Commémoration de l’abolition de l’esclavage à Paris

 

Le 10 mai 2010 à 18

Place du Général Catroux Paris 17e

 

 

 

Madame la Ministre,

Madame le Maire

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et les représentants du corps diplomatiques,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames et Messieurs les Elus,

Monsieur le Président des « Amis du Général Dumas »,

Mesdames et Messieurs,

 

Le 4 avril 2009, nous étions tous rassemblés en ce même lieu pour célébrer le dévoilement de l’œuvre dédiée au Général Thomas Alexandre Dumas.

 

Nous étions réunis pour inaugurer cette représentation monumentale de 5 mètres de haut /

œuvre du plasticien Driss Sans Arcidet, ces « fers d’esclave » qui symbolisent bien les origines de Thomas Alexandre DUMAS.

                                                                                             

Depuis, cette belle place autrefois appelée « place des 3 Dumas », en hommage à cette illustre famille qui contribua tant à la renommée française, à ces hommes qui furent des descendants d’esclaves de l’Outre-Mer dont les ancêtres venaient d’Afrique, est devenue un lieu de mémoire digne, consensuel et majestueux et le symbole de l'abolition de l’esclavage à Paris.

 

 

Si nous sommes donc réunis aujourd’hui, c’est pour commémorer ensemble l'abolition de l’esclavage et je suis fière en tant que Maire que cette commémoration à Paris soit célébrée officiellement dans le 17e arrondissement.

Je voudrais vous dire combien je suis ravi de voir tant de personnes participer à cette journée de commémoration.

L'histoire des hommes, dont nous avons aujourd'hui le devoir et la responsabilité de transmettre aux générations à venir, ne saurait continuer à s'écrire dans l'obscurantisme idéologique et je veux saisir l’occasion de cette commémoration, pour redire que l’esclavage fut et reste un des plus ignobles crimes contre l’humanité.

Un crime de l’homme contre l’homme, de l’humanité contre elle-même.

Bien sûr, l'esclavage, qui plonge au plus loin de nos mémoires et de notre histoire, est, en principe, aboli dans le monde mais il est important de rappeler ce qu'il fut, et regarder en face ce passé-là, même s'il est déjà lointain, car la liberté et la dignité de chaque homme se construisent chaque jour.

Commémorer l'abolition de l'esclavage, c'est parler de l'homme et c'est parler des valeurs de la République.

C’est honorer les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

Permettez-moi de vous rappeler les termes de l'article 1er de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits."

Les droits de l'homme ne valent que parce qu'ils sont universels. Ils ne valent que parce qu'ils s'appliquent à tous, "sans distinction d'origine, de race, ou de religion", pour reprendre les termes mêmes de notre Constitution.

En mettant fin à une situation ignoble, les promoteurs de l'abolition de l'esclavage ne faisaient pas seulement oeuvre d'humanité.

Ils confortaient les fondements de la démocratie et de la République.

C'est ce qu'avait compris Abraham Lincoln quand il déclarait en 1862 devant le Congrès américain : "En donnant la liberté aux esclaves, nous assurons celle des hommes libres. Ce que nous offrons est aussi honorable pour nous que ce que nous préservons".

Montesquieu aussi proclamait en son temps : "Comme les hommes naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre nature."


C’est ce message et cette vérité que nous avons le devoir de perpétuer.


Message nécessaire pour l’avenir harmonieux  de nos enfants.

 

Pas d’avenir sans mémoire, dit en substance Aimé Césaire.

Nous devons savoir d’où nous venons, ce que fut notre histoire pour mieux choisir où nous allons.

Perdre mémoire serait une faute. 

Regarder notre histoire en face, c’est prendre en compte toutes les mémoires qui composent notre société et assurer ainsi notre cohésion sociale.

Car la valeur d'une société se mesure au sort qu'elle réserve aux plus fragiles d'entre les siens. Le combat pour les droits de la personne humaine est de tous les temps.

Mais ce combat, aujourd'hui, est toujours actuel.

Bien sûr, les temps qui ont vu la déportation de millions d'Africains, hommes, femmes, enfants, enlevés à leur famille et à leur terre, et précipités dans l'esclavage le plus cruel, sont heureusement révolus.

Mais si cette barbarie appartient au passé, ne fermons pas les yeux sur le présent.

Combien d'enfants condamnés à travailler, dès leur plus jeune âge, dans des ateliers clandestins ? Combien de jeunes filles, vendues par leur famille, devenues des domestiques sans salaire ? Combien d'autres, arrachées à leurs villages, expédiées au loin, et soumises à la prostitution ?

Ce sont bien là des formes d'esclavage intolérables.

Si le combat de l'abolition est achevé, celui du respect de la liberté et de la dignité de la personne humaine doit se poursuivre. Il est de notre devoir d'être aux avant-postes de ce combat.

Voilà,  Mesdames et Messieurs, les quelques mots que je voulais vous adresser.

Et je tiens à remercier Claude RIBBE, Président des « Amis du Général Dumas », inlassable défenseur de sa Mémoire et qui en partenariat avec l’ambassade des Etats-Unis, l’UNESCO et la mairie du 17e a organisé la projection en avant-première du film produit par l’Unesco « Routes de l’esclave, une vision globale »  et je vous encourage à vous rendre à 19 h 30 au spectacle de Stany Coppet au Grand auditorium du centre Malesherbes.

 

Je tiens également à remercier les musiciens de la Musique Principale de l’Armée de terre et  les élèves de l’école de la rue Ampère ainsi que les  professeurs de musique.

Permettez-moi pour conclure de rappeler que le sens d’une commémoration comme la nôtre, c’est non seulement d’assumer pleinement notre devoir de mémoire mais c’est aussi l’affirmation de l’universalité et de l’indivisibilité de l’espèce humaine.

Je vous remercie.

 

[Commémoration de l’abolition de l’esclavage à Paris le 10 mai 2010 à 18h Place du général Catroux Paris 17e, allocution prononcée par Brigitte Kuster]

 

 

Mme Brigitte KUSTER - Maire du 17e arrondissement.

Après avoir été vice-présidente du groupe R.P.R. au Conseil de Paris, devient vice-présidente du groupe U.M.P. au Conseil de Paris.