Areva et l'exploitation de l'uranium en République Centrafricaine: négoces et coût à payer

 

 

Matières premières et l’uranium: les phosphates sédimentaires

Teneur de l'écorce terrestre : 3 à 4 ppm. C'est un élément relativement répandu : il est approximativement aussi abondant que l'étain ou le zinc, 50 fois plus que le mercure et 1000 fois plus que l'or.

Eau de mer: 3 mg d'U/L soit au total 4,5 milliards de t d'uranium. Par exemple, le Rhône charrie près de 100 t/an d'uranium naturel qui provient, en partie, du ruissellement des pluies sur les massifs cristallins. L'extraction de l'uranium de l'eau de mer est techniquement possible, mais elle n'est pas rentable en 2005.

L'exploitation des gisements est économiquement rentable lorsque les teneurs en uranium dépassent 0,05 % à 0,1 %. En général, la teneur des gisements exploités est de 0,1 à 0,3 %. Des gisements exceptionnels peuvent atteindre des teneurs plus élevées : 10 à 20 % à Cigar Lake et Mc Arthur au Canada.

Minerais

De différents typesd : à pechblende, à uraninite (contiennent de l'oxyde U3O8), à brannerite (contiennent du titanate d'uranium)…

L'uranium se trouve sur tous les continents et dans tous les types de terrain. Les plus grands producteurs mondiaux sont donc souvent des pays d'une grande superficie. En particulier, les plus grands gisements connus en 2006 se trouvent en Australie, au Canada et au Kazakhstan.

Les phosphates sédimentaires naturels, matières premières des engrais phosphatés, renferment des teneurs de 50 à 300 ppm d'U, en substitution dans la structure apatitique (exceptionnellement de 0,2 à 0,5 % dans le gisement de Bakouma en République Centre Africaine). Lors de l'attaque sulfurique du phosphate, U est libéré et passe en solution dans l’acide phosphorique duquel il peut être extrait à l'aide de solvants organiques. En 1984, 6 unités, dont 4 aux États-Unis étaient en service dans le monde occidental, avec une production de 1400 t d'U. En Irak, à Al Qaim, une unité fut construite en 1984 et détruite en 1991.

Gisement d'Oklo (Gabon) : dans ce gisement, durant 600 000 ans, a fonctionné, il y a 1,8 milliard d'années, un réacteur nucléaire naturel. A cette époque, l'uranium naturel avait une teneur de 3,07 % en 235U. L'uranium du cœur de la zone de réaction a actuellement une teneur de 0,004 % en 235U (0,72 % normalement) : 2 t de 235U ont été consommées par fission.

NDLR sangonet - Source : Uranium-96 - http://www.sfc.fr/Donnees/metaux/ura/texura.htm

 

1. RCA: le gouvernement juge "irrégulière" la reprise par Areva d'une mine

BANGUI (AFP), 20 septembre 2007 — Le gouvernement centrafricain juge "irrégulière" la reprise de l'exploitation de la mine d'uranium de Bakouma, dans l'extrême-est du pays, par le groupe nucléaire français Areva, selon un communiqué mercredi.

Le groupe Areva a racheté fin juillet 2007 le producteur canadien d'uranium UraMin, qui disposait d'exploitation de mines d'uranium en Afrique du Sud, Namibie et Centrafrique, avec pour objectif de doper sa production à environ 19.000 tonnes à l'horizon 2012.

"Cette opération (de rachat) est irrégulière au regard des dispositions légales centrafricaines et des clauses contractuelles. De plus, elle a été réalisée au mépris des droits et intérêts du peuple centrafricain", selon le communiqué, lu à la radio nationale par le porte-parole du gouvernement Aurélien-Simplice Zingas.

"Le gouvernement centrafricain reste fermement attaché à la réalisation du projet d'exploitation et de mise en valeur du minerai d'uranium de Bakouma. Il tient cependant à ce que toute opération relative à cette exploitation, soit aussi profitable au peuple centrafricain, afin d'obtenir (...) le juste respect de ses intérêts légitimes", a-t-il poursuivi.

Selon le porte-parole, "le gouvernement a mandaté une équipe d'avocats nationaux et internationaux, pour parvenir à une solution négociée avec les sociétés UraMin et Areva".

Le 28 février 2006, l'Etat centrafricain et UraMin avaient signé une convention minière relative à la mise en valeur du minerai d'uranium de Bakouma, dont un peu plus de 93% des parts revenaient à UraMin.

Le chef de l'Etat centrafricain, François Bozizé, a reçu le week-end dernier le vice-président d'Areva, Olivier Mallet.

Depuis le début de la semaine, les médias d'Etat, radio et télévision, multiplient des émissions "micro en balade" au cours desquelles les Banguissois manifestent leur mécontentement face à la reprise de l'exploitation d'Uramin de Bakouma par Areva, sans l'avis du gouvernement.

D'anciennes accusations contre la France refont surface, concernant la contamination radioactive de populations locales. Selon une source au ministère des Mines, la société française Cogema, qui avait démarré l'exploitation de l'uranium de Bakouma dans les années 70 dans des mines à ciel ouvert "a occasionné d'énormes dégâts radioactifs contre la population".

En avril 2007, des associations avaient aussi fait état de contaminations radioactives au Gabon et au Niger, demandant au groupe Areva de "prendre ses responsabilités" environnementales et sanitaires.

La Cogema avait cessé rapidement ses activités en Centrafrique, estimant que l'uranium centrafricain n'était pas de bonne qualité.

La présence d'uranium dans la région de Bakouma avait été mise en évidence par le Commissariat français à l'énergie atomique (CEA) en 1947, lorsque la Centrafrique était une colonie française.

 

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2. Uranium en RCA: Paris souhaite transparence et bénéfices aux populations

La France a souhaité vendredi que l'exploitation d'une mine d'uranium en République centrafricaine, objet d'un différend entre Bangui et le groupe nucléaire français Areva, "se fasse dans le respect des clauses contractuelles et dans la plus grande transparence".

Le gouvernement centrafricain a qualifiée mercredi l'opération de rachat, fin juillet, de la mine de Bakouma par Areva au producteur canadien d'uranium UraMin "d'irrégulière au regard des dispositions légales centrafricaines et des clauses contractuelles".

Bangui a également souhaité que l'exploitation de la mine "soit aussi profitable au peuple centrafricain".

Le ministère français des Affaires étrangères, interrogé sur ce sujet, a déclaré: "bien évidemment nous partageons" le "souci exprimé par les autorités centrafricaines de ce que l'exploitation bénéficie aux populations locales".

"Il nous paraît important que soit menée dans ce pays une politique d'utilisation optimale des ressources naturelles, qui doivent être exploitées au bénéfice des populations, et donc nous sommes attachés à ce que l'exploitation de ce gisement se fasse dans le respect des clauses contractuelles et dans la plus grande transparence", a ajouté le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Frédéric Desagneaux.

A cet égard, Paris "encourage" Bangui à "rejoindre le pays africains qui ont adhéré à l'Initiative de transparence des industries extractives", en soulignant que "cette adhésion ne pourra que conforter la transparence du processus d'extraction".

Le groupe nucléaire français a déclaré jeudi qu'il n'irait "pas en deçà" de la convention qui régit la mine, ajoutant "partager avec l'Etat centrafricain la même volonté de mettre en exploitation ce gisement dans une logique durable et de manière gagnante-gagnante" pour "l'ensemble des parties prenantes".

Cette affaire survient après un contentieux avec Areva au Niger, où le gouvernement a également contesté l'exploitation de ses mines par le groupe français et annoncé le 5 août la fin du "monopole" d'Areva sur l'uranium nigérien.

Avant cette décision, Areva avait renouvelé ses contrats miniers dans le pays, permettant au Niger de vendre son uranium à un prix plus élevé, dans le contexte d'une flambée des prix de ce minerai dans le monde.

"Je ne vois pas de lien entre les deux situations", a toutefois déclaré M. Desagneaux, interrogé pour savoir si l'on pouvait rapprocher les conflits impliquant Areva au Niger et en Centrafrique.

© http://www.romandie.com avec AFP - PARIS, 21 septembre 2007

 

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3. Uranium: prix élevés poussent des Etats à renégocier leurs contrats

Les prix élevés de l'uranium sur le marché poussent certains pays producteurs, comme le Niger ou désormais la Centrafrique, à renégocier leurs contrats avec les entreprises qui exploitent leurs mines afin de vendre plus cher ce minerai très convoité.

La Centrafrique, après le Niger, a contesté mercredi la reprise de l'exploitation d'une de ses mines par le groupe nucléaire français Areva. Cette mine de Bakouma (est) appartenait jusqu'à présent au producteur canadien d'uranium UraMin, racheté par Areva fin juillet.

Le gouvernement centrafricain a qualifié «d'irrégulière» l'opération de rachat et souhaité que l'exploitation de la mine «soit aussi profitable au peuple centrafricain».

Areva a concédé jeudi qu'il y avait «des bases de discussions» possibles dans la convention minière qui lie depuis février 2006 la Centrafrique à UraMin, et a promis de ne pas faire moins que ce contrat.

Le Niger, quatrième pays producteur dans le monde, a de son côté annoncé le 5 août la fin du «monopole» que détenait depuis quarante ans le groupe français sur la prospection, l'exploitation et la vente de son uranium.

«C'est une partie de bras de fer», explique Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières.

Les pays riches en uranium «espèrent arriver à vendre plus cher leur minerai» dans les contrats à long terme qu'ils concluent de gré à gré avec les groupes miniers, voire «se rapprocher du petit marché spot» de court terme, où les prix de l'uranium ont atteint des sommets.

«Le gros des contrats à long terme a été signé sur un prix de 20 ou 30 dollars» la livre d'uranium, alors que depuis huit ans le prix de ce minerai sur le marché spot n'a cessé d'augmenter, note M. Chalmain.

Son prix est passé de 25 dollars la livre début 2005 à 135 dollars en juin 2007, avant de redescendre à environ 85 dollars en septembre.

Cette hausse des prix de l'uranium est liée notamment à sa rareté. La production mondiale d'uranium couvre actuellement un peu moins des deux tiers de la consommation, elle-même en croissance avec le développement de l'électricité d'origine nucléaire.

Le Canada est le premier producteur mondial, devant l'Australie, le Kazakhstan, le Niger et la Russie. Une part importante d'uranium provient aussi du recyclage de stocks militaires.

Au Niger, les relations avec Areva se sont tendues depuis l'expulsion, fin juillet, du directeur local du groupe, mais Niamey a en même temps obtenu le renouvellement de ses contrats miniers pour 2007 à un prix plus élevé qu'auparavant (42 dollars la livre d'uranium, contre 28,6 dollars).

En attendant la renégociation des contrats pour 2008, Niamey accuse toujours le groupe nucléaire de soutenir des rebelles dans le but d'empêcher d'autres compagnies étrangères concurrentes de s'installer dans le pays pour exploiter l'uranium, ce qu'Areva dément.

Areva présente aussi ses arguments pour limiter la surenchère. Pour la Centrafrique, il souligne que la mine est plus «compliquée à exploiter» que d'autres car le gisement contient du phosphate, ce qui ajoute «des surcoûts».

La Guinée, qui a annoncé en août la découverte de réserves d'uranium, sait déjà qu'elles susciteront «un engouement des différentes sociétés minières», selon son ministre des Mines.

Face à la raréfaction du minerai, Areva a montré son intention de sécuriser sa production en rachetant cet été UraMin, pour produire 19.000 tonnes d'uranium d'ici en 2012.

Paris, AWP/AFX - 21 septembre 2007 10h32

© http://www.romandie.com/infos/news2/200709211032001AWPCH.asp

 

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