Frontière tchado-centrafricaine, le piège: inquiétudes, escarmouches et désinformations
BANGUI, 25 août (AFP) - 22h09 - Des accusés figurant parmi les 615 militaires centrafricains jugés vendredi par contumace à Bangui lors du procès des présumés putschistes du 28 mai 2001, attendent avec inquiétude le verdict attendu pour lundi, selon des témoignages recueillis dimanche par l'AFP à Bangui.
Ces militaires, souvent rentrés d'exil clandestinement et qui ne se sont pas présentés devant la justice, font partie du groupe de militaires qualifiés vendredi de "déserteurs".
Le procureur général de la Cour criminelle de Bangui, Joseph Bindoumi, a requis contre ces derniers des peines de "10 ans de travaux forcés".
Après avoir suivi l'audience de vendredi, retransmise par la radio nationale, nombre de ces "déserteurs" ont exprimé des craintes auprès de banguissois interrogés par l'AFP, Plusieurs militaires, sur les 250 à 300 qui sont rentrés à Bangui, auraient déjà repris le chemin de l'exil, selon les mêmes sources.
"Mon voisin, un caporal cité parmi les déserteurs, est parti de chez lui vendredi en début d'après-midi muni d'un sac de voyage, et sa famille n'a pas voulu donner de précisions sur sa destination", a déclaré à l'AFP un habitant d'un quartier sud de la capitale.
L'essentiel des membres de l'ethnie Yakoma, à laquelle appartient l'ancien chef de l'Etat, le général André Kolingba, accusé d'être l'instigateur de la tentative de putsch, vit dans les quartiers sud de la capitale.
Le procureur général a requis "la peine de mort" contre une vingtaine d'officiers et sous-officiers, dont le général Kolingba.
N'DJAMENA, 25 août (AFP) - 21h41 - Le ministre gabonais des Affaires étrangères, Jean Ping, a affirmé dimanche que la mission des experts envoyée vendredi à la frontière entre le Tchad et la République centrafricaine (RCA) n'avait pas vu de troupes étrangères dans ces deux pays.
"Nous n'avons pas vu de troupes étrangères au Tchad, ni en République centrafricaine (RCA)", a-t-il dit.
"Nous avons rencontré cependant des éléments qui se réclament du général (François) Bozizé", l'ancien chef d'état-major des Forces armées centrafricaines (FACA), en fuite au Tchad depuis décembre 2001, a précisé le ministre gabonais, interrogé par la radio nationale tchadienne.
La mission conduite par Jean Ping, décidée lors du sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) du 14 août dernier à Brazzaville, s'est rendue vendredi depuis Bangui à la frontière entre les deux pays.
Elle a visitée les villes centrafricaines de Kabo et Moyenne-Sido, avant de traverser la frontière et de gagner Sahr (sud du Tchad), puis N'Djamena samedi.
"Ce que nous avons vu montre que la tension à la frontière était sérieuse. Cependant, nous avons constaté de part et d'autre la volonté de faire baisser la tension qui existait à la suite des accrochages des 6 et 10 août derniers", a souligné M. Ping à l'issue d'une audience accordée dimanche par le président tchadien Idriss Deby à la mission de la CEMAC.
"Nous avons constaté que ces accrochages (...) étaient le fait des éléments qui ne sont pas ce que l'on croyait", a-t-il ajouté sans plus de précisions.
Un rapport de la mission va être remis aux chefs d'Etat de la CEMAC, a encore indiqué le ministre gabonais, précisant que son objectif "n'est pas de déterminer la responsabilité, ni de désigner qui est coupable et qui est victime".
Depuis la fuite du général Bozizé, soupçonné d'avoir fomenté un coup d'Etat, les relations entre le Tchad et la RCA se sont tendues. Ces tensions se sont aggravées quand les deux pays se sont accusés mutuellement d'être responsables d'un accrochage frontalier, survenu le 6 août, qui aurait fait 22 morts, dont deux soldats tchadiens.
Cet accrochage a été suivi le 10 août par une attaque contre Kabo (à 60 km de la frontière) lancée, selon Bangui, par l'armée tchadienne, mais revendiquée par le général Bozizé.
BANGUI, 25 août (AFP) - 18h52 - Des éléments de l'armée tchadienne, "lourdement armés", occupent toujours le nord de la République centrafricaine (RCA) et ont empêché vendredi une délégation d'officiels de ce pays d'atteindre la frontière avec le Tchad, a affirmé dimanche la présidence à Bangui.
La délégation centrafricaine, qui devait accompagner jusqu'à Sahr (sud du Tchad) la mission des experts de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) chargés d'examiner le différend frontalier entre la RCA et le Tchad, "n'a pas abouti", a précisé le porte-parole de la présidence à Bangui, Prosper Ndouba.
"L'armée tchadienne, lourdement armée et installée sur le territoire centrafricain, a marqué un refus catégorique face à la poursuite de la mission des officiels centrafricains jusqu'en territoire tchadien", a poursuivi M.Ndouba.
"La partie centrafricaine (composée de quelques membres du gouvernement et députés) a rebroussé chemin; seule la mission (de la CEMAC) a continué jusqu'à Sahr", a-t-il ajouté.
Un correspondant de l'AFP, qui se trouvait aux côtés d'une délégation tchadienne ayant accueilli les experts de la CEMAC à la frontière, a constaté que cette dernière est arrivée sous escorte d'éléments armés présentés comme des "partisans" du général rebelle François Bozizé, l'ancien chef d'état-major des forces armées centrafricaines (FACA), réfugié depuis décembre 2001 au Tchad après avoir été accusé par Bangui d'avoir fomenté un coup d'Etat.
Le porte-parole de la présidence centrafricaine a par ailleurs indiqué que le président Ange-Félix Patassé avait reçu les experts de la CEMAC à leur arrivée jeudi dans la capitale centrafricaine. Il n'a toutefois pas révélé le contenu de cet entretien.
La mission des experts, décidée lors d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la CEMAC le 14 août dernier, devait examiner sur le terrain un différend entre le Tchad et la RCA, après que les deux pays se soient mutuellement accusés d'être responsables d'un accrochage meurtrier qui a eu lieu le 6 août à leur frontière.
La mission de vérification de la CEMAC a constaté l'occupation d'une partie du territoire centrafricain
Centrafrique-Presse, 25/08/2002 -
La mission de vérification de la CEMAC, du Mali, de l'Union Africaine et du BONUCA n'a pu
être accompagnée par les autorités centrafricaines jusqu'à Moyenne Sido( Frontière
avec le Tchad).
En effet, après Kabo et la localité de Mbo, une dizaine de km avant la frontière avec
le Tchad, la délégation centrafricaine composée du ministre de l'intérieur, des
ministres délégués à la défense nationale et aux Affaires Etrangères, celui de la
santé, du Général Joseph Gombadi, des députés de l'ouham etc... a été encerclée et
empêchée d'aller jusqu'à Moyenne Sido par des soldats enturbannés de l'armée
tchadienne le vendredi 23 août 2002.
Malgré l'intervention de l'ambassadeur du
Tchad en RCA qui faisait partie du convoi et celle du Général Lamine Cissé du BONUCA,
la délégation centrafricaine a dû rebrousser chemin devant le refus catégorique et les
menaces des soldats tchadiens lourdement armés qui occupent cette portion du territoire
centrafricain.
La délégation de la CEMAC et des observateurs internationaux a dû se résigner à
continuer seuls jusqu'à Moyenne Sido. En attendant la publication du rapport de la
mission de vérification,la preuve est ainsi établie que l'armée tchadienne occupe bel
et bien le territoire centrafricain, le constat indiscutable a été fait par la mission
internationale de vérification conduite par le Ministre d'Etat gabonais Jean Ping et sa
suite.
Il faut signaler en outre qu'à Kabo, la commission a entendu un certain nombre de
témoins des exactions de l'armée tchadienne lors des attaques des 5, 6 et 10 août
derniers tels que l'imam et le maire de Kabo (ce dernier qui avait fui pour avoir la vie
sauve,l'ancien maire de la ville ayant été égorgé par les tchadiens) ainsi que M.
Martin Koumta-Madji alias Miskine.
Auteur : La Rédaction
Source : Rédaction Centrafrique-Presse