BANGUI, 3 mars 2003 (AFP) - 13h35 - Les journaux centrafricains n'ont pas paru lundi à Bangui en signe de protestation contre l'arrestation du directeur de publication du quotidien "Le Confident", Mathurin Momet, détenu sans jugement depuis le 21 février, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les journalistes centrafricains demandent que leur confrère soit libéré ou présenté à la justice pour qu'on sache ce qui lui est reproché.
"Nous ne pouvons pas croiser les bras devant l'arbitraire", a déclaré à l'AFP Jérome Dounian-Doté, président du Groupement des éditeurs de la presse privée indépendante de Centrafrique (GEPPIC), à l'origine de ce mouvement de protestation.
Les journaux de Bangui pourraient ne pas paraître toute la semaine si le sort de directeur de publication du Confident n'évolue pas, a-t-il souligné.
"Nous ne pouvons plus accepter d'être traités comme des hors-la loi, ou des malfaiteurs", a affirmé de son côté Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien Le Citoyen, dont les rapports avec le pouvoir sont toujours tendus.
Mathurin Momet a été placé en garde à vue le 21 février au commissariat du port de Bangui. Il se verrait reprocher deux articles constitutifs d'atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat et d'incitation à la haine, mais aucune charge n'a encore été retenue contre lui.
Sa détention a largement dépassé le délai légal de garde à vue de 48H00 dans ce pays, au bout duquel toute personne gardée à vue doit être présentée à un juge ou libérée.
BANGUI, 1er mars 2003 (AFP) - 14h14 - Les journaux centrafricains ont décidé de ne pas paraître lundi pour protester contre l'arrestation, il y a plus d'une semaine, du directeur de publication du quotidien indépendant Le Confident, Mathurin Momet.
"Aucun titre ne paraîtra lundi, et s'il le faut, nous protesterons ainsi jusqu'à la fin de la semaine", a déclaré samedi à l'AFP le président du Groupement des éditeurs de la presse privée indépendante de Centrafrique (GEPPIC), Le journaliste Jérome Dounian-Doté.
"Nous tenons à ce que Mathurin Momet soit immédiatement remis en liberté provisoire ou qu'il soit déféré devant le parquet pour qu'on sache ce qu'on lui reproche", a t-il précisé.
Arrêté le 20 février et détenu depuis au commissariat du port de Bangui, Mathurin Momet n'a toujours pas été présenté à un juge, en violation des dispositions légales en matière de garde à vue.
Selon son journal, il serait accusé "d'atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat et d'incitation à la haine". On lui reprocherait deux articles portant respectivement sur l'accueil réservé au président Ange-Félix Patassé au sommet France-Afrique à Paris et l'attitude dans le pays des rebelles congolais alliés à son régime.
L'avocat de M. Momet, Me Zarambaud Assingambi, a écrit vendredi au Procureur de la République de Bangui pour demander que son client soit immédiatement remis en liberté ou déféré au parquet.
"Le délai de garde à vue de 48H00 ayant largement expiré, et la RCA se déclarant Etat de droit, je vous prie de bien vouloir ordonner la mise en liberté immédiate de mon client, et à défaut, ce qui j'en suis convaincu ne sera pas le cas, de le faire déférer à votre parquet", a écrit l'avocat.
"Je me permets d'insister sur sa libération immédiate, en cette période de préparation du Dialogue National où la liberté des journaux est indispensable pour leur permettre d'informer le peuple sans complaisance, sur les enjeux de ce dialogue et l'éclairer de façon objective sur les points de vue des parties en cause", a-t-il ajouté.
BANGUI, 28 fév (AFP) - 16h36 - Le directeur de publication du journal indépendant centrafricain Le Confident, Mathurin Constant Nestor Momet, était toujours en garde à vue vendredi à Bangui, une semaine après son arrestation, selon ses collaborateurs.
Son dossier est entre les mains du Procureur général Joseph Bindoumi et il est toujours détenu dans les locaux du commissariat du port de Bangui, a-t-on ajouté de mêmes sources.
Selon son journal, Mathurin Momet est accusé "d'atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat et d'incitation à la haine".
On lui reprocherait deux article publiés la semaine dernière à propos de l'accueil réservé au président Ange-Félix Patassé au sommet France-Afrique et de l'attitude des rebelles congolais alliés à son régime en Centrafrique.
Le Confident, réagissant à l'arrestation de son directeur, a estimé qu'il s'agissait d'une "belle illustration, et certainement pas la dernière, des souffrances qu'endurent les journalistes centrafricains, surtout ceux de la presse privée, déjà en proie à d'énormes difficultés d'ordre professionnel".
Un autre quotidien indépendant, Le Citoyen, a réclamé la libération du journaliste, sous le titre: "Liberté de la presse en danger: libérez Mathurin Momet".
L'opposant Joseph Bendounga, président du Mouvement démocratique pour la renaissance et l'évolution de Centrafrique (MDREC), a également réclamé dans un communiqué la "libération immédiate et sans condition" du journaliste.
"L'aménagement technique du gouvernement Ziguélé a permis la nomination de Jacquesson Mazette, l'un des maîtres du système répressif du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, au pouvoir) à la tête du ministère de l'Intérieur, transformant ainsi le département en véritable machine de répression du régime", a commenté l'opposant.
"Ainsi, de nombreuses personnes ont été interpellées et gardées à vue sous diverses inculpations, dont la fameuse atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat. La presse privée n'est pas épargnée", ajoute le communiqué.
BANGUI, 21 fév (AFP) - 17h30 - Le directeur de publication du quotidien indépendant centrafricain Le Confident, Mathurin Constant Nestor Momet, se trouvait toujours en garde à vue vendredi après-midi à Bangui, où il est entendu depuis jeudi, a-t-on appris auprès du journal.
"Il a passé sa première nuit hier au commissariat, où il a reçu des visites jusqu'à ce matin. Il pourrait être présenté à un juge", a indiqué à l'AFP un de ses collaborateurs.
Le Groupement des éditeurs de la presse privée indépendante de Centrafrique (GEPPIC), et l'Union des journalistes de Centrafrique (UJCA) ont entamé vendredi matin des négociations avec le ministre de l'Intérieur et le directeur général de la police pour tenter d'obtenir sa libération", a précisé cette source.
Le directeur de publication se voit, selon son journal, reprocher des faits d'"atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat" pour avoir publié mercredi et jeudi deux articles, l'un mettant en cause les rebelles congolais alliés au régime du président Ange-Félix Patassé, l'autre intitulé "Patassé humilié au 22ème sommet France-Afrique".
BANGUI, 2O fév (AFP) - 19h49 - Le directeur de publication du quotidien indépendant centrafricain Le Confident, Mathurin Constant Nestor Momet, était gardé à vue jeudi soir dans un commissariat de Bangui, a indiqué à l'AFP le rédacteur en chef du journal, Patrick Bakwa.
"Il est détenu depuis midi (11H00 GMT) au commissariat du Port de Bangui, où il avait été convoqué dans la matinée", a déclaré M. Bakwa, précisant qu'on l'accusait d'"atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat".
M. Momet se voir reprocher la publication de deux articles mercredi et jeudi, l'un intitulé: "le sous-préfet et le commandant de brigade de Bossembélé passés à tabac par le Banyamuléngès", l'autre: "Patassé humilié au 22ème sommet France-Afrique", selon son rédacteur en chef.
"Les Banyamulengès" sont le nom donné à Bangui aux combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC) qui soutiennent le président centrafricain Ange-Félix Patassé contre la rébellion de son ancien chef d'état-major, François Bozizé.
Le premier article relate les violences qu'auraient subi de leur part les deux responsables administratifs de la sécurité de Bossembélé (nord) et évoque les humiliations infligées par ces rebelles congolais à des militaires centrafricains lors de la tentative de coup d'Etat des hommes de Bozizé, en octobre dernier à Bangui.
Dans le second article, Le Confident estime que le président Patassé n'a pas été reçu à Paris avec les mêmes honneurs que les autres chefs d'Etats africains au sommet France-Afrique, et que les problèmes de la RCA y sont relégués au second rang.
L'arrestation de Mathurin Constant Nestor Momet survient au lendemain de l'audition pendant quelques heures, au même commissariat, du correspondant en Centrafrique de la BBC et de l'Agence américaine de presse Associated Press, Joseph Bénamsé.
Ce dernier, accusé "d'avoir divulgué des secrets militaires et trahi des stratégies de défense" par ses informations, avait été remis en liberté dans la journée.
BANGUI, 19 fév (AFP) - 20h25 - Le correspondant de la BBC et de l'agence de presse américaine Associated Press (AP) en Centrafrique, Joseph Bénamsé, a été remis en liberté mercredi soir, après avoir été retenu plusieurs heures dans un commissariat de Bangui, a-t-il indiqué à l'AFP.
"Alors que j'allais être placé en garde à vue, un policier m'a affirmé que je ne devais pas rester et qu'un ordre avait été donné en ce sens au commissariat par leurs supérieurs", a t-il déclaré.
Le journaliste centrafricain avait été convoqué dans la matinée pour une audition.
"Il m'a été reproché d'avoir divulgué des secrets militaires et d'avoir trahi des stratégies de défense", a indiqué Joseph Bénamsé.
"Je crois que c'est le fait d'avoir dit que parmi les combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC, alliés au régime centrafricain), se trouvaient des Rwandais des ex-FAR (Forces armés rwandaises, responsables du génocide rwandais de 1994: ndlr), a-t-il ajouté.
Selon les rebelles centrafricains du général François Bozizé, 400 à 500 Rwandais participent, aux côtés des hommes du MLC du chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba à la contre-offensive lancée depuis jeudi dernier par les troupes alliées au régime du président centrafricain, Ange-Félix Patassé.
BANGUI, 19 fév (AFP) - 13h22 - Le correspondant de la radio britannique BBC et de l'agence de presse américaine Associated Press en Centrafrique, Joseph Benamsé, se trouvait mercredi en milieu de matinée dans un commissariat de Bangui, où il avait été convoqué pour être entendu, a constaté un journaliste de l'AFP.
"J'ai été convoqué pour être entendu. Mais j'ai comme l'impression que cela prend l'allure d'une détention parce que j'ai été entendu et j'ai répondu à plusieurs questions. Depuis, on m'a laissé entendre que je dois attendre le directeur général de la police qui, seul, pourra décider de mon départ du commissariat", a affirmé M. Benamsé joint au téléphone par l'AFP.
"Dans mon dernier papier, j'ai évoqué la situation militaire sur le terrain en citant le capitaine Parfait M'Baye, porte-parole de la rébellion, et je ne sais pas si c'est ce papier qui me vaut cela", a expliqué le journaliste.
De nationalité centrafricaine, Joseph Bénamsé se dit inquiet de sa situation car, souligne-t-il, "je suis (de l'ethnie) Gbaya comme (le général François) Bozizé (chef de la rébellion). Je ne sais pas si on est en train de me coller une étiquette de collaboration avec la rébellion", a t-il ajouté.
Les combats ont repris depuis la semaine dernière dans le nord et le nord-ouest de la RCA où s'est développé depuis trois mois une rébellion.
Précédent cas, il y a deux ans jour pour jour : CENTRAFRIQUE - DOSSIER SPECIAL : TEMBELEY (JOURNALISTE, PRESIDENT du Mouvement de Défense des Droits de l'Homme - MDDH) EN DETENTION (19 février 2001)
Dossier Spécial "Liberté de presse et droit de l'homme"