Centrafrique : les frontières, la sécurité et la crise humanitaire au centre d'une réunion tripartite avec la RDC et le Soudan du Sud

 

Le ministre centrafricain de l'Intérieur, de la Sécurité publique et de l'Administration du territoire, Jean-Serge Bokassa, a annoncé dimanche qu'une réunion tripartite, à laquelle il a participé, avait été organisée en août dernier en République démocratique du Congo (RDC), avec les autorités du Soudan du Sud, de la RDC et de la République centrafricaine (RCA).

Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des trois pays ont également pris part à cette rencontre, qui était, selon M. Bokassa, axée sur "la problématique des frontières, de la sécurité et de la crise humanitaire".

Considérant les conclusions de cette réunion stratégiques, les autorités concernées refusent d'en livrer le contenu. Toutefois, un tour d'horizon des problèmes sécuritaires impliquant les trois pays permet d'imaginer le contenu des discussions de la réunion tripartite.

Il est certain que le triangle RDC, Soudan du Sud et RCA a évoqué le groupe du chef rebelle ougandais Joseph Koni, qui enlève régulièrement des villageois afin de grossir ses rangs.

Pour faire face à ce groupe rebelle, des militaires ougandais et américains avaient longuement été stationnés dans la ville d'Obo, chef-lieu de la préfecture du Haut Mbomou, à plus de 1.230 km au sud-est de Bangui, quasiment à la frontière avec le Soudan du Sud.

Cependant, ces forces ne sont pas parvenues à appréhender Joseph Koni, ni ses combattants. Les militaires ougandais ont été obligés de quitter Obo au mois de mai 2017.

Par ailleurs, en février dernier, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) avait ordonné à Ali Darass, autre chef rebelle établi dans la localité de Bambari, chef-lieu de la préfecture de la Ouaka au centre de la RCA, de quitter la région.

Pourtant, aux dernières nouvelles, Ali Darass et ses combattants se seraient redéployés dans les localités de l'est de la RCA. Ils seraient responsables des massacres dans les villes d'Alindao, Kembé, Bangassou, Raphaï et Zémio, ainsi que des meurtres des employés humanitaires de la Croix-Rouge centrafricaine.

Pour survivre, de nombreuses populations des localités riveraines du Mbomou, le cours d'eau qui fait office de frontière entre la RDC et la RCA, ont décidé de s'installer de l'autre côté de la rive.

D'autre part, les populations sud-soudanaises, qui craignent pour leur vie à cause des affrontements armés entre les forces de Salva Kiir et celles de son opposant Riek Machar, ont été obligées de se réfugier sur le sol centrafricain.

A l'heure actuelle, de nombreuses ONG humanitaires ont décidé d'interrompre leurs opérations dans les préfectures de l'est de la RCA. Pour rappel, des employés humanitaires de la Croix-Rouge centrafricaine ont été tués par des rebelles se réclamant de la Séléka dans la ville de Gambo, dans la préfecture du Mbomou.

La réunion tripartite Soudan du Sud, RDC et RCA avait sûrement pour objectif de fédérer les énergies de la région afin de contrer tous ces fléaux.

Xinhua - 04.09.2017 08h23