Le ministre d'Etat chargé des finances, Eric Sorongopé Zoumandji dit "Soros", en détention mais conserve ses attributions officielles.
Soros est-il tombé dans un piège ? Paye-t-il le prix d'une opération manquée ? Ce qui semble étonnant est la décision prise par le président de la République autorisant l'intéressé à se rendre à la convocation de la police judiciaire, et ces magistrats qui craignent le "trouble politique". La position du personnage dans la hiérarchie en dit long - Eric Sorongopé est Comptable de profession. Agent comptable de RDC, il se rallia au MLPC peu de temps avant le retour de Patassé pour les présidentielles de 1993; ce fut aussi le financier des campagnes de l'actuel Chef d'Etat, en même temps son conseiller, le député de Damara, le président du groupe parlementaire MLPC, enfin nommé Ministre d'Etat chargé des Finances - Eric Sorongopé en détention et pour combien de temps ne tardera pas à s'exprimer publiquement sur toutes les questions concernant les affaires politico-financières. Ses nombreux partenaires et associés impliqués ne tarderont pas à rendre compte à la Nation.
AFP, Bangui, 1O juillet 2002 - 15h54 - Le ministre d'Etat centrafricain aux Finances et au Budget, Eric Sorongopé Zoumandji, placé en garde à vue depuis lundi soir dans le cadre d'une affaire de corruption, a été de nouveau entendu mercredi par la police judiciaire de Bangui, a constaté le correspondant de l'AFP.
Cette audition, qui se poursuivait toujours en milieu de journée mercredi, s'est déroulée dans le cabinet du ministre de la Justice, lieu habituellement utilisé par la police judiciaire pour entendre les membres du gouvernement toujours en poste.
La première audition du ministre, à l'issue de laquelle M. Sorongopé avait été placé en garde à vue, s'était tenu au même endroit.
Accusé de "corruption" et de "complicité de détournement de deniers publics", le ministre d'Etat est arrivé depuis son lieu de détention à bord de sa voiture personnelle, conduite par son chauffeur, a constaté l'AFP.
M. Sorongopé, affichant une mine grave, a été conduit dans le cabinet du ministre de la Justice, où il a été rejoint par des officiers de police judiciaire dépendant du Service des Affaires économiques.
"On peut dire que le ministre d'Etat est en état d'arrestation, mais ce qui sème encore la confusion, c'est qu'il n'a pas été ni relevé de ses fonctions, ni démis du gouvernement", commentait mercredi un magistrat ayant requis l'anonymat.
"Je ne mettrai pas long en détention, sinon cela aura de graves conséquences politiques", aurait lancé après sa mise en garde à vue M. Sorongopé, dont les propos ont été rapportés par une source judiciaire.
Membre influent du parti au pouvoir, député et conseiller économique du président centrafricain Ange-Félix Patassé de 1993 à 2001, le ministre d'Etat serait mêlé à "des détournements massifs au niveau des Impôts, du Trésor public et de l'Education nationale", avait indiqué mardi un officier de police.
Cette affaire, concernant des marchés publics jamais réalisés, a déjà entraîné l'arrestation d'une vingtaine de fonctionnaires centrafricains.
AFP, Bangui, 11 juillet 2002 - 21h01 - Le vaste scandale politico-financier qui secoue la Centrafrique et qui a abouti à la mise en garde à vue du ministre d'Etat aux Finances et au Budget, Eric Sorongopé Zoumandji, relève de la fabrication de faux titres du Trésor, a révélé jeudi à l'AFP une source policière.
"La pratique, selon cette source ayant requis l'anonymat, consistait à émettre des titres du Trésor fictifs", fabriqués par un réseau de haut fonctionnaires pour permettre la sortie frauduleuse de fonds des caisses de l'Etat centrafricain.
"Au mois de décembre 2OO1, au moins une centaine de ces faux titres ont été fabriqués et émis pour un montant total de plus de 5OO millions de francs CFA (760.000 euros), a indiqué la même source
A cette pratique, s'est ajouté "le recyclage des titres", consistant à utiliser plusieurs fois un même titre, au profit de différents individus ou entreprises", a poursuivi cette source proche de l'enquête.
"A ce jour, a précisé la source, le préjudice subi par l'Etat centrafricain a déjà atteint plus de 2 milliards de FCFA (3 M EUR), rien que pour la fabrication des titres fictifs".
Une entreprise centrafricaine, ayant des liens avec M. Sorongopé, aurait reçu à elle seule 700 M FCFA (1.07 M EUR).
"Les vrais titres du Trésor, destinés notamment à payer les salaires, les pensions et les bourses, n'étaient pas privilégiés", souligne cette source qui affirme que des "tensions" entre le ministre d'Etat aux Finances et son ministre délégué seraient à l'origine de l'ouverture de l'enquête actuelle.
Toutes ces malversations ont été rendues possibles grâce à un réseau de fonctionnaires au sein des administrations du Trésor public, de l'Office national d'informatique, chargé notamment du traitement des titres de l'Etat, et du ministère de l'Education nationale.
Une vingtaine de fonctionnaires de ces départements avaient déjà été arrêtés avant le placement en garde à vue, lundi, du ministre d'Etat aux Finances et au Budget, accusé de "corruption" et de "détournement de deniers publics".
Ce scandale intervient alors que le pays est au bord de la banqueroute et que plusieurs catégories de fonctionnaires s'étaient mis en grève ces dernières semaines pour réclamer le paiement d'arriérés de salaires.