www.la-croix.com – 22
octobre 2008
Chaque jour, des milliers de
courriels sont envoyés par des escrocs qui cherchent à soutirer de l’argent aux
internautes
«Je suis Mr Ganti Amaral, frère de feu
son éminence cardinal Bernardin Ganti (sic). En collaboration avec le pape
Benoît XVI et suite aux consignes laissées par mon frère défunt dans son
testament, je cite : “une partie de mes biens soit une somme de 80 000 euros
servira de don pour les personnes déshéritées du monde, et en particulier pour
la construction des églises catholiques. Je demanderai donc à tout bénéficiaire
de cette somme, quelle que soit sa personnalité, de faire un bon usage et d’être
fidèle à notre Dieu créateur”. Si vous recevez ce courriel c’est que vous êtes
le bénéficiaire de ce don… »
Ces lignes vous disent peut-être quelque
chose. Plusieurs lecteurs de
Ce courriel n’est pas une exception.
Chaque jour des milliers de missives comme celle-ci sont envoyées par des
escrocs de
Mode
opératoire
Si vous répondez à la missive du
soi-disant « Amaral Ganti », un pseudo-avocat de Cotonou vous demande de lui
adresser une photocopie de votre pièce d’identité « ou même l’original » : « Dès
que l’acte de donation sera établi à votre nom par le ministère de la justice,
vous recevrez la somme dont vous pourrez vous servir à votre guise pour des
actes de solidarité », promet-il.
Si vous donnez suite, il vous
demandera, afin de régler les premiers frais de notaire, d’effectuer un
versement par l’intermédiaire de Western Union ou sur un compte bancaire en
Suisse ou en Afrique. Le premier d’une longue série, car les cybe rcriminels ont
coutume de demander toujours plus d’argent sous différents prétextes.
«
Ce mode opératoire remonte à la nuit des temps, il s’appuie sur la crédulité des
victimes. Avec Internet, et la possibilité d’envoi massif de courriels, le champ
des victimes s’est considérablement élargi », constate Fabien Lang, chef adjoint
de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de
l’information et de la communication, qui, avec
Ce type d’affaires est
extrêmement difficile, voire impossible, à élucider, car les recherches
effectuées auprès des fournisseurs d’accès à Internet aboutissent la plupart du
temps à des cybercafés, et celles effectuées auprès de Western Union ou autres
sociétés de transferts d’argent, à des identités fictives…
« La
principale difficulté vient du caractère international de la cybercriminalité »,
relève Fabien Lang. « Nous enquêtons sur toutes les plaintes. Notre objectif est
d’établir des recoupements entre plusieurs affaires et de monter des dossiers
suffisamment conséquents (plusieurs victimes, des préjudices importants), et
favoriser ainsi l’obtention d’une entraide judiciaire internationale.» De fait,
pour une escroquerie de 200 euros, tous les effectifs policiers ne sont pas
mobilisés...
170 millions d'euros
de pertes annuelles
Pour lutter contre ce fléau,
il existe des internautes qui se sont spécialisés dans la traque aux
cyberarnaqueurs, comme une certaine « Julia Brandeau ». Sur son site,
Croque-escrocs.com, se trouve une longue liste mise à jour grâce aux
signalements des internautes. Cette jeune Francilienne se fait passer pour le «
parfait pigeon » et fait « tourner en bourrique » les escrocs harponnés… « Mon
site diffuse les faux documents utilisés par les escrocs et plein d’autres
choses qui sont de l’ordre de la prévention », explique-t-elle sur
Croque-escrocs.com.
Le fameux « Amaral Ganti » figure sur sa liste. Et
pour ceux qui douteraient encore de l’arnaque,
Stéphane DREYFUS et
Céline HOYEAU
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2353735&rubId=4077#
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