Coup
d’État sur fond de crise humanitaire en RCA
BANGUI,
26 mars 2013 (IRIN news) -
C’est dans un contexte marqué par l’aggravation des conditions humanitaires dans
de nombreuses régions du pays que survient le coup d’État du week-end dernier en
République centrafricaine (RCA). L’accès aux populations affectées est par
ailleurs sévèrement limité.
Les
rebelles de
«
L’évaluation des besoins s’annonce difficile : tous les bureaux et la plupart
des magasins ont en effet été pillés. Bangui n’a ni électricité ni eau. Nous
devons rétablir la sécurité et faire cesser les pillages », a dit à IRIN Amy
Martin, qui dirige la branche du Bureau de la coordination des affaires
humanitaires des Nations Unies (OCHA) de Bangui, le 25
mars.
Le
Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a condamné « la prise de
pouvoir anticonstitutionnelle » et appelé au « rétablissement rapide de l’ordre
constitutionnel ».
«
La majeure partie du personnel des Nations Unies et des ONG se trouve dans
l’enceinte des Nations Unies. On nous demande d’évacuer le personnel considéré
comme non essentiel, car la sécurité n’est pas rétablie, les pillages se
poursuivent et on entend des tirs sporadiques dans les rues », a dit Mme
Martin.
Quelques
jours avant le coup d’État, Mme Martin avait dit à IRIN : « L’environnement
politique et sécuritaire se détériore, car les accords de Libreville [un accord
de paix signé le 11 janvier] ne sont pas appliqués. »
«
Les conditions de l’accord ne sont respectées par aucun des deux camps : la
libération de prisonniers [par le gouvernement], le cantonnement des troupes de
«
Le bilan de
Le
20 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies a condamné les
attaques menées par la Séléka à Bangassou et dans les environs « et
la menace d’une reprise des hostilités ».
«
Les
rebelles avaient par ailleurs lancé un ultimatum et menacé de reprendre les
combats si leurs conditions, notamment la libération de prisonniers politiques
et le retrait des soldats étrangers, n’étaient pas
respectées.
Accès
humanitaire limité
Le
12 mars, les rebelles ont pris la ville de Bangassou en violation de l’accord de
paix signé au mois de janvier. L’accès des travailleurs humanitaires aux
populations ayant besoin d’aide s’en est trouvé encore plus
restreint.
«
Bangassou était un point de transit important pour l’accès des acteurs
humanitaires au sud-est du pays. La prise de la ville, située dans le sud de
Le
15 mars, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a
averti que « la reprise des combats en RCA constituait une menace
pour la population civile du sud-est du pays et compromettait l’accès du HCR aux
réfugiés et aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP)
».
«
Comme c’est toujours le cas dans ce genre de situation, la crise humanitaire ne
peut que se poursuivre et s’aggraver tant qu’il n’y a pas cessation totale des
hostilités », a dit à IRIN Pazougou Fulgence, sociologue à l’université de
Bangui.
Selon
Mme Martin, de l’OCHA, le maintien de l’accès humanitaire est un défi de tous
les instants : « L’insécurité empêche les gens de circuler librement et limite
les déplacements entre les principales villes. Le pillage des bureaux et des
équipements des organisations et les vols de véhicules ont entravé les
opérations humanitaires sur le terrain. La protection dont bénéficient les
civils contre le harcèlement et les autres exactions est faible, ce qui limite
leur liberté de mouvement », a-t-elle dit
«
La saison des pluies qui approche à grands pas et la médiocrité des
infrastructures routières risquent de rendre [l’accès] encore plus difficile, en
particulier dans les régions les plus isolées du sud-est et du nord-est du pays.
»
Dernière
d’une série de crises
L’offensive de
la Séléka, qui a débuté le 10 décembre 2012, est à l’origine de la
dernière d’une série de crises en RCA. Elle a entraîné un accroissement des
besoins des civils en matière de protection et une aggravation du
risque d’insécurité alimentaire.
Des
dizaines de milliers de Centrafricains avaient déjà besoin d’une aide
humanitaire en raison des crises précédentes, en particulier dans l’est du pays.
Selon Kaarina Immonen, représentante spéciale adjointe des Nations Unies en RCA,
ces crises sont le résultat d’une multitude de facteurs, incluant « le récent
conflit, les attaques commises par des groupes armés inconnus ou incontrôlés,
les violences perpétrées par
Selon
le premier ministre centrafricain Nicolas Thiangaye, les crises ont entraîné un
accroissement du nombre de personnes en difficulté, de leur niveau de besoin et
du coût des interventions supplémentaires. « Les civils sont désormais victimes
de graves violations des droits de l’homme : meurtres, viols, pillages et vols
», a-t-il dit.
Selon
l’OCHA, l’offensive de
Interrogée
au sujet des conséquences des crises actuelles en RCA, Mme Vogt, la
représentante spéciale, a dit : « Le bilan de