Paris le 16 janvier 2014, l’Avocat
et chroniqueur pour la défense des droits humains en Centrafrique et
actuellement en service auprès du tribunal pénal international à la Haye au pays
Bas est décédé des suites d’un arrêt cardiaque d’après ses proches. L’avocat international jouissait d’une santé de fer et se
trouvait chez sa fille lorsqu’il eut un malaise. Transporté à l’hôpital de Ville
Neuve St Georges, le service de la réanimation n’a pas pu le ramener envie. Les
conditions exactes de cette mort brutale ne sont pas encore élucidées, c’est ce
qui va sans doute pousser la famille de
Zarambaud
à solliciter une autopsie.
Zarambaud qui était apolitique était très
sensible à la demande de la majorité des Centrafricains qui voyaient en lui
l’homme idéal eu égard à sa probité et son courage, pour diriger la transition
et organiser les élections pour un retour à l’ordre et la reprise des
institutions centrafricaines ébranlées par des décennies de remous
politiques.
Source : Wilfried Maurice SEBIRO - CENTRAFRIQUE LIBRE, le 16 jan 2014
Une veillée sera organisée pour la disparition de
Maitre ZARAMBEAU ASSINGAMBI ce soir et
demain samedi 18 janvier 2014 à partir de 20h, à la "FERME d'ARVIGNY",
Allée Edouard Branly - 77750
MOISSY-CREMAYEL. Tél
:
0688684902
L'accès à la salle de
réception Mary d'Arvigny :
- Train : RER D (Lieusaint Moissy Cramayel ou
Savigny Le Temple).
- Voiture : Autoroute A5a / Autoroute A5b (Sortie n° 12) A
40 kms de Paris : De Paris-Bercy
A4-N104-A5
(Sortie n° 12 (
Daniel Makouri
Kiwi
0621444141
(17/01/2014)
Témoignage en mémoire de Me Zarambaud Assingambi, un destin mêlé. Par Jean-Pierre Redjekra
Témoignage de Me
Nicolas Tiangaye à l’occasion des
obsèques de Maitre Zarambaud Assingambi décédé à Paris le 16 janvier
2014
Nous pleurons
aujourd’hui un homme dont le parcours a brillé de mille feux, irradiant de
nombreux visages déshérités, rappelant par-ci les exigences du devoir, par-là
les injonctions du droit, distillant sur son passage un humanisme passionné et
enthousiaste.
Il est triste de
penser que c’est lorsque les grands hommes rencontrés sur le chemin de nos vies
disparaissent qu’on éprouve le besoin de dire tout haut ce qu’on avait jamais
osé exprimer par pudeur, et aussi par respect.
C’est un hommage
mérité que je me fais le devoir de rendre aujourd’hui à mon Maître, c’est-à-dire
à celui qui m’a formé, qui a guidé mes premiers pas dans la profession d’avocat.
J’étais son premier stagiaire. On dit que «Le Maître véritable n’est pas celui
qui a le plus de disciples, mais celui qui crée le plus de
maîtres».
Et ZARAMBAUD était un
véritable Maître. N’a-t-il pas à son actif la formation d’une quinzaine
d’avocats dont deux étaient devenus Bâtonniers ?
Maître ZARAMBAUD était
le premier centrafricain à avoir porté la robe d’avocat en France où il avait
prêté serment devant la Cour d’Appel de Paris en 1973. Quarante ans d’exercice
de la profession. Quel long parcours! Il sera aussi le premier Bâtonnier
centrafricain de 1992 à 1994. J’ai eu l’insigne privilège de lui succéder à
cette fonction ordinale. Il était dans la lignée de nos doyens HIRSCH, SOUQUET
et ZOKOEZO.
Très tôt, il avait
pris conscience que l’avocat centrafricain doit être au centre des changements
qui se dessinent partout sur notre continent, mais également et surtout de
l’expression des propres aspirations du peuple Centrafricain à la liberté et à
la démocratie. Sa fibre patriotique lui faisait prendre conscience que les
avocats dans nos pays ne devaient pas se contenter d’être des diseurs de droit,
mais d’être aussi des faiseurs de nation. C’est pourquoi, il ne se privera pas
de prendre position sur toutes les questions qui concernent le destin de la
nation centrafricaine.
Il paiera un lourd tribut pour cet
engagement
J’ai encore en mémoire
les conseils qu’il me prodiguait au téléphone au début de ce mois sur sa vision
de la tragédie que vit notre pays. S’il était loin de la RCA, la RCA était dans
son cœur. C’était là quelques-unes des multiples facettes du Bâtonnier ZARAMBAUD
ASSINGAMBI.
Maître ZARAMBAUD
«était assoiffé d’idéal ; il était pétri d’une rigueur quelque fois provocante
mais tissé d’une amitié exigeante et d’une chaude
fraternité».
Maître ZARAMBAUD
était de tous les combats : combat pour la dignité, combat pour la liberté,
combat «pour le triomphe de l’ange sur la bête, de la lumière sur l’ombre».
Oui, avec la
disparition de Maître ZARAMBAUD, c’est une étoile dans le firmament de la
justice centrafricaine qui vient de s’éteindre; un baobab vient de tomber. C’est
une grande perte non seulement pour le Barreau, mais aussi pour la justice de
notre pays.
ZARAMBAUD était
l’avocat centrafricain le plus talentueux de sa génération. Il était le meilleur
de nous tous.
Et il nous quitte
au moment où nous avons encore besoin de ses compétences. Il laisse orphelins
non seulement ses enfants mais aussi les victimes des crimes de Jean Pierre
BEMBA dont il assurait la défense des intérêts devant la Cour Pénale
Internationale de la HAYE.
Il laisse orphelins
les jeunes joueurs de son équipe de basket : ZARASCLO. Tout ce parcours d’homme
de conviction, avec bien sûr des éclats et un sens de l’humour et de générosité
dont seul Maître ZARAMBAUD était capable !
Et j’ai envie de
dire :
- ZARAMBAUD face à lui-même ;
- ZARAMBAUD égal à lui-même ;
-
ZARAMBAUD si pluriel au service des opprimés, des offensés, des victimes
d’injustice.
Monsieur le
Bâtonnier ZARAMBAUD, mon cher confrère, la République Centrafricaine vient de
perdre en toi un de ses dignes fils, « un de ceux qui ont dédié leur vie à la
défense de l’humanité dans l’homme », toi qui as œuvré inlassablement dans ce
pays qui t’a vu naître et au-delà en Afrique, dans le monde pour que le droit
soit dit, pour que le faible ne soit pas écrasé par l’argument de la force, pour
que la force de l’argument s’impose à l’arbitraire, à l’injustice, pour que les
impulsions et les passions du cœur n’étouffent pas la voix de la
raison.
ZARAMBAUD mon cher
confrère, les pages que tu as écrites pour que germe la démocratie, pour qu’elle
s’enracine dans ton pays, pays auquel tu as donné le meilleur de toi-même,
continueront à inspirer les générations futures. Ces pages constituent le
testament politique que tu lègues à la postérité.
Maintenant, la porte du destin a fini par se
refermer.
Aujourd’hui, la voix
d’un tribun hors pair s’est définitivement éteinte. Et nous n’entendrons plus
ses brillantes plaidoiries. Nous ne liront plus ses articles passionnément
enflammés mais raisonnablement lucides. Aujourd’hui, le rideau est tombé sur un
acteur mais les actes qu’il a posés continueront à éclairer notre chemin.
L’homme est parti parce que le contrat est rempli, mais ses actes et ses
convictions défieront le temps. La recherche forcenée de la justice, la passion
exacerbée de la vérité, le courage, la loyauté, le sens de l’humour sont ses
qualités. Ce sont ces qualités qui lui ont valu tant d’amour de ses compatriotes
et tant de considération. Le destin a accompli son œuvre, nous nous y
soumettons. Nous garderons de toi l’image du serviteur infatigable des
opprimés.
Notre peine est immense, notre douleur
profonde.
Monsieur le Bâtonnier,
mon cher confrère, mon cher grand frère, tu as choisi de te reposer pour
toujours. Je n’ai aucun doute que tu rencontreras sur le sentier de l’Eternel
ton grand frère, François GUERET qui nous a quitté il ya deux mois, ton cadet
Maître Jean-Pierre ZARAMBAUD, nos doyens HIRSCH, SOUQUET, ZOKOEZO et nos
confrères Charles DOUZIMA, Philippe NGARKASSA, Victorien MOGBA TITA, Jean-Louis
GOUMBETTI, Jean- Pierre KABYLO, Eugène KONDOLAS, GOUNGAYE WANFIYO et tant
d’autres qui nous étaient chers.
Et là où tu es
maintenant, tu veilleras sur ton épouse Claude, sur tes enfants Ernestine,
David, Michael, et sur ta petite-fille Joyce.
Nous qui te pleurons
aujourd’hui, nous attendions encore beaucoup de toi et tu es parti sans avoir
vidé ton carquois dans ce combat pour la survie de ton peuple. Mais saches que
tu serviras d’exemple à tous ceux qui sont animés du même idéal. Alors, alors
seulement, tu te souviendras de cette phrase de Robespierre : «La mort est
le commencement de l’immortalité».
Maître Nicolas
TIANGAYE
Avocat à la Cour
Ancien Bâtonnier de l’Ordre