www.la-croix.com - 13
mai 2008
Il n’y avait pas cinq
ans que Vatican II s’était achevé, quand Paul VI fit un geste décisif pour
l’internationalisation de
L’un était Mgr
Duraisamy Simon Lourdusamy, de Bangalore (Inde), l’autre Mgr Bernardin Gantin,
de Cotonou (Bénin). Celui-ci, qui était devenu en 1960 à Cotonou – à 37 ans ! –
le premier archevêque noir de toute l’Afrique, est décédé mardi 13 mai
à Paris, où il avait été hospitalisé en urgence il y a quelques jours. Il
venait tout juste d’avoir 86 ans. Ses obsèques auront lieu au
Bénin.
À travers lui, le pape
prenait acte de l’importance, mais aussi de la maturité de la jeune Église
africaine. Pourtant, lorsqu’il est arrivé à Rome, en 1971, personne n’attendait
à l’aéroport l’archevêque africain, se souvenait le cardinal Gantin, avec un
sourire, plus de trente ans plus tard. « Pour moi, cela importait peu. Mais le
pape Montini lui s’était senti mortifié, et s’en était ensuite excusé »,
confia-t-il au mensuel Trenta Giorni. Aux dires de tous ceux qui l’ont connu à
Rome, où il était resté jusqu’en 2002, ce mélange d’humilité et de grande
gentillesse était la caractéristique de l’ancien archevêque de
Cotonou.
L’un des derniers
cardinaux créés par Paul VI
Son nom même,
aimait-il rappeler, signifiait « l’arbre de fer de la terre africaine »… Et
comme l’écrivit le cardinal Ratzinger dans un volume de mélanges publié en son
hommage, cette fidélité en faisait un « évêque vraiment catholique », « très
enraciné dans sa terre natale, mais tout à fait chez lui dans l’Église, cette
Église qui parle dans toutes les langues et les amène à se comprendre les unes
les autres ».
Né le 8 mai 1922 dans
ce qui s’appelait alors le Dahomey, colonie française, originaire d’une ancienne
famille béninoise, il fut nommé très jeune, à 34 ans, par Pie XII, évêque
auxiliaire de Cotonou, pour remplacer son mentor et ami, Mgr Louis Parisot, qui
l’avait ordonné prêtre en 1951 et auquel il succède après trois ans. Dans son
diocèse, il subdivise le territoire pour pouvoir suivre plus efficacement chaque
situation particulière, il encourage l’enseignement en s’appuyant sur des
congrégations de religieuses. Il est alors le symbole d’une Église africaine à
qui, progressivement, les missionnaires passent le relais.
Un proche de Jean-Paul
II
Ce n’est donc pas un
inconnu que Paul VI fait venir à
Jean-Paul II
s’appuiera naturellement sur ce proche. Il lui confie la très sensible
Congrégation pour les évêques, dont il devient préfet en 1984 : l’un des postes
les plus importants de
Rentrer "comme un
missionnaire romain en Afrique"
Nommé doyen du
Sacré-Collège par Jean-Paul II en 1993, il resta à Rome après sa démission en
1998. À 80 ans cependant, en 2002, il émit le vœu de rentrer dans son pays,
comme « un missionnaire romain en Afrique », disait-il en se moquant de
lui-même. Un certain cardinal Ratzinger lui succédera comme doyen… Lui voulait
continuer la mission en Afrique, certain, comme il l’avait dit un jour à des
journalistes francophones, qu’à Rome comme au Bénin, le problème de l’Église
était le même, à savoir un problème de foi : « Si nous ne nous accordons pas sur
l’essentiel que Dieu nous a demandé par Jésus-Christ, tout le reste s’en va.
»
Isabelle DE GAULMYN, à
Rome
Photo : le cardinal
Gantin s'est éteint mardi 13 mai. "Ici, nous sommes très tristes. C’était un
homme extraordinaire, une grande figure, très aimée à
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2337709&rubId=4078#
sangonet.com