Tension Déby-Patassé : l'armée centrafricaine prend position à la frontière tchadienne


La République Centrafricaine est en passe de devenir une poudrière en Afrique centrale. De l'implosion elle passe à l'explosion. Le risque de l'embrasement au-delà du territoire est grand. Des voix s'élèvent pour que la voie de la paix soit rapidement recherchée et trouvée tant entre centrafricains qu'avec les pays voisins.

Des dépêches qui titrent sur l'événement :
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L'armée centrafricaine se renforce à 60 km de la frontière tchadienne (AFP, N'Djamena, 21 déc. 2001 - 9h36)
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"L'armée tchadienne occupe" une partie nord de la Centrafrique (AFP, Libreville, 21 déc. 2001 - 13h14)
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Tchad et RCA s'accusent de mouvements de troupes à leur frontière (AFP, Libreville, 21 déc. 2001 - 17h12)
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Bangui pour une solution "diplomatique" dans son litige avec le Tchad (AFP, Bangui, 22 déc. 2001 - 16h44)
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Informations contradictoires sur la situation à la frontière Tchad-République centrafricaine (AP, Bangui, samedi 22 déc. 2001 21h49)
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N'Djamena dément occuper une partie du territoire centrafricain (AFP, N'Djalena, 23 déc. 2001 - 14h07)

- Crise Tchad/RCA: "Nous sommes sur la voie d'une solution négociée" (AFP, Libreville, 24 déc. 2001 - 17h42


L'armée centrafricaine se renforce à 60 km de la frontière tchadienne

AFP, N'Djamena, 21 déc. 2001 - 9h36 - L'armée centrafricaine a renforcé ses effectifs dans la localité de Kabo à l'extrême nord de la Centrafrique, à 60 kilomètres de la frontière du Tchad, a-t-on indiqué vendredi à N'Djamena de source officielle tchadienne.

"Cent cinquante hommes bien armés, équipés et bien entraînés sont arrivés en renfort; ils sont dirigés par un certain Abdoulaye Miskine de Maro, avec deux adjoints Abatcha et Sam; ces troupes sont stationnées à 60 km de la frontière tchadienne", a-t-on affirmé de même source.

"Cette forte présence militaire nous préoccupe, au moment où nous sommes en train d'oeuvrer pour la recherche de la paix par la dialogue", a indiqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement tchadien Moctar WaWa Dahaba.

Des partisans de l'ancien chef d'état major centrafricain François Bozizé, accusé de coup d'Etat par Bangui, sont dispersés depuis novembre de part et d'autre de la frontière entre les deux pays.

Le 15 décembre, l'ambassadeur du Tchad en RCA a été convoqué, à la demande du président Ange-Félix Patassé, par le ministre des affaires étrangères pour s'entendre dire que "l'armée tchadienne combat aux côtés des éléments de Bozizé", a-t-on rappelé.

Les autorités tchadiennes ont protesté jeudi contre ces accusations et ont demandé l'envoi d'observateurs sur le terrain pour constater la réalité.

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a par ailleurs annoncé jeudi soir avoir été sollicité par le Tchad pour prendre en charge un groupe d'hommes de M. Bozizé réfugiés au sud de son territoire.


"L'armée tchadienne occupe" une partie nord de la Centrafrique

AFP, Libreville, 21 déc. 2001 - 13h14 - "L'armée tchadienne occupe une partie du territoire centrafricain", à l'extrême nord de la République centrafricaine (RCA), a dénoncé vendredi une source proche de la présidence centrafricaine, jointe au téléphone par l'AFP depuis Libreville.

"Nous savons de bonne source que l'armée tchadienne occupe une partie du territoire centrafricain, autour de la commune de Moyenne-Sido", située à la frontière entre les deux pays, a déclaré cette source officielle ayant requis l'anonymat.

Les autorités centrafricaines ont saisi le Bureau des Nations unies pour la consolidation de la paix en RCA (BONUCA) à Bangui "pour qu'il envoie des éléments observer la situation là-bas et que le Conseil de sécurité de l'ONU soit saisi", a-t-on ajouté de même source.


Tchad et RCA s'accusent de mouvements de troupes à leur frontière

AFP, Libreville, 21 déc. 2001 - 17h12 - Les autorités tchadiennes et centrafricaines se sont mutuellement accusées vendredi de mouvements de troupes à leur frontière commune, exacerbant l'actuel litige entre N'Djamena et Bangui, soutenu par des soldats libyens.

"Nous savons de bonne source que l'armée tchadienne occupe une partie du territoire centrafricain, autour de la commune de Moyenne-Sido", a déclaré à l'AFP une source officielle proche de la présidence centrafricaine.

Bangui réagissait à des informations émanant dans la matinée d'une source officielle tchadienne, selon lesquelles l'armée centrafricaine avait renforcé ses effectifs à 60 km de la frontière du Tchad.

"Cette forte présence militaire nous préoccupe, au moment où nous sommes en train d'oeuvrer pour la recherche de la paix par la dialogue", avait indiqué plus tôt à l'AFP le porte-parole du gouvernement tchadien Moctar WaWa Dahaba.

Ces échanges interviennent au surlendemain d'une protestation de N'Djamena contre les accusations des "plus hautes autorités centrafricaines" auprès de l'ambassadeur du Tchad à Bangui, selon lesquelles N'Djamena soutiendrait militairement l'ex-chef d'état-major de l'armée de RCA François Bozizé.

Accusé par Bangui de coup d'Etat, ce dernier est réfugié au sud du Tchad depuis début novembre, tandis que ses partisans sont répartis de part et d'autres de la frontière, mais désarmés au Tchad, selon N'Djamena.

"Nous sommes obligés de protéger notre frontière", a indiqué la présidence centrafricaine, pour justifier l'envoi de renforts dans la région.

Selon une source militaire tchadienne ayant requis l'anonymat, il s'agirait de 300 hommes, des Tchadiens et des Centrafricains, équipés d'armes neuves et dirigés par trois Tchadiens. Ces éléments auraient été payés 100.000 francs CFA (152 euros) et "perçoivent des primes générales d'alimentation de 20.000 FCFA (30,5 euros) par jour", selon cette même source.

De source proche de la présidence centrafricaine, on réitérait vendredi les accusations faites récemment à l'ambassadeur du Tchad à Bangui.

"Nous savons que les autorités tchadiennes autorisent Bozizé à recruter des éléments tchadiens et centrafricains et qu'elle lui accordent toutes facilités de déplacement", a-t-on indiqué, soulignant que N'Djamena ne prenait "pas de dispositions pour éloigner les partisans de M. Bozizé de la frontière".

Les autorités centrafricaines ont saisi le Bureau des Nations unies pour la consolidation de la paix en RCA (BONUCA) "pour qu'il envoie des éléments observer la situation là-bas et que le Conseil de sécurité de l'ONU soit saisi", a ajouté cette source.

"Nous avons saisi la COMESSA" (Communauté des Etats Sahélo-sahariens), une organisation créée par la Libye à laquelle appartient également le Tchad, a-t-on poursuivi de même source.

Un contingent militaire libyen est présent à Bangui pour soutenir le président Ange-Félix Patassé, depuis le coup d'Etat manqué du 28 mai et a été renforcé en novembre au début de "l'affaire Bozizé", le portant à environ 200 hommes.

Cette présence suscite l'inquiétude de N'Djamena, qui entretient des relations complexes avec son voisin arabe du nord.

D'autant que selon deux journaux indépendants tchadiens, la Libye aurait abrité ces derniers jours un congrès du principal mouvement rebelle tchadien, le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad, actif dans le massif du Tibesti (extrême nord), aux confis tchado-libyens.

"La tenue de ce congrès (...) démontre que Tripoli, du moins une partie de la hiérarchie libyenne, a fait définitivement son choix: le MDJT", estimait jeudi l'hebdomadaire indépendant Le Temps.

Selon le quotidien indépendant Le Progrès, paru vendredi, "le colonel Kadhafi a ouvert ce congrès en intervenant par vidéo-conférence et il a reçu les dirigeants de la rébellion à la fin".

La réunion de Sebha aurait préconisé "force d'interposition avec la participation de la Libye" au nord du Tchad et un "régime de transition de trois ans, prélude à l'organisation d'élections libres et transparentes".

Des sources tchadiennes à N'Djamena ont confirmé l'existence de ce congrès mais n'ont pas souhaité réagir publiquement.


Bangui pour une solution "diplomatique" dans son litige avec le Tchad

AFP, Bangui, 22 déc. 2001 - 16h44 - Le gouvernement centrafricain a déclaré samedi qu'il souhaitait chercher une solution "diplomatique" au litige qui l'oppose au Tchad et qui a amené ces deux pays à s'accuser mutuellement vendredi d'avoir opéré chacun des mouvements de troupes sur leur frontière commune.

"Le gouvernement centrafricain a opté pour la recherche de solutions par voie diplomatique", a indiqué Bangui dans un communiqué diffusé sur les ondes de la radio nationale.

"C'est dans cette optique que les chefs de gouvernement tchadien et centrafricain ont conversé récemment", précise ce communiqué qui demande aux populations centrafricaines frontalières du Tchad de garder leur calme.

Le gouvernement a toutefois expliqué que "certains éléments égarés de l'armée tchadienne auraient franchi la frontière et pénétré jusqu'à 18 km (à l'intérieur de la République centrafricaine)".

"Ordre a été donné aussitôt à l'armée centrafricaine d'opérer un repli à l'intérieur de ses frontières jusqu'à 3O km, pour éviter tout risque d'accrochage", a-t-il ajouté, affirmant qu'"il n'y a pas eu d'affrontements entre les deux armées".

La République centrafricaine avait accusé vendredi l'armée tchadienne d'occuper une partie de son territoire au nord, tandis que N'Djamena affirmait de son côté que Bangui avait renforcé ses troupes à 60 km de leur frontière commune.

"Depuis quelques jours, certaines stations étrangères se complaisent à donner de fausses informations sur la situation qui prévaut entre la République centrafricaine (RCA) et le Tchad depuis l'éclatement de l'affaire Bozizé", a estimé le gouvernement sans donner le nom des radios internationales concernées.

Son communiqué, qualifié de "mise au point" par la radio nationale, précise que les troupes de l'ex-général centrafricain François Bozizé, qui s'est réfugié au Tchad en novembre avec plusieurs dizaines de soldats, "ont été désarmées par l'armée tchadienne et casernées à Sahr (sud du Tchad)".

Une source proche de la présidence centrafricaine avait pourtant réitéré vendredi les récentes déclarations de Bangui selon lesquelles N'Djamena soutenait militairement l'ancien chef d'état-major centrafricain, accusé de tentative de coup d'Etat.


Informations contradictoires sur la situation à la frontière Tchad-République centrafricaine

AP, Bangui, samedi 22 déc. 2001 - 21h49 -- Le ministre centrafricain des Affaires étrangères, Agba Otikpo, a annoncé samedi que l'armée mobilisait des troupes à la frontière nord du pays en réponse à une manoeuvre similaire de son voisin le Tchad, alors que le gouvernement affirmait qu'il s'agissait seulement de rechercher deux déserteurs de l'armée tchadienne.

Si le Tchad rassemble ses troupes à la frontières, ''il est normal'' que la République centrafricaine en fasse autant, a déclaré le ministre sur Radio France International (RFI), ajoutant que le déploiement visait ''à protéger les civils''.

Le gouvernement a confirmé dans un communiqué que des soldats supplémentaires avaient été envoyés sur la frontière nord mais en assurant que c'était pour arrêter deux déserteurs tchadiens qui pillent le secteur.

La République centrafricaine tente depuis des mois de mater la rébellion conduite par l'ancien chef de l'état-major François Bozizé, qui s'est enfui au Tchad après que le président Ange-Félix Patassé a donné l'ordre de l'arrêter, l'accusant d'être impliqué dans la tentative de coup d'Etat de mai. Il a été démis de ses fonctions en octobre dernier et le gouvernement centrafricain accuse le Tchad de soutenir le général Bozizé.


N'Djamena dément occuper une partie du territoire centrafricain

AFP, N'Djalena, 23 déc. 2001 - 14h07 - Le gouvernement tchadien a démenti dimanche la présence de troupes tchadiennes dans l'extrême nord de la République centrafricaine, comme l'en avait accusé vendredi une source proche de la présidence centrafricaine.

"Je démens catégoriquement l'occupation du territoire centrafricain par l'armée tchadienne", a déclaré à l'AFP le ministre tchadien de la Communication, Moctar WaWa Dahab.

"Il n'existe aucun soldat tchadien sur le sol centrafricain; il n'y a aucun problème entre la RCA et le Tchad, moins encore entre les peuples centrafricain et tchadien", a-t-il ajouté.

"Nous avons toujours réaffirmé notre disponibilité à aider le peuple centrafricain à résoudre son problème par le dialogue", a poursuivi le ministre tchadien.

Selon Moctar WaWa Dahab, "si aujourd'hui les autorités centrafricaines étudient une solution diplomatique, cela nous réconforte dans notre position et ne fait que confirmer ce que nous avons toujours dit, à savoir la solution négociée de la crise centrafricaine".

Le gouvernement centrafricain a déclaré samedi dans un communiqué qu'il souhaitait chercher une "solution par la voie diplomatique" à ce litige.

"Certains éléments égarés de l'armée tchadienne auraient franchi la frontière et pénétré jusqu'à 18 km à l'intérieur de la RCA", avait affirmé Bangui, ajoutant qu'ordre avait été donné à ses troupes de se replier "pour éviter tout risque d'accrochage".

Une source proche de la présidence centrafricaine avait indiqué vendredi à l'AFP que des troupes tchadiennes occupaient les alentours de la commune de Moyenne-Sido, située à la frontière entre les deux pays.

Cette source réagissait à des informations émanant de sources officielles tchadiennes selon lesquelles les troupes centrafricaines se renforçaient à environ 60 kilomètres de la frontière.

Les autorités des deux pays s'opposent sur le sort de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, réfugié au sud du Tchad depuis début novembre avec plusieurs dizaines de ses partisans.

Bangui accuse M. Bozizé de coup d'Etat et souhaite le juger tandis que N'Djamena le considère comme un réfugié politique et prône une solution négociée entre Centrafricains.


Crise Tchad/RCA: "Nous sommes sur la voie d'une solution négociée"

AFP, Libreville, 24 déc. 2001 - 17h42 - Le ministre libyen de l'Unité africaine Ali Abdel Salam Triki a déclaré lundi à l'AFP que les récentes tensions entre la République centrafricaine (RCA) et le Tchad étaient sur la voie d'une solution négociée.

"Nous sommes très liés à ces deux pays et c'est notre rôle de calmer le jeu", a expliqué M. Triki à l'issue d'une visite officielle de quelques heures dans la capitale gabonaise Libreville.

"Nous sommes sur la voie d'une solution négociée", a déclaré le ministre.

Le ministre libyen s'est entretenu avec le président Omar Bongo à qui il a remis un message du colonel Mouammar Kadhafi.

"Nous nous avons surtout discuté de la situation à Bangui", a-t-il ajouté sans plus de précisions.

M. Triki a par ailleurs assuré qu'il n'existait pas de "rivalité" entre la Libye et le Gabon sur la gestion de la crise centrafricaine.

Il a estimé que le récent sommet sur la Centrafrique de Khartoum, placé sous l'égide de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (COMESSA), une organisation fondée par la Libye, est "complémentaire" du sommet de Libreville, organisé un jour plus tard à l'initiative du président Bongo.

"J'ai longuement discuté aussi avec le président (Ange-Félix) Patassé dimanche et ce matin", a précisé M. Triki.

Cette "courte visite" officielle à Libreville intervient trois jours après que le ton soit brusquement monté entre le Tchad, voisin de la Libye, et la Centrafrique, où sont déployés quelque 200 militaires libyens chargés de la protection du président Patassé depuis la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier.

Les deux pays se sont mutuellement accusés vendredi d'avoir opéré des mouvements de troupes sur leur frontière commune avant de donner des signes d'apaisement ce week-end.

Bangui réclame l'extradition de son ancien chef d'état-major François Bozizé, réfugié depuis début novembre au Tchad, tandis que N'Djamena le considère comme un réfugié politique.

Interrogé par ailleurs sur une information de la presse tchadienne à propos de la tenue à Tripoli la semaine dernière d'un congrès du principal mouvement rebelle tchadien, M. Triki s'est contenté d'affirmer que la Libye entretenait des relations "très privilégiées avec le président (tchadien Idriss) Deby".

Actualité Centrafrique - Dossier 8