RCA
: les enfants paient un prix élevé face à la reprise des hostilités avertit
l’ONU
La
protection et le bien-être des enfants en République centrafricaine (RCA) se
sont gravement détériorés ces derniers mois et particulièrement depuis la fin de
l'année 2020 avec un pic pour la plupart des six violations graves, selon le
dernier rapport sur le pays du Secrétaire général portant sur les enfants et les
conflits armés paru lundi.
«
La situation sécuritaire en République centrafricaine s'est rapidement dégradée
ces derniers mois et les enfants paient un prix élevé pour cette reprise des
hostilités », a expliqué la Représentante spéciale du Secrétaire général pour
les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba.
La
Représentante spéciale précise que la vulnérabilité des enfants centrafricains
aux violations graves a été largement exacerbée par une recrudescence des
hostilités à travers le pays, notamment les attaques des groupes armés et les
opérations militaires contre-offensives des forces gouvernementales et
pro-gouvernementales pendant les processus électoraux de 2020 qui se poursuivent
à ce jour.
Le
rapport de son Bureau souligne que 1.280 enfants ont subi une ou plusieurs
violations graves entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2021, les filles
représentant plus de 40 % de toutes les victimes. La plupart des violations
graves ont été commises par des groupes armés ; néanmoins 5% ont été attribuées
aux Forces armées centrafricaines (FACA) et au personnel de sécurité déployé de
manière bilatérale et autre.
«
J'appelle les signataires de l'Accord politique à respecter leurs engagements, y
compris ceux qui concernent les enfants, et à mettre en place de toute urgence
des mesures concrètes pour protéger les enfants contre le danger et empêcher de
nouvelles violations », a déclaré Mme Gamba.
Le
recrutement et l'utilisation d'enfants ont été la violation la plus importante
avec 845 garçons et filles affectés.
Viennent
ensuite les incidents de viol et d'autres formes de violence sexuelle, dont le
nombre vérifié est inquiétant, bien que la violation soit largement
sous-déclarée, généralement par crainte de représailles, de stigmatisation,
d'absence de responsabilité et de soutien aux victimes et aux survivants. Au
moins 249 filles ont été victimes de viols ou d'autres formes de violence
sexuelle, mais l'ampleur réelle de ces violations est probablement bien pire.
Le
refus d'accès humanitaire a été la troisième violation la plus vérifiée avec 226
incidents.
«
La situation devient de plus en plus difficile pour les acteurs humanitaires,
qui luttent et font face à des dangers croissants pour atteindre les plus
vulnérables, notamment les enfants, qui ont un besoin urgent d'une assistance
vitale », a déclaré Virginia Gamba.
Au
30 juin 2021, 2,8 millions de personnes avaient besoin d'une aide humanitaire et
plus de 717.000 personnes avaient été déplacées à l'intérieur du pays, selon les
chiffres de l'OCHA.
Par
ailleurs la fréquence des attaques contre les écoles et les hôpitaux est
également préoccupante, car les systèmes d'éducation et de santé sont restés
profondément affectés par le conflit et ont été encore plus touchés par la
pandémie de COVID-19. Aussi, le nombre élevé de cas d'utilisation militaire
d'écoles est de plus en plus préoccupant.
La
violence dans le pays a fait payer un lourd tribut aux enfants
:
«
Ces incidents ont privé les enfants d'aller en classe ou les ont obligés à
s'inscrire dans d'autres écoles » a fustige Mme Gamba exhortant toutes les
parties « à libérer toutes les écoles et tous les hôpitaux qui continuent d'être
utilisés, à respecter le caractère civil de ces installations et à mettre en
place des mesures rapides et efficaces pour prévenir cette pratique,
conformément à l'engagement pris dans le cadre de la Déclaration sur la sécurité
dans les écoles que le pays a approuvée ».
La
Représentante spéciale s’est néanmoins félicitée du renforcement du cadre
juridique national par la promulgation du Code de protection de l'enfant en juin
2020 dont des dispositions criminalisent les six violations graves contre les
enfants.
Mme
Gamba a exhorté le gouvernement à mettre rapidement en œuvre la nouvelle
loi.
Elle
a également signalé que le plaidoyer des Nations Unies sur le terrain auprès des
groupes armés a conduit à la séparation de 653 enfants des groupes armés, qui
ont tous bénéficié d'un soutien à la réintégration, avec 130 enfants de plus
séparés depuis juin 2021.
La
Représentante spéciale souligne l'importance d'un soutien complet à la
réintégration pour tous les enfants libérés, y compris le dépistage médical, la
recherche et la réunification des familles, l'assistance psychosociale et la
formation éducative ou professionnelle.
À
ce titre, elle rappelle à la communauté internationale l'importance de continuer
à soutenir les efforts de réintégration tant sur le plan politique que
financier, notamment la Coalition mondiale pour la réintégration des enfants
soldats.
Malgré
certains progrès dans la responsabilisation des auteurs de crimes contre les
enfants, l'impunité reste élevée et la Représentante spéciale exhorte les
autorités à « traduire les auteurs en justice et à utiliser pleinement le Code
de protection de l'enfant récemment promulgué ».
Aussi
la Représentante spéciale signale qu’en raison de la pandémie de Covid-19, en
RCA, les mécanismes de protection ont été affaiblis et les écoles ont été
fermées pour empêcher la propagation du virus, ce qui a suscité des inquiétudes
quant à une augmentation potentielle de la vulnérabilité des enfants à davantage
de violations, notamment le recrutement et l'utilisation, et la violence
sexuelle.
«
Alors que les pays du monde entier continuent à se concentrer sur leur réponse à
la pandémie et à déployer des programmes de vaccination, nous devons nous tenir
prêts à répondre aux besoins urgents des enfants, en particulier dans les
régions où la situation est la plus critique », a affirmé Virginia Gamba.
Elle
appelle en outre le gouvernement et les parties au conflit à développer une
stratégie nationale pour prévenir les violations graves contre les enfants et
ajoute que les Nations Unies sont prêtes à soutenir tous les efforts pour mieux
protéger les enfants centrafricains.
Nations
Unies Unicef- 15 novembre 2021
Photo : Une
jeune fille de quinze ans de la République centrafricaine a manqué deux années
d'école lorsqu'elle était enfant soldat.