55 ans, marié, père de six enfants, le Président du Parti
de l’Unité Nationale (PUN) est un homme peu ordinaire dans le paysage politique
centrafricain, ne serait-ce que parce qu’il est aussi connu pour d’autres
raisons que la politique. On peut même dire qu’à l’extérieur de notre pays, il
est plus connu comme écrivain, plus précisément essayiste, que comme homme
politique. L’Afrique sans la France, paru en 2002 chez le grand
éditeur parisien Albin Michel, l’a fait connaître dans toute l’Afrique
francophone ainsi qu’en France, et bien au-delà. Le même éditeur a publié en
2003 L’Afrique face à l’islam, qui a valu à son auteur le prix
Lucien de Reinach décerné en 2003 par l’Académie des Sciences morales et
politiques, une des académies de l’Institut de France.
Ce professeur de philosophie, ancien doyen de la Faculté
des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Bangui (1982-1985), ancien
ministre de l’éducation nationale (1985-1987), a été pendant seize mois (12
février 1987- 5 juillet 1988) le tout premier secrétaire exécutif du
Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), le parti unique créé par le
Général André Kolingba. « Je ne rougis pas de ce passé, tient-il à préciser.
C’est grâce à mes tournées dans le cadre du RDC que j’ai vraiment appris à
connaître le pays ».
Jean-Paul NGOUPANDE a poursuivi sa carrière comme
ambassadeur en Côte d’Ivoire pendant cinq ans, auprès de Félix Houphouët-Boigny
(octobre 1989-7 décembre 1993) puis de Henri Konan BEDIE (de décembre 1993 au 1er
juillet 1994). « Le « Vieux », dit Jean-Paul NGOUPANDE, a beaucoup marqué ma
vision du développement africain ».
C’est d’Abidjan qu’il est parti pour représenter notre
pays auprès de la France, du 2 juillet 1994 au 6 juin 1996. Suite aux mutineries
d’avril et mai 1996 et à la signature du Protocole d’Accord Politique (PAP) du 5
juin 1996, il est nommé Premier ministre du Gouvernement d’Union Nationale
(GUN), fonction qu’il exerce du 6 juin 1996 au 30 janvier 1997. De cette période
très difficile qu’il a vécue, Jean-Paul NGOUPANDE dit avoir retenu une leçon
essentielle : l’unité du pays est une condition vitale pour son développement. «
Tout le sens actuel de mon engagement politique découle delà », ajoute-t-il.
Le 13 décembre 1998, il est élu député de DEKOA, sa
sous-préfecture natale, dans la Kémo, après une campagne particulièrement âpre
contre le MLPC, campagne qui a défrayé la chronique à cette époque.
A tous ceux qui s’étonnent de ses relations actuellement
plutôt cordiales avec le parti d’Ange-Félix PATASSE, il répond invariablement :
« Il faut tourner la page et regarder l’avenir. Le pays a besoin de se
rassembler et de se réconcilier sincèrement pour avoir une chance de sortir
durablement de la crise ».
Jean-Paul NGOUPANDE qui, depuis sa démission du Cabinet
présidentiel, consacre désormais l’essentiel de son temps à la direction de son
parti, le PUN, a reçu l’équipe de Temps Nouveaux à son domicile
du quartier FOUH, dans le IVe arrondissement.
Entretien à cœur ouvert avec l’essayiste et homme
politique centrafricain.
TEMPS NOUVEAUX.- Jean-Paul NGOUPANDE, bonjour !
Avant de nous adresser à l’homme politique que vous êtes,
nous aimerions savoir où en est l’écrivain. Depuis L’Afrique face à l’islam,
cela fait plus d’un an que vous n’avez pas publié un
nouveau livre. Est-ce la fin de votre carrière d’essayiste ?
JEAN-PAUL NGOUPANDE.- Bien sûr que non ! ! ! S’il y a une activité qui
m’apporte beaucoup de satisfaction morale, c’est l’écriture. Quand j’écris, j’ai
le net sentiment de faire œuvre utile. Réfléchir aux problèmes de notre
continent, à ses blocages, aux voies pour une sortie durable de la crise
africaine, c’est, d’une certaine façon, contribuer à la préparation de l’avenir.
Vous savez, dans les multiples messages que je reçois de mes lecteurs, qui sont
pour beaucoup des jeunes africains de divers pays du continent, un grand nombre
d’entre eux, comme vous, craignent que je ne renonce définitivement à l’écriture
pour me consacrer à la politique. Je les rassure en leur disant que je fais de
la politique par devoir alors que j’écris par goût.
D’ailleurs, je n’ai pas arrêté mon activité d’écrivain.
J’ai un peu moins de temps pour le moment, c’est tout. Mais je continue de
produire des articles pour de grandes revues internationales. Les Presses
Universitaires de France ont récemment publié les Actes d’un colloque sur les
enjeux éducatifs dans les pays en développement, organisé conjointement par
l’Académie des Sciences et l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Ma
contribution figure en bonne place. J’ai également donné un petit coup de pouce
à Judith Rueff, journaliste au quotidien parisien Libération,
pour la réalisation de son livre sur la Côte d’Ivoire, et elle a bien voulu m’en
remercier.
Je travaille actuellement (quand j’en ai le temps, bien
sûr !) sur deux projets dont un avec un nouvel éditeur.
T.N. Comment parvenez-vous à concilier l’activité
d’écrivain et vos responsabilités politiques ?
JPN. C’est une question d’organisation et de travail. Il est
vrai que l’activité politique me prend actuellement une grande part de mon
temps. Mais il est toujours possible de dégager ne
serait-ce qu’une heure le soir pour continuer d’écrire afin de ne pas perdre la
main. Ce qui me manque surtout, c’est le temps de lire. Je profite des voyages
(avion ou train) pour me rattraper quelquefois, mais c’est loin d’être
suffisant. En d’autres temps, quand le pays était relativement sécurisé, avec
des routes pas trop abîmées, j’aurais pu me retirer en province pendant les
week-ends pour travailler. Ce n’est évidemment pas le cas maintenant…
TN. Certains pensent que les intellectuels africains sont à l’origine des
échecs du continent. En RCA, ils sont fréquemment indexés par les plus hautes
autorités de l’Etat. Qu’en pensez-vous ?
JPN. C’est un
peu court comme explication pour comprendre l’impasse actuelle de notre
continent. Pendant que nous y sommes, pourquoi ne pas leur imputer la
responsabilité de la Traite négrière ou encore celle de la colonisation ? Les
intellectuels sont, en règle générale, à l’image de la société qui les produit.
Ce que je dis là est tellement vrai que lorsque vous mettez les mêmes
intellectuels et cadres africains dans un environnement différent, ils explosent
de compétence, de rigueur et d’efficacité. Des pays développés comme les
Etats-Unis ou le Canada les recherchent de plus en plus, y compris dans des
secteurs pointus où ils brillent de mille feux.
Les intellectuels, comme d’autres composantes de la
société africaine contemporaine, sont le produit d’un environnement qui
n’encourage ni la compétence, ni l’excellence, ni la récompense du mérite, mais
nourrit au contraire la médiocrité, l’opportunisme, et la promotion sur la base
de l’appartenance ethnique, régionale ou partisane. Quand, dans une société,
l’ambition se limite aux petites manœuvres pour la survie au quotidien, il ne
peut y avoir ni de grand dessein, ni d’avenir digne de ce nom. On ne peut voir
l’avenir qu’en tout petit.
Certes, les intellectuels ne sont pas indemnes de
reproches, mais que devons-nous faire ? Cesser d’en former, ou au contraire
créer un environnement dans lequel ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes,
par le travail, la compétence et l’honnêteté ?
Quant aux intellectuels africains en politique, on a
tendance à exagérer leur rôle, sans doute pour camoufler la responsabilité
d’autres catégories sociales. Les impératifs de la guerre froide ont fait que la
gouvernance africaine a été marquée par une forte présence des militaires au
plus haut niveau de nos Etats à partir de la fin des années 60, et cela jusqu’à
l’ouverture démocratique du début des années 90.
De toutes façons, il y a intellectuels et intellectuels,
comme il y a militaires et militaires. Pour la première catégorie, il y a eu des
intellectuels dont nous n’avons pas à rougir – Senghor, Houphouët-Boigny,
Mandela , Konaré et tant d’autres –comme il y a eu des militaires nationalistes,
rigoureux et bons gestionnaires – Sankara, Rawlings –dont le bilan est loin
d’être négatif.
Parlons plutôt de responsabilité collective à assumer.
Sortons de ces petits arguments sans relief, qui sentent de loin des
préoccupations politiciennes et électoralistes de piètre dimension.
Il ne faut surtout pas que nos intellectuels aient honte
d’avoir fait de bonnes études, d’avoir obtenu des diplômes par leur valeur
intrinsèque et leur travail, et de contribuer à la production de la pensée. Il
faut au contraire qu’ils pensent à se perfectionner toujours davantage.
L’obscurantisme et la chétivité intellectuelle ne sauraient être érigés en
modèles. Partout dans le monde, il ne viendrait à l’idée de personne de se
passer des intellectuels, ceux qui sont bien formés, compétents et honnêtes.
T.N. Vous avez été un des principaux acteurs du changement du 15 mars 2003,
qui a conduit à la mise en place du régime dit de Transition consensuelle.
Quinze mois après, quel bilan dressez-vous de cette Transition ? Le consensus
n’est-il pas un marché de dupes ?
JPN. Très honnêtement, j’admets que
le scénario qui a cours depuis quelques mois, très précisément depuis la fin du
Dialogue National, n’est pas exactement celui pour lequel j’ai accepté de
m’engager en 2002 et d’engager mon parti, le PUN. Certains de ceux qui paradent
ces jours-ci dans la mouvance du Général BOZIZE et qui en animent l’aile dure en
concoctant des petits et vilains coups, ne pouvaient prendre aucune initiative
sans mon aval. Il fallait que je m’exprime dans les médias pour crédibiliser
telle ou telle initiative… Verba volent, scripta
manent : les paroles s’envolent, les écrits demeurent. Beaucoup de choses
ont été écrites par moi, et l’histoire s’appuiera sur l’écrit, et non sur les
ragots a posteriori.
C’est vrai : par moments, j’ai le net sentiment que le consensus a été considéré
par ses bénéficiaires actuels comme un chèque en blanc. Pour eux, le consensus
veut dire : « Rangez-vous derrière moi, silence dans les rangs, et qu’aucune
tête ne dépasse !». D’une certaine façon, il faut avoir l’honnêteté de
reconnaître que nous, qui avons activement soutenu la rébellion, avons un peu
péché par naïveté. Je n’hésite pas à dire que nous avons un peu fait dans
l’informel, là où il aurait fallu des engagements forts et bien ficelés.
Mon soutien à la rébellion n’avait pas d’autre but que de
contribuer à la refondation de la démocratie centrafricaine, par une politique
sincère de réconciliation nationale et donc le rejet du tribalisme et du
clanisme ; par la forte volonté politique de restructurer nos forces de défense
et de sécurité et mettre fin à l’existence de milices politico-tribales en leur
sein, afin qu’elles redeviennent le creuset de l’unité nationale ; par un effort
accru de gestion transparente pour soulager le peuple centrafricain de l’extrême
misère ; enfin, par des élections équitables pour rétablir des institutions
démocratiques crédibles, résolument décidées à s’engager sans équivoque sur la
voie de la consolidation des libertés et de la démocratie.
A l’évidence, ce n’est pas sur ce chemin que nous sommes
engagés, quinze mois après le changement du 15 mars 2003. Le consensus est
devenu un mot creux. Nous faisons preuve de patience, par amour du pays, pour ne
pas céder aux multiples provocations, et éviter de ruiner le peu qui reste de ce
consensus, ce qui serait désastreux pour notre nation.
T.N. Quelle appréciation portez-vous sur la marche de soutien à la
candidature du Général BOZIZE organisée samedi dernier dans la capitale ?
JPN. J’éprouve
d’abord le sentiment d’un énorme gâchis, quand je compare l’extraordinaire
mobilisation du peuple centrafricain le 28 mars 2003, et la pitoyable mise en
scène du 19 juin 2004. En 2003, plus de cent mille
Banguissois étaient spontanément descendus dans la rue pour saluer l’espoir, et
soutenir le projet de renouveau national, sans qu’on ait eu besoin de les payer
ou de mobiliser les médias d’Etat et des éléments des forces armées pour les
embrigader. En 2004, le scénario est totalement différent : à peine 5000
manifestants, dont un grand nombre de mineurs, d’éléments des forces armées en
civil et des badauds à qui on a promis des billets de CFA.
Et, pour couronner le tout, la réaction unanimement
hostile de toutes les forces démocratiques qui avaient soutenu le changement du
15 mars 2003. En d’autres termes, la manifestation du 28 mars 2003 fut celle de
l’unité, du rassemblement et de la réconciliation nationale, tandis que celle du
19 juin 2004 a été celle du tribalisme et de la division.
Etait-ce vraiment nécessaire, par simple envie de
démontrer la popularité du Chef de l’Etat face à la mise
en garde de l’Union Africaine, de prendre un tel risque avec l’unité et la
cohésion nationale ?
T.N. Quel est vraiment votre point de vue à vous, Jean-Paul NGOUPANDE, sur
la candidature du Général BOZIZE dont on parle tant ?
JPN. J’ai dit
et répété maintes fois, que c’est d’abord son problème,
pas le mien. Moi, je n’ai jamais promis que je ne serai pas candidat à
l’élection présidentielle au terme de la Transition consensuelle. Lui, il l’a
fait, le 25 avril 2003 à Libreville, et en d’autres circonstances que je
connais, et pour cause !
C’est donc un problème entre lui et sa
conscience. Moi, j’ai une conception essentiellement morale de la politique,
mais j’admets volontiers que la politique, surtout en Afrique, est, hélas, le
haut lieu des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. C’est même la
raison pour laquelle il y a aujourd’hui un tel divorce entre les populations
africaines et les hommes politiques, considérés par elles comme des gens qui ne
tiennent pas leur parole. La politique est considérée par nos concitoyens comme
le terrain par excellence de la roublardise et de l’immoralité. C’est bien
dommage, car la politique comprise comme un engagement fort au service d’idéaux
de progrès est plutôt une activité noble à mes yeux.
Pour le reste, ce qui pose problème, c’est surtout la
conception que les partisans du Général BOZIZE ont des élections. Dans une
démarche démocratique, on va au scrutin avec l’idée d’accepter un éventuel
échec, comme l’a si justement souligné le FPP dans sa déclaration du 19 juin
2004, en faisant allusion au cas du Général Kolingba, qui avait sportivement
accepté la victoire d’Ange-Félix PATASSE en 1993.
Ces jours-ci , on a même entendu à la télévision le
principal animateur de la campagne du Général BOZIZE proférer une menace à peine
voilée de coup d’Etat si jamais ce dernier n’est pas élu. Pourquoi ne pas
annoncer tout simplement la suppression des élections ? Cela serait plus simple
et coûterait sans doute moins cher au pays et à la communauté internationale,
financièrement parlant. Il ne resterait alors au peuple centrafricain que la
prolongation et l’amplification de son calvaire…
T.N. Quel regard portez-vous sur la préparation des
élections ?
JPN. La
volonté d’organiser des élections transparentes n’est pas évidente, et c’est le
moins que l’on puisse dire. Les questions majeures, qui
commandent l’organisation d’élections crédibles, demeurent pendantes : adoption
de tous les textes (constitution, code électoral, loi sur les partis), découpage
électoral équitable, listes électorales fiables. La manière peu consensuelle
dont le problème de la CEMI a été traité n’augure rien de bon quant aux
décisions qui seront arrêtées in fine par le gouvernement.
Par-dessus tout, l’insécurité, qui persiste et tend à se généraliser en
province, constitue le plus grand obstacle à l’organisation d’élections
transparentes, et fait le bonheur de ceux qui voudraient en tirer prétexte pour
justifier le report des échéances électorales.
Pire : certains misent sur la force, sur les
intimidations. Ces jours-ci, il n’est question que de menaces de mort, de
projets d’assassinats « ciblés » (sic). Je crois qu’il faut prendre ces menaces
très au sérieux, surtout à cause des risques majeurs que de tels comportements
feraient courir au pays.
La République centrafricaine n’a pas besoin d’un nouveau
plongeon. Les Centrafricains n’aspirent qu’à la paix
et au mieux-être. Ils veulent se rassembler, tourner la page et reconstruire
leur pays dans l’unité et la liberté. Ceux qui se trompent de pays et d’époque
feraient mieux de réfléchir à deux fois avant d’aller plus loin dans ce qu’ils
projettent de faire.
T.N. Face à toutes ces craintes que vous exprimez, quelle devrait être la
bonne stratégie pour l’opposition ?
JPN.
Paradoxalement, l’agitation fébrile des partisans du Général BOZIZE a provoqué
une réaction inespérée. C’est la prise de conscience, en train
de monter, de la nécessité d’actions concertées. Par exemple, la fameuse marche
du 19 juin a en quelque sorte ressoudé les forces démocratiques. Du RDC au MLPC
en passant par pratiquement tous les autres partis
politiques, la réaction a été la même.
Je crois que tout le monde est en train de prendre
conscience des risques que court la nation centrafricaine, et c’est tant mieux.
Des discussions que nous avons ces jours-ci, il apparaît clairement que chacun
s’efforce de mettre les intérêts du pays au-dessus de toute autre considération.
Il ne faut pas désespérer des Centrafricains. Dans les
moments critiques, ils sont capables de sursaut surprenant.
T.N. Jean-Paul NGOUPANDE, merci !
(Propos recueillis par Michel ALKHALI et Christian Noël
PANICKA) [diffusion sur sangonet, 24 juin 2004]
Bibliographie :
-
Racines historiques et culturelles de la crise africaine, AD Editions (Abidjan) et Editions du Pharaon (Cotonou),
1994, 67 pages.
-
Chronique de la crise centrafricaine, 1996-1997, L’Harmattan, Paris, 1997, 197 pages.
-
L’Afrique sans la France, Albin Michel, Paris, 2002, 399 pages.
-
L’Afrique face à l’islam, Albin Michel, Paris, 2003. Prix Lucien de Reinach, 299
pages.
Parmi les nombreux articles et contributions dans
divers journaux et revues, deux ont été particulièrement remarqués :
- « Afrique suicidaire », à la « une » du Monde du 18 mai 2002
- « Afrique subsaharienne : un chaos désespérant »,
à la « une » du Figaro du 11 décembre 2002
Jean-Paul NGOUPANDE contribue régulièrement à la
revue Géopolitique africaine, revue
trimestrielle bilingue publiée à Paris, New York et Ottawa.