Centrafricaines,
Centrafricains,
Chers compatriotes,
A l’instar des autres pays
du monde, demain nous passerons de l’année 2014 à l’année 2015. Le passage d’une
année à une autre est toujours un grand moment dans une vie puisqu’il permet de
mesurer le chemin parcouru et de formuler des vœux et des projets d’avenir.
C’est souvent aussi le moment des bilans pour ceux qui ont choisi d’agir pour la
cause commune de leurs peuples afin d’évaluer les points forts et les points
faibles de leurs actions.
Dans la situation exceptionnelle où notre pays
se trouve depuis près de 18 mois et où des missions exceptionnelles ont été
confiées aux dirigeants de la Transition pour relever le pays, un tel bilan
s’impose dans la mesure où le peuple attend en toute légitimité d’être fixé sur
les actions menées, sur les difficultés rencontrées, sur ce qui reste à faire
mais surtout sur les raisons d’espérer dans un avenir meilleur. L’approche de la
fin de la Transition prévue initialement au 15 février 2015 accentue cette
attente puisque les élections sensées sanctionner le retour à la légalité
constitutionnelle ne pourront pas être organisées avant cette date.
Mes
chers compatriotes,
Un bilan complet vous sera bientôt fait, à
l’occasion du jour anniversaire de mon accession à la tête de l’Etat, en janvier
2015. Cependant, à la veille de ce passage à l’année 2015, vous avez non
seulement le droit de savoir mais il est important de vous rassurer et de vous
donner des raisons de croire que 2015 sera différent de 2014.
Après une
année 2013 catastrophique où vous n’avez même pas eu droit à une réjouissance
familiale le 31 décembre, 2014 s’est présenté comme l’année de tous les espoirs
avec mon élection à la magistrature suprême de l’Etat le 20 janvier 2014. Dès ma
prise de fonction, j’ai pris conscience des espoirs placés en moi et en l’année
2014 pour un changement significatif de la situation désastreuse du pays et pour
une amélioration dans la vie de chacun d’entre vous.
Sur la base de ma
vision de sortie de crise, j’ai immédiatement impulsé une dynamique de
rassemblement de tous les Centrafricains sans exclusif autour du projet de
reconstruction de notre pays, meurtri par plusieurs décennies de crise.
La formation d’un gouvernement de technocrates, au-dessus des clivages
politiques et des intérêts qui divisent, a correspondu à ma lecture des voies et
moyens de la sortie de crise. N’appartenant pas un parti politique, j’ai fait
appel à des Centrafricains de toutes les sensibilités, de toutes les régions
mais reconnus compétents et intègres pour m’accompagner dans la lourde
responsabilité de conduire les destinées de notre pays.
Malgré les
critiques formulées à l’endroit de ‘’ma technocratie ‘’, le premier gouvernement
de la Transition dans ce format n’a pas démérité puisque les compatriotes qui le
composaient ont donné le meilleur d’eux pour servir leur pays.
Souvenez-vous qu’en janvier 2014, la République Centrafricaine était au
bord de l’implosion avec une insécurité généralisée, des actes de violences sans
précédents, sur fond de considérations inter religieuses et des milliers de
déplacés internes et externes. Les défis auxquels nous devions faire face
étaient énormes: défis sécuritaire, humanitaire, sociopolitique et économique.
Il fallait par ailleurs recoller la cohésion sociale mise à mal, restaurer
l’autorité de l’Etat et relancer le processus électoral.
Sous mon
impulsion, ce gouvernement s’est attaqué à tous ces défis. C’est avec ce
gouvernement que j’ai obtenu les premiers résultats de mes actions.
Mon
engagement à conduire la Transition à son terme en février 2015 était ferme et
tout était mis en œuvre pour aller dans ce sens si nous n’avons pas été
confrontés à toutes les difficultés dressées à dessein sur notre chemin.
Chers compatriotes,
Contrairement à certaines idées
véhiculées pour ternir mon image et décrier mes actions, beaucoup d’initiatives
ont été prises pour affirmer mon leadership et prendre en mains la destinée du
peuple Centrafricain. Il s’est trouvé malheureusement que toutes les initiatives
prises se sont butées à des obstacles de tout genre. C’est ainsi que le
chronogramme que nous avons arrêté pour la Transition a suivi les contrecoups
des évènements de Fatima en mai, de Malabo en juin, et surtout des tractations
de la nomination d’un nouveau Premier Ministre et de la formation du nouveau
gouvernement en août, après le Forum de Brazzaville tenu fin juillet. En outre,
les graves événements du mois d’octobre à Bangui ont failli marquer un coup
d’arrêt à ce chronogramme.
Je rappelle ces moments difficiles de l’année
2014 pour bien montrer que si on nous avait laissé travailler dans un minimum de
conditions de sérénité, la perspective d’un vide constitutionnel à la fin de la
période actuelle de Transition ne se serait jamais présentée, encore moins le
besoin de demander une prolongation de celle-ci.
Malgré tous ces
obstacles, notre détermination d’aller de l’avant ne s’est pas émoussée. Grâce à
cette détermination, après onze mois d’exercice du pouvoir de l’Etat, des
avancées notables peuvent être enregistrées dans la gouvernance du pays avec des
effets significatifs sur l’amélioration des conditions de vie des populations.
Il en est ainsi du paiement régulier des salaires, pensions et bourses avec
l’appui de la communauté internationale et de la sécurité qui revient
progressivement grâce à l’appui des forces internationales. Avec ce retour
graduel de la sécurité à Bangui et dans l’arrière-pays, les enfants ont repris
peu à peu le chemin de l’école, les hôpitaux et centres de santé ont recommencé
à nouveau de fonctionner, les agents de l’Etat et les employés du secteur privé
sont de retour à leur lieu de travail, notamment à Bangui et l'approvisionnement
du pays en produits de première nécessité se normalise, avec un impact positif
sur les recettes de l'Etat.
L’on peut également noter une amélioration
significative de la situation des déplacés internes des différents sites dont
les effectifs ont progressivement baissé, apprécier le déploiement progressif de
l’administration dans l’arrière-pays et la reprise progressive des activités
économiques.
Mes chers compatriotes,
Mes propos ont tendu à
mettre en exergue les efforts déployés au quotidien pour réduire la souffrance
du peuple centrafricain, pour ramener la paix et la sécurité.
Comme vous
le voyez, la vie reprend petit à petit et l’espoir renaît tout doucement dans
notre pays.
Il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire. Les
besoins sont énormes et les moyens pour y répondre demeurent encore très
limités. Le contrôle d’une partie du pays par les groupes armés non
conventionnels reste une préoccupation majeure et constitue un frein à la libre
circulation sur tout le territoire. C’est pourquoi, il est urgent de mettre en
œuvre les programmes de désarmement, démobilisation, réinsertion et
rapatriement(DDRR) et d’aboutir à un engagement réel des groupes armés à
s’impliquer sur le terrain pour le retour effectif de la paix et de la sécurité.
Cela créera les conditions favorables au retour rapide des personnes
encore déplacées internes et refugiées, au renforcement de la protection des
populations civiles et au rapprochement de l’administration des administrés.
Mes chers compatriotes,
Je peux rassurer toute la population
Centrafricaine de notre détermination à conduire le pays au retour à la légalité
constitutionnelle à travers des élections libres, démocratiques et
incontestables.
C’est pour créer les conditions d’une fin apaisée de la
Transition que le gouvernement et moi-même travaillions étroitement avec toutes
les forces vives de la Nation pour réaliser les actions prioritaires qui ont été
définies pour les prochaines étapes de la Transition, à savoir les consultations
populaires à la base, le forum national de Bangui dont le décret mettant en
place la commission de préparation a été signé depuis le 2 décembre, la révision
de la constitution et in fine les élections selon le chronogramme proposé par
l’Autorité Nationale des élections et validé par la Communauté Internationale.
Il n’en demeure pas moins que nous ne sommes pas à l’abri des périls qui
s’organisent à notre insu. Il en est ainsi des nombreux projets de
déstabilisation de la transition fomentés çà et là et notamment de la réunion
organisée à Nairobi dans des conditions qui restent encore à clarifier.
Je reste cependant sereine parce que j’ai noté avec une grande
satisfaction la maturité de la classe politique, de la société civile et du
citoyen lambda qui ne sont plus disposés à accepter des manipulations et autres
intrigues orchestrées sur leur dos, pour les diviser davantage et hypothéquer
l’avenir du pays.
J’en appelle à la vigilance et à la mobilisation du
peuple centrafricain pour transcender les divergences et divisions qui ont causé
notre malheur dans le passé pour nous unir et mener de front la bataille pour la
sortie définitive de crise et la reconstruction du pays.
Cette
vigilance, je la recommande aussi dans l’organisation des festivités de fin
d’année dans un contexte sécuritaire encore difficile, dominé par les actes
isolés de violence et de banditisme. Ce moment devrait davantage être celui du
partage en famille et je souhaite que vous le saisissez pour rester en famille.
Au seuil de cette nouvelle année, tout en saluant encore la capacité de
résilience du peuple Centrafricain qui a affronté avec courage la crise, j’ai
une pensée profonde pour tous ceux qui ont souffert ou disparu au cours de cette
année 2014 et compatie avec toutes les familles endeuillées ou séparées.
Mes chers compatriotes,
Je souhaite une année 2015 faite de
paix, de pardon et d’amour à tous les Centrafricains sans distinction de
confessions religieuses, à tous les centrafricains des partis politiques, de la
société civile, des organisations des femmes et de la jeunesse, des syndicats,
du secteur public et du secteur privé, des villes et du monde rural. J’associe à
ces vœux tous les Centrafricains de la diaspora et tous ceux qui sont encore sur
les sites de déplacés ainsi que ceux qui sont réfugiés dans les pays voisins
comme le Tchad, le Cameroun et les deux Congo.
Je n’oublie pas tous les
frères d’Afrique et d’ailleurs qui ont choisi de vivre en République
Centrafricaine et qui doivent se sentir comme chez eux. Que la nouvelle année
leur apporte la paix et le bonheur qu’ils sont en droit d’attendre de la terre
Centrafricaine.
J’ai une pensée toute particulière pour les soldats et
officiers des forces internationales de maintien de la paix déployées dans notre
pays qui ne feront pas la fête avec leurs familles proches parce qu’ils ont
choisi de défendre la cause de la paix en Centrafrique. Je formule le vœu que
l’année 2015 leur procure toute la réussite et l’épanouissement personnel dont
ils ont besoin pour l’accomplissement de leur noble mission.
C’est aussi
l’occasion de renouveler à tous les pays de la communauté internationale qui ont
permis que le pire soit évité dans notre pays en 2014 l’expression de ma
profonde reconnaissance pour tout ce qui a été fait en notre faveur. Je formule
le vœu que 2015 soit l’année du renforcement de notre coopération en vue de
sortir définitivement la R.CA de la spirale des crises.
Que le Bon Dieu
bénisse la République Centrafricaine et en fasse en 2015 une terre de paix, de
cohésion sociale et de prospérité.
Je
vous remercie.
[31/12/2014]