanats centrafricains et camerounais, il y ont leur
descendance... et vice-versa...
Des Banda se sont retrouvés en pays Gbaya et Sarah... Des Gbaya se sont
retrouvés de même en pays Azandé ou Banda... ou Gbandi...
Les frontières artificielles issues de la colonisation... Berlin... sont là
pour prouver que nous sommes tous métisses... Au Soudan, au Rwanda, en Ouganda, en
RD-Congo, au Congo-Brazzaville, au Cameroun, au Tchad... et dans les contrées aussi
lointaines que le pays Peul... nous y avons des lointains cousins... et même en
remontant... la vallée du Nil... si nous revisitons Cheikh Anta Diop...
Alors... j'insiste la question serait plutôt celle de savoir comment
pourrions-nous réfléchir sur une transition politique qui nous permettrait d'accéder à
la "modernité universellement partagé", pour ne pas dire .... valeurs
imposées par nos très lointains cousins occidentaux... Lucie n'est-elle pas
l'ancêtre des Hommes ?
Vaste question qui mérite débat... n'est-ce pas... pas ???
Henri GROTHE, Provisoirement
Guide pour ses enfants...
Question (bonne version)
Date :Wed, 10 Jul 2002
Bonjour Innosang,
La question de tradition qui vous turlupine il de cela et si je ne me trompe, il y a de
cela un an, semble déjà avoir été répondu par un certain Ingando en son temps. Du
fait
de votre insistance permettez moi de me répondre aux questions suivantes :
1- un enfant avant de naître peut-il élire ou choisir ses parents ?
2- Un enfant né a-t-il le droit d'élire sa famille ?
La réponse à votre interrogation semble résidée dans les deux questions.
Il y a un vieux dicton de chez moi qui dit : "INGA NGO MBETI NDO BI" c'est à
dire "l'instruction n'est pas synonyme de la sagesse et de l'intelligent"
Vogbia
Wed, 10 Jul 2002 05:55:09 EDT
La question de tradition [vk, lien non affirmé]
Cher Compatriote Innocent,
A vrai dire chacun a son sujet de prédilection qu'il aborde de toutes les façons et sous
tous les angles comme il lui plaît, souvent à tort ou à raison. Je suis de cette
Centrafrique profonde, villageoise ou paysanne, si tu le souhaites. Par bonheur,
j'ai eu très jeune la chance, à la faveur des occupations professionnelles de mes
aînés conducteur d'agriculture et aussi vétérinaire, de connaître le milieu paysan et
Mbororo tant de ma région natale que d'ailleurs au pays, qu'il s'agisse du Nord que du
Sud. Mon intérêt pour le milieu agricole s'est formé par cette expérience du
terrain. Si aujourd'hui les circonstances de la vie veulent que j'exerce un métier autre
que celui qui me rattache à la terre, je ne conserve pas moins certains réflexes.
Cher compatriote, Ita wa kodro, la thèse que tu tentes désespérément de
développer depuis de nombreux moins sur Kodro sur les liens possibles entre l'existence
des chefs de village et les malheurs de notre pays ne lève pas à mon sens et pour cause.
Il n'y a aucune base logique et encore moins empirique pour relier le
système de chefferie traditionnelle et l'absence de progrès constaté après un peu plus
de 40 ans d'indépendance dans les pays africains en général et en Centrafrique en
particulier. En effet, le système ne dispose d'aucun moyen de répression,
de dictature ou de répression aussi sophistiqué que ce que le système moderne met à la
disposition de tes " Moundjou vouko " qui ne se contentent plus d'affamer,
d'appauvrir et de rendre les gens indigents, mais il les tue également pour un oui ou
pour un non. Les fondements de cette descente en enfer que des fils du pays ont
commencé à analyser, qui en se penchant sur les responsabilités des politiciens, qui
sur l'érosion des valeurs sociales fondamentales, et j'en passe, doivent se rechercher
dans une analyse multidimensionnelle et dans une perspective dynamique et cumulative.
C'est à cette seule condition que nous centros pourront commencer à
entrevoir les relations entre les causes de notre malheur collectif. Je te sais
capable d'un tel effort intellectuel et tu y parviendras si tu veux bien t'en donner la
peine au lieu de rester en surface sur les impressions que ton expérience dure soit-elle
ait pu suggérer.
Le temps me fait défaut pour t'apporter les arguments contraires à ta thèse. Il me
suffira de te dire que la paysannerie centrafricaine a toujours dit oui au progrès
lorsqu'on lui a démontré les bienfaits. Elle a répondu oui à l'appel pour
l'indépendance, aux multiples élections même truquées par les politiciens. Le
système assure aujourd'hui le peu de stabilité qui a permis à notre pays de ne pas
basculer dans une guerre civile fratricide tous azimuts. Ta thèse ne met pas en
cause le système de chefferie, mais l'autorité tout court. Car, dire que la
population a subi l'autorité des chefs, c'est ne pas reconnaître les mécanismes de
consultation populaire qui ont toujours existé dans nos sociétés. Sans prétendre
avoir une expertise sociologique des pays africains, je suis de ceux qui penseraient que
les apports extérieurs mal digérés et appliqués nous ont causé plus de tort que tout
système de chefferie que tu puisses imaginer. En attendant un essai plus
convaincant sur la causalité recherchée entre chefferie et l'absence de progrès, je te
laisse avec mon bonjour fraternel.
Bara ala kwé.
Valentin Konza
Sent: Tuesday, July 09, 2002
Subject: [kodro] Question (bonne version)
PROBLEMA: question de tradition, de chefferie
et de choix politiques (Innocent Yamodo)
Aux lumieres,
Peut on humainement demander à un même individu de subir dès
sa naissance l autorité d un chef local (de village ou de quartier et ensuite de choisir
objectivement un chef suprême; comme on le demande aux centrafricain(es) depuis la
démocratisation politique? En d autres termes, peut on sérieusement envisager la fin du
choix ethnique comme pricipale motivation des choix politiques (et donc démocratiques) en
Centrafrique tout en gardant ce système antidémocratique, arriéré et inefficace (en
terme de compétences) |
Précisions par
Innocent Yamodo: (Date: Sat, 13 Jul 2002 16:09:40 -0000) Avant de commencer, je vous recommande vivement de relire (à tête reposée) le court message suivant à l'origine des "réponses" que je lis depuis quelques jours..... Ceci fait (je l'espère), restons UNIQUEMENT à ces interrogations. N'en faisons pas, une fois de plus, un problème personnel. J'ai estimé cette mise au point indispensable car, on me parle d'import de l'extérieur, de diplôme, de l'émergence des dictatures, d'histoire, d'idées derrière la tête (!!!????), ect.... alors que la question était si simple! J'ai la désagréable impression de toucher un tabou car il y' a comme un refus de s'arrêter à l'interrogation initiale et d'essayer d'y répondre car étant du "domaine sacrée". Cela sent le terrorisme intellectuel, si je peux me permettre. Cher Wakode, peut on dire que l'Afrique est un continent démocratique parcequ'il y a quelques pays qui le sont? Absolument non, tu en conviendras. Alors, tu vas dans un village, un chef se fait elire, tu en conclus que les chefs en Centrafrique commencent à se faire élire malgré les freins des "kotazos intellogozos" de Bangui! Ce qui est étonnant, c'est que tout le monde semble se réjouir de cette évolution alors que c'est précisement ce que je demande; QU'ON ARRETE DE DEVENIR CHEF PARCEQU'ON EST "FILS DE" MAIS PARCEQU'ON EN A LES COMPETENCES!!! Précision de taille; j'ai oncle qui est chef de village et un cousin qui lui est chef de quartier à Bangui. Tout les deux ne le sont que parceque leurs pères l'étaient avant eux. Je ne parle pas d'il y a dix siècles mais de maintenant (ma dernière visite à Bangui remonte à moins de trois ans). Personnellement (je me répete), je trouve cela antidémocratique et improductif pour les raisons suivantes (je me répète encore!); Devenir chef n'est pas inscrit dans les gènes (malgré ceque prétendait un "kotazo" nul il y a quelques années). On l'aurait su depuis longtemps autrement et alors, les nazis auraient eu raison. Secondairement, et c'est là ma principale interrogation, cela brouille le rapport du citoyen avec le pouvoir politique sensé le servir. C'est humainement absurde (pour une fois, je suis d'accord avec toi Joel) de vivre au quotidien avec une autorité pas choisie, d'en choisir une autre objectivement et lui demandé des comptes sur sa gestion (à un chef, on ne demande pas de compte!). Le pouvoir est perçu comme un domaine reservé à une élite de "sang royal" et de ce fait déresponsabilise l'individu de son rôle et surtout de ses droits et devoirs de citoyen. Créant ainsi des regiments d'individus passifs comme on en trouve tant chez nous. Chacun attendant le jour ou le "roi" issu de sa tribu ou de son ethnie prendra le pouvoir pour aller sortir le fameux "je suis ton frère!" dans l'espoir d'avoir accès au mangeoire en remettant dans sa poche tout les principes (s'il en avait) qu'il défendait quand c'était les "autres" qui mangeaient. Pour ceux qui parlent des modèles idylliquessensés exister avant que le blanc vienne nous couillonner, il y a au moins une chose qu'ils ne peuvent refuter; ces modèles ont laissé l'Afrique hors de la course de l'histoire rendant possible toutes les catastrophes passées et présentes (esclavage, retard économique et technique, colonialisme, etc .). Moi qui ai déja vécu dans un village, je peux affirmer (sans intermédiaire) qu'il y a de bonnes choses à y tirer (surtout la solidarité exigeante; on t'aide si tu aides les autres. il n'existe pas de "parasite social") qui sont dévoyées à Bangui . Il y a aussi de moins bonnes (le droit de la femme). Je n'y ai pas vu ce monde idéal qu'on sévertue à décrire. Pour finir, quelques evidences difficillement escamotables; primo il n'y a pas un modèle de chefferie mais plusieurs. Lequel choisir et sur quels critères? Secondo, ces modèles fonctionnent dans des environnements n'ayant absolument rien à voir avec un pays entier et, par consequent, sont non transposables en l'état (l'Ouganda a des ministres des affaires étrangères, des banques, des universities,...). Tersio, une tradition n'est pas un fait naturel mais le résultat de facteurs sociohistoriques. Or, ceux-ci, de par leur nature, sont dynamiques. S'y accrocher sans les réevaluer en permanence est signe de sclérose programmé. Enfin, à de quelques rares exceptions près, tout les "intellogozos" et autres "kotazos" qu'on accuse de tous les maux viennent tous de ce système de chefferie. Ce qui voudrait dire, au moins, que ce système prépare des élites corrompus et inefficaces ne sachant pas tirer profit des compétences acquises à l'extérieur au bénéfice de leur pays. Mon propos n'est pas obligatoirement de supprimer le sytème des chefferies mais d'en modifier les modalités de désignation des chefs. Il nous faut donc faire un choix de société pour nous rendre plus efficace dans le monde actuel sans nous renier. On a tous à y gagner. Ayons le courage, s'il le faut, d'amener des corrections, faire des suppressions, d'intégrer de nouveaux concepts. Bref, avancons avec le temps sans aucun complexe de supériorité ou d'inferiorité. On est comme les autres, peut être pas plus futé, mais surement pas moins. Voila le débat. Essayons de le conduire ensemble sans passion. Merci d'avance et de votre patience Innocent Yamodo |
Regards et points de vue des partis politiques et mouvements centrafricains | Actualité Centrafrique - Dossier 10