Célébration des jumeaux, Okiera, chez les mbochi
:" Bvare sa ongoo : La pirogue des jumeaux parmi les roseaux "
(in ; Théophile Obenga, Littérature traditionnelle des Mbochi (Congo-Afrique Centrale), Paris, Editions Présence Africaine - ACCT, 1984, p 94)
Bvare sa ongoo : |
La pirogue des jumeaux parmi les roseaux |
Solo : Bana ba bvara o ngandi ee |
Solo : La pirogue des jumeaux s'est arrêtée |
Chœur : Obale dua |
Chœur : La rame, passeur! |
Solo : Bvare o ngandi ee Nga bvare sa ongoo ee (s'ongoo) |
Solo : La pirogue n'avance plusElle est aux prises avec les roseaux. |
Chœur : Obale dua |
Chœur : Rame, passeur! |
Solo : Bvare o phi mo ongoo ee (m'ongoo) |
Solo : La pirogue est maintenant près du roseau |
Chœur : Obale dua |
Chœu r : Rame, passeur! |
Solo : A di m'ongoo ee Koa ba la Koso a di m'ongoo ee |
Solo : Les voilà dans les roseauxKoa et Koso dans les roseaux. |
Chœur : Obale dua |
Chœur : Rame, passeur! |
Solo : Le dua bvara m'ongoo ee Pfuru ba la Bvia Le dua bvare m'ongoo ee |
Solo : Tirons la pirogue des roseaux!Ce sont Pfuru et Bvia Ramons dans les roseaux! |
Chœur : Obale dua |
Chœur : Rame, passeur! |
Chœur : Obale dua |
Chœur : Rame, vaillant passeur! |
COMMENTAIRE
- << Dégage-moi le chemin ! Je te connais, je connais ton nom, et je connais le nom du dieu qui te garde.
Je me suis baigbé dans cette eau dans laquelle Rê se baigne quand il s'est dévêtu du côté oriental du ciel.
Je me suis baigné dans cette eau dans laquelle Osiris se baigne quand on lui donne la barque de la nuit et la barque du jour à sa sortie à l'ouest et sa descente par les porches.
Je me suis baigné dans cette dans laquelle Ptah se baigne lors de sa navigation vers le Sud.
Dégage-moi le chemin ! Je te connais, je connais ton nom, et je connais le nom de celui qui est en toi.
- Va donc ! tu es pur. >>
Il s'agit d'un drame qui se joue dans les souchets où le mort cherche son chemin enévoquant le nom de chaque dieu. Il s'agit pour le mort de sortir d'une impasse, de se se baigner dans l'eau sacrée comm les dieux etthniques, de prendre place dans la barque divine. Dans son effort soutenu, une voix lui répond : << Va donc !! Tu es pur >>, et cela à plusieurs reprises, tel un refrain entretenu par un chœur.
Avec le poème-chant mbochi, il est également question de difficultés dans le monde souterrain des eaux, parmi les roseaux, où la pirogue sacrée des jumeaux, en contact pour que les jumeaux, génies (des eaux), cherche un passage pour les jumeaux, exhumés, viennent à la vie, magnifiques, splendides, glorieux.
Ce tableau résume la façon nette et les parallélisme qui paraissent profonds :
Egypte pharaonique : |
Monde négro-africain : |
- souchet, plante du bord des eaux |
- roseau, plante du bord des eaux |
- eau sacrée des dieux |
- eau sacrée des kiera, <<génies>> |
- barque divine pour la navigation |
- pirogue sacrée des jumeaux pour la navigation |
- noms des dieux et déesses ethniques |
- noms des jumeaux et jumelles considérés comme des êtres sacrés |
- forme littéraire du dialogue |
- poème-chant en forme de dialogue entre le solo et le chœur |
- drame dans l'autre-monde, dans le champ des souchets du dieu Osiris |
- drame dans le monde souterrain des roseaux où habitent des génies |
- difficulté pour frayer un chemin parmi les souchets |
- difficulté pour se faire un passage dans les roseaux avec la pirogue |
- naissance du mort à la vie, au bout du compte |
- venue des jumeaux, exhumés, à la vie au bout du drame |
Les éléments matériels (souchets/roseaux; eau sacrée/eau sacrée; barque/pirogue), les puissances évoquées (dieux/génies), la forme littéraire du dialogue (<< Dégage-moi le chemin!/Va donc! Tu es pur >>/<< Bvare o ngandi ee/Obale dua >>), le drame qui se joue, la vie qui est appelée avec insistance en répétant continûment les mêmes paroles rituelles, tout cela révèle une psychê1 identique, en Egypte ancienne et en Afrique noire traditionnelle. Souvent, notre propre ignorance, ne permettant pas le <<débat >>, nous cantonne dans des << positions >> fragiles qui n'ont rien à voir avec la recherche scientifique.
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