Centrafrique
: tirs et barricades à Bangui après le rejet de la candidature Bozizé à la
présidentielle
Par
Rédaction de France Info mardi 8 décembre 2015 22:46
Troupes
de la Minusca à Bangui © Maxppp
De
vives tensions ont éclaté ce mardi à Bangui, la capitale centrafricaine, après
l'annonce du rejet de la candidature présidentielle de François Bozizé, ex-chef
d'Etat renversé, sous le coup de sanctions internationales.
La
Cour constitutionnelle centrafricaine a validé ce mardi 30 candidatures à la
présidentielle. Mais elle en a rejeté une sur laquelle étaient braqués de
nombreux regards. Celle d'un revenant dans le paysage politique du pays, du
moins officiel. François Bozizé, renversé en 2013 par un coup d'Etat n'a pas été
autorisé à se présenter, de même que Patrice-Edouard Ngaïssona, le
coordinateur général des milices - majoritairement chrétiennes et animistes -
anti-balaka accusées d'avoir commis d'innombrables exactions sur la population
depuis deux ans.
"Il
n'y a rien de surprenant, nous savions que la messe était
dite"
L'une
des raisons avancées est que l'ex-président n'a pas pu prouver son inscription
sur les listes électorales. "Il n'y a rien de surprenant, nous savions
que la messe était dite (...) il y a eu des pressions intérieures et
extérieures pour écarter Bozizé. Mais c'est une injustice", a réagi Bertin
Béa, le secrétaire général de son parti, le Kwa Na Kwa (KNK). "Tout le
monde sait qu'il est en exil à Kampala (Ouganda) et interdit de voyager à cause
des sanctions de l'ONU, techniquement il ne pouvait donc pas s'inscrire sur les
listes électorales", a ajouté Bertin Béa.
Barricades
et tirs à Bangui
Suite
à cette décision des barricades ont brièvement fleuri dans les rues de
Bangui et des tirs ont été entendus, laissant craindre que le pays ne
replonge dans les troubles. Le calme est revenu après la tombée de la nuit,
selon des sources sécuritaires concordantes. "La gendarmerie et la
police (centrafricaines) sont intervenues avec l'appui des Sénégalais de la
Minusca (...) ils ont pu faire enlever les barricades et rétablir l'ordre",
s'est félicité sous couvert d'anonymat une source au sein des forces
internationales.
Le
premier tour des élections présidentielle et législatives est officiellement
prévu le 27 décembre, avant un éventuel second tour le 16 janvier
2016
Cf. :
Gel des avoirs
du neveau de François Bozizé : Michel Sapin visé par une
plainte
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France
24 Avec AFP -
Dernière modification : 08/12/2015
À
quelques jours d’un référendum sur l’adoption d’une nouvelle Constitution, qui
aura lieu dimanche 13 décembre en Centrafrique, les tensions se sont ravivées, mardi 8
décembre, dans la capitale Bangui. Des barricades ont été érigées et des tirs
ont été entendus dans les rues de la ville après l’annonce des candidatures
validées pour le premier tour de la présidentielle, prévu le 27 décembre, et le
rejet de celle de l’ancien président François Bozizé.
Selon
la Cour constitutionnelle, l’ex-chef d’État ne pourra pas se présenter, car il
n’a pas fourni la preuve de son inscription sur les listes électorales. Ce
dernier actuellement en exil à Kampala en Ouganda et interdit de voyager en
raison de sanctions des Nations unies pour son rôle présumé dans les violences
et les tueries intercommunautaires dans son pays.
Barricades
et tirs dans huit quartiers de Bangui
Comme
l’avait prédit des sources sécuritaires ces derniers jours, le rejet de la
candidature de Bozizé a provoqué le mécontentement de ses partisans dans la
capitale. Des "barricades et tirs" ont ainsi été signalés dans au moins huit
quartiers de Bangui, a affirmé l'ambassade de France à Bangui dans un message de
sécurité envoyé par SMS. Elle recommande à ses ressortissants d'"éviter ces
secteurs et de limiter les déplacements au strict
nécessaire".
Alors
que le calme régnait dans le centre-ville, la situation était surtout tendue
dans les quartiers périphériques de la capitale comme Combattants (non loin de
l'aéroport) et Gobongo, proches des fiefs des anti-balaka. "Des tirs sporadiques
persistent dans la capitale. L’avion d’Air France a pu décoller avec un léger
retard. Il y avait des tirs autour de l’aéroport en fin d’après-midi", raconte
Anthony Fouchard, le correspondant de France 24 en Centrafrique. "Le calme est
revenu. Le couvre feu qui a été instauré fin septembre après les violences est
toujours en vigueur. À 20 h, il est interdit à tout le monde de sortir dans les
rues", rapporte-t-il dans la soirée. La capitale centrafricaine, régulièrement
secouée par des violences, avait ces derniers jours connu une période d'accalmie
après la visite du pape François à Bangui les 29 et 30 novembre.
Des
partisans de Bozizé et de Ngaïssona dans les rues.
Un
scrutin qui s'annonce complexe
La
Cour constitutionnelle centrafricaine a retenu au total 30 candidatures dont
celles de plusieurs poids lourds politiques comme Martin Ziguelé, Anicet-Georges
Dologuélé ou encore Karim Meckassoua. Une seule femme figure dans la liste,
Régina Konzi, professeur d'anglais et candidate "indépendante". L'actuelle
présidente de transition, Catherine Samba Panza, ne pouvait pas juridiquement se
présenter.
La
candidature de Patrice-Edouard Ngaïssona, le coordinateur général des milices
(majoritairement chrétiennes et animistes) anti-balaka accusées d'avoir commis d'innombrables
exactions sur la population depuis deux ans, a en revanche été
rejetée.
"On
ne peut pas dire que ce sont seulement les militants de l’ex-président qui ont
érigé les barricades et qui ont tiré dans plusieurs quartiers de la ville, car
il y a aussi la candidature de Patrice-Édouard Ngaïssona qui a été invalidée",
précise Anthony Fouchard. "Dans les rues de Bangui, selon plusieurs témoins, il
y avait à la fois des partisans de Bozizé et de
Ngaïssona".
La
Cour Constitutionnelle a également examiné les dossiers des quelque 1 800
candidats aux législatives qui se présentent dans les 141 circonscriptions du
pays. Le premier tour des élections présidentielle et législatives est
officiellement prévu le 27 décembre, avant un éventuel second tour le 16 janvier
2016. L'organisation pratique des scrutins s'annonce toutefois complexe,
notamment pour préparer et acheminer le matériel électoral dans tout le pays,
alors que des chefs rebelles tenant des zones de province, dont Nourredine Adam,
ex-numéro 2 de la Séléka, ont fait savoir qu'ils
s'opposeraient à la tenue de ces élections.