Nouvelle tragédie humaine en Centrafrique

"Cher Monsieur, je vous prie de porter cette lettre à la connaissance de l'opinion internationale pour dénoncer et condamner les exactions que Patassé et ses hommes sont en train de perpétrer en Centrafrique bénéficiant du silence de conspiration des institutions internationales pour la Défense des Droits de l'Homme. Pour la Vie et le respect de la Dignité Humaine. "

C'est avec la mort dans l'âme que je vous envoie ce message, qui en fait est le cri de désespoir de tous ceux qui, en ce moment présent, sont abandonnés à leur sort après la tentative de coup d'Etat manqué en Centrafrique. L'armée de Patassé est en train de procéder à un véritable massacre de la population civile de l'ethnie Yakoma et Sango sous l'oeil indifférent du monde entier. Le régime de Patassé légitime ces crimes pour avoir été victime miraculée d'un coup manqué.

Les media internationaux semblent jouer son "jeu" en se limitant seulement à donner par internet les informations sur le terrain sans pour autant dénoncer, condamner les exactions que sa garde présidentielle et l'armée sont entrain de commettre sur une population civile sans défense. Dans les reportages des envoyés de votre quotidien Le Monde, notamment l'article de Stephen Smith du 4 Juin, on peut souligner le caractère barbare de ces atrocités. Je voudrais ici porter quelques éléments de précision permettant à l'opinion internationale de mieux comprendre les enjeux de cette barbarie. Pour ce faire, j'aimerais faire un pas en arrière.

Patassé a été un ancien serviteur de l'ex empereur dictateur Bokassa auprès du quel il reçu la notion du pouvoir. Après plusieurs péripéties il est arrivé au pouvoir en 1993. Le bilan de son premier mandat est triste: une instabilité sociale, trois mutineries, 14 mois d'arriérés de salaire, trois années scolaires et académiques blanches, en un mot le malaise social et surtout une profonde haine entre le Nord et le Sud du pays. La réponse à toutes les revendications de la population est, enrichissement de la famille Patassé et de son entourage, forte ethnitisation de la garde présidentielle et de l'armée, détournement de fonds publique, abus de pouvoir, corruption physiologique, népotisme chronique, intimidations, arrestations et exécutions sommaires sans aucune sentence judiciaire préalable (Cela ne vous dit rien? C'est pas ce que reportait la presse à l'époque de Bokassa?). Tout cela au détriment d'une population dépourvue de tout et qui figure parmi les plus pauvres de la planète.

Patassé qui est arrivé au pouvoir après avoir lui aussi été fauteurs de troubles, responsable de plusieurs conspirations et responsable d'un coup d'Etat manqué (Coup d'Etat organisé par lui et certains officiers l 'armée de son ethnie "Kaba", Mbaikoua et Bozeze...) se croit être le propriétaire de la nation centrafricaine. Lui et ses hommes ont instauré en Centrafrique un des régimes les plus sanguinaires que le pays n'ait jamais connu depuis l'indépendance. Un certain Ndjadder l'ex patron de la gendarmerie succombé dans les fusillades de la nuit de lundi 28 Mai, s'est livré durant toutes ces années à des exactions allant contre les Droits les plus élémentaires de l'Homme: arrestations, tortures et exécutions sommaires (L'assassinat du colonel Alphonse Grélombé et de son fils).

Le pays depuis l'arrivée de Patassé au pouvoir est à la dérive. La machine de l'Etat ne fonctionne plus, les fonctionnaires accusent des arriérés de salaire (14 mois ), et passent plus leur temps à faire la grève qu'à travailler (la plus récente a duré 4 mois), élèves et étudiants sont toujours à la maison alors que les enfants du cercle Patassé fréquentent les grandes écoles en France si ce ne sont pas les structures privées de Bangui. Au moment des soulèvements d'une partie de l'armée en 1996/97, les soldats français présents à Bangui étaient venus en aide à ce régime sanguinaire et ont recondui ce dictateur à la guide du pays. Voire les forces Africaines dépêchées sur le terrain pour le maintien de la paix (les soldats tchadiens, alliés de Patassé) ont participé aux tueries perpétrées par les "chiens de guerre élevés dans la cours de Patassé" (Opération baptisée en langue nationale Sango "A Koli a kpè" qui veut dire "les hommes ont fui" durante laquelle les militaires se sont donnés à une pure et simple élimination de toutes personnes du sexe masculin: personne tuée par fusillade à vue, égorgement, des morts horribles). Voilà maintenant que la Libye de Khaddafi ancien père spirituel de Bokassa devenu frère de sang de Patassé vient d'occuper le vide laisser par la France depuis son retrait de Centrafrique. Le scenario est le même: fourniture de materiel de guerre, chars blindés, hélicoptères de combat des troupes, certaines venues du coté des rebelles hors la loi de l' Ex-Zaire. Et un Porte-Parole Prosper Ndouba qui scandit le temps des assauts et des sévices.

Centrafrique est devenu le théatre où la repression est monnaie courante Le peuple centrafricain se trouve ainsi pris au piège, livré à la merci des mercenaires entraînés pour tuer, de l'armée nationale qui selon la constitution devrait oeuvrer pour sauvegarder l'interet de la nation et protéger le peuple. La population centrafricaine est sacrifiée, pris en otage au nom d'un "soit disant processus de démocratisation" qui n'a jamais existé sous ce régime dictatorial de Patassé. Le peuple centrafricain est un peuple sans avenir, un peuple trahi par le silence de conspiration du monde. On a volé le rêve de la jeunesse centrafricaine. Oh Dieu, toute chose a une fin et ainsi sera pour Patassé et ses bourreaux.

Je veux crier ici fort au nom des innocents rescapés qui cherchent encore à se mettre à l'abris de la folie des hommes de Patassé, au nom de toutes les victimes barbaremment abattues, à toutes les organisations pour la Défense de la Vie, pour la Défense des Droits de l'Homme de se mobiliser pour arrêter LE GENOICIDE DE LA POPULATION CENTRAFRICAINE.

Je vous prie Monsieur, de porter ce message à la connaissance de l'opinion internationale, de la Cour Internationale de Justice pour qu'une commission d'enquête internationale soit constituée et que la Justice soit rendue au nom de la Vie et que Patassé, Prosper Ndouba et leurs hommes soient poursuivis pour CRIMES contre l'HUMANITE. AU NOM DE MON FRERE BIEN AIME BARBAREMENT ASSASSINE CES JOURS-CI A BANGUI PAR LES hommes DE PATASSE.(1). "Beto que ton Ame repose en Paix". Avec cette lettre j'aurai signé ma condamnation à mort ainsi que celle de tous mes parents. Prière de ne pas rendre publique mon identité.

Cesare Zanasi (Vendredi, 8 Juin 2001 09:30:13)
(1) Le nom de la victime ici est Beto Dieudonné. Son corps a été retrouvé loin de son domicile, et portait des blessures de poignard, des signes de violences, de torture. J'ignore dans quelle circonstance il a été assassiné vu que je ne vis pas à Bangui.