Michel Djotodia approuve les décisions du sommet de N'Djamena : un Conseil national de transition (CNT), rédaction d’une nouvelle Constitution.

 


Le nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia, a approuvé jeudi la mise en place d'un processus de transition démocratique. Ce dernier prévoit la désignation d'un président pour moins de 18 mois. L’ensemble des classes politiques réagit positions aux positions arrêtées. Par ailleurs, le Bénin s'est dit prêt à accueillir le président déchu, François Bozizé.

 

Djotodia approuve la transition dessinée par l’Afrique centrale

 

Libération avec l’AFP, 4 avril 2013 - Jeudi matin, M. Djotodia a reçu à Bangui une délégation composée des ministres des Affaires étrangères des pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) et de représentants de l’Union africaine et de l’Organisation internationale de la francophonie. L’ancien chef rebelle a alors a accepté les propositions des chefs d’Etat d’Afrique centrale, réunis mercredi en sommet à N’Djamena.

Selon l’annonce faite par le président tchadien Idriss Deby, un Conseil national de transition (CNT) formé par toutes les composantes de la société centrafricaine désignerait un président pour une période qui ne devrait pas excéder 18 mois. Cet organe serait chargé de rédiger une nouvelle Constitution et jouerait également le rôle législatif d’une Assemblée.

«J’en ai discuté avec le chef de l’Etat (M. Djotodia, ndlr) qui a marqué son accord pour que cette solution soit retenue», a affirmé jeudi le Premier ministre Nicolas Tiangaye. «Dès l’instant où toutes les composantes de la société feront partie de cette institution (le CNT, ndlr), c’est un gage de légitimité et de légalité qui permettrait de donner plus de poids à nos institutions», a-t-il dit, jugeant que la Centrafrique éviterait ainsi «d’être mise au ban de la communauté internationale».

Le Séléka avait renversé le 24 mars le président centrafricain François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans. Puis, le 30 mars, M. Djotodia s’était autoproclamé président en annonçant qu’il «remettrait le pouvoir» en 2016, au terme transition de trois ans.

Mais le président du Tchad, très influent en ce qui concerne la Centrafrique, a conclu mercredi: «En l’état actuel des choses, il est impossible de reconnaître un président autoproclamé».

Et jeudi, le ministre de la Communication et membre du Séléka Christophe Gazam Betty a confirmé que M. Djotodia avait finalement accepté, «sans tourner autour du pot, tous les schémas élaborés par les chefs d’Etat» d’Afrique centrale.

Ces schémas pourrait en fait permettre à M. Djotodia de rester au centre du jeu s’il devenait le président désigné, des élections n’étant prévues qu’en 2015. «On peut penser que sera M. Djotodia» qui accédera à la présidence, a estimé l’ambassadeur de l’Union européenne à Bangui, Guy Samzun, interrogé par l’AFP. Celui-ci «n’est pas du tout rejeté du processus, au contraire», a estimé le diplomate.

Pour un ancien proche du régime Bozizé ayant requis l’anonymat, le «Séléka a gagné et on ne peut pas le faire disparaître comme ça». «Raccourcir le délai de transition est une bonne chose également. Si on voit que ce n’est pas réalisable, on peut prolonger», a-t-il dit à l’AFP.

L’ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, présent au sommet, a également réagi positivement: «La décision des chefs d’Etat est (...) un moyen de donner une légitimité à un homme ou une femme qui aura la redoutable tâche de mener cette transition».

Le Bénin prêt à accueillir Bozizé

Le président sud-africain Jacob Zuma, invité au sommet de N’Djamena, y avait annoncé le retrait des troupes sud-africaines de Centrafrique. Officiellement, ces militaires sud-africains étaient à Bangui dans le cadre d’un accord de coopération bilatérale portant sur la formation de l’armée centrafricaine.

«Nous avons pris la décision de retirer nos soldats. Nous étions en République centrafricaine sur la base d’un accord entre les deux pays», a dit M. Zuma, selon la radio et télévision publique sud-africaine. «Notre mission était d’aider à l’entraînement des soldats. Depuis le coup d’Etat et la prise du pouvoir par les rebelles, il était clair que le gouvernement n’était plus en place».

La ministre sud-africaine de la Défense, Nosiviwe Mapisa-Nqakula a renchéri jeudi devant le Parlement: «Nous n’avons pas d’accord avec les bandits qui ont pris le pouvoir (en Centrafrique, ndlr). Nous avions un accord avec un gouvernement élu, quelque contestée que fut cette élection (...)».

Elle a confirmé le bilan de «13» soldats sud-africains tués lors de la prise de Bangui, contredisant les affirmations d’un général rebelle centrafricain qui avait fait état de 35 morts dans les rangs sud-africains. L’affaire avait suscité une polémique virulente à Pretoria qui s’était encore durcie quand des médias avaient fait le lien entre cette mission militaire et des projets d’affaires, notamment dans le diamant, montés en Centrafrique par un holding lié au parti au pouvoir.

Par ailleurs, le Bénin s’est dit prêt à accueillir le président centrafricain déchu, s’il en faisait officiellement la demande, selon le ministre des Affaires étrangères béninois, Nassirou Bako-Arifari. Les chefs d’Etat d’Afrique centrale avaient appelé le président Thomas Yayi Boni à accueillir François Bozizé «en tant que frère».

 


 

Centrafrique: Djotodia approuve les propositions du sommet de N'Djamena

 

AFP, 04/04/2013 - Le nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia, a approuvé jeudi les propositions du sommet de N'Djamena, notamment l'élection d'un président de transition pour moins de 18 mois, a déclaré jeudi le Premier ministre, Nicolas Tiangaye.

"J'en ai discuté avec le chef de l'Etat (M. Djotodia, ndlr) qui a marqué son accord pour que cette solution soit retenue", a affirmé jeudi M. Tiangaye, qui avait participé mercredi au sommet la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) dans la capitale tchadienne.

"C'est un accord qui permet à la RCA (République centrafricaine) de sortir de l'isolement, qui permet d'éviter d'être mis au ban de la communauté internationale, je ne vois pas pourquoi la (coalition rebelle) Séléka va s'y opposer", a-t-il ajouté.

"En l'état actuel des choses, il est impossible de reconnaître un président autoproclamé", avait déclaré le président tchadien Idriss Déby mercredi soir à l'issue du sommet consacré à l'avenir de la Centrafrique.

Michel Djotodia, chef du Séléka, avait renversé le 24 mars le président centrafricain François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans, aujourd'hui réfugié au Cameroun.

Selon le président tchadien, un collège "de transition" élirait un président pour une période qui ne devrait pas excéder 18 mois, alors que Michel Djotodia avait annoncé auparavant qu'il dirigerait le pays pendant trois ans avant l'organisation d'élections.

"Ce conseil national (de transition, CNT, ndlr) aura à élire le président de la République et le président du CNT en tant qu'organe constituant législatif, cela permettra à la RCA d'éviter d'être sanctionnée. Dès l'instant où toutes les composantes de la société feront parties de cette institution, c'est un gage de légitimité et de légalité qui permettrait de donner plus de poids à nos institutions", a déclaré M. Tiangaye.