À MES FRÈRES
ET SŒURS DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE CENTRAFRICAIN
À mes Frères et Sœurs,
Militants, Militantes, Sympathisants et
Sympathisantes ;
À mes Frères et Sœurs de nos vingt
Fédérations ;
Aux 260 Frères et Sœurs Délégués qui se réuniront à
partir du 20 janvier 2015 pour notre 4ème Congrès Ordinaire...ces lignes sont
destinées.
Le 04 septembre
2013 lors de notre Conférence de Presse sur l'état de la Nation à l'Hôtel SOMBA,
le Frère Président Louis Pierre Gamba avait annoncé sa retraite politique
en ces termes : « Lors du prochain congrès, je ne serai pas candidat à
la présidence du parti. Le temps de passer le relais et de laisser la place aux
jeunes est arrivé. »
Je voudrai donc à la veille de nos assises lui rendre
hommage car il a su, le moment venu, s'arrêter. Ce geste politique, rare sous
nos latitudes, mérite d'être reconnu. Je m'acquitte de ce devoir fraternel et
politique.
Avec sa retraite, c'est aussi la fin de la génération
de nos Pères Fondateurs. Mais cette fin, même si elle ouvre de nouvelles
perspectives, engendre plutôt de grandes responsabilités. C'est à ce Congrès de
lui donner un sens. Oui, janvier 2015 devra être un rendez-vous avec l'avenir et non le
passé ou le passif. Il devra être le rendez-vous de la Rupture et de la
Refondation, unique possibilité pour avoir une base solide et nous mettre sur
orbite dans le cadre du nouveau
Centrafrique.
En effet, pour vivre et prétendre à de nouvelles
ambitions nationales, le RDC doit MOURIR et S'OUVRIR.
Mourir, mourir du passé, de son passé, de ses
compromissions, de l'esprit de suffisance et du centralisme démocratique ;
propre à tous les partis nés au pouvoir.
S'ouvrir,
s'ouvrir au 21ème siècle, s'ouvrir à de nouveaux horizons et conquérir de
nouvelles latitudes.
Vous l'aurez compris Frères et Sœurs, il ne s'agit
pas d'un Congrès de rénovation ou celui du renouvellement de nos mandats
internes mais bien d'un Congrès de REFONDATION, le RDC doit MOURIR pour VIVRE,
le SO ZO LA doit être réinventé.
Frères et Sœurs,
27 ans après sa fondation, 21 ans après son départ du
pouvoir et 13 ans après son interdiction aux lendemains du coup d'état 28 mai
2001, le RDC abordera avec le Congrès de janvier 2015, son ultime rendez-vous
avec la vie politique de la RCA. Soit il réussit sa Refondation ou il
s'auto-fossilise et ne sera plus qu'une relique politique.
Ce moment de vérité et d'exercice démocratique
attendu depuis quatorze mois sont enfin arrivés. C'est l'occasion pour nous,
d'OSER BÂTIR une véritable alternative à toutes les offres politiques exprimées
depuis le 10 décembre 2012.
Frères et Sœurs,
Le 22 octobre 1993, après douze années d'exercice de
pouvoir pour le Frère Président Fondateur et six pour notre parti, nous
remettions le pouvoir de l’État à celui que les Centrafricains désignèrent comme
Président de la République ainsi qu'à son parti au terme de l'unique scrutin
véritablement démocratique dans notre pays et avec la satisfaction 21 années
plus tard d'être l'unique parti politique de la RCA depuis 1958 à avoir quitté
le pouvoir de l'état dans le cadre d'une passation de service et non d'un coup
d'état.
Au moment de cette passation, l'Espérance moyenne de
vie du Centrafricain était de 54 ans, le taux de séroprévalence HIV de 1,5% et
la RCA était classée 144ème sur 160
pays à l'indice du développement humain, nous dépassions 16 pays.
Mais tout n'était pas parfait. Nous laissions aussi à
nos successeurs, une ardoise sociale lourde : environ 20 mois d’arriérés de
salaire, 24 mois de grève et 2 années blanches qui ont eu pour conséquence
d'euthanasier tous les résultats des réformes économiques et sociales
entreprises à partir de 1982 et toutes les évolutions acquises dans le cadre de
la politique du bien-être, de l’alphabétisation et de l'autosuffisance
alimentaire.
De
régime en régime, de
gouvernement à gouvernement, notre pays est devenu depuis octobre 1993 le lieu
où la misère s'est installée comme une fatalité. Un pays où les populations se
battent désespérément au quotidien pour survivre. Un pays où les citoyens sont
impitoyablement privés de tous leurs droits, un pays d’injustices. La RCA de
2015 est un cadeau empoisonné : un pays économiquement sinistré, réduit à une
mendicité internationale, et dont l'indépendance n'est plus qu'une fiction. Une
situation sécuritaire explosive, un
naufrage social...
Frères et sœurs,
Dans ma lettre d’adhésion au RDC en août 2004,
j'écrivais : « La RCA notre pays est à un croisement. La
survie de la nation est l'enjeu principal; celle-ci passe par le retour de la
sécurité, la liberté d'aller et de venir, une réforme des mœurs politiques et
une refonte de la notion de Gouverner qui doit passer du stade de l'exercice du
pouvoir à l'exercice de l'autorité par le peuple et ensuite par les gouvernants
pour le peuple (le bien de la communauté nationale).
Depuis notre indépendance nominative, jamais la souveraineté nationale n'a été aussi bafouée, jamais la dignité du Centrafricain n'a été autant malmenée par dix années d'expériences démocratiques malheureuses aux ramifications calamiteuses et tragiques »
La justesse de cette observation est toujours d'actualité, elle s'est même amplifiée. Alors qu'il me soit permis chers Frères et Sœurs, de m'entretenir avec vous à travers cette lettre, à la veille de notre 4ème Congrès Ordinaire.
Frères et Sœurs,
Je ne vous écris pas en mon nom
seulement, ce serait prétentieux et égoïste.
Je vous écris au nom des trois millions
et demi de Centrafricains âgés de moins de 40 ans. Ceux dont la jeunesse est
sacrifiée, l'innocence violée, les rêves brisés et l'espoir
martyrisé.
Je vous écris au nom de ceux qui
souffrent de la faim, la soif, la maladie et l'exil.
Je vous écris au nom de ceux qui sont
injustement privé de liberté et à qui la formation et l'accès à des soins de
qualité ne sont plus garantis.
Je vous écris au nom de ceux dont
l'environnement vital est quotidiennement dévasté et qui ont tout perdu depuis
le 10 décembre 2012.
Je vous écris au nom de ceux qui sont
dans le désespoir à cause de cette longue tragédie que connaît la République
depuis sa fondation et de ceux qui gardent espoir et qui croient que la RCA peut
renaître de ses cendres.
Je vous écris au nom de nos milliers de
morts, blessés et traumatisés depuis décembre 2012.
Je vous écris enfin au nom du SO ZO LA.
En effet, durant plusieurs années on a
voulu nous opposer les uns aux autres afin de justifier une incurie au sommet de
l'état ou masquer le clientélisme ambiant. Mais lorsque la guerre est arrivée,
lorsque la désolation est arrivée, lorsque les viols et les pillages sont
arrivés ; il n’y avait plus de Gbanou, de Ngbaka, de Sara, de Banda, de
Ronga, de Gbaya, de Yakoma,....Nous étions tous un peuple démuni, sans défense
et sacrifié sur l'autel de la préservation de certains avantages liés aux
prébendes.
Le centrafricain qui avait participé
au changement de 1993 et à la libération de 2003 était loin d'imaginer qu'il
allait vivre miséreux sur ses terres, réfugié dans son propre pays. Il était
loin d'imaginer que son propre gouvernement allait faire appel à des hors la loi
étrangers pour venir chez lui, violer ses femmes, ses sœurs, ses filles et
parfois lui-même. Il était loin d'imaginer vivre dans un pays de violences, de
viols, de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre, de rébellion,
d'atteinte aux droits de l'homme, de famine...Il était loin d'imaginer que son
pays serait systématiquement pillé du nord au sud, de l'Est à l'Ouest. Il était
loin d'imaginer que ses églises, ses mosquées, ses mairies et locaux
administratifs seraient souillés, pillés, incendiés et que ses frères et sœurs
se découperaient à la machette sur fond de sonorités religieuses.
Vingt et une
années, oui vingt années se sont écoulées. Je vous convie chers Frères et Sœurs
d'entendre avec moi les cris de nos populations et le chant de détresse qui
parcourt chaque seconde nos 623.000 Km².
Frères et
Sœurs,
Nos défis
internes sont immenses. Ils sont à la dimension des enjeux de la renaissance du
Centrafrique. Nous sommes attendus au tournant. Cette attente légitime d'une
population abusée, qui ne croit plus ou timidement aux institutions politiques,
devrait nous conduire non seulement à faire différemment les choses mais surtout
à répondre aux besoins essentiels des Centrafricains. C'est pourquoi, même s'il
est inscrit à l'ordre du jour, j'ai la conviction que la question du choix de
notre candidat pour les prochaines élections présidentielles n'est pas la
priorité de l'heure. Elle pourra faire l'objet d'autres assises lorsque nous
sortirons de cette période sombre et que les conditions minimales pour aller aux
élections seront réunies. Le RDC doit se différencier des autres. De tous ceux
qui croient que seules les urnes constituent la solution à notre crise. Pour
avoir organisé l'unique scrutin démocratique de notre pays et l'unique passation de pouvoir civilisé
de toute son histoire, nous avons la légitimité de penser autrement, de proposer
autre chose. Ainsi crie l'Histoire, ainsi se révolte la
Réalité.
Nous avons
d'abord, face aux défis du Redressement, de la Reconstruction, de la Vérité, de
la Justice et de la Réconciliation à définir notre ligne politique et à formuler
nos solutions face aux maux du Centrafricain et du Centrafrique. Le RDC est-il
toujours un parti de Centre-droit
ou face aux défis du moment, doit-il évoluer vers un libéralisme intégral. C'est
la première question à laquelle nous devons apporter une réponse durant nos
assises. Car de ce positionnement politique dépendra la forme des solutions que
nous pouvons apporter au Centrafrique.
Ensuite nous
avons à débattre de la question de l'Acquisition et de la Rénovation de notre
Siège puis de la question de nos Alliances Politiques où le bilan de la dernière
décennie (2005-2015) doit être débattu afin de redonner au RDC sa propre
identité et son autonomie. Et enfin aborder la question de la gouvernance du
parti par le renouvellement du mandat de nos
instances.
Sur ce dernier
point, je souhaiterai déposer à votre instruction deux
propositions :
1.
L'introduction de l’Élection sur liste.
Le seul Poste électif est celui de Président National du RDC. Chaque candidat à
la Présidence du Parti devra composer la liste des neuf membres de son
bureau : 2 Vice-Présidents, Un Secrétaire Général et deux Adjoints, Un
Trésorier Général et son Adjoint, Un Porte-parole et son Adjoint. Cette
liste sous conditions sera déposée
avant le scrutin auprès du comité électoral du Congrès. Chaque liste devant
aussi s’acquitter d'une caution de Trois millions de Fcfa non-remboursables. La
désignation des Délégués Nationaux dont l'effectif pourra passer de 13 à 8, sera
laissée à la discrétion du Président National mais après audition et
validation par le Comité Directeur.
L'objectif de cette démarche étant d'avoir une équipe cohérente et
dynamique.
2. L'inéligibilité du Président du Parti aux élections Présidentielles. Tout Frère ou Sœur qui accède aux Fonctions de Président du Parti, ne pourra pas être le Candidat du RDC aux élections présidentielles. L'objectif étant de faire du RDC un Parti des masses et non un parti d'élite ou construit autour d'une seule personne et dépendant de son aumône ou de ses connexions locales et/ou internationales.
Frères et Sœurs délégués,
Dans cinquante jours, nous nous réunirons pour le
Congrès de la Refondation. Le RDC qui sortira de ces assises, sera, je l'espère
un parti de rupture, d'Hommes novateurs et capables d'organiser les synergies
pour amorcer la renaissance de notre pays et organiser la cohésion de ses
populations par une ambitieuse politique économique afin de briser nos
ghetos-réfuges où le réflexe tribal
et régional domine encore et auquel est venu se greffer l'alibi
religieux.
Le présent n'a pas d'avenir en Centrafrique. Les
défis qui nous attendent sont immenses.
Frères et Sœurs, pour notre identité nationale, pour notre histoire
commune, pour nos souffrances communes, pour nos responsabilités communes nous devrons être exigeants avec
nous-même et ceux qui se reconnaissent en nous en refondant notre parti lors de
ces assises. Passer nos idées et nos méthodes politiques avec humilité et
transparence en revue afin d'éviter une
fracture inutile avec le peuple, le pays, l'histoire, la réalité et nos ambitions
futures.
Il nous faut Frères et Sœurs vaincre les pesanteurs
du passé, les liens, les sentiments, l'esprit de suffisance, le complexe de
supériorité et notre auto-fossilisation. Ce n'est qu'à ce prix qu'en sortant de
ce 4ème Congrès Ordinaire, nous serons mieux outillés pour expliquer aux
Centrafricains :
·
comment nous
livrerons la bataille pour la réunification territoriale du pays et sa
pacification ;
·
comment nous
livrerons la bataille pour la reconstruction et le développement ;
·
comment nous
livrerons la bataille pour la Vérité, la Justice et la Réconciliation
;
Oui, ce Congrès n'aura de sens que si nous pouvons répondre efficacement aux besoins des Centrafricains et non les agresser, les terroriser ou les abrutir.
Pour ces exigences existentielles, il nous faut au Rassemblement Démocratique Centrafricain devenir un parti à la dimension des défis du Centrafrique. En deçà, ce serait gardé l'actuel statuquo, une dangereuse illusion. Il est urgent et nécessaire qu'en janvier 2015, nous soyons en mesure de prendre rendez-vous avec l'avenir en devenant une alternative crédible pour répondre aux Centrafricains dans un pragmatisme aux besoins essentiels de l'heure et de l'avenir. Nous avons l'impérieuse obligation de devenir AUDACIEUX car notre pays est en lambeaux. Partout ce sont des décombres et des lamentations et ceux qui l'ont mis dans ce chaos ne s'interdisent pas de pérorer publiquement matin, midi et soir leur soif de reprendre le gouvernail.
Frères et Sœurs Délégués du 4ème Congrès Ordinaire du
RDC, permettez que j'adresse à travers vous aux militants, militantes,
sympathisants et sympathisantes.
Frères et Sœurs du
RDC
Vous tous qui aspirez à un parti
Refondé, Dynamique, proche des fils et filles du Centrafrique, qui les défend et
les protège. Un parti qui ne vit pas cloisonné sur ses 2000m² à l'avenue Conjugo
mais qui est avec vous dans votre quartier, votre village, votre ville, votre
sous-préfecture, votre préfecture et votre région. C'est à vous que je m'adresse
maintenant : Ne laissez point aux autres le choix de décider à votre place.
Appropriez-vous ce 4ème Congrès Ordinaire. Là où vous résidez, dans vos
cellules, vos sections, vos sous-fédérations et fédérations, organisez des
débats, prenez la parole, faites-vous entendre jusqu'à l'avenue Conjugo. Ce
congrès n'est pas seulement celui des 260 Délégués mais il est d'abord et avant
tout le vôtre, ne le laissez pas aux autres.Demandez que les Frères
et Sœurs candidats à la Présidence du Parti vienne à vous. Qu'ils se présentent
à vous et avec eux, le projet qui est le leur pour le RDC.
Frères
et Sœurs Délégués,
Nous
devons sortir de nos prochaines assises non seulement avec un parti refondé mais
aussi et surtout avec notre plan pour bâtir le nouvel État Centrafricain. Un
État qui assume ses devoirs et garantit la
justice à tous les citoyens et dans la gestion quotidienne des affaires
du pays. Un État qui crée conditions du développement et qui transforme et
améliore les conditions d'existence de ses populations et qui les protège. Un
état qui fait du
Centrafricain le sujet de son histoire et non son objet en vue de bâtir le pays
que nous léguerons aux générations de demain.
Frères et Sœurs, Faire du Centrafricain
le sujet de son histoire, c'est lui garantir la démocratie, respecter ses droits
et valoriser son capital humain. Faire du Centrafricain le sujet de son histoire
pour qu'il bâtisse non seulement le Centrafrique de demain, mais aussi et
surtout celui d'aujourd'hui, c'est inscrire la protection de son environnement
comme enjeu principal des actions à mener; c'est lui garantir la liberté de
circuler en paix sur toute l'étendue du territoire réunifié, par des voies et
moyens de communication terrestre, aérienne et fluviale de bonne qualité. C'est
lui garantir l'accès au reste du monde, par des moyens et outils de
télécommunications modernes.
Nous avons quatre jours à partir du 20
janvier 2015 pour réussir. Le Centrafrique, les Centrafricains, les
Centrafricaines et le monde nous observent.
D'Obo à Bocaranga, de Nola à Am ndafok,
nous serons ce Rassemblement Démocratique Centrafricain qui gagne, si nous OSONS
BÂTIR !
Frère Clément De
Boutet-M'bamba
- Conseiller en Communication et Porte-parole du
Frère André Kolingba (2004-2005).
-
Porte-Parole, Directeur National Adjoint de Campagne du Frère Émile Gros Raymond
Nakombo (2010-2011)