Trois ans déjà, Jean-Paul NGoupandé !

 

Il y a trois ans, le 4 mai 2014, disparaissait Jean-Paul NGoupandé. Trois ans déjà, que l'ancien premier-ministre du président Ange-Félix Patassé, ancien ministre de l'éducation nationale, ancien député, ancien ambassadeur en Côte d'Ivoire puis à Paris, s'est inscrit sur une trajectoire de météorite. Dans le ciel politique centrafricain, il aura laissé la trace d'une étoile filante, flamboyante, aveuglante et éphémère.

 

Docteur en philosophie et homme de lettres, Jean-Paul NGoupandé, JPN ou Pandos pour ses intimes dont je ne suis, a cependant été un acteur politique majeur en République Centrafricaine. Dans son dernier opus, L'Afrique sans la France, il signale sa singularité par une apostrophe mémorable : « l'avenir de nos pays est une affaire trop sérieuse pour être laissé entre les mains des seuls politiciens, la dernière décennie ayant confirmé qu'ils étaient dans leur majorité plus mus par la soif du pouvoir que par les intérêts fondamentaux des peuples » (1).

Il avait raison, hélas ! Son petit parti, le PUN, parti de l'unité nationale, ne lui aura pas survécu ; un arbre sans sève ne donne pas de fruits.

 

Ses partisans, qui sont aujourd'hui partout aux affaires, au cabinet présidentiel, au gouvernement comme à l'assemblée nationale, ont depuis ignoré les leçons du maître. Les voici désormais vautrés dans le lit du tribalisme politique, plus attentifs au confort douillet du protocole qu'au sort du peuple, lequel survit grâce à la bienveillance de l'aide humanitaire internationale.

 

Au moment où la France, à l'issue de son élection présidentielle, va définitivement tourner la page de la Françafrique, au moment où l'aide publique au développement se raréfie, au moment où le fonds monétaire international resserre les liens des dépenses sociales, ils ont tort de pavoiser. Comme tous les prédateurs qui les ont précédés au pouvoir, ils finiront balayés par la cohorte affamée de leurs concitoyens. Et Jean-Paul NGoupandé ne sera plus là pour leur servir de conseil.

 

La comète s'en est allée, il y a trois ans. A sa veuve et à ses enfants, nous adressons nos meilleures considérations.

 

Paris, le 03 mai 2017

 

Prosper INDO

Economiste,

Président du CNR

 

1 – Jean-Paul Ngoupandé : L'Afrique sans la France, Edition Albin Michel, Paris, 2002.