Jeudi 10 mai 2012
à 18h, place du général-Catroux (Paris 17e)
Rassemblement pour
la commémoration officielle
de l’abolition de
l’esclavage
et du
250e anniversaire de la naissance du général
Dumas
autour de celui
qui sera le même jour proclamé
Président de
Mes chers
amis,
J’ai le plaisir de
vous inviter à vous rassembler, à 18 heures précises à Paris, le 10 mai
2012, place du général-Catroux (17e). Métro Malesherbes L3.
Sans esprit
de parti, sans distinction de couleur, ni de sexe, pour célébrer la
commémoration de l’abolition de l’esclavage, le refus de la haine et du
mépris.
Pour couvrir de
fleurs les chaînes brisées qui honorent la mémoire du général Dumas et, à
travers lui, toutes celles et tous ceux qui ont souffert et souffrent, dans leur
chair et leur esprit, de l’esclavage, de la traite, de la colonisation et
de leurs séquelles qu’on désigne ordinairement sous le vocable de
racisme.
Toutes celles et
ceux qui ont des chaînes à briser.
Il se peut que le
président qui, d’ici là, aura été élu par le suffrage universel, soit à nos
côtés, devant ces chaînes dont l’une est symboliquement ouverte et dont l’autre
reste à ouvrir.
C’est en effet
place du général-Catroux qu’a été inauguré en 2009, grâce à une ville de
Paris unanime, un mémorial significatif autour duquel nous convergeons
chaque année, tous les 10 mai, de plus en plus nombreux, en dépit de
l’indifférence des uns, des manœuvres de division des
autres.
Le 10 mai 2012,
pour la sixième année consécutive, va être célébrée la journée nationale de
commémoration de l’abolition de l’esclavage, dont le principe résulte de la loi
Taubira, et la date d’une décision du président de
Le 10 mai 2012
revêt un aspect particulier puisque, comme le 10 mai 2007, il intervient dans
une période marquée par l’élection à la magistrature suprême, qui sera presque
aussitôt suivie de l’élection de l’assemblée nationale. En outre, c’est le 10
mai que le conseil constitutionnel proclamera officiellement les résultats du
second tour de l’élection présidentielle.
Dans ce contexte,
on peut souhaiter que le président qui aura été désigné par les Français, quel
qu’il soit, ne restera pas indifférent à cette journée de commémoration et que,
au-delà des kermesses coloniales indignes auxquelles, hélas, nous sommes
habitués, il adressera un signe fort à
Le 10 mai 2012
correspond également à la commémoration du 250e anniversaire de
la naissance, en Haïti, du général Alexandre Dumas, père de l’écrivain français
le plus populaire de tous les temps et le plus lu dans le
monde.
Comme je le répète
depuis 10 ans, le général Dumas est né esclave en 1762. C’est l’une des figures
les plus attachantes de l’histoire de France, du fait de son parcours
exemplaire, de son attachement sans faille à
Depuis très
exactement 10 ans, en tant qu’écrivain, cinéaste et militant, je bataille
pour que la mémoire de cet homme soit enfin réintégrée dans le panthéon
national. Je l’ai fait à travers pas moins de quatre ouvrages, dont une
biographie qui lui est entièrement consacrée.
À travers aussi un
film documentaire, que j’ai réalisé en 2009 et qui a été diffusé en 2010 sur
France 2 (à une heure hélas tardive) mais qui a été néanmoins vu par plus de
600 000 téléspectateurs.
À travers un
monument aussi pour lequel j’ai beaucoup lutté, celui devant lequel nous nous
retrouverons et dont l’existence marque déjà une belle
victoire.
Pourquoi une telle
persévérance ?
Parce que j’ai la
certitude, confortée par l’expérience de ces dix dernières années, qu’une partie
des Français ne se reconnaît pas dans l’imaginaire qu’impose une petite minorité
de décideurs, trop souvent incultes et arrogants, de sorte que
Un certain nombre
de figures majeures, parmi lesquelles le général Dumas, ont été délibérément
occultées, du fait de la couleur de leur peau et de leur
origine.
Ce n’est pas
seulement une injustice et le signe d’un inquiétant obscurantisme. C’est aussi
un préjudice extrêmement grave qu’ont subi tous les
Français.
En privant
Une telle attitude
a joué un rôle décisif dans la montée du racisme, de l’intolérance et de la
xénophobie que je dénonce depuis dix ans. On voit très exactement
aujourd’hui où cela peut conduire.
Je suis convaincu,
au contraire, que la valorisation des héros et des héroïnes positifs de notre
histoire qui ont eu à souffrir de l’intolérance est de nature à reconstituer un
tissu social mis en lambeaux au cours des dix dernières années par la libération
et la promotion systématique de la parole discriminatoire.
Les jeunes de
toutes couleurs et en particulier ceux qui, du fait de l’immigration ou du
Bumidom, se sont retrouvés relégués dans de véritables ghettos, ont le droit de
savoir que des hommes et des femmes de toutes couleurs et de toutes origines
ont, depuis toujours, significativement marqué l’histoire de France et pas
seulement en tant que sportifs ou artistes, les deux seuls domaines où une
tolérance relative est accordée à celles et ceux que les racistes
considèrent comme «différents».
On ne se construit
pas sans héros qui vous ressemblent.
On ne se grandit
pas en méprisant ceux qui, en apparence, ne vous ressemblent
pas.
Tout mon travail,
au cours de ces dernières années, malgré les difficultés, les sarcasmes, la
guerre ouverte déclarée par les défenseurs, plus ou moins masqués, du racisme
qui gangrène une certaine France, heureusement très minoritaire, a été de rendre
à ces personnages la place éminente qui leur revient.
J’ai la conviction
profonde qu’il sera impossible de célébrer durablement l’abolition de
l’esclavage sans rendre leur place à ces personnages de notre histoire : le
général Dumas, le chevalier de Saint-George, ou Eugène Bullard, un héros
franco-américain oublié de
Eugène
Bullard
C’est pourquoi la
commémoration du 250e anniversaire du général Dumas revêt, en ce 10
mai 2012, une importance exceptionnelle si l’on souhaite en finir enfin avec un
XXe siècle qui nous poursuit encore.
Depuis 1802, le
général Dumas est privé d’une récompense symbolique qui lui revenait plus qu’à
tout autre : l’admission dans l’ordre national de
Depuis dix ans,
j’ai demandé en vain aux présidents de
Il est triste de
constater que le ministre de
Je vois dans ce
qu’il faut bien appeler un acharnement particulier contre un grand héros
français, du seul fait de sa couleur et de la couleur de celui qui, deux siècles
plus tard, en demande à bon droit la réhabilitation, plus qu’une faute, une
erreur.
Et à titre
personnel, après tant de mises en gardes adressées aux uns et aux autres, je
suis bien obligé d’en tirer toutes les conséquences.
Je tiens à
ajouter, de la manière la plus claire, que, de mon point de vue, le mot de
«race» n’a jamais eu sa place dans la constitution de
Le 10 mai 2012,
une nouvelle séquence s’ouvrira. C’est pourquoi j’ai demandé au président qui
sera officiellement proclamé ce jour-là d’être avec nous à 18 heures précises,
devant les fers brisés, place du général-Catroux, là où se rassemblent, depuis
le 10 mai 2009, toutes celles et ceux qui refusent la «race» et le
racisme.
En cette année où
les droits des femmes ont été si odieusement bafoués, je voudrais que
cette commémoration soit aussi l’occasion de rendre hommage aux épouses, aux
mères, aux compagnes, à celles qui, méprisant le racisme, prouvent depuis des
siècles que l’amour se moque bien de la couleur, de l’origine, de la
religion.
Ayons une pensée
pour la femme du général Dumas, une blonde aux yeux bleus de l’Aisne qui, trente
deux ans encore après la mort de celui qu’elle aimait, se battait avec honneur,
non seulement pour ce fils, l’écrivain Alexandre Dumas, que le monde entier
admire encore, mais pour que
C’est avec
beaucoup de fierté que j’ai repris son combat posthume.
Le fils repose
depuis 10 ans au Panthéon. La mère est restée auprès du général, au cimetière de
Villers-Cotterêts.
Ayons une pensée
émue pour elle en ce 10 mai 2012, et à travers elle pour toutes celles, pour
tous ceux qui, malgré une couleur de peau apparentée à celle du plus grand
nombre, partagent le mépris que les préjugés imposent à leur compagne, à leur
compagnon, à leurs enfants.
Comme chaque
année, le 10 mai 2012, à 18 h, place du général-Catroux, un hommage officiel
sera rendu sous l’égide de la mairie de Paris, avec la collaboration
d’associations, dont celle des amis du général Dumas.
Cette fois, ce
sont les sapeurs-pompiers de Paris, à travers une formation de cinquante
musiciens et un piquet d’honneur, qui feront retentir l’hymne national entonné
par la soprano guadeloupéenne Leïla Brédent. Une centaine d’enfants des écoles
chanteront à la mémoire des martyrs, relayés ensuite par les tambours et les Ka
du groupe Miyo.
Je ne doute pas
que si le président de
Au jeudi 10 mai, à
Paris, place du général-Catroux, à 18 heures pour écrire ensemble une
nouvelle
page de notre
histoire !
Je vos remercie de
me faire l’amitié de faire circuler ce texte partout où vous le
pourrez.
Claude
Ribbe
Le plus grand des
Dumas, c’est le fils de la négresse. Il a risqué soixante fois sa vie pour
Anatole
France.
www.claude-ribbe.com