Un grand concert à Bangui pour la paix et l'unité en Centrafrique.
L'exceptionnel groupe rap Focus Masaka
Un grand concert à Bangui pour la paix et l'unité en Centrafrique
(AFP, Bangui, 5 jan 2002 - 18h53)Ce concert, à l'initiative de la société B.A. Productions de l'artiste Boubacar Adji et placé sous l'égide du ministère de la Jeunesse et des Sports, a rassemblé plusieurs dizaines d'orchestres et de groupes centrafricains.
"Nous avons voulu consolider la paix et l'unité nationale, mises à rude épreuve ces derniers temps par les événements dramatiques qu'a connu la République centrafricaine (RCA), et qui ont fait ressurgir les stigmates du tribalisme et du clanisme", a expliqué à l'AFP Boubacar Adji.
"Mon souci, c'est devoir un musicien du Sud chanter en compagnie d'un musicien du Nord, de l'Ouest ou de l'Est, afin de montrer l'exemple à la population", a-t-il ajouté.
Déjà ébranlée par trois mutineries militaires sanglantes en 1996-97, la RCA a été le théâtre en mai dernier d'une tentative de coup d'Etat imputée par Bangui à l'ancien président "sudiste" André Kolingba.
Ce putsch manqué a été suivi de l'arrestation en août du ministre de la Défense Jean-Jacques Démafouth et de la fuite au Tchad début novembre de l'ancien chef d'état-major des armées François Bozizé, membre d'une ethnie du Nord du pays.
La naissance d'un groupe de rap marque la vie culturelle en RCA : Focus Maseka
(PANA, Bangui, Centrafrique, 02 janvier 2002)
Le spectacle du 21 avril était la confirmation de tout le bien qu'on pensait de ces jeunes filles encore peu connues du public banguissois, dont la plus âgée était à peine sortie de l'adolescence, et qui s'étaient déjà fait remarquer lors du "Ngombi festival" organisé par le même Espace Linga Tere du Tchad et Kayou Band du Cameroun.
Brillante mise en scène et en musique d'actes de la vie quotidienne de la femme d'un manière générale et de la Centrafricaine en particulier, "Tu parleras" représente tantôt une jeune femme vendant et vantant des pièces d'étoffe de fabrication artisanale, tantôt une autre revenant de la source avec une jarre remplie d'eau sur la tête, une autre encore rentrant des champs avec un fagot sur la tête ou pilant du grain dans un mortier.
Comme instruments de musique pour accompagner leur représentation, les Focus Maseka avaient en tout et pour tout des pilons qui s'abattaient dans des mortiers et des calebasses qu'elles faisaient s'entrechoquer.
Dénonçant la violence faite aux femmes et appelant celles-ci à se lever pour se prendre en charge, le spectacle des Focus Maseka est l'aboutissement de quatre années de persévérance et d'un travail soutenu, qui a commencé en 1996 lorsque le département "femme et enfant" de Solidarité protestante, ONG créée au sein de l'Eglise protestante du Christ roi, a décidé de favoriser l'expression des filles par la création d'un groupe.
Sitôt dit, sitôt fait, sketches, dessins, chants sont produits, fruits d'une réflexion collective, et vulgarisés par un bulletin d'information publie par les "maseka" (jeunes filles).
Pour la mise en scène des sketches et chansons, les Focus Maseka bénéficient du concours de moniteurs mis à leur disposition par l'Espace Linga Tere, qui interviennent pour améliorer la diction, la chorégraphie, etc.
Le public du Massao ne s'y est pas trompé, qui a accordé une mention spéciale aux sept jeunes filles de Focus Maseka en leur demandant de donner une deuxième représentation de "Tu parleras".
De retour à Bangui, les "Maseka" se préparent déjà activement pour la prochaine édition du "Ngombi festival", prévue en juin prochain, et comptent entrer prochainement en studio pour l'enregistrement d'un premier album.
Dans le contexte de morosité qui tient en otage la créativité des artistes centrafricains, l'émergence d'un groupe tel que Focus Maseka constitue incontestablement un rayon de soleil susceptible d'en attirer d'autres. C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter.