ROMPRE AVEC LA PREVARICATION POUR PROMOUVOIR LES VALEURS DE LA REPUBLIQUE ;UNE COMPOSANTE DE LA TRANSITION :
DANGER et / ou DEFI POUR LE C.N.T.Par Gervais Douba, Enseignant en sciences de gestion, UT-IUP ( Université de Rouen)
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Par un heureux concours de circonstances, les accidents de l'histoire de notre pays ont remis entre vos mains, l'avenir et le devenir de la reconstruction des institutions et de l'identité citoyenne de et/ dans notre pays.
En parcourant les pages web du site de sangonet.com depuis le 15 mars 2003, je suis de plus en plus fier d'être fils de ce pays. Pourquoi ? Parce que, par delà les symphonies d'éloges pour les uns fayots et flagorneurs en puissance et pour d'autres des brillantissimes de l'approximation, il y a en toile de fond une attente forte qui fait de nous, des lions blessés en embuscade. Les Centrafricains de l'intérieur comme ceux de l'extérieur vous somment de faire de la transition ; un outil de transformation socio économique et politique. Notre ralliement enthousiaste et massif cache en réalité un message à toute la classe politique d'avant 15 mars, depuis le 15 mars et probablement de l'après transition- si transition il y a au sens noble et orthodoxe du mot. En réalité, sangonet.com tient à votre disposition votre feuille de route de, pour la transition et vers la transition. Et sur cette feuille de route, qui est la synthèse de toutes les réactions, de toutes les manifestations, il est marqué : mettre terme à la prévarication et faire émerger les valeurs de la république pour aller vers la naissance et l'affirmation de la démocratie.
De ces réactions diverses variées et plurielles, se cachent deux attentes fondamentales ; proposez-nous un processus d'identification et de repérage de la citoyenneté sans lecture ethnocentrique et faites éclore en nous (créer les conditions et l'atmosphère favorables à l'éclosion), l'aptitude à s'affranchir ou à passer des rigidités qui nous ont tenus très longtemps esclaves pour appartenir à la liberté et développer une vraie culture citoyenne, mettre en commun les compétences, les expériences, dans des espaces de dialogue et non de bavardage. Cela suppose de faire de notre pays, pendant ce temps de transition un laboratoire d'expérimentation de nouveau référentiel de la République ; creuset de la démocratie.
Des dangers vont jalonner les parcours de la transition ; laboratoire d'expérimentation ( première partie) mais il faut s'indigner pour arriver à une prise de risque, à relever trois paris fondamentaux qui sont : la culture de la compréhension, de la curiosité, de la rencontre incandescente, de la médiation citoyenne fondée sur la coopération conflictuelle et non la compromission et enfin du métissage (choix de la diversité, de la complémentarité dans la différence et rejet de l'universalité) ( deuxième partie)
I) Faire de la transition le laboratoire d'expérimentation de la société ouverte.
" Si vous traitez un homme comme il est, il y a de chance que rien ne change en lui. En revanche, si vous le traitez comme il devrait l'être, il y a de grande chance qu'à plus ou moins brève échéance, il devienne ce que vous souhaitiez qu'il soit et qu'il le dépasse même "
Les opinions publiées sur le site de sangonet.com - à l'exception de celles des exégètes et essayistes de la légalité de la deuxième euthanasie politique et autre félons - ont pour dénominateur commun, d'appeler à l'émergence de nouveaux socles sociaux, économiques et de nouveaux de repères politiques. Le rejet de replâtrage et autre rapiéçage est net. Or, les mœurs politiques et administratives sont incurables infestées de forfaitures et de prévarications.
Comment faire émerger une société ouverte - au sens épistémologique - en s'attaquant résolument à la racine du mal , lequel mal plonge s'engraisse dans une sève se situant tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ?
La prévarication et la forfaiture - aussi bien chez nous que dans la plupart des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, de l'Amérique latine et des ex pays communistes - résultent de la conjonction de deux facteurs : le poids des forces mafieuses et occultes s'ajoutant à l'action de la nébuleuse militaro-politique de la françafrique. Pour ces forces, l'efficacité dans l'action politique et sociale n'est pas l'accession à une représentation réciproque des valeurs de la république entre les citoyens et les différentes composantes de la classe politique, militaire et la société civile mais le fait de jeter des miettes pour être " appelé Père de la nation " Dans l'action politique, il n'y a pas une responsabilité de rendre compte, d'inventer de nouvelles médiations, de chercher les outils d'intelligibilité de la chose politique, sociale et économique. Ces forces de la connivence ont du citoyen une représentation qui s'apparente à cette fable " africaine " " du Caïman et de l'orage.
Le caïman faisant sa sieste tranquillement sur la berge d'une rivière entend gronder l'orage. Pris de peur, il se dit " Je vais me dépêcher de réintégrer la rivière de peur d'être mouillé " Elles font tout pour nous empêcher de réfléchir et d'aspirer à l'autonomie. Elles ne nous reconnaissent pas en tant qu'acteurs à part entière auxquels ils doivent fournir les moyens de comprendre les situations auxquelles ils sont confrontés et qui doivent agir sur ces situations dans la claire conscience des enjeux.
I.1 : Rendre le territoire intelligent pour contribuer à l'émergence ou au renforcement des valeurs qui fassent tarir la prévarication et la forfaiture.
Je suis désolé de pourrir la vie de mes lecteurs avec les métaphores des animaux de la rivière mais, ma maman est de Bénamkor - une riveraine de la Pendé et mes oncles ont marqué mon adolescence avec la pêche en eau douce...
A Tuléar - ( Madagascar) Il y a une embouchure. Quand j'y étais, on me racontait qu'une à deux fois par an, les riverains s'adonnent à cœur joie à la bataille entre le crocodile et le requin. Chacun de deux monstres veille à ne pas quitter son territoire ( le crocodile est un animal d'eau douce et le requin ; un animal d'eau salée. Les deux sont égaux en force) . Celui des deux qui parvient à attirer son adversaire sur son territoire remporte la victoire.
Appliquée à la situation en Centrafrique, cette anecdote ou cette métaphore est riche de sens. Les forces de la connivence sont pour nous des requins. Elles ont leur base militaire et leurs agents chez nous. C'est eux qui organisent la vie économique, qui enrichissent et appauvrissent de façon artificielle les caisses de l'Etat, inspirent les mécanismes économiques, juridiques et politiques ( nos leader politiques sont à leur solde). Le peuple plus nombreux mais démunis est comparable au crocodile. Il faut tout faire pour attirer sur notre territoire les requins par notre capacité à travailler, à nous organiser en corps de métiers, par notre comportement entrepreneurial pour la création ou le développement de très petites entreprises, des petites et moyennes entreprises, des coopératives d'artisans. Les hommes vont naturellement là où, il y a l'argent, faisons l'effort de faire en sorte que l'argent vienne vers nous, vers là où il y a des hommes. Le contraste mettra en évidence la forfaiture et la prévarication. Ce n'est pas l'œuvre d'un jour mais, profitons du concept de transition pour exiger que la mutation soit possible - non en faveur des forces de la connivence mais en notre faveur. J'en appelle à la vigilance ...
Multiplions les partenariats avec l'étranger à la recherche des expertises, faisons montre d'ingéniosité de toutes sortes - sans adhérer à cette philosophie, il est vrai que c'est l'infrastructure qui détermine la superstructure. Des expérimentations de cette nature peuvent être faites avec le concours des pays comme le Brésil, le Canada notamment le Québec dans des domaines de la gestion des municipalités,.Cela n'a rien n'a voir avec le classique jumelage- qui ne profite qu'à notre intelligenstia et notre nomenklatura Je suis persuadé que cette approche portera ses fruits. Mais, comme toute démarche de laboratoire, il y a aura des échecs, des essais et du succès à la condition de ne rien improviser et de tout modéliser. Ne dit-on pas que lorsqu'on s'est planté, on prend des racines ! Donnons nous une vision et un projet de société. Ce versant de la mondialisation et de la globalisation interdit l'amateurisme politique..
- Etre politique à l'heure de la mondialisation, ce n'est plus parce qu'on est un haut gradé de l'armée ou de la gendarmerie ou un excellent tribun syndicaliste ou que le sous-sol de son pays regorge de diamant ou de matières premières.
- Etre leader politique à l'heure de la mondialisation, ce n'est plus manier le verbe du mysticisme, des allégories obscurantistes ou passer pour celui qui est le seul à connaître le sexe des anges ou se contenter de briller dans les effets d'annonce. L'OMC et l'AGCS ( Accords généralisés sur le commerce et les services, dont la traduction actuelle mais moins traumatisante est le PAS) n'est plus le G.A.T.T. et la théorie du déséquilibre des termes de l'échange n'est plus de mise.
- Etre politique à l'heure de la mondialisation des marchés relève d'un travail d'expertise technique renforcée par un projet de société, mettant en évidence les pôles à structurer, Je suis fier des centrafricains dont les contributions réalistes - et non purement de la rhétorique de vedettariat d'amphithéâtre tels que nous avaient habitués les fieffés félons et sophistes de l'UNECA, devenus tour à tour des procureurs de la prévarication et les avocats généraux de la forfaiture - car, ces propositions, si elles sont prises au sérieux, inspireront les acteurs du CNT et participeront à une compréhension commune et partagée du monde du XXIè siècle. Faisons en sorte que le concept " transition " soit vidé de sa substance à notre profit ; au profit du plus grand nombre .
Surveillons leurs faits et gestes et protestons raisonnablement et énergiquement en les poussant jusqu'à leur dernier retranchement. Ne leur laissons plus le temps de confisquer ni d'hypothéquer notre projet de société sous prétexte qu'ils nous représentent. C'est clair qu'ils doivent démontrer en quoi ils sont nos mandataires ?
Admettons et convenons que de notre part, il n'y a pas de message du 15 mars. C'est à l'autorité issue du 15 mars de nous délivrer le contenu de son message sans texte apocryphe, sans prétendre que la marche de soutien est une sorte de traduction du syndrome de Stockolm ni de chèque en blanc qu'on leur à signer. Ce serait traiter les Centrafricains de crétins ou de nains de jardin. Il convient d'interpréter cette marche dit de soutien non comme une marche d'accueil mais plutôt comme une marche de paradoxe c'est-à-dire de résignation par rapport au nouveau régime et de vomissement du défunt régime. Le 15 mars est symptomatique d'une scoliose politique, quels traitements préconisent les inventeurs du concept transition ?
Euthanasier un régime moribond c'est bien mais, s'il faut le remplacer par un autre fondé sur la propagande, le bâillonnement et la milice - comme on le laisse transparaître à travers les attributions d'un ministère ce n'est pas sérieux. Goumba- un des co géniteur authentique de la démocratie dès les premières heures de l'indépendance - bien que nominale - de Centrafrique, et son gouvernement n'ont-ils rien d'autre de plus urgent à faire que de se signaler par la force et l'intimidation pour gouverner ! Ne se trompent-ils pas d'époque ! A la l'heure de la civilisation de la télévision par satellite, des radios libres de tout pays émettant en FM, et des journalistes sans frontière, c'est inconcevable qu'une institution républicaine trouve comme traitement d'urgence et recette, au lendemain d'un coup d'Etat, le bâillonnement politique pour les plus invulnérables et l'impunité judiciaire pour les potentiels coupables. Cette offre politique n'augure pas de bons lendemains.
I.2 : Opération " vérité et réconciliation "non pour régler des comptes
mais à des fins de prophylaxie et de thérapie.
Loin de moi l'idée d'insinuer qu'il faut copier servilement le modèle de transition de l'Afrique du Sud. Les contextes historiques et culturels sont différents, la trajectoire politique ; différente. Mais, de leur effort est né le concept économique du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement Economique de l'Afrique) et celui de l'Agenda 21.
L'Afrique du Sud a pesé et fait le poids sur la scène international bien que la composante de la population reste minée par la misère- pire qu'à Bangui et tout le pays. Que peut nous apporter l'opération " vérité et réconciliation " comme éléments d'inspiration dans l'éradication du triangle des " D " et la lutte contre la prévarication et la concussion ?.J'entrevoie deux entrées analytiques qui, tout en se croisant, interagissent :
D'abord la construction d'un nouveau regard sur les autres - les citoyens et les partenaires. Cette construction implique l'encouragement et l'admission de la réflexion critique sur la société. Favoriser le prolongement par la réflexion personnelle sur les instruments de représentation de la société , de la richesse, des rapports entre nous, et les effets induits.
Globalement, la désinstitutionnalisation de la citoyenneté, caractérisée par la prévarication et la forfaiture, ne peut être combattue qu'avec l'aide d'une volonté exigeant l'élucidation de toutes ses causes. Donner de la société politique une image plus noble- traiter les affaires de la cité- au lieu de l'approche patrimoniale et clientéliste qui aboutit très souvent à considérer toute critique comme si l'on déracinait l'arbre sur lequel on est assis et qui appelle une riposte violente. Ce regard exigeant peut faire l'objet d'un pacte républicain, d'une charte ou plate-forme minimum sur laquelle la société politique et la société civile- toutes deux respectueuses des citoyens parce que s'estimant les représenter et faisant taire les crispations sur des principes politiciens d'un autre âge- peuvent trouver un accord de gouvernement.
L'opération " vérité et réconciliation "par delà l'aspect judiciaire, est la naissance de nouvelles normes sociales, de références culturelles de tout un peuple qui expérimente la " résilience " comme mode de fonctionnement et relève le défi de traduire devant les tribunaux les baronnies et tous les icônes. L'impunité n'existe plus. On fait la place à l'égalité de tous devant la loi. C'est l'amorce d'une nouvelle culture, d'une nouvelle rationalité politique et juridique. Cette opération a contribué à donner de l'homme ou de la femme politique une autre traduction que celle de père des indépendances, de quelqu'un d'illuminé nanti de pouvoir messianique et dont les proches parents ont naturellement vocation à bénéficier d'immunité...
La seconde leçon d'inspiration est celle de savoir qui est au centre du système politique, les intérêts collectifs et socialement utiles pour le citoyen ou la légalité et la légitimité démocratique.
Il me semble qu'au travers de l'opération " vérité et réconciliation "la priorité est donnée à la défense simultanée des intérêts supérieurs c'est-à-dire les intérêts collectifs et socialement utiles pour les citoyens et la promotion des valeurs de la République ( séparation entre bien public et bien privé). Nous apprenons à travers cette opération, la querelle byzantine où l'on cherche à savoir qui est au centre du système dit de démocratie, les intérêts vitaux des citoyens ou les intérêts de l'Etat, et qu'aucun Centrafricain ne comprend sauf les essayistes et autres exégètes de la légalité des évènements du 15 mars 03 - s'estompe. La défense des intérêts vitaux - volontiers, je ne retiens pas la notion d'intérêt général - et les biens publics sont les deux pôles indispensables de l'institution qu'est la démocratie ; mouvement structuré et non système figé ou lieu prestataire de services pour démagogue- ayant faute de combattants crédibles- remporter avec fraude, des élections. ( Faut-il rappeler que, la plupart des dictatures les plus tyranniques, féroces, autocrates et liberticides que le monde a connu sont le résultat des urnes. C'est pourquoi, je préfère appeler l'opération du 15 mars 2003 euthanasie politique que de reprendre à mon compte l'expression journalistique de " Président autoproclamé ". D'aucuns n'admettent que le coup d'Etat est un moyen comme un autre d'accéder à la magistrature suprême depuis la Grèce antique. Tout dépend de ce qu'on veut y faire et du sens, de l'orientation qu'on donne à cette entreprise. Souvenons des exemples de coup d'Etat du Mali avec grand T et de celui du Ghana avec le général Jerry Rolling)
Il me semble opportun de dire voire de redire et d'écrire qu'un parti politique et son leader doivent être au service de la République et des citoyens ; c'est-à-dire défendre les intérêts supérieurs des deux parties prenantes au contrat social, par des procédés démocratiques et non chercher à être une figure charismatique ou cléricale. Rappelons aussi que l'opération " vérité et réconciliation " nous apprend que l'idéologie politique de référence d'une classe politique ou d'une société civile la plus rigoureuse, puritaniste, populiste ou intégriste au monde ( opération mains propres) ne signifie rien si elle n'est pas intellectuellement compris au delà de la sphère des militants, si elle n'est pas culturellement intériorisée, bref s'il ne se produit pas une appropriation personnelle par le militant et le non militant de bonne foi. C'est à ce prix que se construit pierre après pierre la cathédrale de notre dame ; la démocratie.
Ces deux entrées analytiques de l'opération " vérité et réconciliation " peuvent, en les croisant, interagirent et nous servir de source d'inspiration pour construire notre transition. En Afrique centrale, le concept de " transition " est tellement à la mode qu'il est souhaitable que les acteurs de chez nous, lui donne un contenu. Qu'ils acceptent le défi d'affronter les devoirs et les dilemmes éthiques et épistémologiques de leurs vocation. Je m'autorise à suggérer qu'il est urgent pour la Centrafrique, de donner valeur de loi au devoir de chaque composante de la nation Centrafricaine, de contribuer à rendre moins désespérante, la vie quotidienne des plus vulnérables.
Dans le domaine de la jeunesse ; citoyenne de demain certes mais déjà citoyen aujourd'hui, faisons en sorte que les devoirs du CNT d'aujourd'hui soit celui de construire sur des socles solides, puis de garantir de façon visible et lisible - au point que celle-ci soit en état de s'en prévaloir- les droits de la jeunesse de demain.
II) Construire ensemble le nouveau référentiel de République, le rendre visible, lisible pour tous.
L'humanité n'a réalisé le possible que parce qu'elle a réalisé l'impossible
Marx Wéber
Je m'obstine à soutenir la position selon laquelle on ne trouvera nulle part sur terre des hommes dits " intègres " dans l'accomplissement de leurs tâches. Je réfute cette prétention parce que connotant et instrumentalisant.
En revanche, il faut admettre que des hommes et des femmes dont la transition a besoin pour s'enraciner et s'affirmer doivent présenter le profil suivant : porteur de projet socio économique pour leur pays dans le cadre républicain et au moyen de la mise en œuvre des mécanismes démocratiques, respectueux et non obséquieux, courtois et non courtisans, responsables et non résignés, courageux, entreprenants et non zélés et téméraires.
L'on parle beaucoup de démocratie chez nous et peu de valeurs de République au sens épistémologique( et non réduit au sens étymologique) du mot. Il me semble que la République est le cadre dans lequel s'exerce la démocratie. La démocratie, toujours perfectible, et au service de la République, se construit dans le cadre de la République dont les fondements ou le référentiel doit être clair, accessible à tout le monde et objet d'appropriation individuelle de chaque composante de la nation ; la société ou la classe dite politique, les différentes composantes de la société civile, militaire et paramilitaire. Avant que le binôme ou le duo Bozizé - Goumba ne signe le bon de commande d'une constitution auprès des experts européens ( légalité de façade), exigeons de ce duo, de nous proposer le nouveau référentiel des valeurs de République et non de République Centrafricaine. Je reviens sur les modèles d'Afrique du Sud, du Mali et du Ghana. Il s'agit de référentiel et non de constitution. La constitution n'intervenant que pour entériner, donner une base légale et légitime au référentiel. Le référentiel servira de référence à la plate-forme des partis politiques, des statuts des syndicats et associations et des administrations civiles et militaires. C'est également l'outil d'éradication de la prévarication, de forfaitures et offre l'avantage de rendre le débat politique ad hominem. Cet outil sera utile aux partis politiques en termes d'orthodoxie pour mettre terme à la prolifération des démagogues de tout poils.
II.1 : Référentiel implique repères objectifs.
Avant d'aller plus loin dans mes développements, je voudrais fais faire vous faire remarquer deux choses en une et se rapportant à la revue de presse de ma lecture sur sangonet.com : deux orientations s'en dégagent : celle que j'appelle la tendance des exégètes et des essayistes des évènements du 15 mars ; les médecins légistes qui ont fait très rapidement l'autopsie de l'euthanasie politique de Bozizé et la tendance " projet d'une société d'alternative- tendance dans laquelle je m'inscris.
1) En rejetant l'orientation de la première tendance- qui vient rappeler les tristement célèbres lignes politiques de certains leaders des mouvements étudiants Centrafricains de la fin des années années soixante-dix et des années quatre-vingts, je ne jette l'anathème à personne. Mais, droit de vigilance oblige et quitte à être taxé ou classé d'iconoclaste ou d'hérétique, n'oublions pas les ravages sociaux, économiques et politiques que les prises de position de ces obscurs clergés nous ont conduits. Ils ont cultivé au sommet de l'Etat et de la société civile Centrafricains ce que Freud appelle " le narcissisme des petites différences au sein des tribus " c'est-à-dire que dans une tribu (un corps de métiers ou une bande de promotionnaires) on se ressemble beaucoup mais sur de petites différences (mention obtenue à la thèse, la réputation de l'université qui l'a délivrée ou du directeur de la thèse, ou les petits boulots que, pour se donner les moyens de vivre décemment en Europe occidentale, en Afrique ou en Amérique du Nord), on était amené à exercer- serviront de critères La recherche de satisfaction de ces narcissismes aboutit à s'abandonner poings et mains liés aux dictateurs à la recherche des doctrinaires . Par ce fait, ces usages et pratiques ont fait le lit au snobisme intellectuel et à la constitution des ligues de prédateurs ( Je vous renvoie à la lecture de la première partie de mon article sur le triangle des D dans " Quand un concept spécifique pousse à l'interpellation civique ) et à d'autres excellentes réflexions telles que celles de Salomon Mallavie, Jean-Claude Ndamas et Jean-Pierre Rédjékra ( avant et après l'euthanasie politique du 15 mars 2003.
2) La deuxième tendance ; celle des circonspects ou celle de la problématique de " quel pays, quel avenir voulons-nous bâtir pour nos enfants en Centrafrique dans ce troisième millénaire ?
J'ai cité certains auteurs comme Salomon Mallavie, Jean-claude ou Claude Ndamas, Jean-Piere Rédjékra et sur le plan évangélique ; Cephas Mabada Mabaye. De façon constante, ces compatriotes ne cherchent pas jouer aux scribes ou tribuns hors pairs mais, nous invitent à nous poser des questions sur la République et ses fondements, la place des forces armées centrafricaines et le rôle des partis politiques dans la construction de la démocratie. C'est comme s'ils s'employaient à nous mettre en garde contre toute tentation de faire rater l'entrée de notre pays dans un monde en mutation. Leurs interpellation s'adresse aussi bien aux différentes " tribus au sens Freudien du terme " qu'à toutes les composantes de la société civile : syndicats, associations, communautés religieuses etc. Les institutions de socialisation du centrafricain, les composantes de la société civile, la classe politique, la baronnie civile et militaire ont entre autre vocation de former la République, la démocratie et les professionnels Centrafricains d'aujourd'hui et de demain d'où leur appel à l'innovation de nos institutions et au choix de référentiel de la République.
La parenthèse se ferme ici et je demande pardon aux différents auteurs si j'ai mal interprété le fond de leur pensée. Ils peuvent répondre sur le site !
Mettre à profit la transition pour construire le référentiel de la République que si les institutions démocratiques se mettent en place petit à petit, je soutiens la thèse selon laquelle il ne s'agit point de se laisser guider par l'impatience du marché de la politique politicienne ; véritable rustine ou pleuridémangeaison de charisme ou de comportement clérical, mais de l'éducation civique du citoyen. La transformation que connaît notre pays ne doit plus admettre la vision messianique du politique fondée sur du folklore et les déclarations confuses et touffues .Un référentiel qui nous permet d'identifier de façon visible et lisible que le Centrafricain n'est pas réduit à demeurer objet de protection du politique ( du genre mon peuple m'aime bien de Bokassa-Patassé) mais que, le Centrafricain est devenu sujet de droit et qu'il délégue cette souveraineté, ce droit à ceux qui le représentent aussi bien au niveau des composantes de la société civile qu'à toutes les instances de la société politique et, qu' à travers des rendez-vous de respiration démocratique, il peut remercier ces représentants sans mettre en périls les institutions républicaines. Un nouveau référentiel de la République qui mettre termes à des aventures du genre cette de SOCATEL ; télécom où, un carteron de technocrates-adeptes de la diplômie, se croient investis d'une mission divine et , violant vertement le droit de réserve auquel sont astreints tous les hauts fonctionnaires d'un Etat - font étalage - avec confusion d'une navrante et déconcertante pauvreté et impertinence épistémologique - des difficultés de l'entreprise publique ; parce que - à l'image d'une fable de la fontaine intitulée le voleur et l'âne- l'occasion fait le larron.
Par référentiel, j'entends les clés de lecture de la République. Construire ensemble des stratégies plus mobilisatrices que celles, débilitantes pour nous et protectrices des intérêts de la cellule locale de françafrique. Proposons qu'on redéfinisse le système d'élaboration des décisions en ce domaine, et les mécanismes de régulation et de contrôle. Ne plus tolérer que d'obscurs réseaux poursuivent leurs activités sur notre territoire et détiennent des passeports diplomatiques et reconstruire les relations Centrafricano Africaines ou Centrafricano- Européennes ou autres sur la base des principes d'équité et de réciprocité.
Enfin, par référentiel j'entends, la nécessité de réaffirmer que que nulle part dans le monde en mutation, le pouvoir politique n'est, ni de doit être, l'apanage exclusif des partis politiques. Ainsi, exigeons et obtenons qu'aux instances du CNT, les acteurs de la société civile indépendantes des partis politiques soient formellement reconnus, élus par leurs instances représentatives et y siègent. Invitons toutes les composantes de la société Centrafricaine (classe politique et société civile) à dénoncer et à rejeter massivement l'instrumentation par la baronnie politique et militaire des différences ethniques, régionales et religieuses et la manipulation par les médias ou des nominations à des postes juteuses des proches à des fins d'accaparement ou de conservation ad vitam aeternam du pouvoir.(l'approche patrimoniale et clientéliste du pouvoir). Parce que, par ces biais, les leaders politiques prennent la population, déjà meurtrie et économiquement sans espérance et sans projet- en otage
Dans ce référentiel, il serait bon qu'il y soit mentionné, l'affirmation forte du refus des situations d'impunité par la communauté internationale, pour tout ce qui concerne les violations des droits de l'homme, en premier lieu les atteintes physiques aux personnes, la prévarication et la concussion, les ascensions sociales fulgurantes, le délit d'offense à chef d'Etat - crime de lèse majesté, délit d'opinion, et, que déclare la guerre aux affiches bonnes à faire vomir du genre " le chef n'est jamais en retard, le chef ne dort pas mais il médite, on rentre dans le bureau du chef avec ses idées et on en sort avec celles du chef..etc
II.2) Eviter que le CNT devienne une chambre d'enregistrement ou une assemblée -croupion.
La vraie transition suppose que l'on s'attaque aux déficits majeurs de l'ancien système fondé sur la coptation ou très folklorisé.L'opération " vérité-réconciliation " ou les exemples Maliens et Ghanéens- plus proches de chez nous parce que la transition a été initiée en son temps par des militaires a permis depuis lors, de vérifier cette réflexion du Prix Nobel d'économie, l'indien Amartya Sen, selon laquelle il n'y a jamais eu de famine grave dans aucun pays doté d'une forme démocratique de gouvernement et possédant une presse relativement libre (pas une presse à la solde du pouvoir quant à sa ligne rédactionnelle) . La question fondamentale est celle du contenu de la transition et de la composition de ses membres. S'il faut réunir des spécialistes du poncif, nous ne sommes pas sortis de l'auberge- même d'une auberge espagnole - comme dit la légende !
A la lecture des écrits auxquels je faisais allusion, la demande forte - qui est une composante du référentiel de ce que c'est qu'une République et non de ce que c'est que la République Centrafricaine- il apparaît urgent de mettre la priorité dans la recherche des solutions aux problèmes économiques, de citoyenneté et d'éviter la survenance des conflits engendrant des flux migratoires et des risques d'apatride. Ceci revient à dire que la classe politique et la société civile doivent d'efforcer de dépasser leur vision ethnocentrique et nombriliste et instituer puis amplifier la sensibilisation des populations locales à la cultures de la paix et de la non-violence, meilleur barrage aux risques d'affrontements identitaires. Cela peut prendre la forme de programme pédagogique dans les institutions scolaires et universitaires, les écoles professionnelles dont l'école nationale d'instituteurs sans oublier l'Ecole nationale de l'administration et de la magistrature, les facultés de théologie, les écoles de formation de la gendarmerie, de la police, et de la Douane. Ces administrations sont les relais les plus proches des populations. Nous avons d'affreux souvenirs où ces administrations sont érigées en sanctuaires de violation des droits élémentaires, des repaires pour les nobélistes de l'arbitraire et les féodaux du droit de cuissage voire du marché des sujets d'examens.
Que ces écoles soient obligées de mettre au point des programmes pédagogiques de gestion de conflits sur les valeurs démocratiques, les contraintes de la socialisation, l'étude des apports de la société civile au maintien du tissu social et des liens professionnels ; le tout dans une volonté de mettre l'accent sur une démarche d'appropriation ou de réappropriation puis, de restitution dans leur domaine professionnel respectif ; ces fondements de la République.
La démocratie renvoie à la possibilité pour chacun d'assumer ses responsabilités de citoyen dans le cadre des lois Républicaines ou des lois de la République. La démocratie est perfectible mais dans le cadre d'une République adulte, mûre. Les deux ne tombent pas du ciel et résultent d'un choix de société. Eduquer aux respects des droits politiques et économiques de l'homme doit être les repères lisibles et visibles qui guident nos choix de société, de nos élus. C'est un instrument et un outil tangible qui nous serviront de point d'ancrage pour lutter contre toutes les formes de pauvreté, d'exclusion et d'atteindre - si possible- la réciprocité des représentations de points qui nous bloquent et qui nous tant si tort.
La transition peut être une occasion pour construire ensemble les repères et référentiel crédibles. Que les différentes composantes de la socité civile et la classe politique s'ingénient à fournir à leurs bases et militants respectifs des outils de réflexion et d'action. Il est important de rendre compréhensible aux Centrafricains, les enjeux de la mondialisation et leurs retombées sur nos intérêts fondamentaux.
Réinventons les modes d'échanges et les régulations socio politiques qui ne se réduisent pas qu'à de la protestation et à la construction de la carrière politique des tyrans et des démagogues ; ce que j'appelle " la Talybanisation de la classe politique " .
Conclusion :
Je suis désolé d'avoir été si bavard mais, je terminerai cette proposition en deux axes ; la lutte contre la prévarication et la construction de référentiel à travers la théorie générale de la cause. Quelles sont les facteurs de blocage et la mise en perspectives des leviers sur lesquels il faut agir Cet outil- à savoir la théorie générale de la cause- nous permet de distinguer le concept d'auteur du concept d'imputation
1) La théorie de l'auteur : Si l'on se réfère à l'auteur, les événements du 15 mars auraient pour cause principale le malentendu entre Bozizé et Patassé et ne reposeraient nullement sur une détermination de signer avec les Centrafricains et pour les Centrafricains la page de l'histoire de notre pays en qualité d'artisan d'une société d'alternative.
Tous les dysfonctionnements de nos institutions ne sont pas le fait d'un rejet ou d'une condamnation des forces de la nature ou des Dieu mais le fait des narcissismes de la petite différence. Par voie de conséquence, s'il survient un orage au sein des forces coalisées ou un duel entre Bozizé et Goumba, la transition deviendra un pis allé et nous en reprendrons pour notre grade en matière d'instabilité et de désordre, ce sera à nouveau le capharnaûm
Bozizé et les forces de la coalition étant auteurs apparents du concept de transition, ils s'autoriseront le contenu qu'ils veulent bien y mettre. Dans l'hypothèse où ils ne seraient que les prêtes nom de la cellule locale de françafrique, leur préoccupations ne seraient pas d'être catalyseurs de profondes transformations mais de chasser Patassé et d'hypothéquer notre avenir et devenir. Le diagnostic du Professeur Goumba, selon laquelle Patassé a compromis les chances de l'unité nationale est un diagnostic erroné, car il aurait mal identifié les facteurs déclencheurs du coup d'Etat. Faisons tout pour que, la cause de la transition soit d'être au service de la Centrafrique avec les Centrafricains et pour les Centrafricains. Qu'on identifie bien ce que ce coup d'Etat et la transition annoncée auraient apporté comme " valeur ajoutée " politique , sociale et économique aux intérêts vitaux de la Centrafrique.
La théorie de l'auteur ( celui qui s'autorise, qui signe et à qui appartient le droit de...) explique également le fait qu'un détenteur de pouvoir prétend avoir les moyens de rendre heureux les autres notamment la population. : Bokassa se vantait d'être celui qui a fondé l'université, qui a fait ceci et qui a fait cela et qu'en retour, les Centrafricains lui devraient obséquiosité, dévouement et j'en passe. Les chefs d'Etat pensent être les auteurs du bonheur de leurs compatriotes D'où le paternalisme et le clientélisme.
Aménager tellle ou telle partie du territoire, participer au progrès du droit de telle ou telle partie de la population, améliorer les statuts de telles catégories socioprofessionnelles ne relèvent nullement d'un acte de miséricorde de l'auteur. L'auteur politique s'acquitte du devoir de son mandat. L'auteur politique - s'il faut se référer à nouveau à la notion de société ouverte de Karl Popper- doit travailler, s'employer à réduire les aspérités, la rugosité des mécanismes qui mettent des obstacles, qui empêchent la population d'accéder par elle-même à son bonheur, de s'approprier elle-même les leviers de construction de son bonheur. Lorsque l'auteur politique cultive de l'obscurantisme, érige en mode de production politique le bâillonnement, le délit d'opinion et favorise l'impunité en matière de prévarication au profit des groupies, il fait émerger une société close. Gorbatchov, Nelson Mandéla, Jerry Rolling, Traoré peuvent être classés parmi les auteurs de société ouverte et qui ont favorisé l'émergence puis l'affirmation de nouveau paradigme. On peut- en toute fierté citer l'œuvre de Barthélémy Boganda chez nous, de Marien Ngouabi au Congo
S'affranchir de l'auteur c'est parvenir à lui demander de démontrer, de s'assumer comme la nature des choses lui demande d'impulser une approche d'un type nouveau.... Les devoirs des parents ( auteurs de la vie de leurs enfants) sont de garantir les droits de demain de ces enfants et parce que ces enfants ne sont pas que des objets de leur amour ou de leur protection mais de véritables sujets de droit. Tout en étant leurs enfants, n'en demeure pas moins qu'ils sont aussi eux-mêmes. Les parents sont appelés à gérer ce paradoxe. Ils sont appelés à repérer les croisements et distanciations entre le fait que leurs enfants sont à la fois leur prolongement et eux-mêmes.
Puissent les membres du CNT, sous le leadership et la régulation( et non sous la férule) de l'exécutif du 15 mars faire naître un nouveau référentiel de la République et être des auteurs d'un nouveau contrat social.
2) Quant à l'imputation
L'imputation conduit à reconnaître le rôle joué par quelqu'un dans la survenance d'un événement. Par exemple l'état lamentable des finances publics est imputable simultanément au plan d'ajustement structurel imposé par les légitimités supranationales et le fait de forfaiture, de la prévarication et de la concussion jamais sanctionnés comme des manquements graves, des atteintes aux biens publics. Que les 18000 agents de l'Etat ne soient pas payés, c'est plus un manquement à la responsabilité d'employeur qu'une question d'acte de souveraineté - comme certains le prétendent. L'employeur public, en faillite, ne paie pas le salaire de ces agents. Beaucoup de cadres se sont réfugiés dans les organisations internationales ou des entreprises parapubliques et perçoivent normalement leur salaire sans que la souveraineté de l'Etat Centrafricain ne soit remise en cause.
L'imputation est un outil pour identifier la responsabilité de quelqu'un dans un acte ou qu'il y a un fait ayant causé préjudice.
Si la transition ne réussit pas, l'échec sera imputable collectivement aux membres du CNT. Ils auraient manqué aux devoirs de leur charge. Ce serait de la forfaiture et il faut qu'ils rendent comptent à chacun des collèges qui les auraient élus.
Enfin, par la théorie générale de la cause, j'en viens à soulever avec vous, la problématique suivante :
" Construire le référentiel de la République garantissant des droits et devoirs des citoyens dans les institutions politiques, civiles et militaires en Centrafrique, est-ce un dangereux défi ou un nouvel âge qu'impulse la transition ? "
Merci d'avoir pris le temps de me lire...
Regards et points de vue des partis politiques et des mouvements centrafricains