LES LECONS DE L’HISTOIRE POLITIQUE EN AFRIQUE (DEUXIEME PARTIE)

17 mai 1997-17 mai 2008 : LAURENT DESIRE KABILA TOUJOURS PARMI NOUS

Laurent-Désiré Kabila. L’actualité d’un combat sept ans après est un ouvrage dirigé par deux chercheurs congolais, Eddie Tambwe et Jean Marie Dikanza Kazadi, avec comme but premier, celui de braquer les projecteurs de l’actualité sur feu le président Laurent-Désiré Kabila alias Mzee Kabila, ce à l’occasion du septième anniversaire de sa disparition. Le second objectif du livre est de contribuer à la réhabilitation de l’histoire du Congo par la collecte des idées politiques de ce grand homme et des récits de sa vie, en vue d’alimenter les débats futurs au profit de la mémoire collective (page 22).

La publication d’un tel livre prend tout son sens dans la mesure où il est à la fois une tentative et une initiative pour donner la parole à des personnalités issues de différents milieux : universités, société civile et classe politique. Ils sont en tout trente personnalités dont cinq anciens ministres. Fait aussi partie de ces personnalités Lambert Mende, actuel Ministre des hydrocarbures en RDC, lui-même ancien responsable de la jeunesse du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution), l'homme qui a combattu Laurent-Désiré dans les rangs de la rébellion aux côtés du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie).

Car on doit dire et reconnaître que l’expérience de Kabila a une signification historique et symbolique non seulement pour le Congo, mais plus largement pour la recomposition géostratégique du continent africain dans son ensemble. Comme vous le constatez, Laurent Désiré Kabila. L’actualité d’un combat sept ans après est un livre composé de témoignages exaltants, divers et diversifiés sur les facettes de Kabila, arrivé à la tête du Congo un certain 17 mai 1997, et assassiné le 16 janvier 2001.

A la lecture de presque toutes les contributions contenues dans ce livre, un leitmotiv revient: «Mzee nous a appris l’auto-prise en charge. Prenez vous en charge », ne cessait-il de répéter.  Loin d’être un simple slogan, ce qu’il disait et répétait était une véritable praxis. Ainsi par exemple, en peu de temps, le pays a su décoller sans le moindre prêt de la haute finance internationale.

Ce décollage s’est concrétisé entre autres dans la réforme monétaire qui a réussi sans un apport étranger. L’amélioration de la production résorbait déjà progressivement le chômage des illettrés et des moins lettrés. Une autre preuve de la renaissance congolaise fut la résistance militaire que Kabila opposa aux agresseurs et envahisseurs de son pays alors que ce dernier était sous embargo et donc ne pouvait se procurer des armes. Homme remarquable, le président Kabila fut une source extraordinaire d’inspiration et un exemple pour beaucoup de jeunes épris de révolution et ayant la volonté de se battre pour leur pays. Kabila s’est battu envers et contre tous, surtout contre les impérialistes qui lui ont mis des bâtons dans les roues. C’est pourquoi, pour de nombreux autres citoyens congolais et panafricains, il reste un symbole. Il est perçu comme un président qui, une fois au pouvoir, n’a pas voulu céder et qui avait comme slogan de ne jamais trahir le Congo jusqu’au sacrifice suprême. Kabila a payé de sa propre vie la détermination du peuple congolais à combattre l’oppression et la dictature. Quel bel exemple que ce Mzee que nous pouvons comparer à un lion qui a réussi l’exploit de débarrasser le Congo de l’encombrant Mobutu, dit le léopard. William Albert, responsable syndical, nous dit de Kabila qu’il avait une très haute idée de son pays, un amour profond pour son peuple. Il pouvait en parler des heures durant, sans s’arrêter (page 46).

Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement pour quelqu’un qui croyait et qui savait que le facteur décisif était le facteur interne, c’est-à-dire la prise de conscience patriotique, la mobilisation et l’organisation des masses à la base et dans tous les compartiments pour un développement véritable de la nation.

Finalement qu’est-ce que le kabilisme ? Selon l’ingénieur civil, Augustin Katumba, le kabilisme ressemble à un reliquat du lumumbisme recontextualisé contre l’impérialisme… Cependant, contrairement au lumumbisme, l’approche de Kabila recourut à la lutte armée pour casser les chaînes de l’impérialisme afin d’être maître de tout ce qui se trouve sur la terre congolaise. Pour le Congo, Kabila avait trois projets : le libérer, le démocratiser et le reconstruire. Hélas, il n’a pu aller jusqu’au bout de son rêve faute d’un véritable parti politique sur lequel il eut pu s’appuyer!

Note de lecture  tirée de

Laurent-Désiré Kabila. L’actualité d’un combat sept ans après

 Sous la direction de Eddie Tambwe et Jean Marie Dikanza Kazadi,

Editions L’Harmattan. Janvier 2008.

Bruxelles, le 14 mai 2008

Maurice Mouta Wakilou Gligli