DEVOIR DE MEMOIRE

(Troisième et dernière Partie)

Pourquoi les personnalités politiques, sollicitées par le Collectif des Officiers en 1996 pour conduire une Transition politique et dont les identités ont été révélées par le Commandant Anicet SAULET lors du Dialogue National d’Octobre 2003 sans qu’il y ait eu de démenti, ont finalement accepté le départ par les armes du " démocratiquement élu " à travers la " Transition Consensuelle " du 15 Mars 2003 ? A la lumière des révélations faites lors du Dialogue National, l’histoire ne montre-t-elle pas aujourd’hui que le Général KOLINGBA n’a pas été à l’origine des insurrections militaires de 1996-1997 mais plutôt, il a revendiqué le coup d’état du 28 Mai 2001 ? N’était- ce pas par une mauvaise compréhension ou une mauvaise appréhension des tenants et aboutissants de l’action patriotique du Collectif des Officiers des Forces Armées Centrafricaines (FACA) que l’Opposition politique, majoritaire dans le pays en raison de la dérive dictatoriale du régime MLPC, n’a pas pris le risque en 1996, de faire épargner aux populations centrafricaines l’humiliation des " Banyamulenge ", le pogrome des Yakoma , le bombardement aérien des quartiers Nord de Bangui ou les importants déplacements de populations dans le Sud et dans le Nord ? Les militaires centrafricains qui se sont insurgés n’ont-ils pas eu tort d’avoir raison très tôt ? L’absence d’une coordination politique de leur mouvement explique-t-elle l’échec de leur action ?

L’accalmie retrouvée grâce aux Accords de Bangui en ce début d’année 1997 devrait donner un souffle nouveau dans la gestion du pays par la mise en place d’actions qui militent en faveur de la paix et de la réconciliation nationale pour que tous les centrafricains puissent s’atteler au problème du développement. Mais on a failli revenir à la case départ. Le président PATASSE, malgré l’Accord préalable à la fin de la mutinerie, voulut tout remettre en cause en s’opposant à l’entrée au Gouvernement des personnalités recommandées par le Collectif des Officiers des Forces Armées Centrafricaines. Le désarmement des milices et autres forces non conventionnelles, la restructurations des Forces Armées étant les véritables causes de ces insurrections armées, les militaires voulaient des garanties pour une bonne gestion des ces problèmes. Et il aura fallu encore l’intervention de la communauté internationale, à travers le CIS pour que le Gouvernement soit élargi le 07 Avril 1997 au Général Didace N’DAYEN et au Colonel Evariste Martial KONZZALE. Ils seront nommés ministres délégués chargés respectivement de la Restructuration des Armées et du Désarmement.

Les opérations de ramassage des armes de guerre qui devraient concernées toutes les parties en conflit, ont été concentrées dans les quartiers sud de Bangui. Plus tard, avec la mise en place de la Mission des Nations Unies en RCA (MINURCA), des actions courageuses devant conduire au démantèlement total des milices armées " KARAKO " et " BALAWA ", les forces supplétives du Pouvoir, coûteront la vie (par empoisonnement) au Général Gabonais MOMBO-MOUKAGNI...

La restructuration des Armées, qui englobe le premier projet de modernisation des Forces Armées Centrafricaines, à savoir, le Programme National de Démobilisation et de Reconversion (PNDR) des militaires et gendarmes, n’a pu être exécuté. La volonté politique manifeste d’utiliser ce projet pour opérer une profonde purge au sein des Forces de défense et de sécurité a mena les bailleurs de fonds à se retirer. Et ce projet fut enterré...

Le volet Conférence de Réconciliation Nationale, placé sous l’autorité de M. Laurent GOMINA-PAMPALI a abouti le 05 Mars 1998, à l’organisation de ladite conférence sans que des préalables soient satisfaits, notamment, le ramassage des armes de guerre, le démantèlement des milices, le dédommagement des victimes des mutineries...On se souviendra de l’ardeur de M. GOMINA-PAMPALI à vouloir entrer dans l’histoire quand il affirmait " philosophiquement " qu’aucun désarmement total n’est possible car toute centrafricaine, tout centrafricain dispose et disposera toujours d’une lame de rasoir ou d’un couteau qui sont tout autant des armes (sic) et qu’il fallait coûte que coûte aller à une " pseudo " conférence de réconciliation nationale...Ne fallait il pas bâtir notre réconciliation sur du roc que sur du sable ?

A KOLI A KPE...

Peu avant la cérémonie officielle de réintégration des militaires dans les casernes prévue le 18 Avril 1997, des dérapages graves, dus pour la plupart aux éléments incontrôlés du contingent Tchadien de la MISAB basé sur l’avenue BOGANDA à la MAMICA et au Marché MAMADOU MBAIKI Km5, eurent lieu, faisant de nombreuses victimes parmi la population civile du 6ème Arrondissement et de Bimbo. Ce fut la période des appels " a koli a kpè ! " ( les hommes, fuyez !) qui rappelleraient encore à beaucoup de centrafricains ces durs moments où les obus pleuvaient sur les quartiers Sud, obligeant certains habitants à trouver refuge dans les quartiers Nord, sur la route de MBaïki ou dans les forêts...

Milieu de l’année 1997 :

Lasse de ces troubles qui ont paralysé non seulement le fonctionnement normal des institutions de l’économie mais aussi et surtout la vie du citoyen, la Société Civile, à l’initiative des Centrales Syndicales et avec l’appui de la presse privée et indépendante et des organisations de défense des droits de l’homme, mirent en place l’Union des Forces Acquises à la Paix et au Changement (UFAP). Elargie très tôt à l’Opposition politique, cet outil n’aura pas été utilisé à bon escient pour que les élections législatives de 1998 et les élections présidentielles de 1999 reflètent la volonté du peuple souverain...

05 Mars 1998 :

Conférence de Réconciliation Nationale, présidée par le pasteur Isaac ZOKOUE et signature du Pacte de Réconciliation Nationale.

15 Avril 1998 :

La crise centrafricaine fut inscrite dans l’agenda des Nations Unies et la MISAB céda la place à la Mission des Nations Unies en RCA (MINURCA). M. Oluyemi ADENIJI, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies fut nommé à Bangui. Le Conseil de Sécurité prenait le relais de la gestion de la crise centrafricaine...

Ré - élection de PATASSE en 1999 :

A l’issue des élections législatives de 1998, l’Opposition a remporté 55 sièges contre 54 au MLPC et alliés. Le nomadisme politique et la corruption érigée en mode de travail firent basculer la majorité parlementaire. Le député KOUDOUFARA du Parti Social démocrate (PSD), nouvellement élu, fut acheté par le M L P C. Ce qui eut pour conséquence de renvoyer aux calendes grecques la traduction de PATASSE, pour haute trahison, devant la Haute Cour de Justice, par le nouveau Parlement dont le président devrait être issue de l’Opposition...

En vue de garantir la transparence et limiter les fraudes, le système de votation par le " bulletin unique ", recommandé par la MINURCA et l’Opposition politique, fut rejeté par le M L PC. Et avec des grèves pendantes qui traduisaient la crise sociale due au non paiement des salaires, PATASSE, en toute logique, ne pouvait pas remporter les élections...Les milliards de FCFA déversés pour acheter les consciences et les gadgets (tee-shirts, casquettes, sous-vêtements féminins à l’effigie de PATASSE) ont-ils pu conduire les électeurs centrafricains à vendre leur âme ?...L’histoire retiendra qu’avant la proclamation des élections, le président de la Cour Constitutionnelle, M. Edouard FRANCK et le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Oluyemi ADENIJI ont fait un tour à Libreville pour revenir proclamer PATASSE vainqueur au 1er tour, contre toute attente...Un second tour devrait avoir lieu entre PATASSE et KOLINGBA. Ce dernier a appelé au calme et a demandé à tout le monde de laisser PATASSE gouverner (sic)...

Juillet 2000

Au terme d’un conclave à NGounza, le Parti de l’Unité Nationale (PUN) de Jean-Paul NGOUPANDE, après analyse de la situation nationale, se prononce pour la démission du président PATASSE...

17 Août 2000 :

Les Travailleurs centrafricains, confrontés de plus en plus à d’énormes problèmes sociaux, s’engagent à travers une Déclaration Commune, à privilégier l’unité d’action. Cette déclaration a été signé par toutes les six Centrales Syndicales du pays : USTC, CNTC, CSTC, CCTC, OSLP et U G T C.

30 Septembre 2000 :

A l’issue de la grande assemblée générale à la Bourse du Travail, les enseignants et tous les autres travailleurs du secteur public demandent le paiement de 12 mois sur les 29 mois d’arriérés de salaires. Pour conduire cette lutte sociale, les leaders syndicaux mettent en place la Coordination Nationale des Centrales Syndicales (USTC, CNTC, CSTC, CCTC, UGTC). L’OSLP, très proche du Pouvoir refuse de faire partie cette structure. Des grèves perlées vont finir par ponctuer la vie sociale...

23 Octobre 2000 :

Le président PATASSE, recevant les représentants des travailleurs, promet de verser dix (10) millions de dollars US de sa cagnotte personnelle pour éponger une partie des arriérés de salaires. Comme la plupart des promesses de PATASSE, le panier de la ménagère n’a jamais profité de cette  " manne " jusqu’à " Lomé2 "...

24 Novembre 2000 :

Grande Marche de protestation des Travailleurs, couverte médiatiquement par un envoyé spécial de la Radio Africa N° 1...

08 et 09 Décembre 2000 :

Conférence de presse et meeting des Travailleurs à la Bourse du Travail en présence de la classe politique centrafricaine.

19 Décembre 2000 :

Meeting de l’Opposition politique durement réprimé par les forces de l’ordre. Des députés, syndicalistes, femmes et mineurs furent arrêtés...

02 janvier 2001 :

La Coordination Nationale des Centrales Syndicales interpelle le Ministre de la Défense Nationale sur l’introduction et la présence de forces non conventionnelles armées sur le territoire national, notamment à Bangui...

Le climat social, délétère en ce début d’année 2001, a été la résultante de la mauvaise gouvernance et les assassinats politiques perpétrés par le Pouvoir et dont les victimes appartiennent non seulement à l’Opposition mais aussi dans le camp du MLPC, montraient que le régime était aux abois. Une atmosphère de fin de règne avait gagné le pays... " Le pouvoir est par terre, mais il n y a pas d’homme courageux pour le ramasser... " Cette boutade de Charles MASSI à l’époque, résumait éloquemment la situation. On pouvait apercevoir aux abords de la villa Adrienne, la résidence du Chef de l’Etat, des barrages mis en place avec des sacs de sable comme si une attaque imminente allait avoir lieu...

Fait inouï, les Conseillers de la Présidence de la République sollicitaient des audiences auprès de la Coordination Nationale des Centrales Syndicales et étaient reçus à la Bourse du Travail ...

06 Mars 2001 :

Le Gouvernement et les Centrales Syndicales, en présence de M. CHEICK TIDIANE SY, Représentant du Secrétaire général des Nations Unies, Chef du BONUCA et de S.E.MGR. Joachim NDAYEN, signent un Communiqué Conjoint devant suspendre la grève en cours dont l’un des principaux points de revendication a été la résolution de la question salariale pour la stabilité économique et la paix sociale.

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que le Comité de Suivi et d’Arbitrage (CSA) chargé de veiller à l’application des accords Gouvernement/Syndicats, présidé par le pasteur Isaac ZOKOUE, assisté du magistrat Marcel SEREKOISSE –SAMBA, réalise que la partie gouvernementale n’a pas respecté ses engagements. Les Travailleurs décident alors de suspendre leur participation au CSA et entrent en grève, pour protester contre le non-respect des termes du Communiqué Conjoint par le Gouvernement, du 14 au 18 Mai 2001...

Samedi 26 Mai 2001 :

En cette veille de fête des Mères, les Travailleurs décident, à l’issue de leur assemblée générale hebdomadaire, de poursuivre leur grève le Lundi 28 Mai...

Tout observateur averti de la politique centrafricaine ne pouvait pas ne pas percevoir la crispation politique et se dire que tout pouvait arriver...Ou bien le Pouvoir simule une révolution de palais afin de mettre à l’abri  PATASSE et les dignitaires MLPC, ou bien une déflagration emporte le régime...

Rompu dans les techniques de manipulation de l’opinion et pour détourner l’attention des problèmes sociaux, PATASSE décida d’organiser avec grandes pompes la " Fête des Mères " en ce Dimanche 27 Mai 2001...

Lundi 28 Mai 2001 :

La " Villa Adrienne ", résidence du Chef de l’Etat, est prise d’assaut par des assaillants dans la nuit du 27 au 28 Mai 2001...Le Général KOLINGBA va revendiquer ce coup d’état. Les populations du Sud, en particulier les Yakoma vont être voués aux gémonies...Passons en revue quelques commentaires sur le film de ces évènements douloureux :

AfriquEducation N° 87, du 14 au 29 juin 2001 titrait à la une : Centrafrique : Epuration ethnique des Yakoma, Sango, Banziri, Banda etc.

Paul TEDGA, le Rédacteur en chef, dans sa page éditoriale écrivait :

Conscient de l’image négative que la chasse à l’homme yakoma provoque déjà à l’étranger, le chef de la diplomatie centrafricaine (AGBA OTIKPO MEZODE) s’élève contre le " battage médiatique autour de la notion de génocide, inconnue (selon lui) des centrafricains et qui procède d’une manœuvre subliminale destinée à distiller insidieusement cette notion dans l’inconscient collectif aux fins de les pousser à commettre cet acte ". Le ministre va un peu vite en besogne car si la répression sanglante qui s’est abattue sur les habitants des quartiers hostiles au pouvoir, n’a pas conduit à une extermination systématique des yakoma, comment qualifie-t-il les tueries massives à l’artillerie lourde ou à l’arme blanche, qui ont été organisées, pour soi-disant, mettre les putschistes hors d’état de nuire ? Un objectif que le pouvoir n’arrivera jamais à atteindre, les assaillants ayant pu opérer un repli tactique...Il n’ y a peut-être pas eu génocide au sens rwandais du terme, mais personne ne peut nier la chasse à l’homme yakoma qui fut systématique pendant une dizaine de jours à travers les rues de Bangui : maisons pillées, voitures volées, femmes et jeunes filles violées, hommes et garçons...égorgés...Les Sango, Banziri, Nakara, Ngbougbou, Ngbaka et Banda, bref, toutes les personnes originaires du Sud et de l’Est de la Centrafrique, sont systémétiquement visées...PATASSE ne peut plus et ne doit plus se considérer comme le président de tous les centrafricains. Le sang des innocents qu’il a fait couler lui enlève toute autorité morale à l’exercice de son pouvoir. Le meilleur service qu’il puisse rendre non seulement à la Centrafrique mais aussi à tout le continent africain, c’est qu’il démissionne de la présidence de la République et provoque une nouvelle élection à laquelle il ne se portera pas candidat...

Agence Panafricaine de Presse, PANA, Kinshasa, RD Congo, Jeudi 07 Juin 2001 :

Le ministre congolais de la Communication et Presse, porte-parole du gouvernement, M. KIBAYA BIN KARUBI, a récemment exprimé la surprise de Kinshasa sur les relations que le régime centrafricain entretient avec le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre BEMBA. Cette surprise est accentuée par le silence de la communauté internationale à propos de l’intervention à Bangui des troupes de cette fraction rebelle aux côtés de l’armée centrafricaine contre les mutins de l’ex-président André KOLINGBA... "La situation humanitaire est des plus déplorables...40 à 50 000 personnes sont sur les routes, fuyant les quartiers sud-est vers la zone sud-ouest...

Agence France-Presse, AFP, Bangui, 07 Juin 2001 :

De nombreux cadavres jonchaient jeudi les rues de Bangui où a repris la circulation après l’annonce du contrôle total de la ville par l’armée centrafricaine, a constaté le correspondant de l’AFP...Selon des sources officieuses, le bilan avancé mercredi de 250 à 300 morts sur la base de recoupements pourrait être largement dépassé...

La Semaine Africaine, Brazzaville, 08 Juin 2001 :

Le ratissage est toujours la porte ouverte aux exactions, aux pillages, aux viols, aux tueries et autres destructions des habitations. C’est comme si par pillage, on donne une carte blanche aux hommes en armes d’agir selon leurs humeurs et instincts.

L’Observateur, Brazzaville, 08 Juin 2001 :

Un crime de génocide connaissant déjà des dérapages se dessine à Bangui...La RCA ressemble à quelques exceptions près, à la RDC devenue centre de divergences d’intérêts des grandes puissances sous-régionales et internationales.

Business Day, quotidien Sud-Africain, 06 Juin 2001 :

Des témoignages avaient fait état de massacres contre les membres de l’ethnie Yakoma, à laquelle appartient l’ancien président André KOLINGBA.

Le Citoyen, Bangui, 06 juin 2001 :

Deux chars libyens se sont engouffrés sous le pont avant d’atteindre le marché de Pétévo avec des troupes libyennes qui ont été faits prisonniers...

Africa International, N° 344, Juin 2001 :

Depuis l’attaque de la résidence présidentielle dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 mai, par des éléments mutins de l’armée centrafricaine, c’est une tragique partition qui se joue sur les bords de l’Oubangui, entre un président " fou " mais élu, et un ancien général -président débonnaire, sans projet politique cohérent, indécis, mais qui bénéficie encore du soutien de la plupart des jeunes soldats centrafricains...Pratiquement tiré de son lit pour endosser la paternité d’une quatrième mutinerie...La riposte des partisans de PATASSE ne se fait pas attendre. La folie ethnique s’empare de Bangui et s’abat sur les Yakoma...La garde de PATASSE réplique. Sa milice ethnique les " KARAKO ", composée exclusivement de ses parents du nord entrent en jeu, chauffés par le porte-parole de la présidence, Prosper NDOUBA et Serge Alain YABOUET-BAZOLI, le chef de cabinet du Premier Ministre...

Jamais un coup d’état n’a donné lieu à des représailles d’une telle ampleur et une telle implication extérieure. Les Forces rebelles du Congo et les Forces gouvernementales de la Libye ont été mises à contribution pour massacrer des populations civiles et mettre en exécution un plan d’extermination des Yakoma.

Sinon, comment interpréter la violente intervention du président de l’Assemblée Nationale, M. Apollinaire DONDON -KONAMABAYE qui qualifiait officiellement, l’ethnie Yakoma de " minorité pourtant exogène, assimilée et intégrée, imbue de suprématie et assoiffée de pouvoir " et soutient que " si on veut la paix, il faut renvoyer chez elle, cette minorité exogène " ?

Toute la classe politique, au nom du respect des principes démocratiques, a condamné la prise de pouvoir par les armes tout en se démarquant des méthodes utilisées pour le " ratissage sélectif " de la population...

M. Daniel NDITIFEI, Secrétaire Général du MDI –PS, dans une déclaration officielle a eu à " réaffirmer que l’antidote le plus efficace contre la ré édition de tels évènements-(mutineries et coups d’états) est le respect strict des règles du jeu démocratique par tous les acteurs de la vie politique nationale et plus particulièrement, par ceux qui exercent le pouvoir et qui, à ce titre, doivent donner le bon exemple. "

Maître Nicolas TIANGAYE, président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH), dans un communiqué, estimait que " la gravité des évènements doit inciter les acteurs politiques à la retenue et à la modération et constituer le substrat qui les unira autour des valeurs de paix, de justice et de démocratie. "

Pour M. Jean-Paul NGOUPANDE, les représailles du coup d’état manqué, comme il l’a confié le 27 Juin 2001 à l’envoyé spécial de la PANA, M. Jules S .GUEYE, ne sont que " la réponse du berger à la bergère " (sic)...

La diaspora centrafricaine en France, au regard de l’ampleur du génocide naissant en Centrafrique, s’est mobilisée afin d’aider, de soutenir les familles des victimes et d’uniformiser les démarches judiciaires pour la saisine de la justice internationale. C’est le cas à Bordeaux, à Toulouse, à Lyon, à Montpellier avec MM. Francis KPIGNET et Thierry MALEYOMBO, ou à Pontoise où j’ai pris l’initiative de mettre en place, avec le concours de compatriotes et amis de la République Centrafricaine, le Collectif contre le Génocide et le Tribalisme en Centrafrique (CGTCA). Nous avons eu à interpeller le Secrétaire Général des Nations Unies le 26 Juin 2001 à travers une lettre ouverte. Ce Collectif deviendra par la suite, " Collectif Centrafricain d’Appel aux Liens Multi Ethniques " pour lequel nous avons cru utile de retenir l’acronyme " CALME "... 

M. Jean -Bosco PELEKET, Paris, Août 2001 :

En définitive, l’histoire récente de la R.C.A sera écrite tôt ou tard, en toute objectivité, par des Centrafricains intègres. Elle jettera alors une lumière crue sur toutes les forfaitures depuis mars 1959 et en particulier sur la volonté sans précédent, la responsabilité pleine et entière d’un président de la république, A.F. PATASSE, ses proches et les caciques de son parti, le MLPC, de confondre une ethnie avec l’auteur présumé d’un coup d’état manqué pour enfin réaliser un plan longtemps mûri : " à défaut de pouvoir noyer les Yakoma et les Oubanguiens dans leur sang, en éliminer le plus grand nombre possible en commençant par l’élite " !...Cela s’appelle génocide.

La République Centrafricaine a essuyé de nombreuses tentatives de prises de pouvoir par la force depuis son accession à l’indépendance en 1960. A.F. PATASSE lui-même en a commandité une en 1982. Aucun des présidents en exercice y compris Jean -Bedel BOKASSA, ne s’était jamais pris à ce point aux paisibles citoyens et à l’ethnie des putschistes. Oui assurément, PATASSE est passible de parjure, de haute trahison, de crimes économiques, de génocide et de crimes contre l’humanité...

Le coup d’état manqué du 28 Mai 2001 et ses conséquences auront été ce " mal nécessaire " qui a permis à la communauté internationale de comprendre enfin les tristes réalités centrafricaines où un " dictateur mal recyclé " a réussi à se faire élire démocratiquement...

La conjugaison d’efforts multiformes, politiques et militaires, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, va être la voie du salut...Ainsi sont nés en France, le Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) présidé par Charles MASSI et ensuite par le professeur Raymond Max SIOPATHIS et la Coordination des Patriotes Centrafricains (CPC) dirigée par Karim MECKASSOUA, l’aile politique des patriotes militaires conduits par le Général François BOZIZE dont les troupes entreront victorieusement dans Bangui le 15 Mars 2003 après l’échec du 25 Octobre 2002...

FIN

Clotaire SAULET SURUNGBA, Enseignant et syndicaliste

" clotairesauletsurungba@wanadoo.fr "

Histoire de la République Centrafricaine - sangonet